Le temps est malade, il a de la fièvre. Et je parle pas ici de la météo. Pour tenter de le guérir, l'Homme lui injectera une petite seconde par voie intraveineuse à minuit pile le 31 décembre. Et le fait est que le temps, comme tout le reste, change aussi. En voie d'extinction, la Terre fait aussi son travail et d'année en année la durée de son mouvement de rotation varie presque imperceptiblement. Autrement dit, chaque année dure un peu plus longtemps que la précédente.
Cependant, j'ai l'impression que les choses se passent pas exactement comme c'est prévu ou gravé dans le papier des éphémérides, pire même, elles ont même l'air d'aller complètement dans l'autre sens. Au fil des décennies les années durent de moins en moins longtemps, comme les machines à laver ou les voitures, les frigos ou les putains de smartphones. Mais ceux-ci ont au moins l'avantage d'être de moins en moins chers, du moins en apparence, alors que les années sont de plus en plus difficiles à vivre. Tout ça montre bien que l'époque, malgré l'excellente campagne publicitaire qu'Einstein a pu lui donner, n'a pas appris à être référencée dans notre société de consommation et s'est démontrée, année après année, de plus en plus chère et dégradée.
Soit le temps est un grand idiot comme l'autre grand corps malade de mes deux, tout fier sur sa paire de béquilles à faire la promo de la campagne de vaxsassination, soit il est un grand altermondialiste. Après tout, c'est pas comme si que les lycéens du lycée Henry IV manifestaient contre l'impérialisme économique américain devant le kiosque à journaux de l'Abbaye Sainte Geneviève. Le temps est influent. Ses crises de colère contre le marché libre se font sentir dans le monde entier.
Cependant, avec l'affirmation que le temps est malade, je peux pas m'empêcher d'être d'accord. Sinon comment expliquer autrement que ce que je viens de vivre hier, je m'en souvienne comme si que ça s'était passé il y a des mois ? Comment expliquer le retard, parfois des journées entières, de l'esprit par rapport au corps sur un long trajet à plus de 800 kilomètres à l'heure entre les deux rives de l'Atlantique ?
Sinon, comment accepter que le temps injecté dans nos vies par un rêve court et intense nous vieillisse plus que des semaines entières de vie réelle ?
Le temps boite. Il a une patte folle, un pied qui traîne. Il est en retard sur la vie. Une petite seconde, disent les experts. Une toute petite seconde, insignifiante pour tout ce qui n'est pas régi par une technologie de pointe, incompréhensible et mondialisée.
Injectons-le alors, c'est pas les produits qui vont manquer, merci à la giga-commande passée par cette putasse de Van der Leyen. Tant d'entre nous ont d'ores et déjà appris à supporter la mort grâce aux injections. Même si nous finirons tous par reprendre le même rythme lent et maladroit, même si nous vivrons encore désespérément à la traîne du temps, toujours à lui cavaler au cul...