Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

9 oct. 2020

439.La lumière pointe à la sortie du sombre placard du désespoir



Je me demande combien d'autres blogueurs sont affligés du même mal que celui dont je souffre actuellement. Vous savez, ce mal où tous mes meilleurs textes sont écrits dans ma tête tandis que je suis sous la douche, ou pendant que je tonds la pelouse - sous l'injonction de Marylou -, ou pendant que je passe la serpillère - Marylou, encore elle -, ou juste pendant que je dors. Mais ça, c'est pas la mauvaise partie. La mauvaise partie, c'est quand je m'assis plus tard devant mon clavier, impatient de taper mes pensées de tout à l'heure - ou de l'autre jour - afin de les dévoiler ici au monde entier.

Et puis plus rien.

Ma cervelle fait "crac, boum, hue !" et tout s'évapore dans les brumes éthérées du purgatoire de la blogosphère. Dans la twilight zone si vous préférez. Ou à l'endroit où tous les articles majestueusement conçus par des cerveaux en effervescence mais jamais écrits de ce milieu fantasque sont mis au rebut. C'est hyper frustrant.  Si je commence à taper, tout le texte ressemble à de la merde, alors je tire la chasse et j'efface tout et me cogne la tête contre un mur désintéressé comme innocent dans l'espoir de voir rejaillir de nulle part l'idée lumineuse qui m'avait traversée juste avant que l'amnésie n'ait pris le dessus, du moins un petit morceau de ma vision. Tout ça pour des prunes et M56 est voué à passer une autre putain de journée sans même une interjection ou un gros mot créatif pour décorer sa page.

Ouais, c'est sûr que je pourrais me ragaillardir l'esprit en invoquant quelque raison logique à ce manque de créativité, tels les discours anxiogènes de notre ministère de la maladie sur la Covid19, mais ce serait laisser place au déni que je n'y ai pas mis assez d'effort sincère. 
Oh, mais nom d'un petit bonhomme, vlà qu'une idée vient subitement de me traverser l'esprit. Vite vite, je vous la dis avant qu'elle ne s'évapore. Alors voilà, disons que vous allez aux WC du restaurant juste après que Depardieu y ait coulé un bronze majestueux, et que ce gros intestin sur pattes, dans son absence éthylique, a oublié de tirer la chasse. Vous portez bien le masque obligatoire comme on vous a dit de le faire, mais malgré cela, aussitôt la porte refermée sur vous et le lieu d'aisance, vos narines sont tout de même immédiatement assaillies par l'odeur intense de fèces protobioniques qui règnent dans le local. À ce moment là, deux options s'offrent à vous: 

1. Vous ne voyez  pas de bombe désodorisante et vous n'avez d'autre alternative que de vous faire à l'odeur, ce que vos narines savent - miracle de la nature - très bien faire. Votre système immunologique naturel prend le relais et vos capteurs olfactifs s'adaptent au bout d'un certain temps, si bien même que vous pouvez même vous mettre à faire des mots croisés si vous êtes constipés, car, au bout de ce laps de temps, vos narines se sont faites à l'odeur qui ne vous dérange désormais pas plus que ça. Vous papilles olfactives sont désormais immunisés.

2. C'est tellement insupportable que vos yeux désemparés tombent comme par magie sur la bombe désodorisante qui trônait là depuis le début au pied du lavabo juste derrière la buse d'évacuation et vous vous empressez d'en envoyer une bonne giclée dans l'espace autour de vous. Aussitôt, vous pouvez percevoir un changement d'odeur tandis que les fines gouttelettes que vous venez de vaporiser redescendent à leur rythme autour de vous en direction du sol.
C'est bien là la preuve - mordez-moi si je mens - que ce masque que vous portez n'arrête en rien ni les odeurs aéroportées des rejets de Depardieu ni les gouttelettes chimiques  au pin des landes que vous avez vaporisées autour de vous. Vous pouvez donc tranquilos vous torcher le cul avec ce masque à la con qui n'a jamais servi à rien. 

Voilà, c'était mon billet du jour. Et n'oubliez pas de vous laver les mains après vous être torchés avec - le masque, pas le billet, hein ! - . Prenez le comme un tout petit pas dans la bonne direction pour sortir de cet obscur placard du désespoir et un retour vers la lumière. Je garantis rien sauf que je fais de mon mieux pour vivre ici et maintenant, un petit tic-tac à la fois. On verra bien qu'est-ce ce qu'il en ressortira.

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5 oct. 2020

438.Radar Plotting


 
Le "Plotting Radar" est un exercice hyper chiant bien connu des officiers de marine, que cette dernière soit militaire ou même moins malveillante. C'est l'art d'identifier sur le scope d'un radar les mouvements - cap et vitesse - vrais et/ou relatifs des autres objets flottant autour de vous afin d'éviter des collisions genre titanesque ou au contraire, afin de les rejoindre et de les intercepter le plus rapidement possible surtout si y a de belles meufs bien gaulées à sortir du bouillon.
C'est pourquoi les bâtiments de guerre modernes ont appris à se rendre furtifs et difficilement détectables par les icebergs.
Le même exercice existe aussi sur terre. Pour vivre heureux et dénoncer les travers de ce monde lorsqu'il s'en présentent, vous devez être en mesure d'identifier et de détecter ces derniers. 
C'est aussi pourquoi il est nécessaire d'apprendre à affiner vos propres détecteurs. Car il en est de même des forces qui veulent vous soumettre, faire de vous des esclaves plus doux que Ben Hur. Elles ont appris à se rendre furtives et trompeuses, quitte même à vous attaquer sous faux drapeau.
Les loups qui veulent vous contrôler n'utilisent plus les méthodes genre 'Blitz Krieg' ou 'Grande Armada' de grands couillons du type Attila ou Dark Vador. Il leur suffit de vous conditionner en masse d'une manière si subtile et si puissante que l'idée même de les nommer ou de les identifier ne vous traversera même pas les lentilles et encore moins les oreillettes.
Ressentez-vous actuellement l'impression étrange que votre système éducatif a laissé tomber au raz des pâquerettes l'enseignement des sciences humaines - philo, histoire, géographie, humanisme, poèterie, La Boétie et sa servitude volontaire, etc - au profit des sciences professionnelles et de techniques appliquées?
Un mec inculte n'a qu'un horizon de pensée limité, et plus cette dernière sera limitée à ses préoccupations de tous les jours, moins il sera apte à réaliser ce qui se passe et à se révolter. On peut appeler ça l'effet brumisateur et c'est la raison pour laquelle - et c'est un scoop - je me suis payé des verres anti-brouillard.
Un gouvernement à plusieurs outils pour faire de vous de gentils petits moutons malléables.

