Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!
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31 mars 2022

601. Vers Arimàrrhyens...


Vers Arimàrrhyens...

Bugâle phrysangien quand Dankous s’enderminent,
Riplet, il s’esclapine et scorgne au marchefien,
Gambiottants pharandiens aux groncs qui s’embourdinent
Ont blingué la voutrine et bloûmé l’ozyphien .

Corkula zait du fien mais Pluthore en calquine,
Il strue l’aquablicyne et l’oural au frigien,
Hurbant plein de grosline en brigoux d’hernatien :
Bugâle phrysangien quand Dankous s’enderminent !

La plætarsse Enzémine a plistré son boulien,
Zyoutant l’Arimàrrhyen du bront de l’oltîssine,
Voulaguant l’Encîlien comme verne autargine :
Riplette s’esclapine et scorgne au marchefien !

Niplant le flibûcien qui au zouin s’extabline,
Vrissante mon Éphrine expume au moldossien,
L’ôlture baraît cline  et Zylotte un frangien :
Gambiottants pharandiens aux groncs qui s’embourdinent ! 

De prôme biscotine en blistard solandien,
Le blouzzard crovatsien a pristé l’alcaçine,
Nous droulons à l’hozien puis gloûvons dans l’azzyne
Tels bloûmante voutrine ou blinguants ozyphiens !

Niplant le flibûcien qui au zouin s’extabline
De prôme biscotine en blistard solandien, 
La plætarsse Enzémine replistre son boulien :
Corkula zait du fien quand Pluthore âmedîne !

(Pour mes amis Croates, Jubo, Slaven, Ozren et Bogomir qui m’ont initié à la folie douce !)
(… et, je serais franchement malhonnête de pas le préciser, à la Malvoysie de Hvar et de Corkula !)

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7 févr. 2022

584. Transferts d'énergies



Les sorts interdits étaient toujours les plus durs à jeter. L'envoi du désespoir avait pratiquement tué Boobah n'Balaoua. Il avait juste eu besoin de son atlas et de quelques mots pour que n'importe qui sur la planète ressente sa douleur. Il en avait feuilleté les pages, affiché la mappemonde complète et sillonné aléatoirement la carte avec un doigt, prononçant les paroles et imaginant la peine, la confusion, les larmes et le grand sommeil.

***

Yvanne Béthaud était assise sur une chaise métallique, devant une table de même facture dans une pièce sans fenêtre d'une aile du ministère de la place Beauvau. "Ils me font attendre pour m'intimider" se dît-elle.
La porte s'ouvrit et deux mecs firent leur entrée. "Le premier va m'interroger et l'autre s'occupera du magnétophone tout en donnant de l'importance au premier" poursuivit-elle en elle-même.
"Vous vous décrivez comme une sorcière blanche...
- Je pense souhaitable de vous expliquer que j'utilise cette description afin de prévenir toute forme de préjugés chez les personnes à capacité cérébrale limitée. Je fais de mon mieux pour être une bonne personne mais le bien et le mal sont des concepts humains. Les esprits avec lesquels je travaille ne sont ni bons ni mauvais.
- Sachez que ni moi ni ce service ne croyons à la réalité de la magie. Faudrait pas nous prendre pour des berrichons !
- Vous et votre service avez le droit de croire qu'est-ce que vous voulez. Pratiquement tous ceux qui disent avoir des pouvoirs magiques sont soit des charlatans soit des illuminés. Certains ont des capacités spéciales mais je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un capable de faire qu'est-ce que je peux faire.
- La pandémie de coma soudain nous a forcés à essayer des méthodes pas très conventionnelles. Votre nom est sorti sur une liste de paranormaux autoproclâmés que nous avons compilée en consultant des prestidigitateurs et des illusionnistes qui débunkent ce genre de choses. Nous leur avons demandé qu'ils nous signalent ceux qui faisaient des choses qu'ils ne pouvaient expliquer. Puis nous avons contacté les gens sur cette liste et leur avons demandé ce qu'ils pensaient des autres personnes figurant aussi sur la liste.
- Ce qui expliquerait cet étonnant sondage téléphonique qu'une femme au ton très officiel a gravement insisté pour que j'y réponde.
- Pratiquement tous ceux que nous avons contactés ont été heureux de nous parler de tous ceux qu'ils connaissaient sur la liste. Sauf de vous. Ils ont tous eu l'air d'avoir très peur de vous..
- J'ai jamais fait de mal à une mouche.
- C'est en effet ce qu'ils nous ont dit. Mais c'était plus comme s'ils craignaient que vous pourriez leur en faire si vous vouliez vous venger ou leur faire du tort.
- Et c'est la raison pour laquelle je suis assise là plutôt que dans ma chaumière à regarder les Simpsons avec mes chats ?
- Vous avez entendu parler de la pandémie de coma soudain ?
- Comme tout le monde ! Partout dans le monde des gens tombent dans le coma.
- Nos services de santé traîtent ça comme une maladie infectieuse sauf que c'est pas une maladie infectieuse normale. Les maladies nécessitent un vecteur. Elles commencent quelque part et sont ensuite propagées par l'air ou l'eau ou par ceux déjà atteints. La pandémie d'infection de coma soudain ou ICS surgit arbitrairement un peu partout dans le monde. Avez-vous entendu parler d'Assimi N'Daw ?
- Ce serait pas le dirigeant de ce pays africain qui veut débarasser son pays de toute influence française ou européenne ?
- Tout à fait. Il a rassemblé un grand nombre de Sangomas, des devins-guérisseurs-désenvoûteurs, dans sa capitale.
- Vous croyez tout-de-même pas qu'il utilise la magie pour causer cette pandémie ?
- C'est une hypothèse que nous ne pouvons pas ignorer."
Yvanne rigola doucement. Mais alors tout très tout doucement. Ces mecs avaient l'air sérieux. "Et vous aimeriez que je vous aide à vérifier votre hypothèse...
- Nous pensons surtout que vous aimeriez aider votre pays et le monde entier.
- D'abord j'ai pas du tout apprécié d'être arrachée de mon lit aux aurores. Si de la magie est impliquée dans votre affaire, c'est que l'un de ces Sangomas a des pouvoirs spirites. La plupart des Sangomas n'en savent pas plus sur la magie que vous ou votre collègue. Je pourrais peut-être vous aider. J'aurai besoin d'un atlas pour me concentrer l'esprit. Et aussi, il faudra que je me mette à poil."
Le préposé au magnétophone s'offusqua d'un air choqué. L'interrogateur se tourna vers lui: "Tu l'as entendue. Va lui chercher un atlas."

Le mec calta de la pièce. Pendant ce temps, Yvanne ôta son pull, ses pompes, son jean, ses chaussures et ses chaussettes puis finalement ses sous-vêtements. Elle posa le tout sur une chaise. Puis elle resta debout, attendant que l'autre revienne avec son atlas.
Il revînt portant un énorme volume en cuir. Yvanne le prit et le plaça sur la table. Elle dénicha la carte d'Afrique et y chercha le petit pays. Elle le toucha du bout de l'index, prononça quelques mots inintelligibles pour les deux flics et s'évapora.

