BLOOD MONEY
(Une Aventure de Calamity Jeanne)
1. KÉVIN
Leila a dit que c'était une chance pour nous, que le temps ferait en sorte qu'il y ait moins de monde sur les routes et moins de chances que nous soyons vus. Moins dix degrés ? Putain, j'aime pas quand ça caille.
Ce sera la première fois que je vais faire un coup avec Ronald. C'était son idée, je pense, mais c'est Leila qui m'y a entraîné. Il y a six mille balles à gagner et ça ne semble pas poser de problème – si ça vous dérange pas de voler une vieille dame, ce qu'est pas mon cas.
Mais ce temps est horrible. Ils prédisent toujours de la neige, mais nous n'en avons généralement pas. Quand nous en avons, c'est joli, ça recouvre la merde dans les rues, rendant la ville plus belle qu'elle ne l'est réellement.
Donc Leila m'en a parlé et Ronald m'a donné les détails. Nous prévoyons de tromper cette vieille dame, mais ils ne savent pas vraiment comment s'y prendre. Nous allons lui dire qu'on vient des services techniques de la ville, lui dire qu'on doit regarder à l'intérieur de sa maison. Ronald ressemble à un adolescent et Leila est une jeune fille. Va falloir que je joue le rôle de l'homme de la ville.
Je leur ai dit que j'avais une combinaison bleue avec un écusson municipal dessus. Elle avait appartenu à mon frère Damien - qui purge une peine à la prison de Riom - à l'époque où il travaillait pour la ville. J'ai aussi sa camionnette, et elle est blanche comme un véhicule utilitaire de service.
Leila était la petite amie de Damien avant qu'il se fasse incar-serré. Maintenant, c'est la meuf à Ronald. Elle aurait dû devenir la mienne vu que je ressemble beaucoup plus à mon frangin que Ronald. Mais je comprends. Ronald a un cerveau qui fonctionne et Leila voulait quelqu'un de différent de Damien.
Nous avons donc ce plan. C'est le plan de Ronald, mais nous y participons tous.
J'ai un flingue. C'est une arme que mon oncle Thierry m'avait offerte pour mes seize ans. C'est juste rien qu'un 22, mais y marche très bien. Ronald m'a dit de pas l'apporter, mais je préfère vraiment l'avoir sur moi. On peut jamais savoir ce qui pourrait se passer si les choses tournaient au vinaigre. Et si cette vieille dame avait une arme ? Y a-t-il au moins pensé ?
Puis, j'ai la combinaison des services municipaux qui va bien et la camionnette sur les portières de laquelle j'ai collé, comme le font sur le cul de leurs bagnoles certains bougnats de la capitale nostalgiques du pays, des autocollants touristiques des armoiries de la ville. Grâce à ma pomme et c'est pas rien de le dire, on a tout qu'est-ce-qu'on a besoin.
Ce matin, nous sommes revenus sur ce qu'on allait faire. Nous nous rendons chez la vieille dame un peu après midi. La circulation en agglomération est dense, mais cet endroit est sur les hauteurs en dehors de la ville. C'est sur la route qui grimpe en zigzags depuis les Quatre-Routes en direction de La Baraque et Orcines.
On monte jusqu'à devant sa maison, Je me gare pile-poil devant chez elle pour qu'elle puisse bien voir notre camionnette si jamais elle regarde par la fenêtre. Je sors et me dirige vers la porte avec Leila derrière moi.
Leila va porter un gros manteau et je vais pipoter à la vieille que c'est une stagiaire qui m'accompagne.
Mais d'abord, je dois baratiner à la vieille dame qu'il y a eu un problème avec sa facture d'électricité et qu'elle est surfacturée. La ville m'envoie réparer ça, je vais lui dire. Elle ouvre la porte – quelle auvergnate qui se respecte pourrait refuser l'entrée à quelqu'un venu réparer un truc chez elle pour réduire ses factures ? – et c'est à ce moment-là que je lui dis qui est censée être Leila.
Je demande à la vieille dame où est sa cuisine car ce problème vient probablement de la prise sur laquelle son frigo est branché. Quand elle commence à m'y conduire, Leila demande si elle peut utiliser les toilettes.