1. L'Éducation:
Ceux qui vous gouvernent ont-il fait en sorte que l'accès au savoir soit devenu de plus en plus difficile et élitiste ? Avez-vous l'impression que l'information qu'on vous distille est de plus en plus vidée de tout ce qui pourrait vous aider à penser par vous-mêmes ?
Si oui, il y a de fortes chances que votre gouvernement complote contre vous via son Ministère de l'Éducation.

2. La Culture:
Avez-vous l'impression que ce que l'on vous montre à la télé flatte souvent vos émotions ou vos instincts primaires, des trucs insignifiants, frivoles et superficiels comme par exemple des talks-shows hyper-animés coupés de jingles criards et de pubs incessantes empêchant vos esprits de se mettre en branle ? 
Avez-vous le sentiment que la sexualité, l'intérêt grandissant porté à l'homosexualité, au trans-genre et tous ces sortes de trucs à la télé comme en politique soient vraiment au tout premier plan de l'intérêt de la nation ?
Si vous répondez oui à la 1ère question et non à la 2ème, il y a de fortes chances que ce gouvernement complote contre vous via son ministère de la Culture.

3. L'Information:
Avez-vous l'impression que la peur est omniprésente aux informations, si bien qu'on ne fait que vous balancer entre la légèreté des infos multi-sportives et la peur de multiples menaces terroristes,  sanitaires et économiques ?
Si oui, il y a de fortes chances pour que votre gouvernement complote contre vous via les médias qu'il subventionne avec vos sous.

4. La Sécurité:
Avez-vous l'impression d'être traités comme des veaux, surveillés comme du bétail ? Avez-vous l'impression d'être considérés comme subversif, si ce n'est pas comme terroriste et traité comme tel chaque fois que essayez de remettre en cause le système ?
Si vous répondez oui à ces 2 questions, il y a de fortes chances pour que votre gouvernement complote contre vous via son Ministère de l'Intérieur.

5. La Santé:
Avez-vous l'impression qu'on vous occulte ou interdise des traitements qui marchent, qu'on les dénigre, pour vous en faire accepter d'autres destinés à générer des milliards pour BigPharma, une association de malfaiteurs en cabale avec Bill Gates et chapeautant l'OMS ? Avez-vous l'impression qu'on vous trompe avec des méthodes de tests trompeuses et qu'on manipule les chiffres pour vous inspirer la terreur ?
Si vous répondez oui à ces 2 questions, il y a de fortes chances que votre gouvernement vous manipule via son Ministère de la Santé et les gagneuses de son Conseil Scientifique. 

6. L'Économie et les Finances
Avez-vous l'impression que tout est fait dans votre pays afin de maintenir les plus élevés possibles les bénéfices d'une certaine coterie internationale au détriment de la population nationale et générale et que pour ce faire, votre Nation a renoncé à sa propre création monétaire  ?
Si vous répondez oui à cette question, il y a de fortes chances pour que votre gouvernement complote contre vous via son Ministère de l'Économie et des Finances, de la BCE, du FMI et de la Banque des Règlements InternationauxI, trois institutions privées juridiquement inattaquables par aucune Nation  que vous n'avez ni élues ni choisies et qui ne sont que les bras administratifs de la maison Rothschild. 
 
Si vous avez répondu oui, oui, non, oui, oui, oui, oui, oui et oui  à ces 9 questions, il y a de fortes chances pour que les membres de votre gouvernement se gobergent et ne vous représentent pas vous mais leurs propres billes à eux et celles des comploteurs de l'État Profond Planétaire pour lesquels il font la pute comme des salopes de courtisanes aux bajoues blanchies à la poudre de riz.
Vous êtes donc un bon plotteur et non un con-ploteur. Maintenant que vous le savez, faites ce qu'y faut pour éviter de continuer à vous faire entuber. 
Vous faire taire et vous faire traiter de complotiste par ces vendus n'est pas une injure en soi, c'est tout simplement la seule et unique répartie que peut vous rétorquer une cabale de comploteurs n'ayant aucun argument sérieux qui tient la route à vous donner pour démontrer le contraire et s'en défendre.

