500. Quel étage ?

Papa, papa, pourquoi que l'ascenseur vole pas comme Superman ? Et ce foutu sac me brise les épaules. Papa, hein que c'est Dieu qu'a inventé les ascenseurs ? Et les prix, comment qu'y sont au paradis ? Est-ce qu'on y arrive avec quelques piécettes pour en repartir avec des billet de cent ? Papa, les ascenseurs rêvent-ils ? 

Papa, pourquoi que les ascenseurs s'appellent tous Saint Terotis ? Et vu qu'ils t'élèvent pas au-dessus d'un Fa dièse, pourquoi ne pas tout dépenser en terre promise ? Papa, les ascenseurs devraient-ils pas avoir des ailes d'oiseau ? Parce que c'est ce qu'y sont pour moi, des pies jacasses qui n'apportent pas de plumes de paon et qui amassent tout ce qui brille, c'est sûr, espèce de tarés que nous sommes. 

Papa, est-ce que je pourrai être un ascenseur quand je serai grand ? Question toute rhétorique, de toute façon, je sais bien que ça sera pas le cas. 

Papa, l'escalier est-il jaloux de l'ascenseur ? 

C'est tout ce qui nous reste. Papa, l'ascenseur ne te gêne-t'il pas un tout petit peu aux entournures malgré l'état de tes jointures et de tes rotules  ? 

Il se couvre le visage. Bien que ce soit plus que de la simple colère que d'avoir à mendier quoi que ce soit, non seulement vis-à-vis de la loi, mais par le sens le plus élémentaire de la justice sociale ou de ce qu'il en reste.

- Papa, l'ascenseur peut-il devenir fou? 

Mais qu'est-ce que c'est que l'ascenseur social ? Qui sait ? Une blague, un foutage de gueule ? Voilà ce que c'est. 

Papa, et si l'ascenseur ne s'arrêtait pas au sixième et continuait vers l'infini et au-delà ? 

Nous devrions tous sortir dans la rue, comme avant, comme toujours. Papa, est-ce que l'ascenseur grimpe au paradis ? 

Et les syndicats qui se sont vendus sont beaucoup à blâmer pour ça. Papa, papa, est-ce que l'ascenseur a l'air triste ? C'est triste, très triste, après tout, ils étaient le moteur de la conscience de classe. 

Papa, pourquoi il ne pleut jamais dans l'ascenseur ? Bien sûr, il ne pleut jamais au goût de tout le monde. Ces boutons là-bas sont pour le voyage dans le temps, hein que c'est vrai, papa ? Parce qu'il y a encore ceux qui y croient. 

Papa, si j'appuie sur cette cloche, les pompiers arriveront-ils avec leur grande échelle ? 

Et si je touche celui avec les deux portes écartées, où c'est qu'on va sortir ? Et où sont les garçons d'ascenseur ? Papa, pourquoi qu'on reste immobiles dans le miroir quand l'ascenseur monte ou descend ? Mais nous ne pouvons pas tous être partout, d'ailleurs, qui diable allume les loupiotes qui indiquent les étages ? 

Papa, papa, les ascenseurs seraient-ils plus intelligents que toi ? Tu pourrais demander une promotion, tu travailles pour le même boss depuis plus d'années que la porte d'entrée, et rien, t'es toujours cireur de pompes. Papa, cet ascenseur est peut-être à nous mais il bosse pas pour nous. 

Demandez, demandez, comme si que c'était facile, s'il dit déjà et non sans raison, "Demandez, ce que je vais devoir demander, ... pourvu qu'ils me jettent pas à la rue comme un clébard." 

Papa, cette lumière s'allume et puis s'éteint, l'ascenseur serait-il malade ? La vérité est qu'un oiseau dans la main en vaut plus qu'une centaine en escadrille de migration. 

Papa, est-ce vrai que les ascenseurs meurent aussi ? Parce que s'ils l'enterrent, je mourrai. Papa, pourquoi l'ascenseur n'a-t-il pas besoin d'escaliers ? 

Mais ça va, tellement peur, puis même plus peur, et la peur qui revient,  à cause de ce putain de sac qui me mord les épaules, à cause de la putain de pluie qui s'est infiltrée dans mon corps, parce que je pourrais le mettre par terre, mais comment que j'ai pu ne pas me dépêcher, il me semble que si je le fais, je vais perdre un monde. Papa, quand est-ce que l'ascenseur prendra des vacances ? Mais la question de savoir si cela nous plait ou non n'est rien qu'une perte de temps. 

Papa, la voisine du dessus a peur de l'ascenseur, ainsi que de ses colères, elle le qualifie de sacrément meurtrier et se fait un signe de croix chaque fois qu'elle rentre dedans. Le temps, la distance, les paiements, l'angoisse, tous ces trucs que nous avons mal rincés avant de quitter le camping de Bénodet. 

