(On Web version, use BlogTranslator dropdown menu on top-right of this post to read it in your language)
POURRISSEMENT ORGANISÉ DE L'INTERNET
Pourquoi la cyberattaque contre Archive.org ne fait pas la une des journaux : une dernière attaque numérique contre la liberté d'expression
Ça pourrait bien être le coup de grâce dans la bataille contre la liberté d'expression : l'effacement systématique de l'histoire d'Internet, où les modifications apportées aux sites Web disparaissent sans laisser de trace. Si Archive.org, le gardien de la mémoire numérique si cher aux DéQodeurs ADNM et autres chercheurs de vérités, succombe à cette obscurité, on assiste non seulement à un acte de censure, mais au début d'une maladie d'Alzheimer numérique. On se dirige vers le rêve de la technocratie où l'histoire n'est pas seulement écrite par les vainqueurs mais contrôlée, modifiée et supprimée à volonté.
La censure n'est plus un spectre, elle est devenue l'événement principal. Les batailles juridiques font rage, le tollé public s'intensifie, mais les géants des réseaux sociaux intensifient leur répression avec une férocité qui ferait rougir Orwell.
Les podcasteurs ne débattent plus d’idées, mais de la survie même de leur contenu. Les créateurs alternatifs ont abandonné YouTube pour Rumble, non pas par choix, mais par nécessité. Ils sacrifient leur vaste public sur l’autel de la visibilité, car à quoi bon avoir une voix si elle est réduite au silence ou mise à l’ombre ?
Et il ne s’agit plus seulement de censure ouverte. Le véritable jeu se joue avec des algorithmes qui manipulent la recherche et la visibilité. Prenons par exemple l’interview de Joe Rogan avec Donald Trump, qui a recueilli le nombre astronomique de 34 millions de vues avant d’être pratiquement enterrée par YouTube et les modifications algorithmiques de Google. On pourrait aussi bien appeler ça du sabotage numérique. Rogan, dans un acte de défi, a déplacé l’interview complète sur Twitter/X, où il a pu respirer en dehors du poumon d’acier algorithmique.
Naviguer dans ce labyrinthe de censure et de sa cousine plus insidieuse, la quasi-censure, est devenu le mode opératoire des médias alternatifs. Il s’agit pas seulement de créer du contenu, mais de déjouer un système conçu pour étouffer la contestation. Il s’agit pas seulement de liberté d’expression, mais d’un jeu de survie où seuls les plus rusés ou les plus complaisants ont des chances de se faire entendre.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les créateurs de contenus vous encouragent fréquemment à devenir un abonné payant ? C'est parce que leurs contenus n'attirent pas de sponsors et que sur des milliers ou même des millions de lecteurs, seuls 4 % sont prêts à soutenir financièrement ces blogs ou ces chaines vidéo. Cette situation n'est pas seulement décourageante, elle est carrément déprimante.
On se retrouve face à la gueule béante de l’histoire en train d’être réécrite – non pas par les historiens, mais par le soudain silence de nos gardiens numériques. Imaginez, si vous voulez, un monde où Archive.org, le gardien de l’histoire d’Internet depuis 1994, aurait cessé de surveiller avec vigilance le flux et le reflux du discours en ligne. Oui, pour la première fois depuis trois décennies, on est entrés dans une ère où notre passé numérique n’est pas seulement oublié ; il est activement et carrément effacé.
Parlons maintenant de ce qu’on appelle « l’événement technique », euphémisme pour désigner ce qui peut être considéré comme un acte calculé d’amnésie numérique. Depuis les 8 et 10 octobre, nous vivons une période où notre mémoire collective est prise en otage. Pourquoi, demanderez-vous ? Est-ce que c'est parce que la vérité risque de mettre en péril une élection, ou est-ce c'est simplement parce que ceux qui sont au pouvoir craignent d’être scrutés par une population informée ?
