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COMMENT FOUTRE LE FEU À L'ÉGLISE DES PERPÉTUELS LOOSERS OFFENSÉS
Démanteler et exposer le dernier refuge des loosers de la société
Faudrait peut-être appeler ça « le grand désordre des foules », mais en réalité, c'est que le crépuscule de l’intellectualisme occidental, où le chemin autrefois lumineux de la raison est désormais obscurci par les silhouettes de la démence émotionnelle. La majeure partie de la grande expérience américano-occidentale en matière de culture et de pensée semble avoir succombé à un carnaval grotesque où les jeunes et les mercenaires dansent dans une étreinte grotesque.
Ce qui passe pour de la culture aujourd’hui est à pleurer ; c’est pas de la culture mais un défilé d’égos, un marché où l’âme est vendue pour la prochaine distraction passagère. Notre descente dans ce vide intellectuel n’a pas seulement été prévue mais criée sur tous les toits par des gens comme Lapham, Berman et Kaplan, qui ont vu, horrifiés, la démocratie non seulement vaciller mais s’enfoncer tête la première dans la boue de ses propres contradictions.
Les visions prophétiques de la science-fiction, des sociétés de brûlage de livres de Fahrenheit 451 au monachisme post-apocalyptique d’"Un Cantique pour Leibowitz", n’étaient pas seulement des contes à glacer le sang, mais des avertissements, désormais manifestes. Elles nous montraient un monde où la population, droguée de trivialités, marchait au rythme d’une oligarchie qui se livrait à la distraction et à la division.
Aldous Huxley nous a donné Le Meilleur des mondes, et on se retrouve au bord de cette réalité même, où le plaisir est l’opium du peuple et la pensée critique l’hérésie haineuse. Arthur Koestler, avec un sombre clin d’œil à l’histoire, a comparé notre trajectoire à celle de la chute de Rome, prédisant un Occident non pas de citoyens libres mais d’automates sans âme, chacun jouant son rôle dans un tableau décadent et corrompu où l’intérêt personnel règne en maître.
Ces sommités n’avaient peut-être pas prévu la saveur exacte du malaise culturel actuel – la mascarade grotesque de la théorie critique de la race, les dogmes woke consacrés comme nouvelle religion, les pandémies psychologiques ou la confusion semée au nom de l’identité – mais ils ont senti l’odeur de la pourriture. Ils ont vu le déclin, la dérive vers un désert moral où l’anarchie porte le masque de la liberté et où la vérité de chaque individu est également valable, rendant la vérité elle-même obsolète.
On est témoins de ce qu’on appelle l’évolution progressiste de la société, où la théorie critique de la race et le mouvement woke sont présentés comme des pas en avant vers l’équité, mais sont en réalité des catalyseurs d’une profonde fragmentation sociétale. Ces idéologies, plutôt que de favoriser un environnement d’apprentissage et de compréhension mutuelle, sèment les graines d’un mécontentement et d’une division perpétuels.
L’infiltration de ces théories dans les systèmes éducatifs n’est pas une révélation, mais une descente dans la barbarie intellectuelle. Ce qui est enseigné dans nos écoles n’est pas une compréhension nuancée de l’histoire ou de la dynamique sociale, mais une vision binaire du monde où la complexité est aplatie en opposant oppresseurs et opprimés. Cette approche n’éduque pas ; elle endoctrine, transformant les établissements d’enseignement en usines à gaz de ce qu’on pourrait décrire, pour reprendre le terme de Berman, comme une déresponsabilisation intellectuelle.
L’augmentation des problèmes de santé mentale, en particulier chez les jeunes, est loin d'être une coïncidence. Lorsque la société véhicule l’idée que l’identité ou la valeur d’une personne dépend d’interprétations subjectives et en constante évolution de l’oppression ou des privilèges, elle ne cultive pas seulement la confusion, mais aussi une crise existentielle. L’augmentation des taux de suicide et la multiplication des cas de dysphorie de genre chez les jeunes peuvent être considérées comme les symptômes d’un malaise anal plus profond : une société qui a perdu tout ancrage dans une vérité objective ou un cadre moral commun.