***

Boobah n'Balaoua fut seulement légèrement surpris quand l'étrange femme blanche et nue comme un vers se matérialisa devant lui alors qu'il méditait dans le fond de sa case. Rien de tel ne lui était jamais arrivé même s'il savait que c'était pas impossible.
"Attendez, petite sœur !" lui fit-il en levant une main. Il traversa la pièce et se pencha sur le coffre de sa femme, le coffre qu'il avait été incapable d'ouvrir depuis sa mort. Il en souleva le couvercle et en tira un boubou coloré qu'il tendit à Yvanne. "Couvrez-vous avec ça. Je sais que vous ne pouvez effectuer le Grand voyage avec des vêtements, mais nous sommes un pays décent et vous devez vous vêtir."
Yvanne se faufila dans le boubou en l'enfilant par la tête. Il était pas vraiment à sa taille. Il avait été taillé pour une femme beaucoup plus grande et fine qu'elle ne l'était. Le sentiment de tristesse qu'elle ressentit en l'ajustant sur ses épaules lui fit comprendre qu'il avait appartenu à une personne que l'homme qui venait de le lui passer avait beaucoup aimée et puis perdue.
"Je suis très honorée de votre confiance, lui assura-t'elle.
- Je suis tenu par un serment. Je n'ai jamais rencontré d'esprit sœur jusqu'à ce jour. Je suis Boobah n'Balaoua. Comment vous appelez-vous et pourquoi êtres-vous venue ?
- Je suis Yvanne Béthaud. Vous avez causé une pandémie."
Les yeux de Boobah étincelèrent de colère. "Il y a eu une cérémonie de grâce pour les Sangomas. J'étais censé y être l'invité d'honneur mais j'étais fiévreux et j'ai dû rester couché quelques jours. Balaba, ma femme, et mes trois enfants y sont allés sans moi. Ils se tenaient au milieu de l'assemblée tandis que notre chef, Assimi N'Daw, tenait un discours où il les décrivait comme la famille de son meilleur Sangoma. Tout le monde a entendu le bourdonnement venant du ciel. Balaba était une femme fière et courageuse. Fallait plus qu'un simple bruit pour l'effrayer. Elle a levé la tête en direction des machines volantes. Mes enfants se savaient en sécurité à ses côtés. Puis les drones ont ouvert le feu. Ils voulaient assassiner notre chef. Il s'en est sorti vivant avec seulement quelques égratignures. Plusieurs de ses proches ont été tués. Plusieurs de mes amis Sangomas ainsi que des membres de leurs familles furent tués également. Mais pire que ça, Balaba et mes trois enfants furent déchiquetés dès la première salve."
Les larmes coulaient sur les joues de Boobah. Yvanne faillit dire quelque chose mais se retînt. Elle avait décidé qu'il valait mieux le laisser continuer. 
"Balaba n'avait représenté une menace pour personne. C'était une gentille femme qui m'aimait. Mes enfants étaient encore très jeunes. Qui sait quels grands hommes et femmes il auraient pu devenir ? Quand j'ai appris ce qui s'était passé, j'ai su que mon futur s'était envolé. Notre chef est venu me voir et m'a dit que quelque chose devait être fait. Après y avoir mûrement réfléchi, j'ai jeté le Sort du Sommeil Profond un peu partout autour de la Terre.
- Vous avez jeté un sort interdit.
- Ma vie n'avait plus aucun sens et n'était plus que souffrance. Pourquoi aurais-je dû m'en faire sur les souffrances des autres ?
- Je peux dire que vous êtes un homme bon, Boobah. Une part de vous sait que ce que vous avez fait est bien, mais une part plus profonde en vous sait que c'est le contraire. Vous avez injustement et cruellement souffert mais vous savez que cela ne vous autorise ni l'injustice ni la cruauté. Je comprends pourtant que votre chef a raison; que rejeter la France et ses alliés de votre pays est pour le plus grand bien du vôtre.
- Oui, notre chef est un bon chef pour le bien de notre pays et je lui suis loyal. Les assassins qui ont envoyé ces drones ne voulaient pas aider notre pays ; ils ne veulent que ses richesses, ses minerais. Qu'avez-vous fait, Yvanne, pour les stopper ?
- Je ne savais pas.
- D'autres femmes dans votre pays peuvent utiliser ce genre d'excuses, avec vos médias et politiciens corrompus et vendus aux plus offrants ; mais vous, vous êtes comme moi, Yvanne, si quelques uns peuvent savoir la vérité, c'est bien nous.
- C'est vrai, Boobah, vous m'en voyez désolée. Je sais qu'un sort interdit est irréversible, mais il n'en demeure pas moins transférable. Si je vous promets de vous aider de toutes mes forces, accepterez-vous de réveiller les comateux innocents et de transférer leurs sorts sur ceux qui le méritent ? 

Les deux se penchèrent sur l'atlas de Boobah qui était plus encanaillé avec la faune, la flore et le monde invisible qu'avec la cartographie, et les doigts d'Yvanne se mirent à picoter des lieux notables de la raie publique sur le plan de Paris: l'Élysée, le Palais Bourbon, celui du Luxembourg puis l'autre sale truc de la Place Beauvau, puis se déplacèrent de quelques pages en direction du levant: la tour de la BRI à Bâle, puis remontèrent au nord-ouest droit sur la Commission ainsi que la Présidence de l'Union Européenne à Bruxelles, puis  cap à l'est de nouveau pour visiter l'immeuble de la BCE à Francfort où la vieille bique de mère Lagarde et ses principaux collabos tombèrent et culbutèrent instantanément culs par dessus têtes et comme par enchantement  à la renverse...

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19 févr. 2021

472. MIB 5: La préquelle


... ouais, ben y avait ce film qui fit trembler d'effroi de nombreux palpitants vlà quelques années déjà. Peu importe ce que vous avez pu ou non en  penser. Vous devez le connaître. Sûrement. Des espèces de bestioles gélatineuses extra-terrestres qui s'accrochaient telles des sangsues entre vos omoplates et dont on ne pouvait se débarrasser, vous démarquant par une sale bosse tel un quasimodo de tout le reste de la chrétienté. J'aurais jamais cru en voir une vraie un jour. Ben j'avais tort. C'est cet enfoiré de Pierrot le Saligaud qui a déniché la première. 

Houla, un peu de patience. Je vais vous raconter.