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1 oct. 2020

437. Freak Show



Les petits marseillais étaient toujours tout excités au mois d'août. Spécialement à l'approche de la Sainte Marie. Car chaque année, à l'assomption qui était la fête de leur Bonne Mère , le freak-show intergalactique du Professeur Bronstein venait s'installer dans le parc Borelly. L'immense vaisseau spatial argenté poserait ses quatre pattes munies d'amortisseurs hydrauliques sur une grande zone dégagée et stationnerait là pendant toute la durée des 6 heures que durerait l'exposition.
Bien avant le lever du jour, des multitudes de gens s'agglutineraient en trépignant des semelles devant les tourniquets prêts à passer leurs poignets devant les scanners d'entrée afin d'être les premiers à pouvoir venir admirer pour la somme de 15 crédits, l'équivalent de trois journées de salaire moyen, le freak-show intergalactique du Père Bronstein. 
Tous étaient impatients de voir les créatures étranges et fantastiques que le Professeur avait ramenées de l'espace cette année. L'an passé, ils avaient pu admirer des bestioles à trois pattes d'Alpha du Centaure, des quadripèdes bicéphales de Tau Ceti. Et des horreurs serpentines de systèmes stellaires encore plus distants.
Cette année, tandis que l'immense forme ovoïde du vaisseau touchait terre dans l'immense espace en bord de mer, les gamins le regardaient avec émerveillement. Ils virent quatre immense panneaux se relever sur les flancs de l'engin spatial, révélant les cages habituelles munies d'épaisses vitres d'un plexi-glass des plus translucides. À l'intérieur de l'immense cage vitrée de l'attraction principale, une centaine de petites créatures chevalines munies de crinières, de longues queues et de six pattes démunies de sabots cavalaient un peu partout, se courant même les unes par dessus les autres pour s'approcher au plus prés de la vitre translucide et blindée, certaines même galopaient sur les cloisons et au plafond telles des araignées. Et depuis les haut-parleurs intégrés au carénage du vaisseau spatial, on pouvait entendre leurs pépiements aigus.
Les membres d'équipage du Professeur Bronstein déambulaient dans la foule des spectateurs, vendant, aux enfants qui braillaient pour se les arracher, des miniatures et des peluches de ces créatures que leurs parents payaient en passant leurs poignets devants les scanners portables que les vendeurs autour du cou.
Très vite, le Professeur Bronstein lui-même fit son apparition à l'intérieur d'une alvéole qui s'ouvrit au dessus de la cage de l'attraction principale. Il portait une cape multicolore et son haut-de-forme traditionnel.
"Amis marseillais !" clama-t'il dans son micro.
Les bruits se turent dans la foule, et il continua. "Amis marseillais, cette année nous avons une surprise exceptionnelle pour vos 15 petits crédits. Voici devant vos yeux ébahis notre attraction principale, les petits chevaux-araignées de Chbluzz, amenés jusqu'à vous depuis une distance de 17 années-lumière à travers l'espace intersidéral à un coût exorbitant et avec des risques que je ne souhaite à aucun de vous. Approchez mesdames et messieurs, approchez les enfants, approchez pour venir admirer les admirables chevaux-araignées de Chbluzz. 

"Regardez-les bien, observez-les, écoutez-les gazouiller ! Filmez-les et partagez avec tous vos amis ! Mais faîtes vite ! Notre vaisseau n'est là que pour quelques heures."
Et la foule des bourgeois marseillaises et marseillais accompagnés de leurs marmots commença à s'agglutiner en jouant des coudes pour atteindre les premiers rangs du spectacle, fascinée comme horrifiée par ces étranges petites créatures qui ressemblaient à de mini poneys hauts comme des lévriers mais qui couraient aussi sur les cloisons et le plafond de leur cage telles des araignées.
"Peuchère, ça valait le coup de payer 15 crédits pour voir ça," dit un homme du Panier à son voisin, "Je cours chez moi montrer ce que j'ai filmé à ma femme."
Ça dura comme ça toute l'après-midi. Après le comptage final, plus de cinquante mille marseillais purent ainsi approcher les uns après les autres de l'immense baie vitrée qui barrait la cage sur la coque du vaisseau spatial. Puis, lorsqu'une sirène signala la fin des 6 heures d'exposition, le Professeur Bronstein reprit le micro: "Nous devons repartir maintenant, mais nous reviendrons l'an prochain à la même date. Et si vous avez apprécié la ménagerie intergalactique du Professeur Bronstein que nous venons de vous présenter, appelez vite vos connaissances dans les autres métropoles et racontez-leurs ce que vous avez vu. Nous allons visiter Moscou demain, puis Kyoto et Singapour, Sidney et Buenos Aires, New York et Los Angeles la semaine prochaine, avant de repartir pour d'autres mondes."

Il moulina les bras en signe d'adieux, l'alvéole où il se tenait se referma. Et, tandis que le vaisseau décollait dans un imperceptible bourdonnement, les marseillais convinrent que ça avait vraiment été le meilleur show du Professeur Bronstein de ces dix dernières années.
Trois mois et quelques mondes plus tard, le vaisseau argenté du Professeur Bronstein se reposa enfin sur la boule de roche escarpée qu'était la planète Chbluzz. Les chevaux-araignées ne perdirent pas de temps à évacuer leur cage et à se disséminer dans la nature mais pas avant d'avoir entendu les remerciements et les mots d'adieu du Professeur. Puis ces créatures s'éparpillèrent, trop heureuses de refouler enfin leur monde et de retrouver leurs familles et leurs amis, tandis que plusieurs centaines de milliers de leurs congénères se ruaient vers le panneau de plexi-glass, contre la modique somme de 15 crédits, pour admirer une centaine de gluwîls, espèce de macaques à exosquelettes, entrain de faire les pîtres derrière la vitre de l'attraction principale en zieutant cette foule des quatre billes noires qui leurs servaient d'organes visuels.

