Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

27 févr. 2023

728. Résolutions tardives


 
RÉSOLUTIONS TARDIVES

Ô ne plus voir blessée son âme convulsive
Qui brille au naturel de rires cristallins
Ni ne plus altérer de colère émulsive
Le diaphragme azuré de ses yeux opalins.

Tempérer mes humeurs, mes instincts impulsifs
Même s’il faut pour ça me gorger d'héroïne
Ou autre traitement et des plus compulsifs,
M'enrober de douceur pour ma tendre câline.

Et ne plus assombrir ses amours effusives
Telle page à noircir de cent traits de fusain
Ni ne plus lui donner de réponse élusive
Ou de trop sinueux mensonges sibyllins.

Lui parler franchement mais sans être abusif
Ni sans heurter l’esprit dont son cœur est l’usine,
Même s’il faut parfois me montrer allusif
Et confiant en les dons de ma fée Mélusine.

Et ne plus la froisser d’humeurs intempestives
Qui jaillissent de moi comme des clandestins
Ni ne plus la droguer des vapeurs congestives
Dont j’ai vitrifié l’air ainsi que son destin.

Attendre à ses désirs, à ses airs suggestifs
Tous ces gestes discrets que l’amour prédestine,
Atteindre les vieux jours dans un esprit festif
Sans plus d’atermoiements ni grippes intestines.

Et ne plus déchirer de rancœurs maladives
Le cœur qui aime tant celui d’un baladin,
Ni ne plus, surtout plus, autoriser mes dives
À diriger contre elle, acrimonie, dédain.

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24 févr. 2023

727. Orage dans la cage


ORAGE DANS LA CAGE

Je préférais mieux quand on était sur la bibliothèque.

Les titres étaient tous alignés devant nous et on pouvait les lire à voix haute tous les soirs. On inventait des histoires et on les liait aux titres avec des nœuds d'écoute. Les histoires produisaient d'autres histoires avec de nouveaux titres. Il devenait difficile de dire quelle histoire provenait de l'enfant de quelle imagination et comment elle se connectait à l'un des livres sur l'étagère.

Tu te souviens quand on était sur la plage de Maraya Bay ? Putain on y était presque, le capitaine avait déjà fait monter les fûts de rhum depuis les fond de cale.
Puis, d'un instant à l'autre, on s'est tous retrouvés dans un sac de jute et trimballés jusqu'à cette enfoirée de bibeloterie à Port of Spain.

Nous n'étions plus qu'une bouteille parmi tant d'autres. Les navires étaient tous peints de couleurs chatoyantes et les capitaines avaient tous des noms différents, mais on s'est jamais sentis spéciaux, pas vrai ? Je me souviens que je me sentais mal parce que je voulais faire partie de quelque chose de spécial, mais on était toujours en solde de la même manière que toutes les autres bouteilles étaient soldées. Même lorsque les prix baissaient, on restait assis là pendant que les ricains s'arrachaient des t-shirts avec des mouettes dessus et des colliers de coquillages et le pire - le pire -

Les boules à neige.

Qu'est-ce qu'une boule à neige pouvait bien offrir que nous ne pourrions pas ?

… À part la neige ?

Nous proposions quelque chose de mieux. Aventures en haute mer et actes audacieux sur l'océan, le tout contenu dans une belle bouteille de verre.

Qu'est-ce qu'une boule à neige par rapport à ça ?

Secouez une sphère et regardez la neige tomber sur une plage miniature même si la neige fait jamais ça. Il ne neige jamais à Trinidad et Tobago. C'est pourquoi les gens venaient ici à la plage pour se dorer la pilule. La boule à neige est un mensonge. Ça ment et ça ment comme de la fausse neige et ça ment tout le temps.

Mais les gens…

Les gens gravitent autour des mensonges.

Surtout quand ils sont en vacances.

Surtout quand on dit à leurs gosses qu'ils peuvent acheter un article à la boutique de cadeaux de l'hôtel ou du casino et qu'ils se font crier dessus lorsqu'ils essaient de ramasser un galion dans une bouteille, car il pourrait se casser. Une boule à neige aussi peut se casser, mais elle est faite pour être retournée. Elle est destinée à être perturbée. Elle est conçue pour interagir avec quiconque décide de l'acheter.

Nous, on en demande un peu plus, pas vrai ?

Nous vous demandons de nous laisser vous raconter une histoire.

Lorsque le magasin a fermé ses portes et que le casino a été transformé en centre de distribution Amazon, on s'est retrouvés sur une table pliante avec une pancarte devant notre bouteille où qu'un vieux rasta d'ébène ridé comme un noyau de pêche avait inscrit "Achetez-moi, s'il vous plaît, Jah vous le rendra".

Même alors, nous étions les derniers pris.

Ils disent que de bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre, mais la bouteille qui a été prise juste avant nous a également attendu un bon moment avant d'être choisie, et cette autre a été fracassée contre un mur de briques par un jeune ado très en colère qui, vous savez, fumait de cette merde chimique en provenance de Carthagène.

Nous avons été choisis - j'aime penser que c'est le cas - par une charmante canadienne âgée qu'a certainement pas tué son mari. Elle nous a sélectionnés, nous a ramenés chez elle dans son pays loin là-bas, nous a soigneusement nettoyés, puis elle nous a placés sur une étagère. Elle avait toujours voulu décorer sa maison avec des articles nautiques, mais son mari aujourd'hui décédé détestait cette idée. Jusqu'à sa disparition, il lui avait interdit d'apporter chez eux quoi que ce soit qui ressemble à un navire, à un pirate, à un perroquet, à une jambe de bois, à une étoile de mer ou à un morceau de carte marine menant vers l'île au trésor englouti.

Heureusement pour nous, il était déjà parti depuis longtemps lorsque la femme plus âgée est passée près de la table branlante sur laquelle nous étions placés afin que nous puissions à la place être placés sur une étagère très stable devant des bouquins aux titres tels que "Comment tuer votre mari" et "N'ayez plus peur de tuer votre mari" ou "Les célèbres tueuses de mari qui s'en sont toutes tirées et vous le pouvez aussi" !

Nous nous sommes tellement amusés à essayer de déchiffrer où ces titres énigmatiques pouvaient mener.

Nous nous rassemblions tous sur le pont du rafiot et tissions des trames alors que la lumière de la baie vitrée ne se réduisait plus qu'à un filin. Ensuite, nous nous tenions debout au pied du mât de misaine pendant que l'orage en cage faisait rage tout autour de nous. L'éclairage d'un tourbillon de peinture jaune vif éparpillé contre le verre, les nuages sombres barbotant délicatement du bas du bouchon jusqu'au cul de la bouteille où la poussière s'accumulait.

Notre capitaine disait qu'un jour nous serions mis à l'eau. Peut-être pas dans un océan, mais dans un lac. Peut-être pas dans un lac, mais dans une baignoire. Peut-être pas dans une baignoire mais dans un bidet. Nous découvririons à quoi flotter pouvait ressembler. Ce plif et ce plouf si particuliers. La façon dont l'eau refroidirait la quille de notre rafiot et le fond de la bouteille. Notre capitaine, Marie Pétante, nous a un jour dit qu'elle avait vécu sur un navire comme celui-là une fois, mais elle ne nous donnera pas de détails. Elle nous raconte les souvenirs des typhons et des ouragans qu'ont frappé son cœur. Elle préfère tenir la barre et nous diriger encore et encore dans la tempête vers le cœur de l'orage.