Nous sommes des travailleurs SDF itinérants, vous pigez ? D'abord, vous devez comprendre que les travailleurs SDF itinérants sont pas exactement le type de personnes auxquelles vous pensez. 
Oh, je sais bien que la plupart des gens sont assez éduqués pour comprendre qu'un travailleur SDF itinérant travaille ici puis se déplace plus loin au fil des saisons pour trouver du  taf là où y en a, tandis qu'un vagabond traîne à rien faire de ses dix doigts sinon de se les croiser puis se déplace un peu pour se les croiser ailleurs, et qu'un clodo fait à peu prés la même chose mais reste sur place, mais vous trouverez toujours des gens assez ignorants pour nous traiter tout de même de clopinards.
Nous sommes des aristocrates. Oui, m'sieurs-dames. Si ça ne tenait pas qu'à nous, vous ne pourriez pas vous payer les petits luxes dont vous raffolez tant, les compotes à boire qui vous sustentent pendant vos exercices en salles de sport ou les bons millésimes qui égaient vos repas du dimanche. 
Oh, pas besoin de me croire sur parole - demandez aux experts du Forum Égocentrique Mondial, vous savez de qui je parle, là, ceux-là même qui se goinfrent une fois par an sur notre dos à Davos. Ils sont au courant: Sans les travailleurs SDF itinérants, la plupart des récoltes ne seraient jamais récoltées. 
Et si j'ai l'air d'utiliser un langage quelque peu prétentieux, ne m'en veuillez pas. Le fait d'avoir fait un bon bout de route avec Jacky le Savant améliorerait le langage de n'importe lequel de ses compagnons les plus ignares. Même malgré eux.
On est plus que tous les deux, mais nous étions quatre, voyez-vous ? On a fait la route ensemble depuis je me rappelle même plus quand, l'Europe, le Canada. Y avait donc le Savant, et aussi Pierrot le Saligaud, Sac de Jute et puis Johnny. 
Johnny, c'est moi. Rapport à ce que je connais et sais fredonner presque toutes les chansons de son répertoire. "Allumer le feu", "Quoi ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?" et beaucoup d'autres... Mais j'admets bien volontiers que vous puissiez ne pas le connaître dans le coin, même si ce mec a réussi à enregistrer à Nashville et à fourguer des tonnes de posters de  sa gueule en Harley sur votre Route 66.
Sinon, c'est marrant, les surnoms. Prenez Jacky, Jacky le Savant - il fut un vrai savant autrefois, professeur dans une université prestigieuse, renommée et tout, jusqu'à ce qu'il se mette à fricoter avec les bouteilles. Ouais, ben il a perdu son job, sa maison, sa famille, et sa réputation.
Un matin, il se réveille dans un fossé en bordure de périphérique à Paris, sans le moindre kopeck dans les fouilles et l'arrière grand-mère de toutes les gueules de bois entre les oreilles.
Alors il a pris une décision. Soit il conservait sa dignité humaine, soit il crevait. À ce moment là, la mort lui paraissait la chose la plus facile comme la plus douce à attraper, 
Mais ça prenait plus de tripes qu'il n'en avait pour se jeter dans la Seine avec une pierre ficelée autour du cou. Alors, il prit la route et tendit le pouce.
Une fois sa gueule de bois et sa tremblote réduites à peau de chagrin comme à un lointain souvenir, - et pour sûr qu'il avait tremblé au moins autant que les murs de Jéricho - il décida qu'il retoucherait plus jamais à une bouteille, que ce serait pour lui la meilleure des solutions. Alors il se mit à les ignorer. Il avait de la dignité. Sa dignité. Et il savait causer, alors quand je l'ai rencontré, lui et moi, on a décidé de faire équipe et un bout de route ensemble.
On a commencé par faire les foins en Auvergne. On a fait toutes les étapes en grimpant en altitude, de fermes en fermes, de plaines en puys
Puis on a taillé dans le sud où qu'on a rencontré Sac de Jute et Pierrot le Saligaud.
Sac de Jute tenait son surnom du fait qu'il portait jamais de godasses, qu'y pleuve ou qu'y vente. Il disait que des sacs de jute, enroulés puis bien ficelés autour des pieds et des mollets, protégeaient autant sinon mieux que des chaussettes et des chaussures, donnaient plus de liberté à ses mouvements et étaient plus confortables. Et cerise sur le gâteau, ils ne lui coûtaient pas un fifrelin: Suffisait de se baisser pour les ramasser sur les marchés après le remballage des maraîchers
En fait, vu que nous, on se servait en godasses et en chaussettes gratos à l'armée du salut, ou au secours catholique à 1 franc la paire, on aurait pu dire qu'il exagérait un peu. Mais bon, c'est un des codes de la route et des routards: T'évites de marcher sur les plates bandes de tes compagnons de route, ils piétineront pas les tiennes.

Et devinez pourquoi qu'on affublait Pierrot le Saligaud de ce sobriquet de merde ? Allez pas croire que c'est parce qu'il était vicelard ou un truc dans ces eaux là. Non, non, loin de là, il avait d'ailleurs horreur de la flotte. C'est parce que ce salopiot avait pas pris un bain depuis la fin de la guerre d'Algérie quand il avait été rapatrié du rif et rendu à la vie civile. Et il avait pas de plan pour en prendre un avant la fin du millénaire. 
Mais c'était un sacré bosseur, et personne n'aurait tenté quoi que ce soit de craignos en sa présence: Il faisait presque la taille d'un char Leclerc. Mais il était d'un calme Olympien.
Ah ouais, vous voulez aussi savoir pourquoi que je suis sur la route ? Ben, y se trouve que j'aime bien porter du poil sous le nez. Le problème, c'est que ça se faisait pas à l'époque, sauf si vous étiez une sorte d'artiste ou de magicien, genre Mandrake ou Raspoutine, ce que je suis pas. 
Vous savez, la désapprobation sociale et tout le tsoin-tsoin. J'ai jamais eu le courage de me la raser, alors j'ai pas taillé mes poils mais j'ai taillé la route. Tout le monde se fout de tout sur la route, alors ça me plut bien, et je me laissai pousser la barbe jusqu'au nombril. 
Comme les bikerz ou ZZ Top.

C'est pourtant agréable de porter la barbe. Ça fait des frissons lorsqu'on la caresse, ça fait tout chose de ressentir son soyeux lorsqu'on passe ses doigts entre les poils comme avec les dents d'un râteau dans la fleur de sel à la surface d'un bel œillet dans les marais de Guérande. 
En plus, la peigner, la brosser, en démêler les boules de poils et la lustrer vous tient tellement occupé pendant vos moments d'inactivité que le diable lui-même aurait bien du mal à trouver une ouverture pour vous faire faire autre chose de bien moins digne avec les doigts. 
Si vous me demandiez, j'irais presque jusqu'à dire que les rasoirs ont participé à la décadence de l'humanité. Et je suis prêt à parier que je suis pas le seul à penser ça. 
Montrez-moi donc un pèlerin qu'a pas laissé pousser ses poils une fois de temps en temps, même si c'était rien que pour quelques jours, et vous m'aurez montré un mec qui est plus concerné par la pression sociale que par son propre confort. 
Et montrez-moi z'en un autre qui dit qu'il adore se raser, et vous m'aurez montré soit un mec qui ment pire qu'un dentiste soit un maso qui attend avec anticipation ses rendez-vous chez ce genre de khmer rouge tentant de se faire passer pour une blouse blanche.