En l’absence d’archivage en temps réel, comment peut-on vérifier la véracité des informations recueillies au cours de ces journées cruciales qui ont précédé ce qui a été pompeusement qualifié d’« élection la plus importante » ? Sans Archive.org, on perd pas seulement des données, on perd aussi notre capacité à faire valoir la vérité au pouvoir. Ce n’est pas une question de gauche ou de droite, c’est une question de liberté de savoir, de liberté de se souvenir.
Plongeons-nous plus en profondeur dans le « problème » d’Archive.org. Une attaque DDoS, dit-on, a frappé avec une précision chirurgicale le 8 octobre 2024. Oh, comme il est pratique que les gardiens de notre héritage numérique puissent être si facilement renversés par un afflux de trafic malveillant. Aujourd’hui, Archive.org, autrefois dynamique, se comporte comme une relique en lecture seule, nous montrant seulement ce qui était, mais pas ce qui est. N’est-ce pas une justice poétique, ou peut-être une ironie, que la seule institution chargée de chroniquer notre existence numérique ne reflète désormais que notre passé, nous laissant aveugles au présent ?
Les implications ne sont pas seulement académiques. Il s’agit pas seulement d’historiens qui auraient oublié une note de bas de page. Il s’agit d’une manipulation de l’information en temps réel, où les entreprises et les gouvernements peuvent agir sans la menace imminente de devoir rendre des comptes. Lorsque le seul miroir de l’âme d’Internet est brisé, qu’est-ce que cela nous apprend sur la transparence ? Sur la vérité ?
Nous voilà donc au seuil d’une « nouvelle normalité » où Internet, cette vaste étendue de pensée et d’action humaines, n’a plus aucun souvenir du présent. Les chercheurs, les militants, les journalistes – en fait, tous ceux qui se soucient de l’intégrité de l’information – ont été dépouillés des outils nécessaires pour examiner, comparer et remettre en question les pouvoirs en place. Est-ce-que c'est pas là une forme de dépossession numérique ?
Chaque article que vous avez lu dans ce blog ou ailleurs est le résultat de la vaste collection des archives Internet. 90 % des sources de ce contenu ont ensuite été supprimées de l'Internet réel, donc accéder aux copies d'archives est souvent le seul moyen de savoir et de vérifier ce qui était vrai. Il en a été de même avec l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé et son dénigrement de l'immunité naturelle, qui a été modifié par la suite. Il a été possible de documenter les changements de définitions uniquement grâce à cet outil, qui est désormais désactivé.
Ça signifie que n’importe quel site Web peut publier n’importe quoi aujourd’hui et le supprimer demain sans laisser de trace de ce qu’il a publié, à moins qu’un coquin d'utilisateur, quelque part, n’ait pris une capture d’écran. Mais même dans ce cas, il n’existe aucun moyen de vérifier l’authenticité du contenu. L’approche standard consistant à savoir qui a dit quoi et quand il l'a dit a disparu. Autrement dit, l’ensemble d’Internet est déjà censuré en temps réel, de sorte que pendant ces semaines cruciales, où de vastes pans du public s’attendent à des actes répréhensibles, n’importe qui dans le secteur de l’information peut s’en tirer sans se faire prendre.
Nous savons ce que vous pensez. Cette attaque DDoS n'était sûrement pas une coïncidence. Le timing était tout simplement parfait. Et peut-être est-ce le bon moment. Nous ne le savons pas. Archive.org soupçonne-t-il quelque chose de ce genre ? Voici ce qu'ils disent :
« La semaine dernière, en plus d'une attaque DDoS/DdSD (Déni de Service Distribué) et de la divulgation des adresses e-mail et des mots de passe cryptés des usagers, le JavaScript du site Internet des Archives Internet (Archive.org) a été dégradé, ce qui nous a obligés à fermer le site pour y accéder et améliorer notre sécurité. Les données stockées dans les Archives Internet sont en sécurité et nous travaillons à la reprise des services en toute sécurité. Cette nouvelle réalité exige une attention accrue à la cybersécurité et nous réagissons. Nous nous excusons pour l'impact de l'indisponibilité de ces services de bibliothèque. »
Oh, comme c'est bizarre, une simple excuse pour l'équivalent numérique de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie. Disséquons ça, vous voulez bien ? La cybersécurité ? Plutôt de la cybercensure. La « divulgation des adresses e-mail et des mots de passe cryptés des usagers » semble étrangement pratique, pas vrai ? Presque comme une couverture pour une opération destinée à démanteler l'épine dorsale même de notre mémoire numérique.