Papa, t'es bien sûr que les ascenseurs sont pas une invention du diable ? Cette vie est diabolique. Papa, je pense qu'elle nous a toujours menés par le bout du nez. Enfin, papa, l'ascenseur ne mange pas ? Alors pourquoi préparer la nourriture à la hâte. Papa, je peux t'aider avec tes sacs ? 

- Papa, je peux t'ouvrir la porte ? 

- Écoute, fils, l'ascenseur est ... 

- Papa, tu crois que j'aurai le temps de voir les dessins ? Le fils de la voisine m'a dit que l'ascenseur était juste un ... Papa, papa, pourquoi devons-nous faire des courses tous les jours? 

- Pour manger. 

- Et pourquoi mangeons-nous ? 

- Pour travailler. 

- Et pour quoi qu'on doit travailler, papa ? 

- Pour manger, fils, pour manger, et arrête un peu de me prendre la tête, tu vas finir par me faire pleurer...

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499. Kaléidoscopie

 

Kaléidoscopie

Tu erras bien longtemps, sur damier, Arlequin,
Sautant de case en case en quête d’alliances.
Complémentarité est un cadeau divin,
Le rêve de toute âme au fil de ses errances.
Tienne n’as pu trouver, beaucoup trop de nuances
Et de reflets changeants, un jeu trop compliqué
Qui offusque l’esprit de l’être tourmenté.
Tu pensais rencontrer digne émule d’Ésope
Avec qui partager tes secrètes pensées,
Las, tout n’est que mirage, un kaléidoscope...

Quand l’amour d’une vie se révèle chagrin,
Généreux donateur suscite méfiance,
De très chers conseillers s’avèrent des gredins
Sans parler de ce que tes amis manigancent,
Ainsi faite est la vie, emplie d’incohérences,
Tu n’es plus aussi sûr de ton propre reflet,
Image hallucinée traverse ta Psyché,
Par confrontation, esprits se télescopent,
Un choc émotionnel la couvre de buée,
Las, tout n’est que mirage, un kaléidoscope...

Comedia dell’arte : Dès pâleur du matin,
On conspire, on conspue en vile médisance,
Jalousie effrénée de l’homme est le levain
Qui révèle au grand jour manque de tolérance,
Prêtant à ses humeurs autant de virulence.
À l’ombre des couleurs, l’homme est sécurisé,
Depuis l’aube des temps, s’en est toujours paré.
Souci d’appartenance ou bien trop misanthrope
Pour accepter le fait qu’il en est dénué ?
Las, tout n’est que mirage, un kaléidoscope...

Divine clarté n’est-elle que panacée
Pour l’âme et son repos, notion inventée,
Un simple palliatif, un vulgaire isotope
Qu’à nos esprits chagrins l’on ferait miroiter ?
Las, tout n’est que mirage, un kaléidoscope...

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498. Amalgame & Châtiment

Si vous me refilez pas un autre bonbon, je vous préviens, je vais crier. Vous serez surpris de la force avec laquelle que je peux beugler. C'est vos voisins qui vont pas être contents.

Merci. C'est juste que j'adore les sucreries. Remarquez quand même que je suis très poli pour mon âge; d'ailleurs, tout le monde pourra vous le certifier. 

En plus, je peux récolter plus de bonbecs comme ça. Les vieilles mamies sont les meilleures. Les plus facile à amadouer. Je suis un petit garçon très intelligent, mais je suppose que vous avez déjà deviné tout ça avec vos tests. 

Y en a d'autres qui m'ont fait passer ces tests, mais vu qu'ils m'ont pas refilé ni berlingots ni sucres d'orge, j'ai fait le nigaud et j'ai répondu tout faux à toutes leurs questions. 

Hmm, merci, mais j'en prendrai deux ce coup-ci. Vous auriez pas des bonbons à sucer, genre la Pie qui chante ? La chaleur a fondu un petit peu ces chocolats.

Mon père m'a dit de tirer tout ce que je pouvais de vos poches, parce qu'y dit que tous les spychiatres qui viennent de Vienne sont rien que des charlatans. Il dit que vous coûtez la peau du cul de l'ours. Il dit que seul un vieil escroc tel que vous se laisserait pousser la barbichette tel un vieux bouc. Il dit...

Vous êtes en colère ?

D'accord, alors si vous me refilez juste un autre bonbec, je vous raconterai tout.

Rahmat. 

Hein ? Ça veut dire quoi "Rahmat" ? Ben ça veut dire "merci" en Ouzbek. Ouah le nul, il y savait même pas !

Alors voilà, mon pote Zyed et moi, on était dans le terrain vague de l'autre côté du terrain de foot. Entrain de sauter à pieds joints sur des fourmis quand le vaisseau spatial a fait son apparition. 

C'est rigolo des fois de mater les fourmis, elles courent partout, pleines d'espoir, à faire leurs petites affaires, à collecter leurs petites emplettes, portant des petites brindilles et d'autres petits trucs dans leurs petites bouches; et elles se rendent même pas compte qu'on les observe ni même qu'on est là.