Elle pépia, en se dressant sur ses pattes arrières, un cri de bienvenue dans l'étrange langage des Chbluzz. Puis elle se jeta dans leurs bras. "Vous êtes partis depuis si longtemps," s'exclama-t'elle, "c'était bien ?"
La créature adulte acquiesça. "C'est surtout les gosses qui ont adoré," répondit-il. "On a visité huit systèmes stellaires et vu plein d'espèces différentes sur plus de cent planètes."
Les petits grimpèrent aux murs de la caverne. " La planète qu'ils appellent Terre est la meilleure. Les créatures y marchent sur deux pattes et se couvrent le corps de tout plein de bouts de chiffons de toutes les couleurs.
- Mais c'était pas trop dangereux ? demanda la femelle.
- Non," répondit le père "il y avait des cloisons de plexi-glass blindé pour nous protéger de toute agression. Nous n'avons jamais quitté le vaisseau. La prochaine fois, tu devrais venir avec nous ! Ça vaut vraiment le coup, même à 20 000 crédits le billet, t'en as vraiment pour ton argent !"
- C'étaient les plus beaux zoos qu'on ait jamais vus !", s'exclama le plus jeune en traversant le plafond, tentant de choper la queue de son frère entre ses dents tandis que leur père, en manque d'affection apparent et prolongé, s'apprêtait à honorer leur mère en lui enfourchant l'échine et l'arrière-train...

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27 sept. 2020

436. Psychokwak 101



Si vous avez toujours pensé que la psychothérapie, c'était rien que d'raconter des salades devant un psy sur tout ce que vous avez enduré étant gosses, vous êtes totalement à côté de la plaque. Le processus a rien à voir avec les Pokémons ou Dragon Ball Z, ni avec les Terminator qu'on vous a proposés durant vos années tendres. Bien que les souvenirs de ces mangas ou films hollywoodiens puissent être utiles pour percer vos personnalités profondes, la plupart des thérapies actuelles ont plus à voir avec le traitement de votre état présent et futur. Alors pas la peine d'aller pleurnicher afin de tenter de vous faire expliquer ce que vous avez pas compris dans Le dernier Tango à Paris ou dans le film avec Linda Lovelace. Restez plutôt connectés et concentrés sur le présent et sur les moyens envisageables afin de virer cette putain de main invisible qui vous tiraille et vous irrite les boules comme les nibards.

La psychothérapie, à l'origine, a été créée pour soigner les débiles profonds et remettre sur le droit chemin les âmes vengeresses, mais, semble-t'il, ça ne rapportait pas assez de thunes à cette guilde, c'est pourquoi elle s'est aujourd'hui ouverte au menu fretin, au tout-venant et au grand public et qu'elle a même reçu l'autorisation de mise sur le marché, les fameuses AMM remboursées par la Sécu. Comme ça vous pouvez allègrement participer à la ruine de cette dernière même si vous êtes pas frappadingue. Vous y êtes même invités, pour ne pas dire incités. Comme vous le dira jamais le lobby de la  profession ou  la branche 'santé' de l'État Profond, c'est pas un signe de fébrilité de votre part, c'est un abus de faiblesse de la leur. 
Hmm, où ce que j'en étais-je ? Ah ouais, en fait, les psychothérapies sont là pour vous empêcher de vous rebeller contre tout ce qui vous taraude et accepter sans sourciller tout ce qu'on vous fait avaler sur BFM sans vous tirer une balle ou prendre les armes contre les connards qui se sont toujours foutus de votre gueule.

Alors commençons par une petite mise au point:
- Si vous pensez qu'un État Profond domine la planète, vous n'êtes pas nés complotistes, vous l'êtes tout simplement devenus car vous êtes nés logiques. Ce sont ceux qui ont placé un mords et des rênes entre vos gencives qui sont la cause de votre complotisme et qui sont comploteurs, vous le savez car vous en avez épluché toutes les voix comme toutes les voies.
- Si vous êtes pour la sortie de la mafieuse UE tentaculaire et le retour à la démocratie d'un État-Nation, vous n'êtes ni populistes ni national-socialistes, vous avez juste enfin compris que ça fait 12 ans que vous vous faites niquer à sec par une élite et des forces qui dirigent vos vies et que vous n'avez jamais élues mais qui ne s'en vanteront jamais sur leurs médias qui ne sont là que pour vous bourrer le mou avec la noirceur d'un as de pique et endormir les indormiaques.
- Si vous n'êtes pas sûrs de votre sexe, regardez juste qu'est-ce c'est quoi que vous avez entre les jambes, vous y trouverez peut-être, et même sûrement, un indice intéressant qui vous évitera des frais d'investigation superflus et aussi d'aboutir un jour au merchandising du corps humain souhaité par ces enculés de néo-libéraux et ces libertariens transhumanistes qui rêvent de la future augmentation de leurs cerveaux - s'ils en ont un - comme de celle de la taille de leurs coucougnettes de futurs pervers inhumains augmentés. Rappelez-vous toujours que le mot 'libertaire' - très noble et joli mot - n'a rien à voir avec les mots 'libéralisme' ou 'libertarien' qui sont deux concepts parmi les plus bas et les plus veules de l'espèce humaine.
- Avoir envie de guillotiner votre gouvernement et de trancher la tronche de l'État Profond qui l'utilise comme une marionnette ne fait pas de vous des bourreaux en devenir ou des bourrelles qui s'ignorent, ni des fascistes, des homophobes, des racistes, des antisémites - chacun sait que 99% des juifs sont tsadik (justes) et que seul un petit pourcentage d'entre eux sont dans les hautes sphères de l'État Profond et inondent nos plateaux télés de leur propagande ploutocratique - des islamophobes et encore moins des anti-démocrates. Au contraire, c'est la preuve  par neuf que vous avez retrouvé la raison qu'ils vous avaient confisquée.