Ce mouvement prétend lutter pour la justice, mais en réalité, il érode les fondements mêmes sur lesquels repose la véritable justice : les normes éthiques universelles et la notion d’humanité commune. En donnant la priorité aux « expériences vécues » subjectives au détriment de l’analyse objective, ces idéologies poussent les individus dans les chambres d’écho de leurs propres sentiments, où chaque malaise personnel se transforme en oppression systémique.
De plus, l’élévation de problèmes comme la dysphorie de genre au rang de priorités nationales éclipse souvent des problèmes de santé plus vastes et plus répandus qui touchent des segments plus larges de la population. Ce changement d’orientation ne se résume pas à une simple réorganisation des priorités, mais reflète une tendance sociétale plus large vers la politique identitaire, où les identités les plus fortes ou les plus novatrices attirent une attention et des ressources disproportionnées, souvent au détriment d’une prise de décision politique globale et inclusive.
Dans ce climat, l’élite mondiale et les législateurs politiques défendent ces causes par conviction sincère ou par opportunisme politique, sans se rendre compte ou peut-être sans se soucier du fait qu’ils contribuent à une culture où le raisonnement émotionnel l’emporte sur les preuves empiriques et où les systèmes de croyances personnelles sont instrumentalisés dans le discours politique. Il s’agit pas de démocratisation, mais de la fragmentation du dialogue démocratique en une cacophonie de vérités personnelles, chacune réclamant la suprématie, laissant la société plus divisée, plus anxieuse et moins capable que jamais de résoudre ses véritables problèmes structurels.
L’infiltration rapide de ces idéologies dans la structure de la vie institutionnelle occidentale n’est pas seulement un changement de vent culturel, mais une tempête qui déracine des siècles de normes et de pratiques établies. Ce mouvement, déguisé en justice sociale, ne démocratise pas le discours mais le tyrannise, en imposant une orthodoxie rigide où la dissidence n’est pas seulement malvenue mais qualifiée de haineuse, donc punissable.
Le phénomène où un parent cherche à obtenir le consentement d’un enfant pour effectuer des soins de base, aussi absurde que ça puisse paraître, n’est qu’un microcosme d’un paysage plus vaste et ridicule où la rationalité est sacrifiée sur l’autel de l’hypersensibilité. Ici, on voit l’éducation réduite à des chambres d’écho où seuls les récits approuvés résonnent. Les professeurs, autrefois vénérés, sont désormais à la merci de la foule, leur liberté académique échangée contre l’approbation fugace de ceux qu’ils sont censés éduquer.
Cette insurrection woke, avec son racisme inversé et sa culture de l’annulation, la fameuse cancel-culture, a non seulement trouvé un foyer, mais est devenue l’éthique dirigeante dans des secteurs qui façonnent la politique et l’opinion publique. Ce changement a été rapide, en grande partie parce qu’il s’attaque à la culpabilité et à la peur plutôt qu’à la raison et au débat. Les partis politiques, dans leur quête de supériorité morale ou simplement de survie, se livrent à ce qu’on ne peut décrire que comme des purges idéologiques, tentant de faire taire l’opposition sous prétexte de purifier la société de ses péchés passés.
L’attaque contre la méritocratie sous prétexte d’égaliser les chances est particulièrement paradoxale. Tout en prétendant lutter pour l’égalité, ces mouvements prônent souvent l’égalité des résultats plutôt que l’égalité des chances, une position qui contredit intrinsèquement les principes du mérite et de l’effort individuel. Cette exigence de résultats uniformes, indépendamment de l’apport ou des capacités, non seulement démotive mais dévalorise également les véritables réalisations.
La comparaison avec Rome n’est pas seulement poétique ; elle est édifiante. Comme Rome, où le déclin a été marqué non seulement par des pressions extérieures mais aussi par une décadence intérieure, notre société est confrontée à un risque similaire d’effondrement de l’intérieur. Le virus mental de notre époque n’est pas la superstition au sens classique du terme, mais une adhésion dogmatique à des récits qui évitent la complexité au profit de la simplicité, les faits au profit des sentiments.
Le concept de dé-individualisation explique une grande partie de ce que nous voyons : les individus se perdent dans la ferveur collective, où l’identité personnelle est submergée par l’identité de groupe, ce qui conduit à des comportements qui, isolément, seraient considérés comme irrationnels ou nuisibles. Cette perte de soi dans la foule érode non seulement la responsabilité personnelle, mais aussi la notion même de droits et de libertés individuelles, qui sont fondamentales pour toute société démocratique.