Mais assez parlé de nous autres. Maintenant, revenons à nos moutons. De retour sur Paris, on se mit artistes de rue. Saltimbanques si vous préférez. Je grimpais sur les épaules à Pierrot le Saligaud qu'était costaud comme un taureau, au pied de la fontaine des anges perdus de la Place Saint Michel, et je jonglais avec des balles - un couple d'italiens m'avait appris les techniques pendant la cueillette des melons à Cavaillon - pendant que le Savant et Sac de Jute faisaient tourner le chapeau. Ça rapportait bien, vous seriez surpris; ça nous permettait de payer l'auberge de jeunesse et même de mettre des sous dans notre pot commun sur un carnet de caisse d'épargne. On faisait aussi les terrasses du café de Flore et quelques autres. Des jours, on se faisait jusqu'à quatre mille francs ! 
Avec notre pactole, on décida de partir aux Amériques. On se fit faire des passeports, on acheta des sacs à dos et des duvets tous neufs, et quatre billets d'avion pour Montréal. Avec escale à Reikjavik parce que ça coûtait moins cher. Pour ça, on vida notre carnet de la caisse de l'écureuil et on transforma nos pépettes en travellers chèques de la First National City Bank au bureau de poste. 
Arrivés chez les cousins canadiens, l'immigration fut pas trop regardante vu que c'était la saison des touristes. On tailla tout de suite dans l'ouest parce qu'on voulait voir les Rocheuses et le Pacifique. 
On fit la traversée du continent d'est en ouest en sautant sur des trains de marchandises canadiens de la "National" et de la "Pacific" jusqu'à Calgary dans l'Alberta. Puis on continua en stop et en autobus jusqu'à la vallée de l'Okanagan en Colombie Britannique où, à ce qu'on nous avait dit, y cherchaient des cueilleurs de pommes. Des red Delicious. Miam. Super juteuses.
C'est là que se déroula le début de l'histoire, à Penticton, entre les chutes de l'Okanagan et Kelowna. 
Vous savez, si le Savant avait pas été là, y aurait probablement eu mort d'homme au sujet de cette "chose", au minimum on se serait séparés, car aucun des trois autres, moi inclus, n'aurait jamais eu assez de neurones pour démêler la pelote que je suis sur le point de vous dérouler.
Faut que je vous dise, Pierrot le Saligaud est un expert de la profite et de la ramasse. Ses yeux sont perçants, et il est sans cesse à la recherche du moindre objet vendable ou échangeable, même s'il en tirera pas plus qu'une poignée de cacahuètes. 
Une nuit, on est tous assis sous la véranda du bungalow dans lequel le patron - qui nous disait tout le temps de pas poquer ses pommes - nous logeait. Tranquilles devant un feu de bois, entrain de se demander si ensuite on allait partir plus nord du côté de Kelowna ou de Vernon pour cueillir d'autres pommes, ou plutôt plus sud vers Osoyoos et la frontière US pour cueillir encore d'autres pommes. Y a que des pommiers tout le long des deux à trois cents bornes que fait cette vallée. Et ça payait pas trop mal.
Le Saligaud, comme il en avait l'habitude, était parti à la recherche de trucs à dénicher, et à un moment, le voilà qui revient avec cette chose entre les pognes. Il la manipule comme si qu'elle lui brûlait les doigts, mais il semble tout content de l'avoir trouvée parce que, doit-il se dire, elle va bien se vendre ou se troquer. Alors il s'approche de moi et y'm'dit: "Hé, Johnny, combien que tu m'donnes pour ce truc ?"
- Dégages, tu pues !" je lui réponds, "Je te botte le cul si tu te barres pas."
Il a eu l'air franchement surpris que je lui réponde ça. Il me dit "Hein ? Je pensais vraiment que ça aurait pu te servir."
Je me lève. Et je lui dis, -  mais alors tout doucement, hein, et en faisant attention de pas  blesser ce géant à cœur d'artichaut, parce que je me dis que peut-être qu'il voulait juste blaguer - "Écoute, Pierrot - tu devrais le savoir depuis le temps, que je porterai toujours la barbe. Tu me fous la paix, maintenant ?"
Il s'éloigne, comme un chien battu en me jetant un regard en coin, puis il se dirige vers le Savant. Je me dis que ce dernier pourrait avoir un usage pour ce bidule, alors je tends l'oreille. Le savant réagit comme si on venait de lui présenter la gueule ouverte d'une murène devant les naseaux.
"Non merci, Pierrot, vraiment. Je me suis juré de plus jamais retoucher à ce genre de truc. J'espère que tu m'en voudras pas."
Ouais, ben pour une raison ou une autre, le Saligaud a pas l'air content, en fait il a vraiment l'air malheureux, mais bon, il peut pas s'en empêcher, alors il retente sa chance. "Hé, Sac de Jute, tu me donnes quoi pour ce -"
Il a pas le temps de terminer son offre que Sac de Jute lui cloue le bec. Comme un chat, j'écoutais juste d'une oreille discrète, mais je suis tellement surpris par la réponse de Sac de Jute que je ressens comme un truc se nouer dans mes tripes, comme si qu'une main quantique et ardente s'était téléportée dans le fond de mon fion pour me triturer les boyaux: " Et qu'est-ce tu veux que je foute d'une vieille godasse éventrée ? Tu sais bien que j'en porte jamais."
Pierrot le Saligaud regarde la chose entre ses mains, tandis que moi et le Savant, on s'est rapprochés, éberlués.
Le Savant regarde la chose attentivement et dit: "Dis-moi, Pierrot, jette donc encore un œil sur ce truc que tu tiens entre les mains et dis-nous qu'est-ce que tu vois."
- Ben quoi, c'est rien qu'un morceau de savonnette, ça se voit bien, non ? J'en ai aucune utilité, vous savez que je m'en sers jamais. Mais peut-être ben que l'un d'entre vous pourrait l'utiliser. Pourquoi que vous faites ces têtes d'abrutis ?"
- Du savon ?" je lui dis. "Putain, pauvre taré, je crois que t'as besoin de lunettes. Quand tu m'as présenté ce rasoir jetable tout ébréché, j'ai cru que tu te foutais de ma gueule. Maintenant je sais que c'est vrai."
Le Savant s'interpose, l'air excité. "Attend une petite minute, Johnny. À mes yeux, ce truc ressemble étrangement à une flasque de Jack Daniels. N°7. Celui que je préférais à une époque qui remonte à Mathusalem. Pour Pierrot, ça ressemble à du savon. Toi, tu dis que c'est un rasoir jetable, et Sac de Jute affirme que c'est rien qu'une vieille godasse. Tout ça ne vous intrigue pas ?"
- Je pense que c'est pas les bons champignons qu'on a dû mettre dans l'omelette," je marmonne.
-Exactement ! Dis-moi, Pierrot, qu'est-ce qu'il y avait d'autre là où tu as déniché ce ... bout de savon ?
- Rien d'autre qu'une vieille carcasse métallique toute rouillée. Trop lourde à emporter.
- Montre nous l'endroit !"
Alors, tous les quatre on a traversé le verger, et, aussi sûr que la Terre est plate, on tombe sur ce drôle d'objet par terre. À peu près aussi rond qu'une rondelle de saucisson, cinq ou six mètres de diamètre, pas loin d'un mètre d'épaisseur et recouvert d'une épaisse couche de rouille , et je dus vraiment me faire passer pour un taré à ce moment là, parce que j'ai hurlé quand j'ai vu six rasoirs jetables, des Bic en plastoc, en sortir par un orifice en se tortillant du bout du manche.
Le Savant hurla. "Attrapez-les, les gars, attrapez tous ces trucs !"
Ouais, ben Sac de Jute nous sacrifia celui qui emmitonnait  son pied gauche, et on y entassa une quinzaine de ces trucs. J'arrivai à choper quatre rasoirs jetables dont un coupe-choux pliant qu'essaya de se faire la malle en courant. Le Savant clama qu'il avait foutu deux flasques de Seagram et une canette de Molson dans le sac, Sac de Jute jura qu'il y fourgua trois godasses dont une vieille Santiag en peau de cochon et le Saligaud rien qu'une seule savonnette car l'autre lui glissa entre les doigts pour, nous expliqua-t'il ensuite, prendre la tangente en se faufilant dans un trou de taupe. On retraversa le verger en sens inverse, où le Savant tenta de nous expliquer son hypothèse sur ce mystère.
"Écoutez, les amis, imaginez que vous veniez d'une autre planète et que vous vouliez coloniser la Terre. Imaginez encore que vous soyez de petite taille et pratiquement sans défense face à des humains. Et pour finir, imaginez encore que vous soyez télépathes, avec non seulement la capacité de lire dans les pensées des êtres qui vous entourent, mais aussi d'y induire des hallucinations visuelles et tactiles. Comment vous défendriez-vous ?"
Une lueur commença à s'immiscer dans mon esprit mais j'osai pas la dire de peur de pas me tromper. 
Jacky le Savant continua sur sa lancée. "Si vous pouviez faire tout cela, vous vous donneriez l'apparence la plus dérisoire et inutile possible. Pour le Saligaud qui se lave jamais, vous vous donneriez l'apparence d'un morceau de savon. Pour Sac de Jute, celle d'une chaussure vu qu'il en porte jamais. D'un rasoir jetable à la lame émoussée, pour toi, Johnny, qui a juré de plus jamais te raser. Et finalement d'une belle flasque de Bourbon pour moi qui me suis juré de plus jamais toucher une goutte d'alcool. En d'autres termes, vous vous cacheriez sous l'apparence d'une imposture afin de vous assurer de ne jamais être ramassé par celui qui vous verrait, sauf par un quidam comme Pierrot le Saligaud qui, comme on le sait tous depuis des lustres, ramasse tout ce qu'y lui passe sous le museau pourvu que ça puisse se vendre ou s'échanger. Je pense, Pierrot, que grâce à toi, la planète va être sauvée d'une terrible invasion."
Le lendemain, on porta le sac de jute empli de ces trucs à la caserne de la Police Montée de Penticton. Le chef de station des Mounties ne vit dans notre sac que des choux de Bruxelles avariés, choux de Bruxelles qu'il avait en horreur depuis sa plus tendre enfance. Après moultes palabrages et quelques coups de fil qui s'éternisèrent, ils ne nous laissèrent pas repartir mais nous traitèrent avec les plus grands égards. Ils nous payèrent même des chambres dans le meilleur hôtel de la ville et la liberté de nous servir parmi les meilleurs menus. Deux jours plus tard, le ministre de la Défense canadien est venu nous voir, en personne et avec toute une délégation, et le surlendemain, des hauts-gradés de l'armée américaine nous ramenèrent avec eux dans leur pays. En hélicoptère.
Voilà toute l'histoire. On est toujours sur la route, tous les quatre, sauf que maintenant on travaille en paires itinérantes, toujours comme des SDF, chacune de son côté, pour le gouvernement de Washington. Moi et le Savant ici sur la côte ouest, Sac de Jute et le Saligaud sur la côte est. Et je sais qu'ils ont recruté d'autres paires pour les grands lacs, le sud et pour les plaines. 
Les "Men in Black", c'est comme ça que votre Président a nommé notre nouvelle unité, après avoir donné l'ordre de nous tailler des costards-cravates sur mesure. Là, y sont pas encore prêts mais on devrait pas tarder à les recevoir. C'est pour ça qu'on ressemble encore à des cloduques itinérantes.

