Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

28 oct. 2021

550. Routine story


Cette routine vous est pas gracieusement offerte grâce au soutien financier des hypermarchés "CARREFOUR".

Homogénéité imparfaite du train-train quotidien


Observez un instant notre personnage: à première vue, il a tous les airs du simple quidam qui retourne chez lui réintégrer ses pénates après une journée de boulot routinière. Je sais qu'est-ce que vous pensez comme si que j'étais viennois et même psychiâtre : une telle personne pourrait tout à fait être n'importe laquelle d'entre vous, une vie monotone, chronométrée, sans frayeurs. Tout ça ne semble pas vraiment palpitant ou folichon,  pas non plus excitant et encore moins désopilant.
Eh bien, je propose que nous transformions l'existence fastidieuse de ce looser, de ce perdant: Essayons de générer une bouffée d'adrénaline ! Nous devrons ajouter plusieurs ingrédients, dont un essentiel dont on peut rarement se passer pour briser toute routine, du sang ! Houlà, j'ai comme l'impression que quelqu'un va se retrouver avec les mains maculées d'hémoglobine.

Mettons un environnement sonore. Faut de l'ambiance. Un environnement urbain ressemble à un immense orchestre symphonique qui joue faux, une multitude d'instruments qui improvisent une éternelle mélodie ringarde sans partition, mais laissez-moi prendre le relais et la baguette du maestro un instant. Écoutez le murmure des gens qui marchent, l'agitation lointaine de la cour d'école, le bruit incessant de la circulation matinale, le tintement d'un klaxon effronté, le crissement de pneus sur l'asphalte suite à un freinage inattendu, le bruit sec d'un impact, l'exclamation étouffée d'une piétonne qui vient de saluer de la tête un réverbère, le bourdonnement constant, les battements creux des cœurs, le silence...

Caractéristique, non ? En quelques secondes notre scénario a complètement dégénéré. Ou le contraire... Attendez ! Je pense que je vois notre personnage entouré par la foule. Approchez-vous, m'sieurs-dames, essayons d'entendre sa voix...

" Calmez-vous mademoiselle, vous avez heurté de la tête ce réverbère. J'ai mon brevet de secouriste, vous avez été vaccinée ? Non ? Alors ça devrait aller, vous ne saignez qu'un tout petit peu au niveau d'un sourcil. Une ambulance arrivera sous peu si vous voulez que j'en appelle une, sinon permettez-moi de vous accompagner jusquà la pharmacie la plus proche..."

Maintenant j'imagine vos visages... C'est tout ? Quelle blague! Tu m'fous de nos gueules ? Ils sont où là, la sueur, le sang et les larmes, hein ? Où qu'y sont ?
Rassurez-vous, m'sieurs-dames, je vous en prie, embarquez dans ma DeLorean, serrez un tout petit peu les fesses si ça manque de place, et partons faire un petit saut dans l'avenir...

"Gégé, tu en as pour combien de temps ?
- Je suis à toi dans deux secondes, chérie, je me suis juste laissé aller à rêvasser en  repensant au jour où qu'on s'est rencontrés, tous les deux, tu te souviens ? Ce réverbère a changé nos vies à jamais, pour le meilleur et pour le pire, notre routine..."

Tandis que Gégé répond, les pupilles dilatées, il semble regarder dans l'infini, ses mains froides comme deux darnes de morue fraîchement sorties de leur lit de glace, tordant et découpant violemment cette masse de sang et de boyaux qu'il a sous les yeux et sur laquelle il s'acharne derrière l'étal du rayon boucherie de l'hypermarché Carrefour où sa femme vient chercher, une fois par semaine, les mains vissées sur la poignée de son caddie, leur rôti de porc dominical bourré d'hormones ainsi que leurs six merguez-chipolatas du mercredi,  remplies jusqu'à ras-bord de ces autres merdes chimiques dont j'ose même pas prononcer le nom...