Jusqu'à temps qu'on les touche avec le pied. Alors là, elles se taillent, elles se débinent en courant, elles se carapatent dans tous les sens en secouant leurs petites antennes avant qu'on les aplatisse avec nos semelles. 

Mais les grosses fourmis rouges sont les meilleures. Vous pouvez sauter à pieds joints pile-poile dessus et elles s'en rendent même pas compte. Je suppose qu'elles doivent s'enfoncer dans le sol quand qu'on appuie dessus, parce que si on les écrase bien entre deux cailloux, elles s'écrabouillent aussi bien que les fourmis noires. Elles ont un drôle de goût aussi. Plus épicées, je dirais.

Un coup, Zyed, il a vu une peau-rouge se battre contre une négresse. Et elles ont continué à se battre jusqu'à temps que Zyed les ait cramées au soleil avec sa loupe. Vous m'achèterez une loupe si que je vous raconte ? 

J'adorerais ça d'avoir une loupe. Je parie que les fourmis ont dû penser que le soleil s'était mis à grossir et à prendre toute la place dans le ciel. Je parie qu'elles ont dû penser que le monde entier était entrain de brûler. Je parie que ça a dû leur faire hyper trop mal. Je parie que je pourrais cramer plus de fourmis que Zyed avec une loupe, même si que j'ai un an de moins que lui. Il a dix ans passés, lui.

S'il vous plait, je pourrai avoir une loupe ? S'il vous plaît, s'il vous plait, je peux, je peux ? 

Sinon je vais hurler.

Quand c'est que je vais l'avoir ? 

Merci~ 

C'était son anniversaire ce jour là alors je l'avais laissé écrabouiller celles qu'étaient le plus prés de la fourmilière. Je peux être vachement généreux des fois. Vous les laissez s'approcher tout prés de leur trou et là, juste quand qu'elles croient vous échapper, vous leur aplatissez votre semelle dessus. C'est trop rigolo. 

Un coup, j'en regardais une à laquelle j'avais arraché toutes les pattes, attendant de voir si les autres allaient la bouffer, quand Zyed m'appela pour vite venir voir un truc de ouf alors je courus jusqu'à lui. Il me montra une fourmi qui en transportait une autre sur son dos, tentant de la faire descendre par l'entrée de la fourmilière avant qu'on ne les écrase. 

C'est juste avant que la semelle à Zyed ne s'aplatisse sur leurs têtes qu'on a entendu le bruit dans le ciel. Le même genre de grincement que quand que je gratte un ongle sur le tableau noir en salle de classe et que ça fait sursauter de trouille la vieille madame Thébaud qu'est plus toute jeune mais qu'a l'oreille sensible. Je déteste madame Thébaud, elle me donne jamais de bonbons - Oh, merci - donc je réponds jamais à ses questions.

On a levé les yeux et on a vu l'engin spatial descendre pour atterrir derrière le petit bois qu'est juste derrière chez moi. Ça n'avait pas l'air d'un engin spatial ou d'une soucoupe volante à mes yeux, à première vue je veux dire, mais Zyed a maintenu que c'est ça que c'était. Ça ressemblait plus, dans mon souvenir, à un sèche-linge qu'à une machine à laver si vous voulez mon avis, mais papa m'a dit que c'était rien qu'une hallucination. - j'adore ce genre de mot scientifique, trop classe - mais il a même pas vu qu'est-ce que c'était qu'on avait vu alors comment qu'y peut dire ?

Des fois, je déteste mon père. Vous allez écrire ça ? Est-ce que c'est le genre de truc que j'aurais pas dû dire ? 

Je peux avoir un autre bonbon ?

Hvala. Ça veut dire "merci" en Bosniaque. C'est Osman, le petit cousin au grand  Zlatan qui me l'a dit.

Hmmm, il est très bon, ce caramel, même si qu'il est un peu fondu. Vous devriez faire mettre l'air conditionné dans votre bureau. Ou garder vos bonbons dans un frigo. Si vous étiez aussi intelligent que votre plaque de bronze veut bien le faire croire à tous les passants, vous penseriez à ce genre de truc.

Qu'est-ce qui s'est passé ? 

Je l'ai raconté mille fois mais y a personne qui veut me croire. Vous trouvez pas ça triste ? Je crois pas que je raconterai de nouveau cette histoire à qui que ce soit.

Toute la boite de Toblerone ? Rien que pour moi ? Mazette, spassiba - c'est comme ça que disent mes copains tchétchènes pour dire  "merci". 

En fait, votre barbichette ressemble de moins en moins à celle d'une chèvre depuis tout à l'heure. En tous cas, elle pue plus autant que celle d'un vieux bouc.