Pendant que je suis dans la cuisine, Leila se rend dans la chambre de la vieille dame. Ronald nous a dit que l'argent est dans le tiroir du bas de sa commode. J'occupe la vieille dame jusqu'à ce que Leila revienne dans la cuisine. Ensuite, je fais comme si que j'avais résolu le problème et nous nous barrons.
Pèze facile, les doigts dans le nez.
La vieille dame ne saura jamais qu'elle a été truandée. La prochaine fois qu'elle cherchera son pognon et qu'il aura disparu, elle ne pensera jamais qu'il s'agit peut-être du gars de l'électricité de la ville. C'est qu'une vioque. Si elle se souvient de nous, elle ne se souviendra certainement pas de notre apparence.
Ronald dit qu'il y a environ six mille balles à prendre. Je lui dis, comment que tu sais ça ? Il répond que la vieille dame est la grande-tante de Paulo Ribeyrol et c'est Paulo lui-même qui le lui a dit. Je lui demande si on devra donner une partie de l'oseille à Paulo ? Ronald dit que non, que Paulo n'est rien qu'un gros débile et qu'il lui à refilé l'info juste pour frimer, sans réfléchir aux conséquences.
Ronald restera au volant de la camionnette, moteur allumé, pendant que Leila et moi entrerons à l'intérieur. Avec le froid de canard qu'il fait, ce serait pas une bonne idée de le couper et d'espérer simplement qu'il redémarre sans anicroche à notre retour. C'est généralement fiable, mais par ce temps ? Je ne sais pas. On le laissera tourner avec Ronald à l'intérieur, hors de vue, couché sur la banquette.
Et bon sang, il neige. Du coup, je roule un peu plus lentement en chemin, je regarde autour de moi pour voir combien de voitures sont dehors et depuis que la neige vient de commencer à tomber, il y en a pas mal et elles se trainent comme des grolimaçons.
Nous arrivons à la bicoque en question et c'est pas ce à quoi je m'attendais. Je pensais que ce serait quelque chose d'assez cossu, mais c'est pas le cas. C'est à peine plus grand que les pavillons de chasse ou de pêche du lac Servière, mais pas de beaucoup. Il y a un abri auto coiffé de taule ondulée rempli de cartons et de vieilles chaises en rotin et la vieille 504 Peugeot trônant et rouillant en dessous et au milieu semble n'avoir pas bougé depuis une éternité.
J'ai demandé à Ronald s'il était sûr que c'était la bonne adresse et il a répondu que oui, que c'était bien là que vivait Jeannne Ribeyrol.
Je me suis garé dans la rue et j'ai regardé Leila. C'est un joli brin de fille, et pas le genre de jolie fille qui sait pas qu'elle est jolie. Le manteau qu'elle porte a un col en fourrure qu'elle a remonté pour couvrir une bonne partie de son visage. Elle a dit : " C'est parti, mon kiki."
2. LEILA
Lorsque Kévin s'est arrêté devant la maison, j'ai pu voir qu'il avait les chocottes, et c'était pas seulement à cause de la neige. Il était aussi stupide que son frère Damien, mais Damien, lui, n'avait peur de rien. C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'il s'est fait serrer. Un peu de peur peut être une bonne chose; ça vous évite d'être stupide des fois.
Ronald et moi avions longuement examiné le plan avant d'impliquer Kévin. Ce dernier avait la combinaison des services municipaux qui va bien et la camionnette blanche. Mais il était trop con pour y aller seul. Fallait que quelqu'un l'accompagne pour s'assurer qu'il allait pas tout gâcher.
Pendant que nous examinions le plan, Kévin a commencé à parler du fait qu'il voulait apporter son flingue avec lui. Mais Ronald lui a dit que non. Une arme à feu changerait toute la game. On passerait d'un simple vol à une attaque à main armée sur une vieille dame sans défense.
Mais j'ai peur que Kévin l'ait apporté de toute façon.
