On a tous des idées, des opinions. Sur pratiquement tous les sujets. On croit en des choses, on les aime et on accepte des concepts comme des faits. En plus, on n’arrête pas d’être confronté avec des idées et opinions qui diffèrent des nôtres. Comment réagissons nous à la contradiction ? Ben on dirait que c’est pas les méthodes qui manquent.
Socrate avait une méthode. Disons que vous pensez que Pierpoljack est un mec cool, et que vous croyez que tout ce que dit Nicolas est parole d’évangile. Maintenant, imaginez que Nicolas vous dise que Pierpoljack est un trou du balle. Que faire, que penser ? Bordel vous êtes bien emmerdés, là, non ? Socrate dirait que si Nicolas a dit la vérité, alors Pierpoljack est tout sauf un mec cool. C’est simple comme bonjour et c’est très logique. Si vous émettez une hypothèse et qu’on vous la contredise, l’hypothèse est fausse. Point barre. Allez hop ! circulez là, y a rien à voir.
Bien sûr, les humains ne sont pas aussi logiques. D’un autre côté, ils sont beaucoup plus pratiques. Et pour le prouver, c’est là que s’est pointé Hégel et sa nouvelle méthode - bon, en vrai elle était pas de lui mais c’est à lui que l’histoire l’attribue. Alors lui, il est arrivé en nous expliquant le truc de la « thèse » supposée être exacte et de « l’antithèse » qui la contredit. Ensuite il nous a cuisiné la « synthèse » censée approcher la vérité et de ce fait, devenir la « nouvelle thèse ». On peut appeler ça un compromis mais là n’est pas le propos.
Alors disons que vous pensez toujours que Pierpoljack est un mec cool, c’est votre « thèse ». Nicolas, qui pour vous a la science infuse, clame haut, fort et toujours que c’est rien qu’un trouduc’, ça c’est « l’antithèse ». On peut faire une synthèse et avancer que « Pierpoljack est un mec cool que Nicolas perçoit comme un trou du balle ». Ou que « Pierpoljack est un trou de balle qui vous plait bien ». Ou encore que « Quelque part, Pierpoljack est assez sympa ».
Il y a quand même un problème avec chacune des deux méthodes. Tous deux chercheurs de vérité, ces deux mecs nous offrent des soluces un peu merdiques. Disons qu’une personne croit que ce que raconte la Bible soit absolument vrai quand se pointe Darwin et sa théorie sur l’évolution naturelle. Avec la méthode à Socrate, cette personne rejette Darwin tout de suite. Avec la dialectique à Hégel, elle synthétisera ces deux pensées de manière intelligente. C’est vrai qu’ avec Hégel, on approchera plus près de la vérité, mais si on prend pour thèse Darwin et pour antithèse la Bible, la synthèse nous éloignera de la vérité, non ? A première vue, on peut utiliser aussi bien Socrate qu’Hégel pour trouver la vérité. Mais on peut tout aussi bien se planter deux fois.
Ce qu’aucune des deux méthodes n’a testé, c’est la véracité des assomptions. Relisez les dialogues de Socrate et vous pourrez facilement pointer du doigt l’endroit où ses opposants avaient tort. Ils débutent tous par de mauvaises assomptions, s’y empêtrent et finissent par se plier à des contradictions ridicules. Pourquoi devrait-on admettre que le « bien » et le « mal » sont foncièrement différents ? Pourquoi croire que Nicolas détient la vérité ? Pourquoi croire que la Bible est tout sauf la stricte vérité ?
Alors quelque part, Hégel est pire que Socrate dans le sens qu’il n’est même pas logique. Les « antithèses », qui sont infinies en nombre, sont choisies, donc subjectives. Ce qui rend subjectives les synthèses qu’on en tire. Et aussi rhétoriques qu'un discours de Sarko. Je peux facilement vous sortir l’antithèse du postulat « les nuages sont fait de plomb fondu ». La synthèse, quelle qu’elle soit, impliquera la putréfaction d’une idée aussi ridicule.
Dans la pratique, la plupart des gens arrivent à se passer de Socrate ou d’Hégel. On laisse tout simplement courir. Eventuellement, on sera confronté à assez d’évidences pour changer nos assomptions. Eventuellement, on aura découvert des fossiles en nombre suffisant pour démontrer que c’est Darwin qu’avait raison et pas la Bible. Eventuellement, Sarko nous racontera des conneries. Eventuellement, il en racontera tellement que tout le monde lui tournera le dos.
Mais ça prend en général un sacré paquet d’évidences avant de démonter une assomption. Je suis pas certain que ce soit une bonne ou une mauvaise chose. Combien de fois faudra t'il s’en prendre plein le cul avant d’admettre qu’on est entrain de se faire enculer ?