Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

1 août 2025

1088. L' Extinction du Réel

 

(On Web version, use BlogTranslator dropdown menu on top-right of this post to read it in your language)

L'EXTINCTION DU RÉEL
Comment la vision annonciatrice de la simulation de Jean Baudrillard est devenue notre condition incontournable

Vous connaissez Jean Baudrillard, le Nostradamus du non-sens, qui en 1981, quand MTV passait encore des clips vidéo et qu’Internet était juste un jouet du Pentagone, a pondu « Simulacre et Simulation ». Mort en 2007, juste quand Facebook devenait le roi du monde, il a raté le grand cirque des stories Instagram, des danses TikTok, des lynchages sur Twitter et des enterrements sur Zoom. Sacré veinard ! 

Et pourtant, ce compatriote a prédit notre réalité actuelle avec une précision qui fait presque peur – ou qui ferait rire, si c’était pas si pathétique. Sa phrase fétiche ? « Nous vivons dans un monde où il y a de plus en plus d’informations et de moins en moins de sens. » Oh, comme c’était visionnaire. Votre téléphone vibre comme une abeille enragée avec des notifications, votre fil d’actualité dégouline de drames inutiles, et votre cerveau ? Il patauge dans un océan de contenu aussi profond qu’une flaque d’eau. 

Mais la sagesse, bordel ? Et la compréhension, nom d'une pipe ? Désolés, elles sont en rupture de stock, noyées sous des tonnes de fake news et de memes recyclés. Baudrillard avait flairé le coup il y a des lustres : un monde où que les copies sont plus sexy que les originaux, où la réalité est juste une vieille blague qu’on a oubliée.

Quand les copies jouent les divas
Baudrillard et ses « simulacres » – des copies qui se prennent pour le messie sans rien derrière. Votre feed Instagram ? Pas un album photo, mais une usine à illusions. Chaque selfie est filtré, recadré, légendé pour vendre une vie qu'existe que dans la tête des influenceurs. Une peinture médiévale montrait un vrai roi. L’émoji couronne ? Il renvoie à un vague délire Disney, qui renvoie à un autre délire Disney, ad vitam æternam. Bienvenue dans le palais des glaces de la futilité.
Le grand manège des simulacres, c’est en quatre actes : d’abord, on copie le réel. Ensuite, on le tord, comme une pub pour soda qui vend du bonheur en canette. Puis, on fait semblant qu’y a jamais eu d’original. Et au final, la copie devient la star, la carte bouffe le territoire, et le menu est plus appétissant que le plat. Baudrillard a dû bien se marrer en écrivant ça. Prenez les Ifugao, ces pauvres types étudiés par des anthropologues sur l'île de Luçon aux Philippines. Dès qu’ils ont senti les regards intéressés, ils ont surjoué leur « authenticité » : costumes plus clinquants, rituels dignes d’Hollywood. Les études ont circulé, et devinez quoi ? Les nouvelles générations de ces Ifugao ont lu ces bouquins pour apprendre à être… eux-mêmes. La copie a gobé l’original. Ça vous rappelle pas quelque chose ? On vit tous comme des stars de télé-réalité, posant pour des caméras invisibles, consultant TikTok pour savoir comment être « authentique ». Pathétique, non ?

Les hypermarchés, temples du toc
Poussez la porte d’un supermarché, et boum, la théorie de Baudrillard en néon vous saute à la gueule. Les pommes brillent comme des voitures de luxe (merci le polish), les légumes ont l’air photoshopés. La nature ? Trop moche, trop difforme. On veut du parfait, du lisse, du simulacre. Les tomates du marché, avec leurs bosses et leurs vers ? Beurk, pas assez Instagram-compatibles. On préfère le faux, parce qu’il est plus propre, plus sexy, plus… faux. EuroDisney, au moins, assume son artificialité. Le reste du monde ? Il fait semblant d’être vrai tout en étant aussi bidon qu’un décor de cinéma. Demandez à un gamin de dessiner une princesse, il vous sortira du Disney pur jus. La simulation a kidnappé son imagination, et il ne s’en rend même pas compte.