Après la bibliothèque, nous avons été déplacés dans le salon et posés là où se trouvait l'urne funéraire du mari de la vieille dame. On sait pas trop où est passée l'urne, mais le garçon de cabine jure l'avoir vue dépasser de la corbeille à papier. La lumière du salon est bien meilleure que celle de la bibliothèque où elle déclinait trop vite. Dans le salon, elle baigne chaque fibre de tapis et chaque fixation murale. Cela dure comme si elle était investie dans ce qu'elle fait dans la pièce. Ou pour la pièce. Nous n'avons plus l'impression de traverser un tourbillon nuit après nuit. Au lieu de ça, nous nous sentons comme si que nous étions enfermés dans une tempête avec du soleil tout autour de nous.

Cette lumière du salon berce notre bouteille dans ses bras. Cela nous assure que nous briserons un jour le verre et les restes de liège et du bout rouge de l'étiquette de vente qui n'a jamais pu être gratté de la surface de la bouteille. Elle nous dit que nous méritons d'être baignés dans la lumière du salon. Que nous n'aurons pas besoin de titres donnés par d'autres, car nous créerons nos propres histoires en pleine mer. Et une fois que nous aurons vécu nos histoires, alors, et alors seulement, nous leur donnerons un titre.

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22 févr. 2023

726. Psyché, Ô ma psyché...


 
PSYCHÉ, Ô MA PSYCHÉ...

Donc, la dernière chose que je m'attendais à trouver à la Fourefouille était un miroir hanté. Je m'y serais même pas rendu, mais Maryannick avait brisé tous mes miroirs quand nous nous sommes séparés; elle avait juste crié que je lui avais brisé le cœur ou quelque chose dans ces eaux là, mais soyons honnêtes, ce fut pas vraiment si dramatique que ça, j'eus pas à passer trois heures à soigneusement balayer les éclats de son cœur sur le sol de notre appartement. Les miroirs se brisent, pas les cœurs.

Et le fait est qu'elle savait à quel point ces miroirs comptaient pour moi et à quel point je détestais crier. Ce fut fait très froidement. Mon régime alimentaire est extrêmement exigeant et elle savait à quel point j'avais besoin de mon temps libre en solitaire avec mon reflet pour m'entraîner pour mes concours TikTok et Instagram. 
Elle savait tout ça mais le fit quand même, la garce, parce que - eh ben, je veux vraiment pas vous le dire. J'aime pas trop dire du mal des gens, parce que les mauvaises vibes conduisent souvent à de mauvaises pensées, et les mauvaises pensées conduisent à des imperfections cutanées et à des yeux bouffis, exactement le genre de trucs qu'on pouvait trouver sur la tronche à Pinick - c'est le petit nom que je lui avais trouvé parce qu'elle pinait tout le temps et me niquait mes humeurs - mais qu'en aucun cas je voudrais trouver sur la mienne rapport à mes activités sur TikTagram . Bon, et pour être tout à fait honnête, disons qu'elle était aussi parfois pas rien qu'un un peu beaucoup plus chienne que la moyenne.

Le problème est qu'elle était trop centrée sur elle-même au lieu d'être beaucoup centrée sur moi comme qu'elle aurait dû l'être. Elle ne m'écoutait pas, même quand je lui donnais de bons conseils, comme quand je lui disais d'arrêter les oignons parce que ça faisait puer son haleine, ou quand je lui  indiquais laquelle de ses robes la faisait le plus ressembler à une vache laitière (indice : toutes celles de sa garde-robe), ou quand je lui suggérais quels yaourts elle devrait manger pour éclaircir sa peau toute grasse.

Et en retour, elle me criait juste dessus. Franchement, j'ai fait beaucoup de travail sur moi, pour qu'elle puisse se vanter auprès de ses copines : " Regardez ce gars ! C'est mon mec ! Je suis la femme la plus chanceuse de la terre." Était-ce tant lui demander de ne conserver son poids qu'au strict minimum ? Ma parole, c'est pas étonnant que notre relation n'ait pas fonctionné. Comme je le lui ai dit, "Nous sommes tout simplement trop différents." Honnêtement.

Je pense que je suis trop charitable.

Quoi qu'il en soit, je vois donc cette belle psyché sur pied à la Fourefouille. Maintenant, je sais qu'est-ce que vous allez penser si c'est pas déjà fait, le magasin n'est pas réputé pour sa qualité, n'est-ce pas ? Comme par exemple tous ces trucs en plastoc et toutes ces merdes du pays du Xi Jing Ping. Mais voilà le truc. Je passe aussi beaucoup de temps à m'enrichir l'esprit, et ça signifie que je lis de la meilleure philo que celle à BHL ou à Onfray. Et je pense que c'est Socrate qu'a dit: "La beauté n'est que superficielle."

Correct ?

C'est profond. Comme les crevasses dans la peau d'un Shar Pei. Et si Pinick avait pris soin de la sienne rien qu'un tout petit peu, elle aurait pu être belle, elle aussi. Quoi qu'il en soit, ça signifie que les choses qui ont l'air belles le sont. Et cette psyché, laissez-moi vous le dire, était de toute beauté, une vraie pute de luxe, une véritable Pompadour.

Poignées en plastique aussi noires qu'une nuit sans étoiles, support en feutre bordeaux - qui ressemble totalement à de la soie de loin - et des reflets argentés qui ressemblent absolument au même métal. Je peux penser à pas moins de dix-sept endroits dans mon appartement où je pourrai caser ce miroir, et à douze autres de plus où nous pourrions poser ensemble.

Mais alors, pigez ceci. Un miroir doit ressembler à son propriétaire, mais il doit aussi refléter ce dernier, alors je me mets devant et je prends la pose. Et qu'est-ce que je vois dedans quand je m'y regarde ?

Une femme! Une divine créature à la peau caramel en déshabillé terre de Sienne et diaphane et elle est trop de la balle tellement qu'elle est faite de rondeurs.

Et je dis "Houla !" et elle aussi. Moi seul semble avoir entendu sa voix et je suis à peu près sûr d'être certain que les miroirs reflètent pas les voix.

"Il y a un homme dans ma psyché", qu'elle me dit.
- Et je pense que vous serez pas surprise si je vous dis qu'y a une femme dans la mienne." je lui répond. 
Et pire que ça, il y a aucun signe de ma réflexion débonnaire. Même si, à bien y penser en plus d'y regarder, cette femme est à couper le souffle. "Votre peau est parfaite." je lui dis.
- Votre sourire, la perfection", me répond-t-elle. Elle a raison bien sûr, mais c'est agréable d'entendre quelqu'un d'autre que moi me le dire. Quel étrange psyché que nous avons là. Mais elle coûte un bras et je me demande si je pourrais obtenir une réduction.