Le démantèlement orchestré de l'histoire vérifiable d'Internet n'est pas une simple erreur, c'est une stratégie délibérée, taillée sur mesure pour ceux qui prospèrent dans l'ombre du pouvoir. Il s'agit pas de modèles de parties prenantes, mais de contrôle.
La Déclaration sur l’avenir d’Internet n’est pas un projet bienveillant d’utopie numérique, mais un projet d’oligarchie numérique dans lequel seules les « autorités compétentes » et leurs complices choisis dictent ce qui doit être retenu et ce qui doit être oublié. Cette approche multipartite ? C’est un écran de fumée pour garantir que ceux qui sont au pouvoir puissent agir sans laisser d’empreintes digitales, garantissant que leurs méfaits et leurs manipulations restent intraçables.
Certes, un bibliothécaire d'Archive.org a l'audace de prétendre que tant que la Wayback Machine est en mode lecture seule, l'exploration et l'archivage continuent. Oh, comme c'est rassurant ! Mais quand ces documents archivés verront-ils la lumière du jour ? Avant les élections, lorsque la transparence pouvait influencer les électeurs, ou bien après, lorsque la poussière sera retombée ? Le fait que ces documents ne soient pas accessibles maintenant, alors qu'ils pourraient servir un objectif démocratique, crie à une intention plus sinistre. Si la technologie existe pour rendre ces informations disponibles, pourquoi ne l'est-elle pas ? Parce que, contrairement à ce qu'ils prétendent, les pouvoirs derrière ces institutions ne sont pas intéressés par l'ouverture mais par le contrôle et l'obscurcissement.
Il est inquiétant de constater que cet effacement de la mémoire Internet n'est pas un incident isolé. Pendant des années, Google a fourni une version en cache des pages Web - une capsule temporelle de l'intégrité des informations. Aujourd'hui, ils ont mis fin à cette pratique. Ils se vantent de leurs vastes fermes de serveurs, et pourtant, soudain, ce service, qui pourrait obliger les entités à rendre des comptes, est jugé inutile ?
Le timing est trop parfait pour être une coïncidence avec le crash d'Archive.org. Il s'agit pas d'espace serveur ou de limitations technologiques, mais de savoir qui décide de ce à quoi ressemblera l'histoire, surtout lorsque ça se produit à quelques minutes d'une élection où l'information – ou son absence – peut faire pencher la balance du pouvoir.
D’autres tendances inquiétantes transforment les résultats de recherche sur Internet en chambres d’écho aseptisées et manipulées par l’IA des discours de l’establishment. L’ancien standard du Web était d’une démocratie rafraîchissante : les classements de recherche reflétaient la sagesse collective des utilisateurs d’Internet par le biais de clics, de liens et de citations.
Mais Google a abandonné cette approche organique au profit d’un nouveau système opaque dans lequel les « sources fiables » sont approuvées par des algorithmes, et non par le public. Ce qui est « digne de confiance » n’est pas déterminé par l’interaction du public, mais par les critères impénétrables et potentiellement biaisés de Google. Ce changement vise pas seulement à améliorer la qualité de la recherche, mais également à contrôler le discours, en veillant à ce que seules les voix jugées « appropriées » par les géants de la technologie soient entendues.