Maintenant, monsieur le Gouverneur, je pense que vous comprenez mieux notre problème. Je ne vous poserai donc la question qu'une seule fois: Vous ou certains de vos administrés auraient-ils vu traîner sur le territoire de votre État des trucs vous semblant inutiles, qui ne servent à rien ou dont vous n'avez rien à secouer ? Si c'est bien le cas, nous aimerions bien y jeter un œil si c'est pas trop vous demander...

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1 oct. 2020

437. Freak Show



Les petits marseillais étaient toujours tout excités au mois d'août. Spécialement à l'approche de la Sainte Marie. Car chaque année, à l'assomption qui était la fête de leur Bonne Mère , le freak-show intergalactique du Professeur Bronstein venait s'installer dans le parc Borelly. L'immense vaisseau spatial argenté poserait ses quatre pattes munies d'amortisseurs hydrauliques sur une grande zone dégagée et stationnerait là pendant toute la durée des 6 heures que durerait l'exposition.
Bien avant le lever du jour, des multitudes de gens s'agglutineraient en trépignant des semelles devant les tourniquets prêts à passer leurs poignets devant les scanners d'entrée afin d'être les premiers à pouvoir venir admirer pour la somme de 15 crédits, l'équivalent de trois journées de salaire moyen, le freak-show intergalactique du Père Bronstein. 
Tous étaient impatients de voir les créatures étranges et fantastiques que le Professeur avait ramenées de l'espace cette année. L'an passé, ils avaient pu admirer des bestioles à trois pattes d'Alpha du Centaure, des quadripèdes bicéphales de Tau Ceti. Et des horreurs serpentines de systèmes stellaires encore plus distants.
Cette année, tandis que l'immense forme ovoïde du vaisseau touchait terre dans l'immense espace en bord de mer, les gamins le regardaient avec émerveillement. Ils virent quatre immense panneaux se relever sur les flancs de l'engin spatial, révélant les cages habituelles munies d'épaisses vitres d'un plexi-glass des plus translucides. À l'intérieur de l'immense cage vitrée de l'attraction principale, une centaine de petites créatures chevalines munies de crinières, de longues queues et de six pattes démunies de sabots cavalaient un peu partout, se courant même les unes par dessus les autres pour s'approcher au plus prés de la vitre translucide et blindée, certaines même galopaient sur les cloisons et au plafond telles des araignées. Et depuis les haut-parleurs intégrés au carénage du vaisseau spatial, on pouvait entendre leurs pépiements aigus.
Les membres d'équipage du Professeur Bronstein déambulaient dans la foule des spectateurs, vendant, aux enfants qui braillaient pour se les arracher, des miniatures et des peluches de ces créatures que leurs parents payaient en passant leurs poignets devants les scanners portables que les vendeurs autour du cou.
Très vite, le Professeur Bronstein lui-même fit son apparition à l'intérieur d'une alvéole qui s'ouvrit au dessus de la cage de l'attraction principale. Il portait une cape multicolore et son haut-de-forme traditionnel.
"Amis marseillais !" clama-t'il dans son micro.
Les bruits se turent dans la foule, et il continua. "Amis marseillais, cette année nous avons une surprise exceptionnelle pour vos 15 petits crédits. Voici devant vos yeux ébahis notre attraction principale, les petits chevaux-araignées de Chbluzz, amenés jusqu'à vous depuis une distance de 17 années-lumière à travers l'espace intersidéral à un coût exorbitant et avec des risques que je ne souhaite à aucun de vous. Approchez mesdames et messieurs, approchez les enfants, approchez pour venir admirer les admirables chevaux-araignées de Chbluzz. 