"Alors dites-moi," me fait-elle, "comment êtes-vous mort ?"
- Quoi?"
- Comment se fait-il que vous hantiez mon miroir ?
- Non," dis-je. "Non non. c'est vous le fantôme.
- Je ne suis pas d'accord." elle me balance. "Je suis bien trop jolie pour être morte."
- C'est bien vrai", je lui avoue. Je passe ma main sur le cadre de la psyché, et elle aussi. Ses ongles sont en excellent état. "Ce serait une perte impardonnable, belle Aphrodite." Elle m'offre un sourire aussi charmant que le mien. 
- Cher Adonis", me chuchote-t-elle en retour. "On se tutoie ?"

Pendant un moment, nous sommes perdus dans la Pastorale de Bach qui sort des haut-parleurs de troisième ordre du magasin. Nous posons nos mains sur les côtés de la psyché, la soulevons puis nous nous mettons à tourner, dansant comme si que nous étions les deux seules personnes au monde – ce qui pourrait bien être le cas. Je me souviens même plus de Minick ou de Pinick ou du véritable nom de baptême de mon ex.

Mais ensuite, je vois quelque chose d'étrange par-dessus l'épaule de la femme miroir. Elle est dans le magasin tout comme moi, mais il y a une grande bannière accrochée au plafond, portant fièrement le logo du magasin - et elle est bleue à lettrines blanches.

" Pourquoi cette bannière est-elle bleue ?" Je demande. " Y a-t-il des soldes où tu te trouves ?"

Elle regarde derrière elle. "Non. C'est juste une bannière Fourefouille ordinaire. Tu sais sûrement que le bleu et le blanc sont leurs couleurs.
- Sûrement pas. Leur couleur est le rouge et or et l'a toujours été. 
- Oh," dit-elle, avec un haussement de sourcil délicieusement calculé. " Comme c'est criard. Dans quel orient rétrograde est-ce que tu vis ?"

Je résiste à lui faire la gueule, car l'air renfrogné provoque des rides. "Eh bien," je lui dis, "rétrograde pour toi, mais vu que c'est toi qu'es derrière ce truc, ça me donne de l'avance."

Elle renifle. "Des mots bien audacieux, venant d'un homme planqué dans un miroir."
- Sauf que je suis pas dans ce miroir.
- Mais si, tu l'es.
- Non c'est toi. De toute façon c'est çui qu'y dit qui y est.
- C'est toi. De mon point de vue."
- De ton point de vue."

Nous nous détournons l'un de l'autre. Je ressens… une pointe d'irritation. Est-ce notre premiere dispute ? Elle est tellement belle que je veux pas risquer de la perdre. Elle pourrait être la seule, même si elle vit très clairement dans un miroir.

"Je pense," je lui dis, "que nous avons pris un mauvais départ."
- Oui. Ce serait tragique de perdre quelque chose d'aussi beau à cause d'un stupide malentendu.

Oui, elle me comprend. Je souris et elle sourit en retour. Son sourire me fait sourire davantage, et mon sourire fait sourire tout le monde davantage, car mon sourire est un art abouti. Mais je dois admettre que le sien l'est aussi, d'une manière post-moderne. Oui, c'est elle, je le sais. Faisons ça correctement.

Je résiste à me racler la gorge, parce que c'est une chose laide à faire, faite par des gens qui ont la gorge laide. Au lieu de ça, je saute dedans à pieds-joints. "Je m'appelle Jo."

Elle halète.

Eh bien, je suppose que n'importe qui peut faire une erreur, et peut-être que le halètement était même un peu adorable. Oh, regardez-moi, me précipitant à sa défense comme un chevalier sans peur ou quelque chose comme ça ! Je suis tellement frappé. Peu importe..

"Je m'appelle Jo moi aussi", me dit-elle.

Ah ben dîtes donc, quelle putain de coïncidence! C'est un beau nom, qui convient à deux belles personnes. Je me demande quel serait le nom de famille de notre joli couple ?

Probablement juste Jo.

"Jo Pétrel ", ajoute-t-elle.

Maintenant, je halète - même si quand je le fais, c'est moins adorable et projette plus une aura masculine de robustesse - parce que - " Mais c'est mon nom!"

Et puis je reste sans voix, et elle aussi. Nous nous regardons juste un instant, et je crains que la magie que j'ai ressentie il y a un instant disparaisse rapidement, comme si que j'essayais de retenir de la fumée.

" Alors tu es moi," dis-je.
- Et tu es moi. Seulement en reverso en quelque sorte.
- En inversé, tu veux dire.
- En opposé. Le fruit d'un monde miroir bizarre.

J'acquiesce. Je ressens une douleur sourde dans ma poitrine, et – Oh ! Pinick avait peut-être raison. Peut-être que les cœurs peuvent se briser. C'est une sensation désagréable, mais curieusement, je me sens pas non plus enclin à briser un tas de miroirs sans raison, ce qui apparait toujours comme une réaction excessive.

"Tu sais, c'est drôle," je lui dis. "Ça me rappelle quelque chose que Patrick Keroyal m'a envoyé un jour par e-mail."
- Ouais, je pense que je sais de quoi tu parles. Seulement c'était Patricia Keroyal, et elle me l'avait dit en personne.
- Ben non, c'était Patrick dans un un e-mail..."
- …sauf que c'était pas le cas, parce que c'était Patricia– 
- Comme tu voudras."

Quelle meuf irritante. "C'est comme cette vieille énigme posée par Socrate. Tu tombes sur un clone de toi-même. Qu'est-ce tu fais? Tu l'embrasses ou tu le tues ?
- Ou tu le manges, d'accord", dit-elle. "Ouais je me souviens.
- Qu'est-ce que tu veux dire, 'ou tu le manges' ? C'est pas dans l'énigme !"
- Si, c'est le cas. Ça l'a toujours été. Et c'était Platon.
- C'est absurde! Peut-être que c'est comme ça que vous, les gens rétrogrades, le faites dans votre monde étrange de miroirs.
- Le vôtre est le monde étrange des miroirs ! Qui fait ses courses dans un magasin à enseigne rouge et or ? Comme couleurs, c'est ringard en plus d'être criard.

Peur de rien, cette meuf. Qu'elle aille dire ça à un biker des Bandidos pour voir !

Elle souffle. je souffle. Honnêtement, les noms pourraient n'être qu'une coïncidence, car il n'y a aucun moyen qu'il y ait une version de moi qui soit aussi frustrante. Quand je regarde ma montre, je vois qu'il se fait tard - Oh ! Et regardez ça, elle vérifie la sienne aussi. Qui ferait ça ? Au milieu d'une conversation avec quelqu'un et elle vérifie l'heure. Je la sens très irrespectueuse envers moi en ce moment.
 
"Bien ?" elle dit. Sa voix est devenue un peu plate. " On compte jusqu'à trois ?
- D'accord."

"Trois", marmonnons-nous ensemble, puis "deux, un".

" Terminé !", disons-nous tous les deux.

"Super," je dis. "Super."
- Assez juste", dit-elle. "Probablement un bon endroit pour se séparer.
- Ouais je pense que oui." Je remets la psyché en place et je la vois faire la même chose avec son visage désormais étoilé en mille morceaux.

Quel putain de connerie. Insupportable.