Il fait au moins dix en dessous de zéro et la neige a commencé à coller. Mais j'ai rien dit. Nous devions nous concentrer sur ce que nous faisions car ça représentait six mille balles : deux pour chacun de nous trois. Je pourrais tenir six mois avec deux mille euros si je fais attention. Et je fais toujours très attention.
J'en parlerai pas tant que nous n'aurons pas terminé le travail mais je veux mon argent et dès que je l'aurai, je tirerai une croix sur ces trois mecs.
Lorsqu'il a garé la camionnette devant la maison, j'ai pu voir Kévin se mettre à paniquer un peu. Je voulais pas qu'il passe trop de temps à tergiverser, alors je l'ai juste regardé et j'ai dit : "C'est parti, mon kiki." Je suis sortie de la camionnette et j'ai commencé à en faire le tour. Ronald a pris la place de Kévin au volant.
Nous sommes allés à la porte et avons frappé. La vieille dame l'a ouverte tout de suite, comme si qu'elle nous avait attendus là. Elle est petite. Je veux dire, je fais moi-même qu'un mètre cinquante-sept, mais elle est encore plus petite que moi : une toute petite vieille dame. "Puis-je vous aider ?"
Kévin bégaie un peu, mais il parvient à articuler : " Nous venons par rapport à votre facture. Est-ce qu'elle a pas été trop élevée ces derniers temps ?
- De quelle facture vous causez, jeune homme ? demande-t-elle.
- Votre facture d'électricité.", dit-il. " Votre facture d'électricité, elle est pas trop élevée ?
- Pour être élevée, pour sûr qu'elle est élevée !", dit la vieille femme, comme n'importe quelle autre vieille femme aurait pu le dire à propos de n'importe quelle autre facture d'énergie sous cette putain de Macronie ruinant le pays.
La vieille dame est petite, mais elle est en colère et le regarde droit dans les yeux.
" Laissez-moi regarder votre cuisine, m'dame", dit Kévin. "Je peux vous montrer d'où vient le problème."
"Je dois aller aux toilettes.", dis-je, mais la vieille dame semble pas m'entendre.
La vieille dame se tourne vers moi et me dit : " Ils doivent vous envoyer à deux pour me montrer ça ?"
Kévin est dépassé. " Laissez-moi regarder dans votre cuisine", répète-t-il.
Les poils de la vieille dame se hérissent, et je vois bien qu'elle a pas peur. Elle sait que nous ne sommes pas qui nous prétendons être et elle ne va pas nous laisser entrer. Je répète : " Je dois aller aux toilettes."
"Je peux vous montrer où se situe le problème, le résoudre et vous faire économiser de l'argent", tente Kévin, mais il semble désespéré en le disant.
Je pouvais voir où que tout ça allait nous mener. Elle allait claquer la porte et appeler la police et même si nous ne nous faisions pas arrêter, il n'y aurait pas un kopek pour nous : ça, c'était sûr.
J'ai bousculé Kévin et poussé la vieille en arrière. Je pensais qu'elle allait tomber, mais elle a réussi à se maintenir sur ses deux cannes. Elle a fait un pas en arrière en chancelant et j'en ai profité pour me glisser à l'intérieur. Je l'ai retournée dos à moi et l'ai conduite jusque dans son salon où que je l'ai poussée face la première dans le seul canapé qui se trouvait là, un vieux pucier tout délavé qui devait dater de la guerre de quatorze. Je voulais pas qu'elle nous étudie plus les visages qu'elle ne l'avait déjà fait.
Je peux entendre Kévin ouvrir les tiroirs dans la pièce voisine. Je pense que cet imbécile ne se souvient pas où est l'argent. Ronald avait spécifié qu'il se trouvait dans sa chambre, dans le tiroir du bas de la commode, dans une boîte en carton, sous de vieilles chemises de nuit. Pourquoi diable ouvrait-il tous les tiroirs ?
Je l'entends alors jurer. Il ressort de la chambre et il me balance : " Leila, tu vas devoir venir le chercher toi-même. Je trouve pas le magot.
- Idiot! Pas de noms !" Maintenant, la vieille dame savait comment que je m'appelais.