De plus, Alexa, l'outil qui a démocratisé la visibilité sur le Web, a disparu de la scène. Vous vous souvenez d'Alexa ? C'était le service indépendant que tout le monde utilisait pour évaluer le trafic et l'influence d'un site Web. Son acquisition par Amazon en 1999 a d'abord été perçue comme un vote de confiance dans son utilité. Il est devenu la mesure de facto du statut du Web.
Mais Amazon, dans un retournement de situation ironique, a décidé de rebaptiser Alexa son assistant domestique, qui écoute votre vie. Il s’agissait pas seulement d’une confusion de marque, mais d’une manœuvre stratégique visant à diluer et finalement à démanteler un outil qui offrait une transparence dans l’influence numérique. En brouillant la marque, Amazon a effectivement neutralisé une ressource qui permettait un véritable examen public de la portée du contenu Web.
C'est comme ça que fonctionnait toute une génération de techniciens Web. Le système était loin d'être parfait, mais il était transparent, axé sur l'utilisateur et fonctionnel. Aujourd'hui, les outils d'Alexa d'origine ayant disparu, qui décide de ce qui est pertinent ? Pas les utilisateurs, mais les entreprises avec leurs indicateurs opaques et leurs agendas pilotés par l'IA.
Il s'agit pas seulement de ce qu'on peut trouver en ligne, mais aussi de ce qu'on est autorisé à y trouver. Là où il y avait autrefois un marché d'idées animé, on a maintenant des galeries organisées où seules les « bonnes » œuvres d'art sont exposées. Si c'est ça le progrès, alors le progrès a une drôle de façon de ressembler à une régression.
En 2022, Amazon a décidé de mettre un terme à Alexa, l'outil de classement des sites Web, non pas en le vendant ou en le fixant à un prix hors de portée, mais en le faisant disparaître dans l'éther numérique. Il s'agissait pas d'une décision commerciale, mais d'une éradication, d'un effacement en bonne et due forme. La possibilité d'évaluer l'influence d'un site Web sans avoir recours à des alternatives coûteuses et encombrantes a été brusquement supprimée.
Personne n'a compris le raisonnement. Il s'agissait d'une norme industrielle, d'une référence en matière de pertinence numérique, et elle a été anéantie. Les implications étaient claires : la transparence dans l'influence numérique n'était plus à la portée de l'utilisateur moyen. Désormais, pour comprendre le paysage du Web, il fallait payer le prix fort ou naviguer dans des labyrinthes de propriétaires, ce qui rendait le contrôle aux mains de ceux qui pouvaient se permettre de payer pour le privilège de l'information.
Tous ces événements apparemment disparates convergent vers un récit de contrôle et d’obscurcissement. La débâcle du Covid de 2020-2023, marquée par une censure mondiale et un raz-de-marée de propagande, n’a pas seulement accéléré cette tendance ; elle l’a accélérée.
On se demande si quelqu’un se souvient de l’époque où qu'une véritable liberté numérique existait. Le sabotage délibéré d’Archive.org, une bibliothèque d'archives numériques censée préserver notre mémoire collective, est un témoignage effrayant de cette nouvelle ère : une ère où la mémoire elle-même est assiégée.
À l’heure actuelle, des semaines, des mois et des années d’histoire du Web se sont envolées dans le vide. On se demande ce qui a été perdu, quels récits ont été modifiés ou ont complètement disparu. Et le retour de ce service ? C’est une hypothèse que chacun peut se faire, chaque jour qui passe renforçant la possibilité qu’il ne revienne jamais, nous laissant avec une histoire qui s’achèvera brusquement le 8 octobre 2024.
Internet était censé être un symbole de liberté et de démocratie. Revenir à cet idéal aujourd'hui nécessiterait rien de moins qu'une révolution numérique, car ce qui émerge à sa place est une version contrôlée et organisée de la réalité, conçue par ceux qui ont le pouvoir de définir ce dont nous nous souvenons et ce qu'ils veulent qu'on oublie.
Espérons que ces derniers seront emportés dans le grand drainage du marais voulus par le fraîchement réélu Président Trump et son pote Elon Musk !