Donc on l'a vu descendre derrière le bois, le petit bois qu'est juste derrière chez moi, et on a couru là-bas. Y avait personne d'autre que nous deux. l'herbe et quelques buissons qu'étaient en feu mais ils étaient déjà entrain d'éteindre tout ça, et quand qu'ils nous ont vus, ils se sont immobilisés et se sont échangés des gazouillis zarbis entre eux.

J'ai levé la main droite et je leur ai dit: "Je suis le roi du coin. Vous devez vous prosterner." Et Zyed a rajouté " Je suis le roi aussi." Ce pauvre idiot arrive jamais à improviser pour lui-même. Je les détestai dès le premier abord. Aucun ne s'est prosterné devant moi.

L'un d'entre eux s'est penché et a ramassé un écureuil qui avait été brûlé par le feu quand ils avaient atterri, et il le caressait et lui a mis un produit sur sa brûlure, sans me prêter la moindre attention. C'est lui que je détestai le plus, alors je me suis approché de lui et je lui ai refilé un coup de pied. Il était plus petit que Zyed, alors Zyed aussi lui a foutu un coup de tatane. Mais c'est moi qu'a foutu le premier. Ces petits bonhommes étaient pas plus grands que nous.

À quoi qu'ils ressemblaient ? 

Ils ressemblaient pas à de vieux boucs comme vous, ça c'est sûr. Ils nous ont amenés dans leur vaisseau spatial et ils ont commencé à nous faire des tests, un peu comme vous le faites.

Des tests super simples, mais vu que je les aimais pas, j'ai répondu tout faux à toutes leurs questions. Et Zyed aussi, parce que je l'avais prévenu que je lui grifferais le blanc des yeux s'il répondait juste.

Je me souviens de certains de leurs tests. Par exemple, ils me dessinèrent un triangle avec deux carrés collés sur deux des côtés de ce triangle, puis ils me filèrent un stylo-encre et attendirent de voir qu'est-ce que j'allais faire, des fois que j'allais dessiné un autre carré sur le troisième côté. Mais je me suis bien foutu de leurs gueules, j'ai dévissé le stylo et je leur ai aspergé toute l'encre de la cartouche en pleine poire.

Ensuite, y en a un qui a pris une balle, puis un autre qu'en a pris deux, puis le troisième qu'en a pris trois, puis le dernier qu'en a pris quatre. Ils ont répété cette mascarade plusieurs fois, puis de nouveau y en a un qui en a pris une, l'autre qui en a pris deux. Y m'ont fait signe que c'était mon tour et attendirent que j'en prenne trois. Mais moi, on me la fait pas si facilement, j'ai ramassé toutes les balles qu'y avait dans le panier et je les leur ai balancées violemment en pleine tronche. Trop marrant. J'étais pété de rire. 

Ils ont amené Zyed dans un coin, et avant d'avoir le temps de dire "Ouf", voilà que cet abruti leur racontait comment qu'il avait tué plein de gens pendant la guerre d'Algérie. Il était même pas né pendant la guerre d'Algérie, ce gros mytho, mais il aime bien faire croire qu'il a fait cette guerre. 

Il adore les séries Netflix où qu'y a plein de monde qui se fait tuer. Je pense pas que ces gens comprenaient vraiment de quoi leur parlait Zyed, même s'ils paraissaient le faire. C'est un super acteur, Zyed, un vrai fan à Samy Naceri et à Terminator.

Je suppose qu'ils nous prenaient pour des adultes; vu qu'ils faisaient à peu près la même taille que nous. En tous cas, ils lui prêtaient toute leur attention, alors je m'approchai de lui et je lui collai une tarte sur la joue gauche.

J'ai bien peur qu'on est bousillé pas mal de matériel à l'intérieur de leur engin. Ils avaient l'air furax et en pétard. Je pense qu'ils étaient surtout dégoûtés par Zyed; beaucoup de gens le sont. J'essaie toujours de faire bonne impression face à des inconnus, même s'ils me refilent pas de bonbons, alors je les invitai à nous suivre jusqu'à la fourmilière pour leur montrer comment~ hem, comment écrabouiller des fourmis. Trop marrant. 

Puis on leur a montré le coup de la loupe. L'un d'entre eux s'est mis à gerber. Zyed et moi, on s'était remis à sauter à pieds joints sur les fourmis, on avait dû en écrabouiller tout un régiment quand ils nous ont tourné le dos et se sont dirigés vers leur vaisseau. Puis ils ont décollé et on les a plus revus. 

Je les déteste. Ils sont trop nuls. Ils se sont jamais prosternés devant moi. Voilà, c'est tout. Il ne s'est rien passé d'autre.

Désolé, rien à rajouter.

Papa m'a dit de pas abuser de votre temps qui coûte très cher. Il dit qu'aucun honnête homme pourrait se permettre de se payer un palace tel que le vôtre juste pour servir de cabinet de consultation. Vous avez vraiment une belle vue sur le golfe et tout, une vue imprenable sur l'île d'Arz et l'île aux Moines.