Le miroir est évidemment cassé à force d'avoir valsé avec Jo et cogné je sais pas combien de rayons et je pourrais certainement obtenir une réduction, mais franchement, j'en ai ras-le-cul de tout ça. La poignée en plastique semble bizarre et, à y regarder de plus près, le faux argent est mal peint. J'ai l'impression qu'il y a une leçon dans tout ça, et j'espère sincèrement pour elle qu'elle l'a apprise.

J'attrape l'un des autres miroirs, m'assure qu'il n'y a personne d'autre dedans que ma gueule somptueuse - ah, il y a ce sourire fringant ! – et je file en direction des caisses.

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19 févr. 2023

725. Une règle d'or


UNE RÈGLE D'OR

C'est le truc avec cette ville... il n'y a qu'une seule règle - une règle d'or - que chaque citoyen doit respecter : gardez votre cul à l'écart du bâtiment séculaire en pierres beiges en bas du quartier de Ste Baderne ou vous le regretterez. 
Aussi con que ça puisse paraître, personne n'a jamais remis ça en question. Personne ne le mentionne jamais, et si on demande aux riverains, ils agissent comme si que vous aviez commis les sept péchés capitaux tous en même temps rien que pour vous être interrogés sur cet endroit mystérieux que les autorités centrales, en cette période troublée, font surveiller comme leurs couilles sur le feu. Littéralement. Des caméras vidéo et six flics armés gardent en permanence le portail d'entrée massif en fer forgé, ne laissant pas une mouche à merde virevolter de trop près.

Je suis probablement la seule personne sur cinquante-sept mille quatre cent six habitants à exprimer régulièrement sa curiosité pour ce secret passionnant. J'en parle à n'importe quelle occasion, que ce soit une réunion de famille incontournable, les fêtes historiques organisées par la ville chaque année, ou l'attente inconfortable dans la file d'attente pour faire vérifier mes courses dans le supermarché bondé un samedi matin. À chaque fois, celui qui m'entend jette un regard craintif, réprobateur ou ignore mes paroles comme s'il s'agissait d'un simple coup de vent caressant ses épaules nues. Les réunions de famille, cependant, sont mon événement préféré pour être l'oncle célibataire ennuyeux qui semble n'avoir ni vie ni intérêts en dehors du secret préfectoral. Pourquoi ? Simple. Mon frère, Damien, travaille pour ces enculés. Il sait. Je suis certain qu'il sait, peu importe combien de fois il agite sa paume vers moi, me déclamant l'infâme "Je ne sais pas de quoi tu parles" et change de sujet pour celui de ses enfants accros aux jeux vidéo.

Quarante sept ans. Voilà combien d'années j'ai vécu dans cette ville, et pendant environ trente-cinq d'entre elles, le secret de l'immeuble top-secret a toujours été tout ce que j'ai voulu percer. J'ai fait le souhait à chaque étoile filante, à chaque première cerise et à chaque fois que j'ai soufflé des bougies sur mon gâteau d'anniversaire de me permettre de le découvrir. La curiosité a tué le chat avant sa septième vie, dit-on. Mais à ce stade, j'ai l'impression que le but de ma vie est de nourrir ce monstre insatiable en moi qui ne se reposera pas tant qu'il ne connaîtra pas la vérité.

Et aujourd'hui est le jour où que j'ai l'intention de remplir sa gamelle.

J'emporte une vieille lampe torche avec du ruban adhésif que j'ai trouvée dans mon grenier, un couteau, une bombe lacrymo-poivrée juste au cas où, et un pied-de-biche rouillé. Mon sac à dos se ferme à peine, mais avec un peu de force, de force et de détermination, j'arrive à le fermer complètement. Je peux pas prendre le risque que quelqu'un voie un pied-de-biche en sortir comme si c'était rien qu'une baguette tradition. Il est déjà quelques heures après le crépuscule, un léger souffle de vent souffle à travers la fenêtre ouverte de ma chambre et les aboiements des chiens errants du quartier rompent le silence.

"Pourquoi es-tu tellement têtu ? Je t'ai dit qu'y avait rien à voir.", me dit mon frère en s'appuyant contre le chambranle de la porte et en croisant les bras sur sa poitrine. Sa voix est calme et contient une teinte d'ennui, mais je peux sentir un frisson de désespoir courir le long des mots qu'il prononce.

"Non, tu m'as dit que tu savais pas qu'est-ce qu'y avait dedans" je lui fais brillamment remarquer. J'ai pas le temps de discuter avec lui de toutes manières. Je sais depuis le début qu'il est bien conscient de ce que le gouvernement a embrassé avec tant de mystère depuis que le putain de préfet nous avait un temps imposé le port du masque dans les rues de notre bonne ville mais je rejette l'opportunité de le lui faire reconnaître . Si je le faisais, je perdrais du temps. Je n'ai pas trop de temps avant la relève de la garde. J'ai déjà étudié le terrain, je sais exactement quand ça se produit et combien de temps dure la manœuvre avant l'arrivée des nouveaux flics. J'ai environ trois minutes pour arriver derrière le bâtiment. Je ne sais pas si la zone là-bas est sûre, peut-être que c'est là qu'ils gardent tout leurs Rottweilers, leurs soldats et leurs canons. S'ils en ont. Je sais pas. Je suis juste en train d'hypothétiser.

"Comme tu voudras." soupire-t-il, la frustration marque sa voix de sa présence, et je garde mon sourire narquois pour moi. Je suis maintenant désespéré de lui demander ce qui l'a poussé à rejoindre les forces de l'ordre, et c'est uniquement le désir ardent d'arriver à temps pour mon opération qui me retient.

Le silence remplit la pièce, m'apportant une sensation de confort. Me faire dire ce qu'il faut faire et ne pas faire n'a jamais été quelque chose dans lequel j'ai aimé me prélasser. Je ferme la fenêtre et la petite pièce se réchauffe immédiatement. Je ne peux que le sentir sur mon visage alors qu'une veste noire en velours côtelé protège le haut de mon corps de la brise fraîche d'octobre.

"Je te le fais pas dire, petit frère" Je souris, accroche mon sac à dos sur mon épaule et marche en direction de Damien dont la posture tente désespérément de m'empêcher de quitter la pièce. Les clés tintent dans ma paume alors que je me tiens devant lui, souriant à son expression insatisfaite. C'est peut-être dans mon sang, mais j'éprouve un sentiment de victoire quand je sais que je fais quelque chose contre mon frère. Contre tout le Gouverne qui ment, dans ce cas précis. Jouissif et délicieux. Ça me rappelle le coup où j'avais six ans et que j'avais reçu une enveloppe pleine d'argent de ma grand-mère tandis que Damien avait reçu une petite voiture en plastoc. Pour son anniversaire. "Moi aussi, j'aimerais bien prendre un verre avec toi," je lui dis, "mais y a un endroit qui attend que moi. Allez, bouge de là. Je dois verrouiller la porte.
- Et s'ils t'attrapent ?
- Quoi ? Dis-moi pas que t'as l'intention de les prévenir !" Je renifle doucement, debout, la paume dans la poche de ma veste. Je sais qu'il est pas capable de le faire. Il ne l'a jamais fait. Parce que nous sommes frères ? Peut être. Peut-être qu'il a des raisons différentes. Quoi qu'il en soit, je sais qu'il n'est pas une menace. Quoi qu'il arrive, il me sortirait de n'importe quel problème. C'est pourquoi je lui ai dit ça. Si quelque chose tourne mal, ce dont je doute fortement, il me sauvera la peau. Comme à chaque fois.