La politique, ou le cirque des simulacres
En politique, Baudrillard doit se marrer dans sa tombe. Les campagnes ? Des opérations de branding pour des politiciens qui ont plus rien à vendre à part des slogans à la mords-moi-le-noeud. Les électeurs ? Des consommateurs qui choisissent leur camp comme on choisit une marque de baskets. Les experts ? Ils pondent des rapports qui citent d’autres rapports, dans une orgie de papier sans lien avec le réel. La « politique fondée sur des preuves » ? Un joli conte pour adultes où qu’on sélectionne les études qui flattent nos biais. Les consensus ? Une simulation d’objectivité qui écrase toute dissidence avec un « les experts du GIEC sont tous d’accord », point barre. La gauchiasserie se perd dans ses théories universitaires sur l’oppression, transformant la révolution en Instagram esthétique avec tote bags et hashtags. La droite ? Elle vend de la nostalgie bidon et des guerres culturelles en ligne, sans jamais construire quoi que ce soit de concret. Les deux camps se gavent de contenu sur leurs ennemis, mais quand il s’agit de gouverner ? Zéro, peau de balle. Le système adore ça : canaliser la rage dans des conflits bidons pendant qu’on reste tous spectateurs d’un théâtre politique minable.

Accros au vide
Baudrillard avait pas prévu à quel point on deviendrait junkies du faux. Les likes sur Instagram ? Une dose de dopamine qui nous laisse plus seuls que jamais. Les applis de rencontre ? Un supermarché de l’amour où on swipe comme des robots. Les trackers de fitness ? Ils gamifient votre santé jusqu’à ce que vous couriez pour un score, pas pour vous. Tout est optimisé, quantifié, transformé en contenu pour cerveaux en manque. On adore les simulations parce qu’elles sont plus jolies que la réalité. 
Le burger de la pub McDo est plus sexy que celui qu’on vous sert, mais on continue de croire que c'est celui-là qu'on va se bouffer. Pourquoi ? Parce que la réalité est moche, pleine de défauts, et qu’on n’a plus la patience pour ça. 
Notre cerveau, ce traître programmé, gobe les récompenses bidon comme si que c’étaient des médailles d'or. On est des drogués du faux, et on en redemande. Et le pire, c'est que même critiquer ce système, c’est jouer son jeu. Baudrillard lui-même était coincé, baragouinant son jargon académique pour dénoncer l’inauthentique. Si tout est simulation, comment en sortir ? La réalité virtuelle et le métavers ne font qu’enfoncer le clou : bientôt, demander ce qui est réel sera aussi ringard que de porter des jeans taille basse.

Des miettes de réel ?
Baudrillard, dans un élan d’optimisme inattendu, parlait de « poches de réel » – des moments où que l’authenticité perce le brouillard du faux. Un sourire pas calculé, une œuvre d’art pas faite pour les likes, un contact brut avec la nature. Mais soyons sérieux : même cette idée d’authenticité sent le romantisme poussiéreux, une simulation de plus. La vraie issue, si elle existe, c’est de jouer le jeu en connaissance de cause. Utiliser les réseaux sociaux sans se faire bouffer par eux. Faire de la politique sans se noyer dans son cirque. Ralentir, arrêter de vouloir tout commenter, se concentrer sur qu'est-ce qu’on peut toucher, voir, sentir. Votre voisin, pas le dernier scandale sur X. Votre rue, pas une cause à l’autre bout du monde.

Le courage de s’ennuyer
La révolte ultime ? Accepter de s’ennuyer. Admettre qu’on a pas besoin d’avoir un avis sur tout. Laisser tomber les grands débats pour nettoyer son quartier ou discuter avec de vrais gens, pas des avatars. 
Hannah Arendt parlait d’un « espace d’apparence », où des citoyens se réuniraient pour causer de trucs concrets. Pas sexy, mais réels. Oubliez les pétitions virales et les tweets enflammés. Une réunion de quartier, c’est chiant, mais c’est là que les choses se passent. On peut pas fuir la simulation – elle est partout. Mais on peut choisir où poser son regard. La texture de votre café, le rire d’un ami, la lumière sur un mur. 
Baudrillard a jamais dit que la simulation était le diable, juste qu’elle était totale. À nous de décider ce qu’on en fait. Être présent dans un monde qui veut votre distraction, c’est peut-être pas la révolution la plus discrète, mais c'est la plus radicale. 

Alors, quand c'est qu'on commence?