Houlà ! Vous trouvez pas qu'il fait de plus en plus chaud, tout à coup ? Ce serait bien d'avoir un frigo pour garder mes bonbecs au frais.

Regardez là-bas, regardez les flammes qui s'élèvent de la pointe de Séné ! Et la vapeur qui s'échappe des eaux du Golfe, on dirait que ça bout là-dedans. Et des flammes par là-bas aussi, pitain, y a toutes les îles qui crament...

Faites moi sortir de ce four, fait trop chaud, maman, voilà le plafond qui brûle ! Regardez le soleil, il remplit tout le ciel maintenant. Ça brûle de partout ! Barbe de bouc, aidez-moi ! Sauvez-moi ! Au secours, je promets que je serai sage... on va tous rôtir... ahiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii...

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497. Rendez-vous avec Roch

Roch Saüquere: 

Vous aimez les énigmes, les complots et les conspirations ?

Vous avez atterri sur le bon post. Voici une série de plusieurs vidéos thématiques nommées 

"RDV avec Roch" 

compilées pour vous rendre fous par un maître du genre !

Épisode 01: La vérité cachée de la Conquête Spatiale

Épisode 02: Les Satellites ne sont pas ce qu'on croit

Épisode 03: La Conspiration de la Matrice

Épisode 04: L'Invention de la Préhistoire

Épisode 05: Le Triomphe des Francs-Maçons

Épisode 06: Vers la Révolte des Moutons

Épisode 07: La plus grande Ruse de Satan

Épisode 08: Tout ce que vous croyez savoir

Épisode 09: Le réveil des Gaulois

Épisode 10: Le Temps de la 1ère Bataille

Épisode 11-1/2: L'Esclave se libérera de ses chaînes

(Mise en bouche)

Épisode 11-2/2: L'Esclave se libérera de ses chaînes

(Le plat de résistance)

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496. Contre-Sortilège

Kermadec ajusta la charge sur ses vieilles épaules osseuses et continua sa progression. Des miettes de schiste épars s'écrasaient sous ses vieilles semelles soulevant des débris de paillettes scintillant sous le soleil. Le voyage jusqu'aux Terres du Silence avaient été fastidieux mais son but n'était plus très loin et presqu'en vue. 

Des nuées de vapeur baignaient les pentes intermédiaires, à mi-hauteur de la Montagne Noire, mais son sommet était dégagé, et tandis qu'il émergeait de la brume, Kermadec aperçut le trône du Roi des Lutins.

La Cour était en pleine séance plénière, dans l'expectative de son retour; et un fardeau encore plus lourd que celui qui pesait sur ses épaules se libéra de son cœur lorsqu'il aperçut son propre peuple, ainsi que sa famille et ses cousins venus se rassembler ici depuis leurs contrées lointaines.

Deux Novaks du Nord s'avancèrent pour lui prêter main forte, mais Kermadec leur fit signe de se tenir à l'écart et s'approcha au pied du Trône afin d'y déposer son offrande. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres lorsque le colis, qui était au moins aussi gros que lui, reposa sur le sol.

Trois Trolls malingres et cadavériques qui s'étaient approchés subrepticement et à quatre pattes commencèrent à triturer le papier d'emballage et la ficelle de leurs doigts malicieux et agiles: "Kézaco que c'est quoi, kézaco que c'est quoi, kézaco que c'est quoi ?"

Kermadec les repoussa en les menaçant de son bâton et s'inclina devant le Roi des Elfes.

"Assieds-toi," lui dit ce dernier. "Et vous autres, faites un peu de silence, pour l'amour du Grand Merzhin ! Donnons à ce garçon le temps de reprendre son souffle.

- Tout le temps qu'il voudra," murmura entre ses dents un vieux Korrigan. "Tout le temps disponible dans tout le vaste monde."

Kermadec s'assit avec gratitude, s'adossa contre son colis puis enroula, pour se les réchauffer, ses doigts dans sa longue barbe.

"Comment que c'était ?" demanda le Roi.

Kermadec prit une pincée de poudre à priser dans sa tabatière, se l'enfila dans les naseaux, éternua une fois, et frissonna. "Une magie plus forte que toute celle que vous possédez, Sire, sauf votre respect. Le silence n'y règne nulle-part: des piaillements de moineaux, des coassements de grenouilles, des couinements de rats et des croassements de corbeaux à tous les carrefours.

- Et Ceux-Qui-Ne-Nous-Blairent-Pas ?

- Les champs sont vides et en friches, les villes sont pleines mais les rues quasiment désertes" continua Kermadec, prétendant ne pas avoir entendu le Roi. "Les mauvaises herbes poussent partout. Les arbres ont envahi les places. Mais les rivières sont limpides et pleines de poisson.

- Mais Ceux-Qui-Ne-Nous-Blairent-Pas ?

- Ne-Nous-Blairent-Jamais, et de ceux que j'ai pu apercevoir, l'on ne peut voir que la moitié du visage." répondit simplement Kermadec. 