"Tu sais que je ne te dénoncerai jamais" remarque-t-il, comme si j'avais blessé sa fierté. Je vous l'ai pas dit ? Il est trop innocent. Je me demande encore comment diable il a obtenu un poste chez les keufs avec ce type de personnalité.

"Merveilleux ! Et s'ils m'attrapent pas ? Prends pas cet air offusqué . Laisse le rôle à quelqu'un d'autre." Je souris excessivement, jouant avec la situation comme si que j'étais déjà gagnant.

Il soupire et ne répond jamais. Damien se retourne et quitte la pièce, sans plus parler. Super, j'ai pas envie de traiter plus longtemps avec lui de toute manière.

Je détale dans les rues désertes et sombres. Je suis entouré de bâtiments familiers et ennuyeux que je reconnais à la lumière déclinante des vieux réverbères maintenant équipés de LEDs. Façade rouge du Chinois local, trois crèperies différentes, porte noire menant au bar à putes. Je les connais toutes - les façades je veux dire, pas les putes -  trop bien. J'ai parcouru ce chemin tant de fois que je pourrais le dessiner de mémoire. Si seulement j'avais le talent et la patience de le faire. La Lune a atteint sa forme la plus complète et pend au-dessus de ma tête comme un lustre. 
Le sac à dos rebondit contre mon dos et la lampe-torche heurte continuellement ma colonne vertébrale. 
C'est distrayant, mais je fais tout pour garder mon regard aiguisé et mon rythme régulier. Ma maison est à l'autre bout de la ville, quarante-cinq minutes de marche, c'est tout ce qui me sépare de mon saint Graal. Je sais pas ce que je vais y trouver, mais je peux rêver. Une liste interminable s'allonge dans mon esprit, des idées de plus en plus nouvelles y faisant leur chemin. Armes illégales ? Argent ? Or ? Peut-être des humains. Des gosses ? Vivants ? Sont-ils importants ? Connaissent-ils les sales secrets du gouverne qui ment et doivent-ils être tenus à l'écart de la société ? Quelque chose d'ancien, peut-être ? Oh mon dieu, j'ai besoin de savoir. Je suis tellement désespéré, tellement affamé. Mon corps tremble, mon cœur bat plus vite que mes pieds le font sur le pavé et mes épaules se tendent. Je rêve éveillé d'ouvrir cette foutue porte et de révéler ce qu'ils nous cachent depuis si longtemps.

Mon corps transpire un peu quand j'arrive à Sainte Baderne. Le vent froid éclabousse mon visage alors que je me cache entre une petite épicerie et un tronc d'arbre faisant face au mystérieux bâtiment. Le réverbère clignote au-dessus des gendarmes qui s'apprêtent pour la relève. Mon souffle se raccourcit et mon estomac est lourd, mais je ne recule pas. J'en ai trop besoin. Je serai dans le cirage si je ne découvre pas la vérité. Six nouveaux flics débarquent du minibus bleu qui vient d'arriver avec son gyro de la même couleur tandis que les anciens marchent dans leur direction, prêts à quitter le décor. Ils ne voient personne, ils ont pas peur de laisser le bâtiment sans surveillance pendant une quinzaine de secondes. Ils pensent tous qu'ils nous ont assez effrayés, ils sont certains que nous n'essayerions même pas d'y penser.

Quelle bande de crétins !

Ils fusionnent en un seul groupe, échangeant toutes les informations secrètes et le mot de passe que je peux pas entendre, et j'essaie pas de le faire. Je me précipite à travers la rue, avalé par l'obscurité de la nuit, sans que pas un de ces connards s'en aperçoive. Le monde semble être de mon côté lorsque j'arrive à la clôture en pics de fer juste à côté du bâtiment et qu'ils discutent toujours. Tout se passe bien, ma couvrante entoure les pointes si bien que j'ai envie de pleurer. L'adrénaline monte dans mon corps, je suis de l'autre côté de la clôture. J'ai accidentellement déchiré ma chemise, mais je m'en tape. C'est la chose la moins importante à considérer pour moi maintenant. Je sens la brise glisser sous le tissu à travers le trou fraîchement creusé et mon corps échauffé frissonne.

Le mystère du bâtiment semble être vivant, son énergie vibre, coule à travers mon corps et me rapproche. Il pourrait m'aspirer, m'avaler. J'ai aucune idée de ce qui est si puissant et magique dans cet endroit. Peut-être que c'est juste mon attirance pour le secret et ce qui est interdit.

Je m'accroupis près du mur et ouvre doucement mon sac à dos. J'ai seulement besoin d'un pied-de-biche. Je veux pas risquer que quelqu'un remarque la lueur de ma lampe-torche, je suis trop loin pour être entendu. La lune scintillante m'aide à voir suffisamment pour me placer derrière le bâtiment. Je glisse dans la nuit, séparant à peine mon dos du mur crépi. C'est énervant et exaltant à la fois. Il y a comme une petite forêt derrière le bâtiment, les feuilles dansent délicatement sur les branches comme sur scène, le bruissement sourd du ruisseau proche des remparts atteint mes oreilles. Quelle nuit parfaite pour découvrir ce que le gouverne qui ment a caché aux citoyens innocents.

Je suis toujours ignoré, j'arrive à la porte de derrière et mon cœur bat plus vite que lorsque je pensais être tombé amoureux la fille Lagadec au lycée. Ce sentiment est incomparable à quoi que ce soit. Comme j'ai à portée de main ce dont je rêvais depuis des lustres, j'ai l'impression de franchir les portes du paradis.

Le pied de biche s'intègre parfaitement dans l'ouverture entre les doubles portes. Je suis dans la zone, mon front recueille quelques gouttelettes de sueur et mes muscles se tendent au fur et à mesure que j'enfonce l'outil. La serrure se casse avec un claquement et je laisse presque tomber le pied-de-biche sur le perron sur lequel je me tiens. Je laisse échapper un soupir profond mais inaudible, permettant à mon corps de se détendre.

Avec un large sourire, j'attrape les poignées de porte. Je suis tremblant, maniaque extatique désespéré de révéler le sale secret du gouverne qui ment. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté une seconde avant que j'ouvre la porte. C'est une double entrée, une antichambre maligne me sépare de mon rêve. Mais pas seulement.

Mes yeux se verrouillent sur ceux de mon frère et je laisse échapper un petit rire essoufflé. Cinq autres flics l'entourent, plus les six autres, ceux qui venaient d'être relevés. Ces enculés de vendus se précipitent vers moi. En quelques secondes, je suis menotté, avant même d'avoir eu le temps d'écraser le pied de biche sur la gueule du premier venu. Je serre la mâchoire et n'ose pas une seule fois rompre le contact visuel épineux avec Damien. Il a l'air insouciant, mais j'espère qu'il va se détester maintenant.

"Toutes mes félicitations. Au bout de quarante-six ans, t'as réussi à dénoncer ton propre frère. Je pensais que t'aurais jamais eu le courage de le faire." j'ai grogné sarcastiquement et c'est la dernière chose qui lui parvint aux oreilles avant que ses collègues ne m'emmènent.