Les personnes sensées parmi nous pourraient observer tout ça avec un mélange d’incrédulité et d’inquiétude, reconnaissant qu’il s’agit pas d’un progrès mais d’une régression, pas d’une illumination mais d’une nouvelle forme d’obscurité où la lumière de la raison n’est pas seulement atténuée mais délibérément éteinte.
Cette adoption généralisée de la dé-individualisation par les secteurs public et privé non seulement favorise un environnement propice aux comportements antisociaux, mais encourage activement un détachement de la responsabilité personnelle et de la pensée critique. Ce changement sociétal vers l’acceptation de l’identité collective au détriment de la rationalité individuelle a conduit à des cas où l’absurdité est devenue normale, comme l’affirmation selon laquelle les hommes biologiques peuvent avoir des enfants, ce qui montre à quel point le détachement de la réalité empirique est allé loin.
L’entropie dont parle le Dr Nasrallah n’est pas seulement une décadence physique ou organisationnelle, mais aussi morale et intellectuelle. Dans ce contexte, la « crise » du Covid-19 n’a pas seulement agi comme une urgence sanitaire, mais comme un catalyseur d’entropie sociale, exacerbant les fractures existantes au sein de la société. La peur et l’incertitude propagées par une couverture médiatique incessante, associées aux faux pas du gouvernement, n’ont pas seulement mis à mal la santé publique, mais ont attaqué le tissu même de la cohésion sociale.
Le chaos qui a résulté de ces événements n’a pas été aléatoire, mais dirigé par les courants sous-jacents de la désindividualisation. Lorsque les individus se fondent en foules, à la fois physiques et numériques, ils reflètent les aspects les plus sombres et non traités de notre psyché sociétale. Ces foules, exigeant une conformité dans la pensée et l’action, reflètent le chaos semé par ceux qui sont au pouvoir, qui, par incompétence ou par dessein, perpétuent des systèmes qui déstabilisent les normes sociétales.
L’observation de Bertrand Russell sur les passions collectives trouve une sombre validation dans les mouvements d’éveil d’aujourd’hui, où la pensée de groupe non seulement étouffe la pensée individuelle mais cherche activement à démanteler les structures qui permettent la dissidence ou la diversité d’opinion. Cette nouvelle gauche radicale, déguisée en progressiste, est en effet devenue l’image miroir de la rigidité dogmatique à laquelle elle prétend s’opposer, imposant une orthodoxie laïque avec le zèle des fondamentalistes religieux.
L’« humanisme exclusiviste » de Charles Taylor capture parfaitement ce paradoxe où la prétention à l’universalisme est utilisée pour exclure toute vision du monde qui ne correspond pas à ses définitions étroites. Il s’agit pas d’un élargissement de la compréhension ou des droits humains, mais d’un rétrécissement de la pensée acceptable, conduisant à un paysage culturel où seuls le séculier, le matériel et l’opportunisme politique sont jugés valables.
Cette schizophrénie culturelle laisse les individus et la société aux prises avec une crise d’identité, déchirés entre l’attrait matérialiste de la vie moderne et un vide spirituel profond et non comblé. Le résultat est une population techniquement connectée mais émotionnellement et moralement à la dérive, cherchant un sens à des causes qui conduisent souvent à davantage de divisions plutôt qu’à l’unité.
La métaphore de la « société enchaînée » de Nelson Mandela résonne ici profondément, suggérant que la véritable liberté, y compris la liberté de participer aux processus démocratiques, nécessite une population non seulement libérée de l’oppression extérieure, mais aussi intérieurement libérée de l’ignorance et de l’irrationalité.
Pour que la démocratie prospère, ou même survive, au XXIe siècle, il faut en effet un retour aux valeurs morales et spirituelles fondamentales qui transcendent les clivages partisans et parlent d’une expérience humaine universelle. Cette renaissance ne serait pas un pas en arrière, mais un réétalonnage nécessaire pour naviguer dans les complexités de l’existence moderne avec la sagesse puisée dans la tradition et l’éthique humaines.