La radio craqueta et siffla. Ils doivent nous brouiller, se dit Marlène, - qui, vu qu'elle était célibataire, n'était pas plus la moitié d'une idiote qu'elle ne l'était d'un idiot - ou bien alors notre flotte entière est déjà détruite.
Elle engagea son zing dans un piqué de haut vol. Ses meilleurs chances se trouvaient au ras de la surface. "Carambar, ici Tagada. Pénétration achevée, je me dirige vers le pas de tir, terminé."
"Carambar, répondez."
Statique. Le vaisseau mère ne répondait pas. Marlène multiplia les tentatives tandis qu'elle approchait de sa cible.
Finalement, son écran de visée tourna bleu - distance de tir atteinte. Marlène fit basculer le cache-sexe du déclancheur. La nuit devant elle s'éclaira d'une lumière blanche tandis que le missile qu'elle venait de lancer se mettait à fuir devant son cockpit.
"Carambar, ici Tagada, Roudoudou délivré," annonça Marlène tout en cabrant son engin pour reprendre de l'altitude dans le vrombissement de son réacteur. "Amis, soyez prévenus, le Roudoudou de Tagada est en route. Le Chamallow est brûlant. Je répète, le Chamallow est brûlant."
Marlène coupa sa radio et appuya sur le bitonio qui allait allumer sa fusée ascentionnelle. Tandis que ses capteurs en prenaient plein les pavillons, elle jeta un œil à elle régla sa focale sur l'écran de sa caméra arrière. Le missile traçait en direction de la capitale.
Lorsqu'il l'atteignit enfin, - ben zut alors..., qu'est-que c'est que c'te binz: pas le moindre flash d'une explosion !
Marlène se mit à fredonner 'Au clair de la Lune'. Sa fusée ascensionnelle se coupa. Pas pour longtemps, le second étage prit le relais. De nouveau, elle se retrouva en apesanteur.
Puis les lumières de la capitale commencèrent à s'éteindre. D'abord une, puis une autre, puis des quartiers entiers, puis finalement toute la côte.
"Souhaitez la bienvenue à notre IA militarisée, bande de crustacés," se marra Marlène, l'androïde qui n'était pas et ne serait jamais la moitié d'un salaud.
Mais bien plus que la moitié d'une salope, apparemment...