Route de l’aéroport, le cortège présidentiel escortant notre Chichi national est grandiose, la foule qui borde les bas côtés trépigne aux sons des tam-tams et tout semble rouler dans le meilleur des mondes. Seul le président gabonais Omar Bongo manque à l’appel. Il a envoyé son 1er sinistre pour le représenter.
Car il faut noter que ‘’El Hadj’’ Omar Bongo – converti à l’Islam pour raisons économiques et intégration de son pays à l’OPEP il y a quelques années – a quelques problèmes avec son opposition dans son pays. Et quelle opposition ! Soixante dix à quatre vingt pour cent de son électorat si l’on en croit les sondages officieux et cela depuis plusieurs septennats – et oui, les sondages officiels eux, ne prêtent à l’opposition qu’entre 20 et 30 pour cent. Les élections présidentielles ont eu lieu le 29 novembre, et Omar a été réélu avec près de 80 pour cents des suffrages. Faramineux, non ?
Faramineux sans doute si l’on considère les vrais faux passeports, les vraies fausses cartes d’identité et les vraies fausses cartes d’électeurs fabriquées par notre gouvernement sur demande de Bongo pour lui assurer sa réélection. Alors voici comment fonctionne la magouille franco-bongolienne : Le Gabon, petit état d’à peine un million d’habitants, ne possède pas d’imprimerie nationale, ses documents officiels et sa monnaie (francs CFA) sont imprimés en France. Un peu avant les élections, la France fournit donc, sur demande de Bongo, ces vrais faux documents – vrais dans le sens qu’ils sortent bien de nos imprimeries nationales officielles, faux car ils ne correspondent en rien à des personnes existantes ou ayant existé – qui permettront aux fidèles d’Omar de voter dans des dizaines de bureaux de vote différents le jour des élections.
Des voyages en bus sont alors organisés par les services d’Omar afin de permettre à ses fidèles de se déplacer dans le plus de bureaux de vote possibles pendant la durée du scrutin. Avec le résultat qu’on connaît. Les gouvernements français, américains et jusqu’au Vatican par l’intermédiaire de l’archevêque de Libreville se sont empressés dès les résultats (prévus à l’avance) de féliciter Omar pour sa réélection et ont demandé à l’opposition de reconnaître platement et pacifiquement sa défaite.
Il faut savoir que le Gabon, grâce à ses revenus pétroliers et sa faible population, devrait pouvoir offrir à ses ressortissants des infrastructures, une éducation, un système de santé et un niveau de vie comparable sinon supérieur à celui de notre pays. Mais ce n’est pas le cas. Les routes sont bourrées d’excavations, un enfant seulement sur quatre est scolarisé, les hôpitaux dignes de ce nom sont étrangers et hors de portée de bourse de la population, le taux de chômage chez les jeunes est supérieur à 60 pour cent. Dans le même temps, Bongo se fait construire des palais, chez lui comme à l’étranger et même en Europe, il marie sa fille au président congolais – entre despotes, on fait affaires et en Afrique, tout est souvent affaires de familles -, ses comptes suisses personnels et ceux de sa famille font la joie des banquiers helvètes. On porte plus de costumes croisés D’Armani dans les couloirs de la présidence gabonaise qu’à l’Elysée.
Pourquoi la France soutient elle ainsi cet enculé qui ignore royalement son peuple ? Pour deux raisons : l’une étant la conséquence de l’autre. Pour avoir le privilège de pouvoir exploiter le pétrole gabonais avec le maximum de bénéfices possibles, la France (derrière Total Fina Elf) soutient Bongo militairement et politiquement – militairement avec des bases militaires dans ce pays et l’appui technique et logistique aux forces locales, politiquement avec son coup de pouce électoral vu un peu plus haut -. Mais Chirac et l’UMP ne sont pas seuls en cause, le PS de Mitterrand et tous les partis de France, du plus grand au plus petit, ont toujours joué la même carte vis-à-vis du Gabon et autres pays producteurs de pétrole africains.
Et pour bien s’assurer que quel que soit le pouvoir en place en France, son appui ne lui fasse jamais défaut, Bongo remet des valises de billets de banque aux représentants de tous les partis français pour financer leurs campagnes au moment des élections, de toutes les élections (de l’extrême droite à l’extrême gauche, et oui, Le Pen reçoit de l’argent de sales nègres et Besancenot en reçoit de ses frères d’Afrique exploités) afin que ne soit jamais remise en question au parlement français la politique étrangère de la France vis-à-vis de ce pays – et dans ce cas (au parlement) chaque voix compte comme vous pouvez l’imaginer.
L’opposition ne reconnaît pas la victoire de Bongo et celui-ci a dépêché la troupe dans les rues. On tirera à vue sur tout attroupement de plus de trois personnes. Mais notre Chichi national qui n’a honte de rien, arrive à Bamako pour s’adresser aux chefs d’états africains et leur parler de démocratie. Alors tout devrait bien se passer. Putains de véroles d’hypocrites.