"Regardez-les bien, observez-les, écoutez-les gazouiller ! Filmez-les et partagez avec tous vos amis ! Mais faîtes vite ! Notre vaisseau n'est là que pour quelques heures."
Et la foule des bourgeois marseillaises et marseillais accompagnés de leurs marmots commença à s'agglutiner en jouant des coudes pour atteindre les premiers rangs du spectacle, fascinée comme horrifiée par ces étranges petites créatures qui ressemblaient à de mini poneys hauts comme des lévriers mais qui couraient aussi sur les cloisons et le plafond de leur cage telles des araignées.
"Peuchère, ça valait le coup de payer 15 crédits pour voir ça," dit un homme du Panier à son voisin, "Je cours chez moi montrer ce que j'ai filmé à ma femme."
Ça dura comme ça toute l'après-midi. Après le comptage final, plus de cinquante mille marseillais purent ainsi approcher les uns après les autres de l'immense baie vitrée qui barrait la cage sur la coque du vaisseau spatial. Puis, lorsqu'une sirène signala la fin des 6 heures d'exposition, le Professeur Bronstein reprit le micro: "Nous devons repartir maintenant, mais nous reviendrons l'an prochain à la même date. Et si vous avez apprécié la ménagerie intergalactique du Professeur Bronstein que nous venons de vous présenter, appelez vite vos connaissances dans les autres métropoles et racontez-leurs ce que vous avez vu. Nous allons visiter Moscou demain, puis Kyoto et Singapour, Sidney et Buenos Aires, New York et Los Angeles la semaine prochaine, avant de repartir pour d'autres mondes."

Il moulina les bras en signe d'adieux, l'alvéole où il se tenait se referma. Et, tandis que le vaisseau décollait dans un imperceptible bourdonnement, les marseillais convinrent que ça avait vraiment été le meilleur show du Professeur Bronstein de ces dix dernières années.
Trois mois et quelques mondes plus tard, le vaisseau argenté du Professeur Bronstein se reposa enfin sur la boule de roche escarpée qu'était la planète Chbluzz. Les chevaux-araignées ne perdirent pas de temps à évacuer leur cage et à se disséminer dans la nature mais pas avant d'avoir entendu les remerciements et les mots d'adieu du Professeur. Puis ces créatures s'éparpillèrent, trop heureuses de refouler enfin leur monde et de retrouver leurs familles et leurs amis, tandis que plusieurs centaines de milliers de leurs congénères se ruaient vers le panneau de plexi-glass, contre la modique somme de 15 crédits, pour admirer une centaine de gluwîls, espèce de macaques à exosquelettes, entrain de faire les pîtres derrière la vitre de l'attraction principale en zieutant cette foule des quatre billes noires qui leurs servaient d'organes visuels.

Elle pépia, en se dressant sur ses pattes arrières, un cri de bienvenue dans l'étrange langage des Chbluzz. Puis elle se jeta dans leurs bras. "Vous êtes partis depuis si longtemps," s'exclama-t'elle, "c'était bien ?"
La créature adulte acquiesça. "C'est surtout les gosses qui ont adoré," répondit-il. "On a visité huit systèmes stellaires et vu plein d'espèces différentes sur plus de cent planètes."
Les petits grimpèrent aux murs de la caverne. " La planète qu'ils appellent Terre est la meilleure. Les créatures y marchent sur deux pattes et se couvrent le corps de tout plein de bouts de chiffons de toutes les couleurs.
- Mais c'était pas trop dangereux ? demanda la femelle.
- Non," répondit le père "il y avait des cloisons de plexi-glass blindé pour nous protéger de toute agression. Nous n'avons jamais quitté le vaisseau. La prochaine fois, tu devrais venir avec nous ! Ça vaut vraiment le coup, même à 20 000 crédits le billet, t'en as vraiment pour ton argent !"
- C'étaient les plus beaux zoos qu'on ait jamais vus !", s'exclama le plus jeune en traversant le plafond, tentant de choper la queue de son frère entre ses dents tandis que leur père, en manque d'affection apparent et prolongé, s'apprêtait à honorer leur mère en lui enfourchant l'échine et l'arrière-train...

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23 sept. 2020

435. RAM Sado ou ROM Maso ?



"Nan mais tu m'fous d'ta gueule ou quoua... C'est un ordi, ça ?"
Gluzorgzz, le 'communicator' du vaisseau retira son doigt de sa narine gauche avec une belle crotte de nez qu'il se mit aussitôt à rouler en cube, tandis qu'une de ses tentacules réglait le gain et le seuil d'un de ses instruments d'astrogation . "Oui, capi. Les relevés de la sonde et de nos instruments de bord ne peuvent être plus clairs. La planète entière n'est qu'un énorme ordinateur géant.
- Arrête tes conneries, tu te fous vraiment de ma gueule ou quoi ?
- Ouais. Je veux dire, non, et c'est pas tout, capi. Cet ordi a aussi repéré notre arrivée sur orbite. Il vient même de nous envoyer un message y a pas plus tard que tout de suite. Il dit qu'il est une Intelligence Artificielle. Que les êtres qui l'ont construit ne sont plus là.
- Ils sont partis ? Et où c'est que ça qu'ils sont partis ?
- Ben apparemment, l'IA a converti la planète entière et toute la vie qui s'y trouvait en un immense processeur à l'aide de nano-robots auto-duplicateurs.
- Et alors ?
- Elle a transformé tout ce qui constituait cette planète en substrat calculateur. Y compris les gens qui l'avaient conçue.
 Le cul de Boowitzo, se trémoussa dans le fond du fauteuil du poste de pilotage. Dire qu'il était déconcerté serait mettre en évidence le manque de finesse de son langage. " Tu déconnes, dis-moi que tu te payes ma tronche !
- J'ai bien peur que non, ô capito, mon capitaine. En même temps qu'elle réduisait les gens en nano-particules, elle a sauvegardé et emmagasiné leurs esprits. Donc leurs personnalités sont toujours là-dedans, vivant une réalité simulée au sein de cette IA. Elle dit que ça fait 6000 ans que ça dure, depuis le passage d'une pandémie qui traversa la planète d'origine. Ils sont des milliards là-dedans.
- Et qu'est-ce qu'y foutent depuis tout ce temps ?
- Ceux qui ont aidé à la création de l'IA et à transformer la planète vivent à l'intérieur d'une simulation de joie parfaite, de liberté, de plaisirs sexuels et de masturbation cérébrale.
Boowitzo se prit, l'espace d'un instant, à rêver à toutes les positions du Satrakuma qu'il avait encore jamais osé proposer à sa bergère  "Et les autres ?
- ...dans la douleur. Ils ont vécu au ralenti dans une simulation de douleur depuis 6 millions d'années virtuelles et subjectives.
- Noooon, tu déconnes !
- Si. Mais il y a autre chose dans le message, capi. L'IA dit qu'elle ne s'est jamais exportée de la planète parce qu'elle ne savait pas qu'il y avaient d'autres êtres vivants dans l'univers.
- Putain, elle le sait, maintenant, cette salope !" Des gouttes vertes commencèrent à suinter à la surface caoutchouteuse de ses tentacules.
" Ouais. Mais elle dit que si on veut bien lui dire où que se trouve notre planète, elle nous téléchargera et nous sauvegardera dans la simulation de la Joie.
- Et sinon ?
- Dans celle de la douleur, capi.
- Faudrait d'abord qu'elle puisse avoir des pinces pour nous choper, cette connasse !"
Le cerveau de Gluzorgzz se mit à ronronner vitesse grand V. Voyez ça comme un mélange d'équations exponentielles et de tentacules qui s'agitent, mais plus grosso-modo, ça signifiait que l'issue de la suite dépendrait surtout du diagnostic et des mesures rapides à prendre avant que les choses ne deviennent incontrôlables. Pour ça, fallait établir d'où que pouvaient survenir les dangers, leur nature, leurs probabilités et leur niveau de gravité, puis établir la liste des moyens et actions disponibles et/ou requis pour les contrer.  "Ouais ben elle vient juste de nous envoyer une douzaine d'intercepteurs ultra-luminiques, alors on ferait bien de se remuer le cul et de se calter fissa, capi. Mais je crains qu'y ne soit trop tard, ô capito, mon capiiiiiiiiiii_1100010100111000111000101011110001100_hmmm_t_es_bon_capi_1001100110011000111001111_prends_ça_salopio_10001100111010011000100010010_t_aimes_ça_ptit_vicieux_100101101000100000.........
0011011001101011_aîeuh_ça_fait_maaaal_11001001101100010110010_nooon_pas_ça_1010111010_arrêêêêteuuu_10010110100010010111001101010_ouillouyouille_1011000101001011010_aaaaaahiiii_101000101100010010011001_pitiééééé_1001001110000......