Mais, si vous insistez vraiment pour être pris pour des cons, pas besoin de faire durer ça toute votre vie non plus comme nombre de représentants de la profession tenteront de vous y pousser.
Si vous êtes réellement frustrés de ce côté là, sachez qu'une psychothérapie peut être très courte, surtout si la psychothérapeute est belle et aux mœurs légères : choisissez bien à laquelle vous vous adressez et exigez une photo de plein pieds en bikini avant de prendre rendez-vous. Et surtout, exigez qu'elle ne porte pas de talons hauts sur la photo: vous voulez pas être trompés sur la marchandise, ce qui ajouterait à votre abattement viscéral. Une bonne psychothérapeute doit être en mesure de vous traiter en deux ou trois séances d'une vingtaine de minutes.
Quant à vous mesdames, si vous êtes dans le même cas, veillez à ce que ce soient de véritables plaquettes de chocolat sur la photo des abdos du gigolo thérapeute de votre choix, et pas juste des autocollants.
Méfiez vous, certains de ces charlatans ne font que de tenter de fouiller votre intimité - de véritables fouilles-merde si vous voulez mon avis - tout en refusant de vous donner accès à la leur. Ceux-là sont d'ignobles salauds criminels qui ne sont là que pour vous fourguer toutes sortes de drogues et de prédicaments médicaments. Ils sont souvent en lien avec des laboratoires pharmaceutiques, le ministère de l'intérieur, et plus particulièrement les Renseignement Généraux. Évitez-les comme la peste.
Et souvenez-vous que les psychothérapies coûtent autant la peau du cul à la communauté des éveillés qui tentent de s'en sortir sans ces sangsues que ces tests PCR de merde à 75 balles pour lesquels font la queue devant les labos d'analyse médicale tous ces innocents d'endormis hypochondriaques du Covid19.


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23 sept. 2020

435. RAM Sado ou ROM Maso ?



"Nan mais tu m'fous d'ta gueule ou quoua... C'est un ordi, ça ?"
Gluzorgzz, le 'communicator' du vaisseau retira son doigt de sa narine gauche avec une belle crotte de nez qu'il se mit aussitôt à rouler en cube, tandis qu'une de ses tentacules réglait le gain et le seuil d'un de ses instruments d'astrogation . "Oui, capi. Les relevés de la sonde et de nos instruments de bord ne peuvent être plus clairs. La planète entière n'est qu'un énorme ordinateur géant.
- Arrête tes conneries, tu te fous vraiment de ma gueule ou quoi ?
- Ouais. Je veux dire, non, et c'est pas tout, capi. Cet ordi a aussi repéré notre arrivée sur orbite. Il vient même de nous envoyer un message y a pas plus tard que tout de suite. Il dit qu'il est une Intelligence Artificielle. Que les êtres qui l'ont construit ne sont plus là.
- Ils sont partis ? Et où c'est que ça qu'ils sont partis ?
- Ben apparemment, l'IA a converti la planète entière et toute la vie qui s'y trouvait en un immense processeur à l'aide de nano-robots auto-duplicateurs.
- Et alors ?
- Elle a transformé tout ce qui constituait cette planète en substrat calculateur. Y compris les gens qui l'avaient conçue.
 Le cul de Boowitzo, se trémoussa dans le fond du fauteuil du poste de pilotage. Dire qu'il était déconcerté serait mettre en évidence le manque de finesse de son langage. " Tu déconnes, dis-moi que tu te payes ma tronche !
- J'ai bien peur que non, ô capito, mon capitaine. En même temps qu'elle réduisait les gens en nano-particules, elle a sauvegardé et emmagasiné leurs esprits. Donc leurs personnalités sont toujours là-dedans, vivant une réalité simulée au sein de cette IA. Elle dit que ça fait 6000 ans que ça dure, depuis le passage d'une pandémie qui traversa la planète d'origine. Ils sont des milliards là-dedans.
- Et qu'est-ce qu'y foutent depuis tout ce temps ?
- Ceux qui ont aidé à la création de l'IA et à transformer la planète vivent à l'intérieur d'une simulation de joie parfaite, de liberté, de plaisirs sexuels et de masturbation cérébrale.
Boowitzo se prit, l'espace d'un instant, à rêver à toutes les positions du Satrakuma qu'il avait encore jamais osé proposer à sa bergère  "Et les autres ?
- ...dans la douleur. Ils ont vécu au ralenti dans une simulation de douleur depuis 6 millions d'années virtuelles et subjectives.
- Noooon, tu déconnes !
- Si. Mais il y a autre chose dans le message, capi. L'IA dit qu'elle ne s'est jamais exportée de la planète parce qu'elle ne savait pas qu'il y avaient d'autres êtres vivants dans l'univers.
- Putain, elle le sait, maintenant, cette salope !" Des gouttes vertes commencèrent à suinter à la surface caoutchouteuse de ses tentacules.
" Ouais. Mais elle dit que si on veut bien lui dire où que se trouve notre planète, elle nous téléchargera et nous sauvegardera dans la simulation de la Joie.
- Et sinon ?
- Dans celle de la douleur, capi.
- Faudrait d'abord qu'elle puisse avoir des pinces pour nous choper, cette connasse !"
Le cerveau de Gluzorgzz se mit à ronronner vitesse grand V. Voyez ça comme un mélange d'équations exponentielles et de tentacules qui s'agitent, mais plus grosso-modo, ça signifiait que l'issue de la suite dépendrait surtout du diagnostic et des mesures rapides à prendre avant que les choses ne deviennent incontrôlables. Pour ça, fallait établir d'où que pouvaient survenir les dangers, leur nature, leurs probabilités et leur niveau de gravité, puis établir la liste des moyens et actions disponibles et/ou requis pour les contrer.  "Ouais ben elle vient juste de nous envoyer une douzaine d'intercepteurs ultra-luminiques, alors on ferait bien de se remuer le cul et de se calter fissa, capi. Mais je crains qu'y ne soit trop tard, ô capito, mon capiiiiiiiiiii_1100010100111000111000101011110001100_hmmm_t_es_bon_capi_1001100110011000111001111_prends_ça_salopio_10001100111010011000100010010_t_aimes_ça_ptit_vicieux_100101101000100000.........
0011011001101011_aîeuh_ça_fait_maaaal_11001001101100010110010_nooon_pas_ça_1010111010_arrêêêêteuuu_10010110100010010111001101010_ouillouyouille_1011000101001011010_aaaaaahiiii_101000101100010010011001_pitiééééé_1001001110000......

