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La première fois que je suis mort, j'avais huit ans.
Je grimpais dans un arbre dans le jardin de mes parents à Loudéac. Il venait de s'arrêter de pleuvoir et l'air était encore lourd et humide pendant l'éclaircie. Mon copain Gourven m'avait mis au défi de grimper dans l'arbre depuis l'œil de bœuf percé dans le pignon de notre grenier. Il m'a suivi sur la première branche et cette dernière a plié gravement. J'ai tendu le bras pour choper une autre branche pour me rétablir, mais cette dernière était pourrie et s'est effritée en poudre entre mes doigts qui passèrent à travers elle comme à travers une tranche de beurre de baratte au soleil.
Je suis tombé de douze mètres, direct sur trois des pointes de piques d'acier taillées comme des hallebardes qui constituaient la clôture qui entourait notre jardin.
Mes parents, schwabo--hararistes convaincus, m'ont fait réinitialiser bien sûr. Je me suis réveillé cinq semaines plus tard dans le pavillon de bioréaction de Neuilly sur Seine avec quatre nouveaux organes tout neufs et garantis trois ans mais avec interdiction de pratiquer l'accro-branches.
Ma parole, j'ai jamais plus grimpé dans un arbre aprés ça.
Mais quand que j'ai eu mes treize ans, j'ai eu une dirtbike pour mon anniv'. Et je me suis fait percuté par une Renault Mégane E-Tech. Je l'avais pas entendue venir cette salope, vu que ces connasses électriques sont aussi muettes et furtives que des carpes baillonnées.
Mais c'était pas la faute à son chauffeur. C'est moi qu'avait grillé le stop pour me dépêcher de rentrer parce qu'il pleuvait. Quand son aile droite a touché la roue avant de ma bécane, cette dernière m'a glissé sous les fesses. Le dernier truc que je me souviens, c'est le craquement de mes cervicales et de ma pomme d'Adam quand elle se sont faites écrabouiller par le pneu arrière droit de cette bagnole.
Je me suis à nouveau réveillé dans le pavillon de bioréac. Avec deux nouvelles vertèbres plus une trachée toute neuve.
La première fois, j'avais été terrifié. Ce coup-ci cependant...
Bien sûr, c'est pas de la tarte, ça peut faire mal. Mais honnêtement, quels frissons ! C'était encore une nouvelle technologie à l'époque, et les petites pucelles de mon collège trouvèrent vraiment que j'étais trop de la balle: je les tombais comme des mouches...
Après ça, je me suis mis à vivre un peu plus dangereusement. Bien sûr, j'ai eu tout plein d'autres accidents mais ils peuvent tout faire repousser. Désormais, je meurs minimum une fois par an. Reconstruit à chaque fois.
Le truc..., c'est que je crois que j'aime ça. Un amour encore plus pur et plus intense que celui que mes parents - paix à leurs âmes - vouaient aux "vaccins" Covid qui les ont tués.
Allez vas-y, fais pas ta femmelette, fais qu'est-ce que je te dis. Serre-moi bien fort ce nœud coulant autour de mon cou.
Je serai okay, j'te jure; la tour Eiffel, c'est même pas la moitié de la tour Burj à Dubaï...
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