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26 juin 2020

412: Le Singe du "Pourquoi là ?"

Il ressemblait au vieux Charcot avec sa barbe d'un gris  acier piquetée de mèches blanches, un peu plus foncée à la commissure des lèvres, sa peau plissée et burinée par le soleil et les embruns  et sa vieille casquette de pêcheur en feutre bleu marine zébrée de traînées de sel marin enfoncée de guingois sur ses cheveux tirant sur le blanc. 
On se trouvait à Luba, au sud-ouest de Bioko, avec mon remorqueur, au pied de la caldera de San Carlos ; trois jours d'escale en attendant que débute le chargement de la barge que je devais tirer jusqu'à Douala avec mon Tug. 
Lui était là entrain de siroter du vin de palme à l'ombre d'un banyan dans les branches duquel jouaient une tripotée de singes, à l'extérieur du seul bouiboui de ce coin perdu. 
Et son canot, un vieux côtre en bois à la peinture blanche défraîchie, écaillée par endroits, battant pavillon tricolore, se balançait mollement à une demi-encablure du vieux quai en bois sur pilotis où était amarré le mien. C'est le nom peint sur son tableau arrière qu'avait attiré mon attention quand je l’avais aperçu à travers mes jumelles depuis les carreaux de ma passerelle. 
C'était pas le "Pourquoi pas ?" du fameux commandant Charcot, non, c'était le "Pourquoi là ?" de ce mec là.

Je posai mon cul sur la chaise en plastoc posée pas loin de la sienne et fis signe à Carmencita, la taulière noire ébène et gargantuesque de ce rade paumé, en indiquant d'un doigt la bouteille du vieux puis en lui faisant le signe "deux" avec les doigts de l'autre main.
"Pourquoi là ?", je lui fis, pour me présenter,  un peu curieux mais en manque d'inspiration.
Il me répondit pas tout de suite, occupé qu'il était à balancer des cacahuètes à une vieille guenon au dos à moitié pelé descendue de sa branche. 
Carmencita déposa les deux bouteilles puis retourna derrière son comptoir en traînant ses savates sur la poudreuse rouge et humide tout en balançant de bâbord à tribord, comme seules savent le faire les mammas du coin, le gigantesque arrière train qu'elle planquait sous son boubou.
"Pourquoi avoir besoin d'une raison pour être quelque part ?", qu'y me dit en s'essuyant les poils de barbe du revers de la main, "Dis moi, gamin, pourquoi que l'éléphant, y fait le tour du lac Balaoué ?
- ...???
- Pour voir ce qu'y a de l'autre côté.  Ça me parait une raison suffisante pour qu'y bouge en direction de sa trompe.
- Ah ouais, c'est profond et c'est pas con ce que vous venez de dire là, l'vieux...
Il souleva un œil surpris en relevant le menton, me dévisagea un instant. "Ça te dirait de venir vider cette paire de bouteilles sur mon canot, gamin ?".

Son annexe en contreplaqué faisait à peine la taille d'un babyfoot. La houle subtropicale qui frappait le quai était un peu forte, pas une rareté dans ce coin du golfe de Guinée. Il avait qu'une seule pagaie. "Bouge pas !", qu'y me dit une fois que je me fus calé au fond de son engin flottant, "Tu remues le moindre petit doigt et je te le coupe. Ou je te l'casse s'il est dans ta poche".