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19 sept. 2020

434. Attrape-moi si tu peux !




Pavlo Pikacho se tenait penché sur les coudes, au dessus de sa planche à dessin, maniant avec la précision d'un neurochirurgien-dentiste ses équerres, ses compas et ses crayons. S'il pouvait terminer l'esquisse avant midi, il pourrait commencer à travailler sur les couleurs dès cet après-midi. Il était assis et courbé, avec, sur les épaules, tout le poids de l'échéance qu'on lui avait fixée. Il se mordit la lèvre inférieure et se remit à dessiner.

On sonna à la porte.
"Merde !" jura Pavlo. Il s'empara d'une gomme blanche, effaça un petit truc, retraça une ligne brisée.

Ça resonna à la porte.
"Allez vous faire foutre !" Pavlo se recala sur son tabouret, irrité, agacé par l'importun. Il tira quelques traits, modifia quelques angles, les uns trop obtus, parfois lourds même, les autres manquant de profondeur ou de caractère.

Ça resonna à la porte.
"La ferme !" maugréa-t'il entre ses dents. Continuant à dessiner, il tempêta contre le bruit strident et contre celui qui s'escrimait sur le bouton. Un démarcheur, un voisin ennuyeux, quelqu'un d'insignifiant, un connard, une mendiant, un quidam inconnu...

Ça resonna à la porte.
"Je suis pas là, y a personne !" marmonna-t'il, désespéré. "Barrez-vous !" Il allait devoir poser ses ustensiles, se redresser, lever son cul, marcher jusqu'à la porte de son atelier, l'ouvrir, parcourir tout le corridor, descendre les escaliers, traverser le hall d'entrée, ouvrir la porte, écouter l'importun, répondre " Non, merci." refermer la porte, retraverser le hall d'entrée, remonter cette putain de cage d'escalier, re-parcourir le corridor, réouvrir la porte de son atelier, y pénétrer, claquer la porte, se diriger vers sa table à dessin, se rasseoir, reprendre en main ses crayons, son rapporteur et son compas, les reposer, allumer une clope, se mettre en rogne, se refoutre à l'ouvrage - Perte nette: dix minutes au mot le plus bas qui soit.

Ça resonna à la porte.
"Non," grinça Pavlo, "Pas question !" Il ferma ses oreilles, déconnecta tous les circuits de son appareil auditif sauf les visuels nécessaires à son travail, tira des traits, en mesura d'autres et traça un arc de cercle.

Ça toqua à sa porte. Saperlipopette !
Pikacho se raidit. Il fixa le mur. Il y a quelqu'un à ma porte, pensa-t'il, indigné. La porte de mon atelier, cette porte, ma porte, dans ma propre maison, toquant à la porte de mon atelier tandis que j'essaie de finir avant la date butoir.

Sa porte s'ouvrit en grinçant. Il se retourna lentement, prêt à envoyer se faire voir le marchand d'assurances, à envoyer se faire mettre le témoin de Jéhova ou se faire enculer le postier et ses calendriers.
Le visiteur était grand et longiligne, avec des cheveux cendrés, impeccablement vêtu d'un costard griffé surmonté d'un visage émacié traversé d'une paire de lèvres fines et souriantes, et il dit, "Monsieur Pavlo Pikacho ?
- Écoutez, - dit Pikacho.
- Je m'appelle Gascon Deux," dit le visiteur. " Je viens du vingt-cinquième siècle."
Pikacho bondit de son tabouret. "Je vais vous botter le cul jusqu'au rez-de-chaussée.
- Peine perdue. Je vais ériger un champ de force autour de vous," l'informa le visiteur. "Puis je vais vous mettre dans un état de paralysie temporaire. Un truc vraiment incroyable. Je préférerais tout de même qu'on se tape un cul et qu'on discute comme des gens intelligents."
Pikacho fit un pas en avant. "Je vais vous tuer."
Le visiteur sourit de toutes ses dents puis disparut comme par enchantement. "Soyez raisonnable, Pavlo Pikacho." susurra une voix sortie de nulle part.
Pikacho scruta son pas de porte. "Écoutez," dit-il. "Écoutez, laissez tomber. J'ai une date butoir à respecter."
Le visiteur se rematérialisa. "Cinq minutes. Cinq petites minutes. Pas plus. Promis juré." 