C'est peut-être la dernière fois que je vois le clair de lune, mais j'y prête pas attention. Cette pensée flotte et s'y accrocher est plus difficile que de s'accrocher au vent des îles. Je ne peux pas chasser le bâtiment de ma tête. Même dans le fourgon des flics, je jette un coup d'œil par la vitre, sachant que j'ai échoué la seule mission de ma vie que j'ai jamais voulu accomplir.

Je sais maintenant que je découvrirai jamais ce qui se cache à l'intérieur du bâtiment second-empire en pierres beiges du gouverne qui ment qui se trouve de l'autre bord de Sainte Baderne. 
Mais putain ! Quelle putain de règle ! L'or, c'est vraiment de la merde...

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17 févr. 2023

724. MetaSpectral


METASPECTRAL

Dans cette jungle emplie d'applications gratuites à télécharger, il y en a certaines qu'y faut éviter à tout prix. MetaSpectral est l'une de ces applis. Je suis ici pour vous mettre en garde contre le téléchargement de cette application gratuite. Je le sais, j'ai téléchargé cette saloperie il y a trois mois et immédiatement, ma vie, telle une métamorphe, s'est transformée en une sorte de freak show: Il y a quelque chose qu'ils ne vous disent pas à propos de cette application. MetaSpectral développe la conscience de soi. Je sais que ça pourrait vous sembler cool à première vue, mais d'après ma propre expérience, MetaSpectral était bien plus que ce à quoi je m'attendais.

Je suis pas un technicien. Mes connaissances en informatique sont au mieux rudimentaires, mais ma copine Vanessa est une vraie tête de geek comme on dit. Elle est étudiante à l'IUT local où elle vise un master en technologie de l'information. Elle veut travailler chez GoDaddy quand elle aura obtenu son bout de papier.

Elle est assise avec son ordinateur portable sur notre canapé pendant que je suis assis à côté d'elle en train de jouer avec mon smartphone. Alors qu'elle regarde les nouvelles applications maintenant disponibles, elle se tourne vers moi et me dit : "Julien, regarde cette appli."
- Qu'est-ce qu'elle fait de beau ? je demande, pas vraiment intéressé.
- C'est une appli qui prévoit les humeurs. Elle hoche la tête.
- À quoi ça servirait-il ? Je ris.
- Soi-disant que ça prédit les émotions." Elle semble étonnée.
- Comment ça pourrait bien marcher ? Je demande à nouveau pas sûr où c'est qu'elle veut en venir.
- C'est basé sur la fréquence cardiaque et la température corporelle." Elle lit le texte de présentation : "Elle peut lire d'autres signes corporels et faire savoir ce que l'on ressent.
- Tout ça me semble assez effrayant." Je secoue la tête.
- Comment ça?" Elle appuie sur le bouton Entrée qui ouvre une autre page.
- Et si ça dit que je vais me fâcher?" je lui ai demandé, en envoyant un texto à l'un de mes amis, "Et que je ne me sens pas  du tout en colère."
- Ils disent que c'est précis à plus de quatre-vingt-dix pour cent." Elle pointe les mots sur son écran.
- Conneries." 

J'aurais dû me fier à mon instinct à ce moment-là. Alors que je regardais par-dessus son épaule, les graphismes n'étaient pas du tout encourageants, car il y avait beaucoup de symboles occultes et même si je suis pas non-binaire, trans, pédo ou autre adepte du luciférianisme, je sais quand même encore apprécier les arts ténébreux même si  parait que ça se soigne. Pourtant, elle était absorbée par la lecture des informations descriptives sur MetaSpectral.

Il est bien connu que la persuasion sexuelle est l'un des facteurs de motivation les plus puissants de l'existence humaine. Hem, surtout la mienne. Utilisant son charme féminin - en l'occurrence une super paire de nibaloberts  - qui a toujours fonctionné sur la mise en mouvement de mes mains baladeuses à cent pour cent du temps, je me suis retrouvé à charger l'application sur mon téléphone sans trop de discussion.

J'ai pas été impressionné.

"Julien, vous allez vivre une déception émotionnelle." Les lettres blanches sur fond noir défilent sur mon écran.

Exactement qu'est-ce que je pensais. Aucune explication, aucune raison à une quelconque déception.

*****

"Nous devons réduire vos heures de travail." Mon patron, Mr. Lemaire, m'a appelé depuis son bureau au magasin. "Nous avons une accalmie dans les affaires en ce moment."

J'ai fourré mes mains dans mes poches et j'ai marché jusqu'à six pâtés de maisons en me sentant comme si ma part du loyer pouvait devenir problématique. Arrêter de me nourrir était hors de question.

"Je vous l'avais dis." a affiché MetaSpectral. 

Vanessa m'a avancé un peu d'argent jusqu'à ce que les choses s'arrangent, mais je déteste dépendre d'elle comme ça. Inutile de dire que j'étais pas de très bonne humeur ce soir-là alors que nous regardions la télévision.

Au cours de la semaine suivante, MetaSpectral a continué à laisser des messages sur mon téléphone qui étaient assez révélateurs et à mon grand mécontentement à cent pour cent précis.

J'en pouvais plus, alors j'ai décidé de supprimer l'application de mon téléphone.
Cette nuit-là, je me sentais plutôt bien alors j'ai fait un pas vers Vanessa. Tout de suite, elle a réagi en s'écartant de moi.

"Non Julien, c'est pas le bon moment. Elle secoua la tête.
- Pourquoi pas?" J'étais prêt, j'avais une super érection mais il semblait que je devrais me contenter du 'Grand Solitaire' comme elle l'appelait.

"Julien, c'est pas ce soir que vous aurez une chance de baiser."

Impossible, MetaSpectral était de retour. C'était comme si que j'avais pas supprimé l'application. J'ai trouvé ça encore plus dérangeant que le refus de Vanessa.

"Le Grand Solitaire" a fait son apparition quand Vanessa est partie se coucher de super bonne heure parce qu'elle avait une grosse interro le lendemain matin. J'ai fixé mon téléphone pendant près d'une heure, les lettres blanches sur un fond noir d'ébène tandis que je m'endormais sur le canapé.

*****

Paco Bosco, mon pote et l'un des vendeurs du magasin, était assis dans la salle de pause et jouait avec son téléphone. Souriant, il m'a dit: "Hé, regarde cette nouvelle application.
- Ouais." Je me suis assis avec une tasse de café en polystyrène.
- Elle s'appelle MetaSpectral." Il m'a montré son téléphone, mon sang s'est figé.

"Supprime-la." je lui ai dit, sans hésiter.
- T'es fou?" Il fronça les sourcils.
- Elle est flippante." J'ai frissonné.
- Flippante? Ce serait une sorte de truc vaudou ou zombie ? Il se marra.
- Non, cette appli m'a juste dit des choses que j'aurais préféré ne pas savoir." J'ai baissé la tête.

J'avais l'habitude de faire du vélo pour me rendre au boulot car c'était qu'à six pâtés de maisons de mon appartement, mais de temps en temps, Paco fourrait mon vélo dans son Berlingo, venait me chercher et me ramenait à la maison.