Il me dit "Niet" quand je lui demandai si je pouvais descendre sous le pont visiter ses aménagements. "Pose ton cul dans le cockpit"
Normalement, y a pas de cockpit sur un côtre, mais lui, apparemment, avait réussi à en faire creuser un. Ceinturé de trois bancs couverts de vieilles paillasses durcies par le sel de mer et la barre franche saisie d'un bout sur le pataras de tribord.
Y avait aussi un vieux compas de marine sur fût en laiton au centre de ce dernier, un "Faithfull Freddie" anglais du début du siècle, avec ses deux sphères, une rouge, une verte, lui faisant comme des oreilles de bonobo. Pas de la merde, mais un peu piqué quand même.
Il refit surface sur le pont  avec le majeur de sa main gauche passé dans les anses de deux timbales métalliques  et cabossées et une pipe en terre cuite dans la main droite. "Ceux qui sont pas curieux restent dans leurs niches", qu’il me fit en remplissant la mienne à ras bord. "Et ceux qui le sont explorent pour savoir dans quelle merde ils ont le potentiel de pas se fourrer. Pas besoin de plus de raisons que ça  pour qu'un moustique batte de l'aile, pour qu'une sardine fouette sa caudale ou pour qu'un chat qui se respecte décide d'aller squatter sur le dos de ton canapé"
Il commença à bourrer sa pipe avec une herbe dont la couleur et la texture paraissaient plus que prometteuses. "Sauf si ça fait trois semaines que t'as pas changé de chaussettes.", crut-t'il bon de préciser en me clignotant un œil entendu juste avant d' embraser le contenu de la pipe à l'aide d'un vieux Zippo.
"Tchin, yeher mad, salud!", je lui fis en me marrant de l'intérieur et en soulevant ma mug dans sa direction à travers la fumée âcre mais envoûtante.
Il s'envoya une lampée de la sienne pour s’éclaircir la voix. "On sait jamais vraiment ce qui va arriver, gamin. Parfois, la seule façon de savoir où qu'est ta place, c'est de sortir de ta routine. Parce que des fois, l'endroit où tu devrais te trouver est juste à peine plus loin de là où que tu te trouves. Et je m'en tape si tu sais pas où que tu te situes, si tu sais comment retrouver d'où c'est que tu viens, c'est que tu sais où que t'es rendu et que t'as trouvé ta place"
Il tira deux profondes bouffées de sa pipe puis me la tendit: "Tiens, goûte ça, petit, faut soutenir le commerce local".
Deux cadavres de vin de palme et trois pipes plus tard, il me tira de la rêverie dans laquelle il m'avait laissé mariner : "Pourquoi là ?, tu m'as demandé tout à l'heure. C'est mes oignons et pas les tiens, chacun sa merde, gamin. Maintenant vide ta tasse, rends moi ma pipe et va recaler ton cul dans le youyou. Je te rentre chez toi." 
Le vieux briscard dût m'enrouler une amarre sous les bras pour me redescendre dans le cageot amarré le long du bord qui lui servait d'annexe. 
Je savais plus trop où que j'étais rendu. 
Ah si, nom d'un petit macaque ! J'étais dans mon curragh entrain de pêcho le saumon à la dandinette dans le fin-fond de Galway Bay. 
Wack me wack a dwidledoo, didle-didle-dwidledayyy, yaH !

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18 juin 2020

410. Interruption de séance


Cette histoire vous est gracieusement offerte sans le soutien financier de  "CALVIN KLEIN"


"...demain vous connaîtrez la peur. Et si vous n'avez jamais rencontré ou connu cette dernière, c'est pas grave. Vous la reconnaîtrez facilement à sa voix. C'est celle qui vous tombera dessus en gueulant le plus fort. Ne l'écoutez pas, soldats ! Je recommande les boules Quiès et les couches-culottes pour ceux que ça effraie."

C'est sur ces dernières et rassurantes recommandations que l'Amiral conclut la remise des insignes de notre promotion de soldats du feu de la prestigieuse Star Trouille Academy.
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L'alarme incendie retentit  dans mes oreillettes tandis que je faisais du gringue à Marylou, hôtesse à la cafétéria. Je sautai fissa de mon tabouret et je cavalai à fond les manettes à travers le grand hall de la station. La courbe des particules aéroportées frisait les nuages sur l'indicateur modulaire fixé à mon poignet, la température bien au dessus de la normale saisonnière et en croissance exponentielle. 

Le Feu !

Les gens s'écartaient sur mon passage. Ça pouvait pas être possible, j'y croyais pas. C'était la première ambassade commerciale des Klikoïdiens dans notre système solaire depuis le premier contact. On n'en avait jamais vu plus qu'un à la fois avant ce jour, et encore, via écrans interposés. Et v'là que leur Ambassadeur, accompagné d'une douzaine de secrétaires, avait pris résidence dans un appart' spécialement  conçu pour eux dans notre station de Titan.

Et leurs quartiers étaient en feu ! 

Je glissai en freinant des deux semelles sur le sol synthétique jusqu'à l'arrêt complet devant l'armoire incendie la plus proche de leur appartement et je sortis un bidon sur roulette de 50 litres d'adjuvant de mousse chimique de son support. Je déroulai une manche incendie et j'enfonçai le tube plongeur de la vanne Venturi dans le bidon. J'appuyai sur la commande de sécurité.  La porte s'ouvrit dans un bruit de succion.

Bon, vous savez déjà ce qui se dit sur leur odeur, hein ? Genre relent de marée mêlé d'un truc...hem, plus sombre. Je sais pas trop. En tous cas, quand la porte s'ouvrit, je reçus cette odeur comme un uppercut dans les fosses marines nasales. 
J'arrivais pas à discerner le mur du fond, l'air était trop épais, empli de tourbillons d'une fumée noire parsemée de volutes et de turbulences vert-fluo, quasi stroboscopiques. Puis y avait ce bruit, comme un bourdonnement de basse qui montait puis qui descendait, comme le bruit d'un tremblement de terre remontant des abysses des fosses marines. 

Ils devaient être tous les treize là-dedans, allongés à même le sol, invisibles à mes yeux, noyés dans la fumée, respirant profondément, grinçant bruyamment, en train de suffoquer probablement sûrement...
Je ne pus pas discerner où se situait le feu avec toute cette fumée, ni vers où il se dirigeait, alors j'ouvris à fond en le poussant vers l'avant le robinet de ma lance-incendie et je me mis à tout asperger et recouvrir de mousse. Puis je pénétrai à l'intérieur, toussant à cause de la fumée âcre, de la mousse jusqu'à mi-cuisses. Nom de Dieu, ça puait là-dedans !

Je fus réellement surpris quand ils se mirent à frémir puis à se relever les uns après les autres, leurs exosquelettes dégoulinant de mousse à base de jus d'os de bœuf, cliquetants tels des langoustes, sur leurs deux pattes de derrière . La fumée commençait à peine à se dissiper.

L'un d'entre eux, le plus grand, s'approcha de moi, il m'dépassait d'au moins trois têtes  et demie, il me fixa dans le blanc des yeux de ses grandes billes noires et brillantes comme de la bakélite, fouettant le sommet de mon crâne tel un tambourin avec le bout de ses deux antennes. "Ça vous écorcherait la gueule de frapper avant d'entrer ?", qu'y me dit d'une voix grinçante et caverneuse, "J'étais en pleine séance copulatoire." Le "oire" final se prolongea comme un écho des cavernes dans les restants de fumée.
C'est là que ses douze femelles, presqu'aussi maousses que lui, se mirent à s'avancer sur moi en craquant et en grinçant, leurs pinces cliquetant en direction de ma tête.
C'est  aussi là, je crois, que je me suis rappelé, mais un peu tard, d'un des trucs dont nous avait parlé l'amiral sur les boules Quiès et un autre truc...

Y avait pas eu de feu du tout, la hausse de température, la fumée, les éclairs verts fluos, tout ça n'avait été que le résultat de la déperdition d'énergie engendrée par leur copulation.
Je crois que ça me prit trois jours et plusieurs paquets de pastilles Valda avant d'arrêter de tousser après ça . Beurk.

Et Marylou les mecs à la buanderie, ils durent faire  six lavages machine dont quatre à la main  avant de réussir à virer les dernières traces de chocolat dans le fond de mon boxer à damier blanc et jaune citron à ceinture noire - marquée Calvin Klein en grosses lettrines turquoise - que j'avais acheté et mis exprès ce jour là sous ma combine pour épater les bonnes grâces à Marylou plus tard dans la soirée. 
Un putain de collector de 2008 que je venais d'étrenner pour la première fois et que j'avais payé vingt fois son putain de prix...

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