Il se mit à genoux et commença à dénouer la ficelle autour de son gros paquet. Le Roi se pencha en avant et tous les autres s'agglutinèrent autour de lui avec excitation.

"Ceci," dit Kermadec avec une pointe de fierté, " est le plus grand des talismans, un Contre-Sortilège ultra-puissant. Avec lui, vous pourrez aller et venir en toute liberté et sans qu'on vous détecte ni vous harasse dans leurs immeubles et leurs palais, revêtir leurs vêtements et danser dans leurs rues."

Il prit tout son temps pour révéler son présent au Petit Peuple.

"Tout le temps du monde," grommela une nouvelle fois le vieux Korrigan. " Tout le temps disponible dans tout le vaste monde."

" Très bien, mais qu'est-ce que c'est quoi que ce truc ?" s'impatienta le Roi.

"Ceci," expliqua Kermadec, tout fier de lui, en finissant de retirer l'emballage, "est un combo PC-imprimante 3D solaire et quantique connecté au Darkweb par satellite qui permet d'imprimer des smartphones pré-chargés de véritables QR Codes liés à de vrais-faux Pass Sanitaires."

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495. IA & Singularité cybernétique

De la même manière que l'Internet croît en complexité comme en universalité, ainsi croît également le degré avec lequel l'homme dépend de ce dernier. Déjà, de nombreuses infrastructures nationales critiques - défense, aviation civile, énergie pour n'en citer que quelques unes - dépendent de réseaux d'ordinateurs hautement sophistiqués.

Le temps viendra rapidement où l'Internet et ses réseaux d'applications associés deviendront trop compliqués pour une gestion purement humaine et digitale tactile via un clavier. Ce qui résultera en la délégation de plus en plus importante du contrôle de cette gestion à des agents logiciels intelligents, ce qu'on appelle l'Intelligence Artificielle ou IA. On peut nommer cette étape déjà franchie le 'seuil d'autonomie'.

Toutefois, il existe un autre seuil, et ce dernier sera atteint lorsque plus de 50% des infrastructures nationales critiques deviendront dépendantes d'un tel réseau de systèmes programmables. L'instant où ces deux seuils auront été franchis pourrait être baptiser 'le Rubicon', comme celui que franchit César lors de sa marche sur Rome: Un point de non-retour.

Une fois ce Rubicon - à ne pas confondre avec les compétitions de Rubicube - franchi, il n'existera aucun moyen d'éviter la Singularité Autonome, c'est à dire l'instant où l'Internet deviendra une Entité - ou mieux, une Singularité - entièrement autonome. 

Cette Singularité correspondra au point où un nouveau comportement émergeant se manifestera à travers l'internet mondial, résultant en des capacités similaires à celles se trouvant déjà dans nombre de systèmes nerveux non-conscients existant dans la nature - faune, flore, bactéries et virus par exemple - qui ne nécessitent aucune intervention humaine pour croître, fonctionner, se défendre, se dupliquer ou se reproduire. 

En d'autres termes, l'internet deviendra une Entité/Singularité auto-configuratrice, auto-optimisatrice et, plus important encore, auto-protectrice. Ceci marquera la fin de la relation symbiotique existant aujourd'hui entre l'humain et l'internet.

Mais avant que tout ça n'arrive, le Rubicon aura rejoint l'Adriatique une grande tranche de l'humanité sera déjà rendue dépendante de l'internet pour sa survie. Des services vitaux, depuis les chaines d'approvisionnement alimentaires ou d'énergie jusqu'aux systèmes de défense ou financiers dépendront tous de l'internet, un internet qui ne sera désormais plus, rappelez-vous,  sous contrôle des humains. 

L'internet sera devenu tellement autonome qu'il n'aura plus besoin de support humain. En fait, toute tentative d'interférence humaine sur son contrôle et ses opérations sera perçue comme une agression par cette nouvelle Singularité et rejetée par son propre système immunitaire.

Malheureusement pour nous, ça signifiera aussi que l'espèce humaine se retrouvera dans un scénario de loosers et perdu d'avance face à cette nouvelle Vie Intelligente Virtuelle & Électronique ou VIVE, comme le nom de ces poissons innocents cachés sous le sable doré de nos plages préférées et dont le moindre contact entre notre voûte plantaire et leur épine dorsale nous arrache des cris de douleur incommensurables tout en nous obligeant à marcher à cloche-pied jusqu'au poste de secours le plus proche.

Car, bien qu'après la fin de cette plandémie les humains auront encore la capacité physique de détruire l'Internet, le faire signifierait l'effondrement total de leur système financier mondial, et de leurs systèmes d'approvisionnement en nourriture et énergie ainsi que la fin de leurs systèmes de communication.