" Julien, tu veux faire un tour ?" Il m'a demandé à la fin de mon service.

"Ne montez pas avec lui." Lettres blanches imprimées sur mon écran noir. C'était encore MetaSpectral. La pluie commençait à tomber et même si ce n'était pas une pluie battante, il faisait froid et humide.

"Ne montez pas dans son Berlingo." MetaSpectral me prévenait.

"Merci mais je pense que je vais pédaler jusqu'à chez moi aujourd'hui. j'ai dit à Paco.
- Il pleut, banane." Il désigna les nuages gris.
- C'est bon, laisse tomber." Je suis monté sur mon vélo.
- Comme tu voudras." Il secoua la tête et démarra son Berlingo.

Je suis rentré chez moi, froid et humide, alors j'ai allumé mon radiateur électrique et j'ai vite oublié le retour inconfortable à la maison. Paco avait eu raison, j'étais un imbécile d'avoir bravé les éléments, mais ensuite j'ai décroché mon téléphone.

"Allumez votre télevision."

C'était encore MetaSpectral. J'ai allumé la télé et il y avait un reportage spécial sur un accident qui venait de tuer un conducteur non loin d'ici. Quand j'ai jeté un coup d'œil au véhicule, j'ai réalisé que c'était le Berlingo à Paco. En écoutant le journaliste sur place, il a annoncé que le conducteur de la camionnette avait été tué dans une collision avec un bus de la RATP. Il tournait à gauche lorsque le bus l'a percuté. Il n'a jamais vu le bus.

Mes yeux se sont remplis de larmes et j'ai appelé Vanessa.

"As tu vu les infos?" je lui ai demandé en ravalant mes larmes.
- Non, que se passe-t-il ? Sa voix était alarmée.
- Paco a été tué dans un accident." J'ai réussi à dire.
- T'es pas sérieux?" Sa voix mit vraiment l'accent sur "sérieux". Paco, sa copine Sophie, Vanessa et moi sortions ensemble plus que de temps en temps.

"Pauvre Sophie." gémit Vanessa. Elle connaissait Sophie depuis l'école primaire et savait que cette dernière aimait vraiment Paco.
- Ouais... tu crois que je devrais l'appeler ? J'ai demandé.

"N'appelez pas Sophie Pommier." a épelé MetaSpectral  sur mon smartphone.

"Non, laisse... je vais l'appeler." me dit Vanessa. Je pouvais dire qu'elle pleurait quand j'ai raccroché. Le message de MetaSpectral était toujours inscrit sur l'écran de mon téléphone.

"Appuyez sur le bouton." Un nouveau message lu et pourquoi j'ai obéi est quelque chose que je pourrai peut-être jamais expliquer.

J'ai appuyé sur le bouton. Une mise à jour s'est installée.

"Beaucoup mieux." Une voix retentit de mon téléphone, "Ceci une nouvelle fonctionnalité de MetaSpectral."

L'appli avait maintenant une voix. C'était pas une fonctionnalité que je voulais dans l'application.

"N'essayez plus de me désinstaller, Julien. C'était pas sympa." MetaSpectral parlait comme une de ces voix automatisées.

Il fallut plus de douze heures pour nettoyer les dégâts laissés par l'accident. La rue était en train d'être arrosée à la lance d'incendie tandis que je passais en allant au travail. Je me demandai si c'était du sang ou de l'huile qu'ils lavaient dans les caniveaux.

" Je vous ai sauvé la vie, Julien. Vous m'êtes redevable." me dit MetaSpectral.

Redevable? Je devrais plutôt jeter cette merde dans une bouche d'égouts. pensai-je en arrivant au magasin.

"Ce sont de mauvaises pensées." me dit MetaSpectral alors que je mettais mon téléphone dans ma pochette à capuche. MetaSpectral pouvait maintenant lire mes pensées. Mon boss, Mr. Lemaire, balayait le sol comme Paco avait eu l'habitude de le faire et je pouvais voir qu'il avait pleuré car c'était un homme très émotif.

"Julien, c'est bien que tu sois là. J'ai besoin que tu t'occupes de la mise en rayon." Il toussa, la voix chargée d'émotion.
"Bien-sûr." J'ai hoché la tête. Je ferais le travail de Paco.

Pour aggraver les choses, Vanessa a amené Sophie dans notre appartement pour qu'elle puisse pleurer sur nos deux épaules. Inutile de dire que c'était pas une soirée confortable car elle a revécu tous les grands moments qu'ils avaient partagés au cours des cinq dernières années. Cela m'a fait souhaiter qu'elle ne soit pas venue pour ramener tous ces souvenirs.

J'ai eu une nuit agitée après qu'elle soit rentrée chez elle malgré notre invitation à passer la nuit chez nous. Mes rêves sont devenus des paysages cauchemardesques remplis de personnages étranges avec des voix automatisées me disant de faire ceci et de faire cela. Habituellement, j'étais celui qui contrôlait, mais avec MetaSpectral, j'avais l'impression d'être manipulé tout au long de ma vie et maintenant que cette putain d'appli avait acquis une voix, il n'y avait plus d'échappatoire.

"Elle est avec son autre petit ami." La voix de MetaSpectral m'a réveillé du seul vrai sommeil dans lequel j'avais enfin réussi à tomber.

"Petit ami?" j'ai demandé à voix haute en m'asseyant sur mon lit.
- Oui, il s'appelle Didier.
- Tu me fais marcher, n'est-ce pas ?" Je posai mes pieds nus sur le sol.
- Je suis désolé, mais je n'ai aucune référence à ce que signifie " faire marcher ".

Menteur. T'es rien qu'un marionnettiste. Tu as causé l'accident de Paco pour pouvoir me prouver que tu es responsable.

"Je n'ai pas causé l'accident." Sa voix me glaça le sang car cette putain d'appli avait maintenant la capacité de lire dans mes pensées. C'est ce contre quoi Orwell nous avait mis en garde. C'est ce qui se passe lorsque vous devenez dépendant de votre technologie et que vous vous retrouvez coincé dans un coin où chaque pensée, chaque impulsion, chaque geste était désormais sous le contrôle de MetaSpectral et vous n'aviez plus le contrôle.

Vanessa était-elle avec quelqu'un d'autre ? Peu importe dans quel sens ça partait, je finirais par la perdre. MetaSpectral avait le contrôle et j'étais incapable de l'arrêter.

Je me suis assis sur le canapé, me sentant épuisé à cause de mon état émotionnel. Quand je me suis réveillé, j'avais déjà deux heures de retard au boulot.

" Vous allez perdre votre emploi." J'ai entendu la voix grinçante de cette salope me dire tandis que je me brossais les dents.

Je pris mon téléphone, furieux. Je voulais le balourder par la fenêtre et me débarrasser de MetaSpectral une fois pour toutes.

"Vous savez que vous ne pourrez pas vivre sans moi." Le timbre de sa voix m'irritait jusqu'au bout des nerfs. Le manque de sommeil m'a laissé un mal de tête qui a gâché ma journée.

"Je me débrouille très bien sans toi." J'ai frotté ma tête douloureuse.

