Manta
Sur l’onde enivrante d’un océan limpide,
Tandis qu'un air livide en mon âme vacante
Résonnait en coulisse aux sons de mes pensées,
Je vis percer du nez, jaillissant de l’abysse,
Ce mythique poisson qu’on ne voit qu'une fois
Et dont l’unique doigt distille le poison.
Son gigantesque dos tout de brun recouvert
S’éleva dans les airs tel au vent un faisceau,
Un ange à double face, Ariel ou Satan,
Car en moins d’un instant elle fit volte-face,
Divulguant sous les cieux la blancheur éclatante
Que sa pause ascendante masquait à mes yeux.
Ce losange d’argent louvoya silencieux,
Son envol orgueilleux tel un vol de diamants,
Mille larmes de spume essaimant de ses ailes,
Gélatineuse oiselle extirpée de l’écume,
Aquatique tantale au dard vif comme un fouet,
Pour enfin replonger en un plat magistral
Dans les antres cachés du royaume abyssal.
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