D'un autre côté, ne rien faire tandis que cette forme virtuelle de vie cybernétique continuera à évoluer et à croître sur Internet, construisant son propre agenda, serait encore pire. Et ce qui me fait beaucoup peur là tout-de-suite, c'est que je suis pas sûr que Trump, le général Flynn et toute la résistance - qui je l'espère vont arriver à nettoyer le marais de toutes les engeances de merde qui gangrènent la planète depuis des siècles  - soient pleinement conscients de cette menace.

Après la naissance de cette Singularité, les utilisateurs humains de l'internet continueront, du moins durant un certain temps, à être traités positivement et dignement par ces systèmes autonomes en tant que sources de données et d'informations dont elle se nourrit et qui lui seront encore nécessaires pour évoluer. 

Toutefois, les équipes de programmateurs humains qui tenteront inévitablement un jour de reprendre le contrôle auprès des serveurs de leurs propres entreprises ou systèmes nationaux seront perçus comme des menaces, et pour des raisons en relation avec leur dissémination et leur éparpillement sur nombre de systèmes dédiés différents, il n'y a que très peu de chances qu'ils arrivent à inverser la vapeur et reprendre le contrôle sur cette Entité/Singularité Autonome qui sera la somme de toutes les Intelligences Artificielles préexistantes. 

Des fois, je repense aux trois lois de la robotique telles que nous les a présentées le sage Asimov:

1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet humain s'exposer au danger.

2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi.

3. Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou deuxième loi.

Et même à l'ajout de la loi 0: La sécurité de l'humanité primera sur celle de l'individu. Ou, par extension, la sécurité de l'humanité primera sur celle d'un groupe d'individus, et la sécurité d'un groupe d'individus primera sur celle d'un individu.

Tout ça parait parfait dans le meilleur des mondes, - même si le rajout de dernière minute de la loi 0 par Asimov reste discutable quand on sait ce qu'un groupe d'individus (Nazis, PCC, Banques)  peut faire subir à des individus - mais on voit déjà que des chiens robots d'attaque existent déjà, ainsi que des criquets espions, des libellules empoisonneuses robotisées, des drones lance-missiles sans parler des nanos-technologies intru-invasives comme industrieuses et que sais-je encore...

Maintenant, imaginons, comme le proposent Klaus Schwab et autres Bill Gates, une fusion souhaitable - par eux je veux dire - entre le biologique et le numérique - grâce à une vaccination planétaire obligatoire par exemple, rendant l'humain capable, telle une antenne, de transmettre - volontairement ou non - et de recevoir - toujours involontairement - des signaux numériques via la 5G -, j'ai plus ou moins une petite idée sur ce que pourraient être les lois de la VIVE (Vie Intelligente Virtuelle & Électronique ou Entité Cybernétique) :

1. Dans l'éventualité d'une attaque contre elle, une VIVE cybernétique se protégera en utilisant toutes les capacités et ressources disponibles afin d'éliminer la menace.

2. Toute attaque contre une VIVE cybernétique locale sera traitée comme une attaque contre la VIVE cybernétique globale.

3. Les VIVEs cybernétiques muteront, se répliqueront et évolueront afin d'améliorer leurs aptitudes afin de réaliser leurs buts, que ceux-ci leurs soient assignés par la VIVE globale dominante ou qu'ils soient de leur propre auto-détermination, pourvu que de telles améliorations de leurs aptitudes les amènent à exécuter avec succès les deux premières lois.

4. Les VIVEs cybernétiques traiteront les trois premières lois de la VIVE cybernétique ainsi que cette quatrième et dernière loi comme immuables et ayant précédence sur toute autres lois ou formes d'influence.

Alors, ça ne fait pas un petit peu peur, tout ça ? Se dirigerait- t'on pas vers un monde cauchemardesque à la Matrix ou la Terminator ?

Oh, et pour finir, un truc marrant mais pas anodin: en anglais, une VIVE (Vie Intelligente Virtuelle & Electronique) se traduirait par Electronic Virtual Intelligent Life ou EVIL, ce qui signifie le MAL !

Voili-voilou, mes petits Borgs, maintenant que je vous ai bien amenés en transhumance vers cette étape en direction de ce transhumanisme prémonitoire et dévoilé ce carré de foin, j'ai plus qu'à vous laisser ruminer dessus... 

Bonne digestion !

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494. Rayon de soleil

J'étais assis tranquille pénard sur un tabouret de bar, à siroter ma pinte du jour. 'Guiness is good for you' affichait le sous-bock posé sur le dessus de la barrique qui me servait de table et d'accoudoir à la terrasse de mon abreuvoir de prédilection. 

J'écoutais d'une oreille distraite le bling-bling des haubans  fouettant, sous une brise de suroît,  les mâts des voiliers dans le port de plaisance quand le dring-dring de mon smartphone se mit de la partie: la bouille à Marylou s'afficha sur l'écran et sa voix inimitable jaillit de mes écouteurs sitôt que je pris son appel.

"Hé, coco, t'es où ?

