Nombreux sont ceux qui considèrent le sort de l’île de Pâques comme une mise en garde pour le reste de la planète. Si une société dépense sans compter ses ressources naturelles, cette société est vouée à l’échec.
Je veux pas faire le malin ou jouer l'oiseau de mauvaise augure ou quoi que ce soit mais il est sûr qu’un enseignement écologiste peut être tiré de cette île perdue dans le Pacifique. Et d’autres phénomènes sociaux survinrent au cours de la civilisation de cette île qui peuvent nous en apprendre beaucoup sur l’humanité dans son ensemble.
Les premiers colons polynésiens atteignirent ses rivages vers 500 avant J.C. Cette île est fabuleusement isolée et surgît des eaux de manière très abrupte. Pour cette raison, elle est dépourvue des récifs coralliens qui auraient pu permettre le développement et le prélèvement de ressources halieutiques.
Située à plusieurs milliers de milles marins de toute autre terre, sa population dût se résoudre à survivre avec ce qui se trouvait ou poussait sur cette île et sur rien d’autre. Par bonheur, à leur arrivée, les premiers colons découvrirent une île densément boisée et peuplée d’une faune luxuriante.
Au début, ses habitants se développèrent donc et on estime que leur population dépassa les 20 000 âmes. Après la déforestation de l’île et l’extinction de la faune, cette population s’abaissa. On ne pouvait plus y construire de navires ou de pirogues, la population s’y trouvait donc prisonnière.
Au début, ses habitants se développèrent donc et on estime que leur population dépassa les 20 000 âmes. Après la déforestation de l’île et l’extinction de la faune, cette population s’abaissa. On ne pouvait plus y construire de navires ou de pirogues, la population s’y trouvait donc prisonnière.
Lorsqu’ils furent découverts par les européens au début du 18ème siècle, ils n’étaient plus que quelques 1200 individus squelettiques et dociles. La leçon écologique est évidente.Mais il y a aussi une longue histoire sociale. Des changements culturels succédèrent aux changements économiques.
En même temps que croissait la population croissait le nombre de Moaïs. Les premières grosses têtes furent érigées vers l’an 1100 et les dernières vers l’an 1600. Des tribus rivales, voulant s’imposer, construisaient des têtes de plus en plus balèzes.
En même temps que croissait la population croissait le nombre de Moaïs. Les premières grosses têtes furent érigées vers l’an 1100 et les dernières vers l’an 1600. Des tribus rivales, voulant s’imposer, construisaient des têtes de plus en plus balèzes.
Puis, suite à leur désastre écologique, ils arrêtèrent de le faire. Plutôt que de construire, ce qu’ils ne pouvaient plus faire par manque de bras et de nourriture, ces mêmes tribus se mirent à détruire, se renversant mutuellement leurs têtes respectives. Cette pratique stoppa éventuellement lorsque les ressources furent taries.
Tandis que la société et l’environnement s’écroulaient, la population se mit à manger de moins en moins de viande d’origine domestique. Elle se mit à chasser les oiseaux de mer, amenant ceux ci à l’extinction totale avant de s’attaquer aux rats.
Comme disait Churchill, entre la démocratie et la barbarie, il y a que cinq repas et que deux alternatives: s'entr'aimer en s'entraidant, s'entre-haïr en s'entre-tuant.
Tandis que la société et l’environnement s’écroulaient, la population se mit à manger de moins en moins de viande d’origine domestique. Elle se mit à chasser les oiseaux de mer, amenant ceux ci à l’extinction totale avant de s’attaquer aux rats.
Comme disait Churchill, entre la démocratie et la barbarie, il y a que cinq repas et que deux alternatives: s'entr'aimer en s'entraidant, s'entre-haïr en s'entre-tuant.
À un certain point, ils tombèrent dans le cannibalisme. Leur société récupéra légèrement – ne me mé-comprenez pas, je veux pas dire par là que la viande humaine éleva leur niveau de conscience – et suite à la baisse drastique de population, le cannibalisme cessa aussi peu de temps avant l’arrivée des premiers européens. Mais leur société mentionnait alors toujours le cannibalisme par euphémisme.
Les habitants de l’île de Pâques passèrent d’une ère constructive en temps d’opulence à une ère de destruction en temps de disette. Éventuellement toutefois, sans espoir de compétition et dotés du seul instinct de survie, l’apathie culturelle prit les rênes.
Les habitants de l’île de Pâques passèrent d’une ère constructive en temps d’opulence à une ère de destruction en temps de disette. Éventuellement toutefois, sans espoir de compétition et dotés du seul instinct de survie, l’apathie culturelle prit les rênes.
Je me demande si le reste de l’humanité suit le même cheminement au niveau personnel. Nous semblons également traverser des périodes constructives, destructives et apathiques. Ne seraient-ce que les réponses à nos pertes et profits ?
Ça a pris un bon bout de temps pour que se forment des pratiques culturelles et ça en prendra beaucoup pour les effacer. Elles ont suivi des tendances économiques, mais il y a eu des périodes stables.
Les pratiques culturelles peuvent s’ancrer dans le temps lorsqu’il existe une incitation économique – l’emploi des femmes, l’émigration / immigration, etc – et elles prennent du temps à disparaître lorsque les barrières économiques sont abattues.
La culture ne consiste t’elle qu’en des pratiques et des arrêts induits par l’économie?
Rétrospectivement, l’île de Pâques n’aurait pas dû consommer si rapidement ses ressources, mais si elle ne l’avait pas fait, elle n’aurait pas vu s’élever ces grosses têtes et ne serait pas tombé dans l’anthropophagie. Ces hauts et ces bas les rendit intéressantes et fameuses. D’un autre côté, on se souviendra de ses habitants comme de gros glands de trous du cul sur lesquels ont pris modèle les peuplades actuelles vivant en milieu développé.