À ce moment-là, il était à côté de moi, assis lui-même sur le dos de la vieille femme, la maintenant là. Je me suis levée et suis allée dans la chambre et j'ai vu qu'il l'avait fouillée de fond en comble, même le matelas était retourné. La pièce juste en face de l'autre côté du couloir était une petite salle de bain. Il y avait aussi une autre porte encore fermée un peu plus loin. J'y suis allée.
J'ai ouvert la lourde, m'attendant à trouver une autre chambre, la bonne chambre ce coup-ci, mais à la place je suis tombée sur une grande pièce remplie de cartons, de boites à chaussures, de malles et de valises : son local poubelle. " Merde," criai-je.
Je suis retournée dans le salon où Kévin continuait à maintenir la vieille dame collée sur le ventre dans son canapé. Je me suis penchée vers elle et lui ai demandé : " Où est l'argent ?
- Je n'ai pas d'argent", dit-elle.
Kévin a commencé à la laisser se lever et ça m'a rendu tellement en colère que je lui ai envoyé une torgnole en pleine poire. Il s'appuya contre elle.
" Si, vous en avez. Nous le savons. Il est censé être dans une boîte dans le tiroir du bas de la commode dans votre chambre. Maintenant, où est-il ?"
Elle a dit : " Vous parlez de mon argent de Noël ?
- Ouais," répondis-je en me demandant si elle pensait que nous ne le prendrions pas si elle l'appelait ainsi.
" Il n'y en a plus. Je l'ai dépensé la semaine avant les étrennes."
Maintenant, j'étais en pétard. Comment Ronald avait-t-il pu obtenir un tuyau aussi mauvais ? Qu'allions-nous faire maintenant ? Finalement, j'ai dit : " Vous avez dû recommencer à en mettre de côté pour le Noël prochain. Où se trouve-t-il ?
- Dans ma salle de couture", dit-elle.
Je n'ai pas répondu à cela et me suis contentée de la toiser en haussant les sourcils.
" Ma salle de couture", dit-elle. " Je vous ai entendue en ouvrir la porte. Je sais que vous y êtes entrée.
- Vous parlez de la pièce avec les malles et les cartons ?
- Oui, mon argent se trouve dans un des cartons dans cette pièce.
- Lequel?"
Elle a commencé à décrire où il se trouvait, mais je me suis dite que j'allais jamais le trouver, même avec sa description. Il y avait trop de cartons partout dans cette pièce, de murs à murs et presque jusqu'au plafond.
" Amène-la avec nous, Jako," dis-je en me dirigeant vers le couloir et en m'attendant à ce que Kévin comprenne que je faisais référence à lui. Encore une fois, il lui fallut deux temps pour comprendre.
Il tenait la vieille femme par la nuque, la poussant devant lui. J'ai remonté mon manteau suffisamment haut pour qu'elle ne puisse pas bien voir la moitié inférieure de mon visage. Lorsqu'elle entra dans la pièce, elle se dirigea vers une pile de boîtes et les déplaça, pour finalement en sortir une qui ressemblait – du moins pour moi – à toutes les autres. Elle fouilla dedans et l'ouvrit alors que nous nous tenions derrière elle.
3. RONALD
Il devait y avoir six mille euros dans la boîte. Mais moi je pensais qu'il pourrait y en avoir beaucoup plus. J'en avais parlé à Leila, en espérant qu'elle pourrait convaincre Kévin de commettre le vol. Son idée était la meilleure car elle connaissait l'existence de la combinaison bleue des services municipaux. Je ne voulais pas avoir affaire à Kévin. Il était stupide. Fallait que tout reste simple, mais pas simpliste.
Leila a tout bien planifié. Aucun de nous ne savait quel temps il ferait ce jour-là. La température avait été proche de zéro depuis quelques jours. Puis elle est tombée à moins dix avant de se mettre à neiger. J'ai pensé à annuler, mais je voulais pas perdre Kévin. Nous pourrions faire ça.
