Y a rien de plus chiant que de se voir forcé à creuser sa propre tombe. Surtout quand c'est sous la menace d'une arme pointée dans le bas du dos.
Je rumine là-dessus tandis que je balourde une nouvelle pelletée de terre et de cailloux par-dessus mon épaule gauche. Les femâles - des transhommelettes - avec leurs armes se tiennent à côté du monticule croissant, fumant des clopes ou se faisant les ongles, de la sueur perlant depuis leurs fronts jusque sur leurs joues poudrées rasées de la veille.
C'est chaque fois la même chose avec ces travelos, putain, ça prend à chaque fois des heures à ces enculés pour nous conduire, nous pauvres hétéros, dans les broussailles, nous aligner, nous distribuer des pelles et tout le bazar.
Fumer nerveusement, lubrifier leurs sex-toys ou se manucurer les paluches semble être leurs seules tergiversations.
Et une autre pelletée de terre, une !
Je me souviens des siècles passés, à l'époque des épées et des hallebardes, où la soldatesque ennemie me transperçait le corps là où ils me trouvaient, foutaient le feu au toit de ma chaumière puis se barraient avec toutes mes objets d'un peu de valeur. Je crachais du sang en tentant de ramper hors de chez moi après leur départ, avant que les poutres enflammées de mon toit ne s'écroulent sur mon corps sanguinolant.
Comment je me démerde pour tout le temps me retrouver dans ce genre de situation ? Y a des coups, je me demande si le fait que je sois immortel vaut vraiment le coup.
Ah ! Voilà une de ces salopes qu'approche: la grande le grand avec des cheveux bleus et roses en plus d'être bouclés. Les paupières tellement bordées de faux-cils et caviardées de crayon que j'ai du mal à percevoir la couleur de ses prunelles. Il empoigne son arme avec ses doigts aux ongles multicolores près de la gâchette, jette son mégot et se dirige vers moi. Ce sodomite va-t-il me dire quelque chose avant de -
Même pas. Et voilà, c'est parti. Je reçois une volée de bastos dans le bidon, le poitrail et même en pleine poire.
Putain, je déteste qu'on me tire dans la tronche, ça prend des heures à cicatriser. Au moins, ces enculés de NaziWokes ne prennent même pas le temps de remplir nos tombes, ça m'évitera de bouffer de la terre et de m'esquinter les ongles.
La vie de ma mère, quand je vais recroiser la route à cette bande de travelos, avec leurs sphincters tout ramollis, je suis sur qu'ils vont maculer de merde leurs paires de couilles et leurs petites bites dans leurs calbutes.
Putain, j'ai trop hâte de leur faire la surprise.