Pavlo Pikacho prit une profonde inspiration. "Vous venez pas du futur."
- Bien sûr que j'en viens," répondit Gascon Deux. "Dîtes-moi, est-ce que je parle avec un accent que vous avez du mal à comprendre ?
- Vous êtes un petit malin," rétorqua Pikacho. "Vous êtes un magikos professionnel ?"
Gascon Deux parut légèrement peiné. "Pouvons-nous nous asseoir et discuter? J'aimerais m'expliquer."
Pikacho jeta un œil empli de regrets vers sa table à dessin. "J'ai une échéance à respecter.
- Je vous promets que ce sera pas long." Gascon Deux désigna les deux fauteuils tournants prés du bureau. "On peut s'asseoir ?
- Vous êtes fan de mon Fan Club ?
- On s'assied ?"
Pikacho haussa les épaules. "J'ai le choix ?" Dépité, il s'assit.
"Super," dit Gascon Deux, rayonnant. Il posa son cul lui aussi. Il se renversa même dans son fauteuil et se mit à l'aise. "Pour commencer, en ce qui me concerne et comme je vous l'ai déjà dit, je m'appelle Gascon Deux. Je suis un androïde. Et je viens du vingt-cinquième siècle. Je suis un policier, jusqu'à très récemment assigné au contrôle des frontières. Je viens d'obtenir une promotion, et j'ai été muté à la Police Temporelle. Et pour être tout à fait franc, vous êtes au cœur de ma première enquête importante."
Les yeux de Pikacho roulèrent des billes. "Moi?"
- Oui." acquiesça Gascon Deux. "Vous êtes Pavlo Pikacho. Vous êtes artiste professionnel. Illustrateur pour être exact. Vous travaillez principalement pour des magazines de BD et de Science-Fiction. Vous faites aussi des couvertures de magazines et de romans.
- Et alors?"
Gascon Deux indiqua de la main les posters et affiches couvrant les murs. "Ça," dit-il, "c'est ce qui a fait votre réputation. Des machines. Des machines futuristes. Des vaisseaux intergalactiques, des machines cybernétiques, des robots, toutes sortes d'attirails construits ou manufacturés par les générations futures.
- Et alors ?" répéta Pikacho.
- Certains illustrateurs ne dépeignent que des formes de vie étranges ou  fantastiques, des créatures d'autres planètes. D'autres ne travaillent qu'avec les formes humaines, souvent féminines. D'autres excellent pour dessiner des uniformes. Celui de corps spatiaux, de la patrouille intergalactique, des uniformes étranges parés d'étranges insignes. D'autres se sont fait un nom en dessinant des mondes inconnus, des jungles angoissantes, des paysages rocheux vertigineux, des steppes. Mais vous ne dessinez que des machines.
- J'aimerais bien terminer celle sur laquelle je travaillais avant votre arrivée. J'ai une date butoir à respecter." 

Gascon Deux leva une main excédée. "S'il vous plaît. Laissez-moi terminer. Tous ces illustrateurs, qu'on peut admirer sur les couvertures des magazines et des livres de poches dans les kiosques, les tabacs et les points-relais, étalant leurs imaginations sur les couvertures et à l'intérieur des magazines ou sur les pochettes de CD ou de jeux vidéos, sont toutes illusoires. Toutes. Sauf les vôtres.
- Les miennes ?
- Les vôtres." Gascon Deux se leva et s'approcha de certains dessins accrochés au mur. Il en tapota un. "Là," dit-il. " Ce tableau de bord. Modèle XF-28, cabriolet ionique quatre places. J'ai moi-même piloté une XF-28. Ce tableau de bord est exact jusqu'au moindre détail. Même l'alphabet utilisé, les mots inscrits sur les différents écrans et joysticks. Tout est correct." Il se déplaça vers l'affiche suivante. "Regardez," dit-il, "ce robot. Je possède exactement le même. C'est mon technicien de surface. On dirait une véritable photo." Il fit le tour de la pièce, tapotant divers dessins, acquiesçant et balançant des "Oui," des "Là," et des "Exactement."

Pikacho renifla. "Ridicule."
Gascon Deux regagna son siège. "Vous dîtes ridicule. Ensuite, vous aller me dire pure coïncidence. Ou encore me traiter de complotiste. Cessez donc de vous défendre tel un politicien qui se respecte - pardonnez-moi cet oxymore -  pris la main dans le sac de ses mensonges. Je suis désolé de vous contredire sur ce genre de mots qui ne sont que pure sémantique. On m'a programmé pour reconnaître un lièvre quand j'en chope un." 
Il continua à réfléchir tandis que Pavlo Pikacho se tortillait. 
"Le voyage Temporel," dit Gascon Deux, réfléchissant toujours. "Tellement fascinant, et pourtant si peu pratique. Si improductif. L'humain naît, pousse jusqu'à maturité, vit et meurt. Tout ça dans son environnement. Ce dernier lui est aussi nécessaire que l'atmosphère. Nous savons cela. Un homme de la Grèce de Périclès, quelles chances aurait-il de survivre aujourd'hui ? Il ne parlerait pas la langue, serait terrifié par les machines. Il n'y survivrait pas.
- C'est évident," dit Pikacho. 

Gascon Deux poussa plus loin sa réflexion : "Un homme d'aujourd'hui, dans la Grèce de Périclès. Il aurait peut-être plus de chances de mieux s'en sortir. Il pourrait au moins avoir une connaissance académique du Grec ancien. Mais pourrait-il survivre ?
- Probablement pas," répondit Pikacho.
- Définitivement pas." le corrigea Gascon Deux. "Le changement d'environnement. Il n'aurait aucune résistance aux germes de l'époque. Les virus évoluent. Il lui manquerait toutes les commodités de la civilisation qu'il avait acceptées comme partie intégrante de son environnement. Son mode de pensée même serait en complet déphasage avec celui de l'époque. Tout le monde l'éviterait. Il serait peut-être même caillassé, lapidé. Il tiendrait pas une semaine.
- Vingt pour cent des histoires de Science Fiction que j'illustre conduisent exactement à cette même conclusion. Finissez-en s'il vous plaît, et laissez-moi me remettre au travail."

Mais Gascon Deux ne semblait pas l'entendre. "Un homme pourrait-il survivre à une époque différente de la sienne ?" s'interrogea-t'il. "Un homme pourrait-il utilement employer les connaissances de son environnement d'origine ?
- Probablement pas."
Gascon Deux leva un doigt. "Certains hommes peuvent survivre dans des environnements qui ne sont pas les leurs," suggéra-t'il. "Pensez aux naufragés sur certaine île déserte dans les Mers du Sud."
- Ouais, mais en général, ils devenaient fous, s'ils devenaient pas cannibales, répondit Pikacho.
- Précisément." le reprit Gascon Deux. "Avant de pouvoir s'intégrer dans un nouvel environnement, l'homme doit divorcer de l'ancien. Il n'existe qu'une manière de divorcer de son propre environnement. La folie. Ou mieux, la psychose.
- Les psychotiques divorcent de tous les environnements, suggéra Pikacho.
- Exactement, ils n'entendent même pas les sonnettes qui sonnent." 

