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Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

4 août 2022

645. Pas de banane pour les gorilles


Pas de banane pour les gorilles

Ma tendre moitié me dit que mon blog, c'est rien que de la masturbation cérébrale. Sartre disait que la littérature n'existe que comme acte social. Elle ne prend forme que lorsque le cercle de création et de communication se referme sur la lecture. Un blogueur assis devant son ordinateur portable ou son PC n'est pas de la littérature. Ni l'un ni l'autre n'est une excellente édition d'un texte de Cortazar ou de Kawabata, disposé à une place d'honneur dans une bibliothèque. 
Un lecteur impatient qui vole des heures de travail pour lire Kundera n'est pas non plus de la littérature, mais avec ce seul acte il lui permet enfin de déployer sa magie et sa puissance. L'écriture, le texte et l'acte de lire sont également nécessaires pour que ce cycle appelé littérature puisse exister, avec son double caractère d'éphémère par sa manifestation, et d'éternel par son influence.

La littérature se reconstruit ainsi chaque fois qu'un lecteur referme le cycle. Et cela peut être dit non seulement de la littérature, mais de tout processus de communication. On dit que nous vivons dans une société de l'information. Tout ce qui nous entoure est constitué de messages, de signes que nous recevons et interprétons consciemment ou inconsciemment. L'homme contemporain fait face à des millions de messages par jour, et cela, selon certains, l'a rendu, face au pouvoir de la communication, moins innocent que l'homme de tout autre époque.

Il est curieux que je me souvienne de tout ça en observant, devant moi, ce cadeau que j'ai reçu il y a des années déjà. C'est un gorille empaillé brun, assis avec ses jambes et ses bras, dodus et rembourrés, étendus vers l'avant. Une énorme banane sort d'entre ses cuisses, à moitié pelées, qui atteint son menton et qu'il enlace de ses deux bras, comme pour l'embrasser. Ses yeux sont grands ouverts et ses pupilles sont tournées discrètement vers la droite, comme si qu'il veillait à ce que personne ne s'approche et ne le découvre avec une banane aussi pelée entre les pognes.

J'ai pas pu m'empêcher de ressentir de la joie quand je l'ai reçu. Je pense pas qu'on m'ait jamais offert un singe en peluche aussi spécial. Mais ensuite j'ai pensé à notre époque, aux signes et à l'innocence perdus dans la communication, et en silence je me suis demandé ce que cela signifiait. Cela ne signifie certainement pas la même chose quand ce type de peluche vous est offert à la fleur de l'äge que s'il l'avait été pendant mon enfance ou - et heureusement ce ne fut pas le cas - durant ma puberté, ni la même chose que si, au lieu de ma fille insouciante, c'eut été une vieille "tante" à la réputation douteuse et sulfureuse qui me l'avait offert.

Je laisserai pour une autre fois le commentaire des options d'interprétation qui m'ont traversé l'esprit, et je me limiterai à partager le nom que j'ai donné au sympathique gorille : Branleur. Bien qu'il faille peut-être préciser que branler est interprêté comme l'expression vulgaire de "provoquer le plaisir sexuel en excitant les parties génitales à l'aide d'une main laborieuse". 
La gauche pour ceux qu'ont le cerveau à l'envers, les deux pour les peine-à-jouir devant un clavier.


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Merci pour votre inconditionnel soutien qui me va droit au cœur
... ainsi que dans ma tirelire
ou
et à très bientôt !
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