Je ne sais toujours pas pourquoi je reste abonné chez AOL. Ce fournisseur d’accès ne fait que ramer et on ne sait jamais si on va arriver à bon port. Ce qui est tout de même primordial pour moi vu mon métier de coureur des mers. Alors, changer de navire, passer au moteur ? …la question, je dois l’avouer, me trotte dans la tête depuis que j’ai passé l’équateur le mois de juin dernier.
Faut dire qu’il y a sur AOL des courants contraires à tout échappatoire, vous voyez, des trucs comme des sirènes qui vous retiennent à l’image d’Ulysse sur son rocher, (Je parle pas ici de l’Ulysse de Joyce, okay ?), des espèces de Calypsos du Net qui vous laissent rêveurs, plus sûrs de rien…
Et oui, amis Blogophiles, chez AOL il y a des abonnés, et, pour ajouter un peu de sel et de piments à tout ce joli monde, ils ont aussi autorisé des abonnéeuhs. Voilà, je vous entends déjà qui allez me dire qu'on en revient toujours à la recherche du divin, la quête du Graal, la caverne des désirs, tout ça la bite en avant et les yeux brillants d’extase. (Vous n'avez peut-être pas tort). Mais devinez donc où l’on peut trouver ces divines sirènes ? Sur quelle île mystérieuse, en quelle crique enchantée ?
Eh bien tout simplement sur ces espèces de salon de discussion en ligne où viennent se fourvoyer un tas de pétasses en chaleur et de troglodytes tous droit sortis de chez les parents de Bart Simpsons et dont je ne suis qu’un des insignes représentants. Mais comme chez les designers d’AOL, y avait des gens pas trop nases, ils ont eu l’idée magistrale de distribuer des petits cartons vierges à tout leurs gentils clients afin que ceux-ci puissent s’y identifier d’une manière personnalisée. - Si vous êtes trop timide pour demander à quelqu’un l’état d’anémie de ses neurones, vous pouvez aller vérifier tout ça sur sa CV. Pareillement, si vous n’arrivez pas à vous exprimer sur un salon parce que, décidément, le jour où vous avez été conçus, on a oublié d’y joindre ce performant outil de communication nommé le « bagou », eh bien vous pouvez prendre votre temps pour extirper tout ce qui vous ronge les tripes et déposer tout ça sous forme de pixels sur votre petit carton. Photos à l’appui. -
Alors forcément, on y retrouve tout un tas de dictons rengaine, de proverbes usés, de poèmes tronqués, d’images subtiles et subliminales qui ne reflètent que rarement la personnalité ou la vie de leur propriétaires. Il n’y a pas de vérité sans un peu de spontanéité. Donc, la plupart du temps, vous tomberez sur des CV gonflantes, pour ne pas dire gonflées. Parfois même cinglantes, mais là, c’est parce que leur proprios doivent l’être un peu. I looked out through my window, I couldn’t see the light…(vous connaissez EmineM / Stan…). Mais parfois, dans le ciel sombre, quelques étoiles brillent...
En fait, tout ce préambule, c’était pour vous parler de la CV de Cristalleb36 parce que c’est une des rares CV reflétant un peu de franchise que j’ai pu consulter au cours de mes passages dans ces salons. Sans être pète-sec, elle reflète en quelques mots ses espoirs comme ses certitudes ainsi que toute la fragilité qui fait sa force. Et j’aime ça, oui, j’aime ça et j’aimerais bien que…, non mais je fantasme là. Et puis autant son petit texte est concis, autant les photos qu’elle a choisies pour exprimer ses visions sont directes et sans ambigüités. J’adore la légende de la photo # 54 de Perros, sa folie du shopping, sa première passion, Tamara de Lempicka, son parfum à l’Ysatis, Gainsbarre - c’t’enfoiré barré avant l’heure et qui m’a laissé comme orphelin - , son signe astral - parce que c’est aussi le mien et qu’il est pas si nul que ça en fait - , le bouquet de sa petite chipie nommée Chloë (je trouve ça mignon comme tout - le bouquet comme le prénom -) et puis, pour résumé, le montant de séduction et de sensualité qui suinte de madame ou de mademoiselle.
Je pourrais aussi vous parler de la CV de Amarielaure avec ses extraits de Chateaubriand, de Nietsche, de Feodor Dostoï…exquis et de Martin Scorsese. Tout un état d’âme puisé dans ses lectures. Le fait d’avoir pris le temps de puiser puis de transposer ces passages (C’est celui de l’ami Chateaubriand que je préfère) me parle d’une femme sophistiquée et cultivée. Puis elle a aussi des photos. La 18 est superbe, et la légende de Hugo sublime. Puis toutes les sept ou huit photos, ce visage qui apparaît, comme si elle vous interrogeait sur le sens profond de ses interrogations, avec ses cheveux de Marie Trintignant et son visage de Carole Laure (et ses yeux si grands et si intenses que c'est à en perdre pieds), comment voulez-vous lui répondre sinon en lui envoyant le plus gros bouquet que vous pouvez vous permettre de lui offrir ? Avouez les mecs qu’il y a de quoi se décourager… Puis, une page perso (Entre insouciance et réflexion) et même un Blog (Entre rêve et réalité). Quoique je ne qualifierais pas réellement de Blog ce qu’elle laisse dedans. C’est au-delà du Blog, ce qui s’y trouve devrait plus, à mon avis – mais de quoi je me mêle ? – figurer pour partie dans « Elle », rayon parfumerie et cosmétiques, pour l’autre dans le journal de « Psychiatrie » de l’académie de médecine. Mais enfin, je m’avance peut-être un peu… Ah, j'oubliais, de très émouvants poèmes également.
En tous cas, deux CV très agréables et très justes dans leur ensemble.
Alors merci, mesdames ou mesdemoiselles, grâce à vous, je vais revoir mes cartes marines. Il y a encore un peu d’espoir sur les voies navigables du grand large...