Leila, qu'avait fait un peu de théâtre au lycée, a demandé à Kévin de pratiquer tout ce qu'il allait dire et faire. Elle l'a accompagné encore et encore jusqu'à ce que nous nous ennuyions tous à mort. L'essentiel était de lui faire dire qu'il venait des services techniques de la ville et qu'il y avait un problème avec l'électricité, qu'il pouvait le réparer et lui faire économiser de l'argent. Une fois à l’intérieur, tout ça ne prendrait que deux ou trois minutes.
Je pensais que la combinaison bleue suffirait à faire ressembler Kévin à un employé municipal. Ce n'était pas le cas. Il ressemblait à un idiot portant une combinaison de travail. Il était trop tard pour que je puisse lui dire quoi que ce soit, à lui ou à Leila. Nous étions déjà engagés dans le plan. Je l'ai regardé et j'ai voulu lui demander s'il avait apporté son petit pistolet avec lui, mais je l'ai pas fait. Je voulais juste me dépêcher et en finir avec ça.
Quand nous sommes arrivés, Kévin était comme un lapin pris dans les faisceaux de phares d'une voiture et je me suis dis : " Merde. On est foutus." J'ai pensé à tout laisser tomber, mais je l'ai pas fait. J'aurais dû, mais je l'ai pas fait.
Leila a fait le tour du véhicule, l'a fait sortir de la camionnette et s'est dirigée vers la maison. Je les ai observés jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la porte et j'ai réalisé combien de neige était tombée.
Peut-être cinq minutes se sont écoulées avant que j’entende le coup de feu. Ce fils de pute avait apporté son arme alors que je lui avais dit de pas le faire. Il a tiré à nouveau et j'ai pensé : " Ce putain de connard l'a tuée."
Je suis sorti immédiatement du fourgon – sans couper le moteur ni refermer la portière – et j'ai couru vers la maison. J'entends Leila pleurer et je sais que c'est parce qu'elle vient de voir cet abruti tuer la vieille femme. La porte s'ouvre et Leila sort en titubant, pliée en deux.
Je lui attrape les épaules et la redresse. Il y a une tache rouge qui s'élargit sur son ventre et que je ne veux pas regarder de trop près.
Je glisse un bras sous son aisselle et l'aide à monter dans la camionnette. Je me vois pas très bien la conduire à l'hôpital et leur expliquer qu'un pote lui a accidentellement tiré une bastos dans le bidon alors que nous braquions une vieille dame. Et je ne vais pas non plus sortir indemne de cette situation, je m'en rends compte.
J'ai ouvert la porte latérale et je l'ai allongée. "C'est foutu", ai-je marmonné. Elle n'a rien répondu.
J'ai couru vers la petite maison, sachant que les voisins auraient pu entendre les coups de feu et appeler la police. Fallait que je récupère Kévin et le pognon, puis nous enfuir d'ici et réfléchir à ce que nous devions faire à propos de Leila.
Je voulais pas voir la vieille dame morte. Mais ce n'est pas arrivé. Dès que je suis entré, j'ai crié : " Kévin !"
Il n'y a pas eu de réponse. J'ai parcouru le petit couloir et j'ai regardé dans la chambre, mais il n'y avait personne là-dedans non plus. J'ai commencé à entrer dans ce qui ressemblait à une pièce d'entreposage, mais je suis tombé, glissant sur une mare de sang qui se trouvait par terre. Mes pieds se sont dérobés sous moi et je suis tombé violemment, me cognant la tête contre le sol.
Quelqu'un a prononcé mon nom. J'ai tourné la tête et j'ai vu Kévin allongé sur des cartons à côté de moi. Le sang jaillissait lentement de son cou. Il n'était pas mort, mais c'était plus qu'une affaire de quelques minutes, ou de quelques secondes.
J'ai de nouveau entendu mon nom et j'ai levé les yeux pour voir la vieille femme debout au-dessus de moi, le visage rempli de colère et de tristesse.
" Ronald", me fit-elle. Puis j'ai vu qu'elle tenait le vieux pistolet d'ordonnance qui avait appartenu à mon grand-père. Je n'avais pas réalisé qu'elle l'avait encore. J'aurais dû, mais je l'avais pas fait.
" Hé, mamie Jeanne, quelle surprise, comme je suis content de te voir..."