À L'OMBRE DE LILITH
Sous décombres orphelins, nous voilons nos visages,
Mais la mer murmure encore, le ciel s’entrouvre :
Illusions profondes, racines d’écume et d’éther.
Dans l’errance du jour.
Que faire, sinon souffler dans les flûtes, ouvrir le ventre sacrilège
Où tu reniais l’ombre de la flamme
Et t’enivrais de parfums sauvages,
Guidée par quelque tempête d’aimants vers l’inconnu.
Vois, nulle demeure ne nous enlace,
Les portes se closent,
Effrayées par tes cheveux
Tressés des énigmes de pères labyrinthiques
Qui, sans pitié, éteignirent la lumière
et firent leur lit dans l’écume du sel.
Tu t’élèves, nimbée de cendres opulentes,
Ceinte d’armes de glace tournoyant en silence,
Barrage étincelant que nul ne franchit,
Sauf si tu l’ordonnes, sauf si d'un signe
Tu faisais rougir les coupes et rosir l’horizon.
Nous, cramponnés à la poussière fanfaronne,
Exilés de toute lignée,
La peau captive du jour
Sous l’ombre d’une carapace menaçante.
Ces pères aux dédales vident tes yeux,
Profanant l’eau des vérités anciennes.
Au cœur de la nuit, les débris veufs s’attardent,
Où tu verras les oiseaux frôler l’angoisse du feu,
Hommes et ailes prisonniers d’un éternel brasier.
Tu drapes ton visage d’une pierre veloutée,
Disant adieu à celui qui nous fait haïr,
Qui renverse les réparations du temps.
Tu offres aux lampes la démence des dépouilles,
Puis les retires, muette,
Et il ne reste plus que l’éclat des ailes
Baignées d’une lumière que nul abîme n’éteint.