Je me demande combien d'autres blogueurs sont affligés du même mal que celui dont je souffre actuellement. Vous savez, ce mal où tous mes meilleurs textes sont écrits dans ma tête tandis que je suis sous la douche, ou pendant que je tonds la pelouse - sous l'injonction de Marylou -, ou pendant que je passe la serpillère - Marylou, encore elle -, ou juste pendant que je dors. Mais ça, c'est pas la mauvaise partie. La mauvaise partie, c'est quand je m'assis plus tard devant mon clavier, impatient de taper mes pensées de tout à l'heure - ou de l'autre jour - afin de les dévoiler ici au monde entier.
Et puis plus rien.
Ma cervelle fait "crac, boum, hue !" et tout s'évapore dans les brumes éthérées du purgatoire de la blogosphère. Dans la twilight zone si vous préférez. Ou à l'endroit où tous les articles majestueusement conçus par des cerveaux en effervescence mais jamais écrits de ce milieu fantasque sont mis au rebut. C'est hyper frustrant. Si je commence à taper, tout le texte ressemble à de la merde, alors je tire la chasse et j'efface tout et me cogne la tête contre un mur désintéressé comme innocent dans l'espoir de voir rejaillir de nulle part l'idée lumineuse qui m'avait traversée juste avant que l'amnésie n'ait pris le dessus, du moins un petit morceau de ma vision. Tout ça pour des prunes et M56 est voué à passer une autre putain de journée sans même une interjection ou un gros mot créatif pour décorer sa page.
Ouais, c'est sûr que je pourrais me ragaillardir l'esprit en invoquant quelque raison logique à ce manque de créativité, tels les discours anxiogènes de notre ministère de la maladie sur la Covid19, mais ce serait laisser place au déni que je n'y ai pas mis assez d'effort sincère.
Oh, mais nom d'un petit bonhomme, vlà qu'une idée vient subitement de me traverser l'esprit. Vite vite, je vous la dis avant qu'elle ne s'évapore. Alors voilà, disons que vous allez aux WC du restaurant juste après que Depardieu y ait coulé un bronze majestueux, et que ce gros intestin sur pattes, dans son absence éthylique, a oublié de tirer la chasse. Vous portez bien le masque obligatoire comme on vous a dit de le faire, mais malgré cela, aussitôt la porte refermée sur vous et le lieu d'aisance, vos narines sont tout de même immédiatement assaillies par l'odeur intense de fèces protobioniques qui règnent dans le local. À ce moment là, deux options s'offrent à vous:
1. Vous ne voyez pas de bombe désodorisante et vous n'avez d'autre alternative que de vous faire à l'odeur, ce que vos narines savent - miracle de la nature - très bien faire. Votre système immunologique naturel prend le relais et vos capteurs olfactifs s'adaptent au bout d'un certain temps, si bien même que vous pouvez même vous mettre à faire des mots croisés si vous êtes constipés, car, au bout de ce laps de temps, vos narines se sont faites à l'odeur qui ne vous dérange désormais pas plus que ça. Vous papilles olfactives sont désormais immunisés.
2. C'est tellement insupportable que vos yeux désemparés tombent comme par magie sur la bombe désodorisante qui trônait là depuis le début au pied du lavabo juste derrière la buse d'évacuation et vous vous empressez d'en envoyer une bonne giclée dans l'espace autour de vous. Aussitôt, vous pouvez percevoir un changement d'odeur tandis que les fines gouttelettes que vous venez de vaporiser redescendent à leur rythme autour de vous en direction du sol.
C'est bien là la preuve - mordez-moi si je mens - que ce masque que vous portez n'arrête en rien ni les odeurs aéroportées des rejets de Depardieu ni les gouttelettes chimiques au pin des landes que vous avez vaporisées autour de vous. Vous pouvez donc tranquilos vous torcher le cul avec ce masque à la con qui n'a jamais servi à rien.
Voilà, c'était mon billet du jour. Et n'oubliez pas de vous laver les mains après vous être torchés avec - le masque, pas le billet, hein ! - . Prenez le comme un tout petit pas dans la bonne direction pour sortir de cet obscur placard du désespoir et un retour vers la lumière. Je garantis rien sauf que je fais de mon mieux pour vivre ici et maintenant, un petit tic-tac à la fois. On verra bien qu'est-ce ce qu'il en ressortira.
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