Pavlo Pikacho rougit tel une tomate prise la main dans le pot de vinaigrette mais s'empressa de reperdre des couleurs. "Une petit minute, dîtes-donc. J'avais parfaitement entendu la sonnette quand vous avez sonné. Mais j'ai une date butoir pour terminer mon travail en cours. Je réponds jamais aux gens qui sonnent quand j'ai une date butoir. J'en fais un point d'honneur.
- Oubliez ce point pour l'instant, j'en ai presque terminé," le rassura Gascon Deux. "Nous sommes déjà tombés d'accord sur un autre point. Seul un psychotique pourrait faire les ajustements nécessaire à un environnement totalement nouveau. Maintenant, existe-t'il un homme qui pourrait survivre sur le plan économique dans un environnement autre que le sien ? Un physicien de ce siècle, par exemple, serait un travailleur inexpérimenté dans la Rome de César. Lorsque les environnements changent, ainsi changent les vocations.
- Et un docteur ?" proposa Pikacho. "Un docteur du 21ème siècle dans la Rome du 1er siècle ?"  
Gascon Deux secoua la tête. "Fadaises. Les docteurs ne soignent pas. Ils ne font que prescrire des traitements. Quel grand bien cela ferait-il à un docteur de prescrire de l'Hydroxychloroquine, de l'Azythromycine, de la Penicilline ou de l'Aspirine, dans un environnement où de tels produits n'existaient pas ?
- Alors," répondit Pikacho, "la réponse est personne.
- Il existe toutefois une possibilité," le corrigea gentiment Gascon Deux. "Qu'en serait-il d'un artiste, d'un illustrateur ? Tout ce dont il aurait besoin seraient les ustensiles de dessin ou de gravure de l'époque. Du charbon sur du papyrus, du jus de myrtille sur de la pierre, peu lui importerait. Il pourrait dessiner avec n'importe quel outil à sa disposition sur n'importe quel support disponible." 

Pavlo Pikacho était abasourdi. "Vous ne voulez pas suggérer que...
- C'est un crime extrêmement grave," lui signifia Gascon Deux, "que celui de tenter d'échapper à ses obligations en fuyant à travers le Temps. Vous êtes parfaitement au courant de cela."
Pavlo Pikacho secoua la tête, éberlué. " Vous êtes complètement dingue de chez frapadingue."
Gascon Deux ignora sa réponse. "Retournez donc avec moi faire un tour dans les Mers du Sud," lui dit-il. "Les marins naufragés, vous vous rappelez ?  Ils conservaient leurs vêtements européens, bien que les vêtements locaux, ou le manque de ces derniers, eussent été plus adaptés pour leur nouvel environnement. Pouvez-vous me dire pourquoi ?
- Vous commettez une terrible erreur," répondit Pikacho, à la limite de la syncope.
- Il n'est pas possible," dit tristement Gascon Deux, "pour un homme de divorcer complètement de son environnement natal. Le marin naufragé conserve ses vêtements européens.  Vous dessinez avec nostalgie les images de ces machines que vous avez un jour connues et aimées, ces machines qui vous paraissent encore si nécessaires à votre vie d'homme du futur, et dont vous devez vous passer ici au 21ème siècle." Gascon Deux le pointa d'un doigt accusateur. " Vous venez du vingt-cinquième siècle.
- C'est faux." répondit Pavlo Pikacho avec défiance.
Gascon Deux soupira. "J'avais espéré que vous l'auriez admis et qu'on en finirait avec cette folie. Ils auraient dû envoyer un télépathe à ma place. J'aimerais tant pouvoir lire dans vos pensées. La seule option qui me reste maintenant est de vous immobiliser et de vous ramener au 25ème siècle pour identification. Vous êtes vraiment du 25ème siècle, n'est-ce pas ?
- Négatif." Pavlo Pikacho érigea un champ de force autour de lui-même, puis mit Gascon Deux dans un état de paralysie temporaire. Un truc vraiment  pas croyable. Finalement, il sortit la main de sa poche avec dans celle-ci une espèce de haricot bardé de boutons, précisément similaire à celui figurant sur un de ses posters accrochés au mur. Très fonctionnel. " Je viens du 30ème siècle, ducon, attrape-moi si tu peux, Gascon de mes deux !" lança-t'il au flic androïde juste avant de se volatiliser dans un pschitt inaudible en franchissant le mur du temps.

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15 sept. 2020

433. Jardin crépusculaire


Jardin crépusculaire

Gît toujours au pied du rosier
La vieille pompe déglinguée de nos passions,
Qui donc viendra mouiller ces roses
Sur lesquelles brilla jadis le soleil d’une autre époque ?
La treille tombe en ruine,
L’ortie envahit le jardin,
Quelqu’un observe la vieille pompe
Mais à peine la distingue
Dans la lumière oscillante
Entre le soir et la nuit.

Noces et enterrements,
Une soirée entière à lutter contre la boue.
Quand nous rêvions de ces rivages,
Une ballade de poivrots dans la susurrante pénombre,
Esquivant les branches entremêlées.
Nous voyagions et voyagions,
Sachant pourtant que tout devait finir
Au pied d’une treille misérable
D’où l’on peut voir et voir encore
Cette lumière qui s’obstine à se battre contre la nuit.

Qui donc viendra mouiller ces roses
Sur lesquelles brille encore le soleil d’une autre époque ?
L’ortie envahit le jardin,
Le jour n’arrive plus à traverser la treille.
Pour fuir l’obscurité, il n’y a que la vieille pompe fatiguée
Qui se fatigue et qui s’éreinte à lutter contre la nuit.

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