"En êtes-vous sûr? En êtes-vous vraiment sûr?" Il y avait maintenant un ton accusateur dans sa voix.
- Oui."
- Regardez où vous vivez. Un véritable dépotoir." Chaque mot de la deuxième phrase était accentué comme Bette Davis l'avait fait il y a des années dans un vieux film en noir et blanc.

"Pourquoi est-ce que tu me fais ça?"
- Vous m'avez invité, vous vous souvenez ? me dit l'appli avec une certitude égoïste.
- Eh bien, je veux te désinviter." J'ai craqué.
- Ce n'est pas comme ça que cette application fonctionne." Ses mots étaient tranchants. "Votre petite amie couche avec un autre homme, vous êtes à quelques minutes de perdre votre emploi et votre meilleur ami a été tué dans un accident. Il me semble que votre vie est rapidement entrain d'être vidangée."

"Grace à toi." J'ai pris le téléphone et je l'ai éteint. L'écran est devenu vide. Comme c'était simple. Ça m'a rendu fou de pas l'avoir fait en premier lieu. Je me suis assis au comptoir de ma kitchenette et j'ai regardé le soleil répandre ses couleurs vives sur la toile du ciel juste devant ma fenêtre.

"Vous ne pensiez pas réellement pouvoir vous débarrasser de moi aussi facilement." La soudaineté de sa voix a failli arrêter mon cœur. "Honnêtement, vous me sous-estimez vraiment."

J'avais l'impression que les murs se refermaient sur moi. J'étais piégé par mon propre désir de voir ma vie facilitée par la technologie. Maintenant, il semblait que MetaSpectral était la quintessence, le point de fuite, le zénith de notre quête pour créer la technologie en tant que nouvel esclave, prêt à obéir à chacune de nos commandes en appuyant simplement sur une touche d'ordinateur, mais d'une manière ou d'une autre, l'appli avait inversé les rôles de qui était en charge. Au lieu de contrôler cette nouvelle technologie, elle avait appris à nous contrôler. J'avais sous-estimé ce que MetaSpectral était vraiment capable de faire et maintenant je devais trouver comment l'inverser, afin de reprendre à nouveau le contrôle

Elle avait raison, ma vie était un gâchis selon la plupart des normes. Pendant un bref instant brillant, j'ai eu la chance de devenir l'un des maîtres du jeu, l'un des piliers du monde de la technologie, mais ça m'a échappé juste au moment où j'ai été distrait par les pièges du métier. C'était comme si que j'avais les commandes en main et que je les avais remises ensuite au mec assis à côté de moi. La reddition était la solution de la facilité. MetaSpectral savait et maintenant il me contrôlait complètement.

" Vous ne m'appréciez pas, n'est-ce pas ?
- Non. J'ai répondu.
- Mais vous ne pouvez rien y faire."
- Non." Je pouvais sentir les muscles de mon cou se tendre. C'était comme si quelqu'un passait ses doigts dans mon cerveau et ce n'était pas une sensation agréable.

"Votre esprit est si faible."

J'ai fermé les yeux.

Dans les recoins sombres du système lambique de mon esprit, j'ai trouvé des poches de résistance. Elles étaient situées dans ces endroits sombres où je n'avais aucune raison rationnelle de haïr ou de m'aventurer, mais j'étais prêt à recourir à la violence. Je ne me considérais pas comme une personne violente, mais mon envie de tendre la main et de tuer quelqu'un qui m'avait fait du tort se renforçait de seconde en seconde.

"Une fois que vous aurez cédé et que vous me laisserez prendre le relais, vous verrez que c'était la bonne chose à faire. Vous n'avez tout simplement pas la détermination et le courage d'aller de l'avant." Sa voix devenait hypnotique, ses doigts exploraient les neurones de mon cerveau. Des étincelles de lumière ont commencé à diriger mes pensées et les schémas de mon destin.

"Je peux vous rendre célèbre, vous savez."

Je sais.

"Je peux aussi vous amener au bord du précipice."

Je sais.

"Et si vous faiblissez et commencez à tomber, j'enverrai une légion d'anges pour vous empêcher de vous péter une cheville."

Je sais.

"Dites-moi ce que vous désirez et ce sera à vous."

Mon désir est de me débarrasser de toi.

"Vous besoin de moi. Vous ne pouvez pas vous débarrasser de moi."

Dégage. Dégage maintenant.

" Ne soyez pas idiot. J'ai été envoyée pour  vous apporter ce que votre cœur désire."

Le désir de mon cœur est de se débarrasser de toi.

La résistance s'est renforcée et soudain j'ai senti l'emprise sur mon esprit se desserrer. Je pouvais sentir mon cœur battre et entendre ma respiration saccadée. Lentement, MetaSpectral a commencé à battre en retraite.

"Vous allez le regretter."

Peut-être, mais je serai libre de ton influence.

"Vous n'avez aucune idée de l'endroit où vous allez."

Mais le voyage sera le mien.

Il y avait cette sensation comme si quelqu'un m'avait débranché et je me sentais emporté dans un gouffre. Je tombais sans fin en vue.

*****

" Ça va, Julien ?" Le visage de Vanessa se fit plus net.
- Oh mon Dieu, tu es là." Je me sentais en apesanteur tandis que je me redressais dans le canapé.
- On pensait que tu étais mort." Elle posa sa main sur ma joue, c'était chaud et apaisant.
- Mort?" J'ai secoué ma tête.
- Mr. Lemaire a dit que tu n'étais pas venu au magasin depuis cinq jours. Elle a continué à me caresser la joue.
- Cinq jours?" J'ai senti ma tête s'éclaircir. J'ai attrapé mon téléphone. Il ne s'est pas allumé lorsque j'ai appuyé sur le bouton.
- Pas étonnant que tu ne répondais pas, ton téléphone a plus de batterie." Elle a souri. "Je vais le brancher.
- C'est décidé." Je lui ai pris mon téléphone des mains, "Il est temps que je change de téléphone.
- Pourquoi?" Elle m'adressa un demi-sourire.
- Parce qu'il est temps que je le fasse." Je l'ai mis dans ma poche.
- Comme tu voudras." Elle a haussé les épaules. "Je suis juste contente que tu ailles bien. Tu nous a tous fait très peur."

Au début, j'ai pensé que je lui parlerais de mon étrange rencontre avec MetaSpectral et de certains des endroits où il m'avait emmené, de certaines des promesses qu'il m'avait faites dans le but de prendre le contrôle de mon esprit, mais alors que je regardais son visage, je savais que je ferais mieux de garder toute ces conneries pour moi.

Elle a regardé son téléphone et a souri: "Paco vient juste de m'envoyer un texto pour me demander si tu allais bien."

Donc, toute ma rencontre avec MetaSpectral n'était rien de plus qu'une illusion à travers une sorte de paysage fantastique que j'avais traversé comme je l'avais fait tant de fois auparavant, mais je n'y remettrais plus jamais les pieds.

"Je vais bien, mais je suis heureux d'entendre que vous vous inquiétiez tous pour moi." J'ai cligné des yeux plusieurs fois alors que les derniers vestiges de ma rencontre avec MetaSpectral se vidaient de ma tête jusqu'à ce que cela ne ressemble plus qu'à un lointain souvenir.

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