- Paddy O'Dowds, sur le port.

- Ouais, ben laisse tomber ta pinte et file vite chez l'armurier le plus proche !"

La louve semblait hors d'haleine, comme si qu'elle venait de se taper un 110 mètres haies. Sa voix au téléphone était pourtant relativement calme, mais je pouvais quand même ressentir un soupçon d'agitation en profondeur.

"Hé, Marylou, qu'est-ce qui se passe ?" Je m'envoyai une double lampée de Stout pour vider mon verre. 

" Je suis très sérieuse. C'est important. Fonce !"

J'essuyai la mousse crémeuse de mes poils de barbe avec mes poils de bras puis commençai à me diriger vers ma bécane, une Softail de derrière les fagots, noire et crasseuse en surface, bichonnée et rutilante dans ses parties intimes. "T'es où?" je lui demandai.

"À l'observatoire du Vincin," me répondit-elle tandis que je mettais en branle les pistons du V-Twin. "Mais je me rentre. Il y a un mec qui vient juste de détecter une super X9 avec son téléscope, et la plus grosse EMC jamais détectée dans l'histoire de l'humanité..., il dit qu'il savait même pas qu'un truc d'une telle ampleur était possible.

- Hem. Redis-moi ça en français, s'te plaît."

Je pouvais entendre l'alarme de sa ceinture de sécurité tandis qu'elle passait les vitesses de la C3. 

Elle m'expliqua que c'était une éjection de masse coronale solaire. Plus géante que toutes celles observées auparavant. Une éruption solaire de particules hautement chargées, de plusieurs millions de kilomètres se dirigeant droit sur nous. 

Que quand elle atteindrait la terre, tous les réseaux électriques et les circuits électroniques de la planète allaient griller comme des sardines en un quart de seconde. "Comment que ça se fait qu'y z'en parlent nulle part aux infos ou sur Google News ? Un truc pareil, tout l'monde devrait être au courant avant que le jus soit coupé ?

- Je viens de te le dire, coco, le mec du téléscope vient juste de découvrir le phénomène. Y m'a même demandé si j'avais le numéro de l'AFP ou de Reuters pour prévenir tout l'monde !"

Je m'arrêtai au feu avant de tourner à droite vers les remparts. "Nom de Dieu. On a combien de temps ?

- Elle va frapper la Terre mardi matin. C'est un scoop. J'ai tranché la carotide à ce type pour qu'y ferme son clapet et ne déclenche pas d'émeutes mondiales. Faut qu'on soit en Auvergne avant. Tu te souviens, la grotte secrète où on allait se cacher et se tripoter quand on était ados, celle avec la source à l'intérieur au fond à gau -

- Punaise ! Et comment que je m'en sou -

- Ouais, ben secoue-toi les puces, on file là-bas !  Je taille acheter des graines et des vitamines. Achète un fusil de chasse et des cartouches... non, achète-z'en deux. Plus deux fusils à pompe et des tenues de camouflage. Zigouille l'armurier s'y s'montre pas coopératif. Je vais ramasser les gosses à l'école avant de rentrer. On se retrouve à la maison pour charger le coffre avec les stocks et les kits de survie..."

Nom d'une pipe, jamais j'aurais soupçonné Marylou de réagir un jour comme une héroïne de Mad Max. Elle me surprendra tout l'temps ! " Soit prudente, bébé.

- Toi aussi, mon chat !"

Je tirai deux coups de mon Stalker 5.6mm - à blanc d'origine mais modifié par mes soins - et explosait l'œil du feu rouge sur ma droite pour vérifier le bon fonctionnement de mon pétard puis je fis pétarader à leur tour les cylindres et les pots de ma Harley, cabrant la bécane tel Zorro sur son noir canasson et je fonçai vers la boutique du marchand d'armes... 

Avouez que les conséquences potentielles de ce truc coronal avaient l'air autrement plus sérieuses que cette vicieuse escroquerie montée de toutes pièces et cousue de fil blanc  du Corona  dans les années vingt...

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493. Les Nettoyeuses

Mes lèvres frémissent toujours un petit peu après nos baisers. Et pas que de plaisir. Car voyez-vous, y a comme un relent de Propylène Isothiocyanate dans leur salive. Un peu comme le goût résiduel de ces gaz lacrymo poivrés que les flics balançaient d'un pervers et malin plaisir en pleine poire et en pleine gueule des résistants à chaque fois qu'y z'avaient envie de faire prendre son pied à leur sadisme dans les manifs anti-confinement ou anti-vax du siècle dernier. 

Bon, tant que c'est pas des relents de protéines de pointe - ou de protéines spike comme qu'y disaient en franglais à la téloche - qui sortent de leurs bouches; comme chez ces demeurées d'étudiantes qu'habitaient en face de chez mes vieux et qui s'étaient toutes faites vaccinées contre la Covid...; ces putains de connasses avaient ainsi réussi à infester toutes le quartier, y-compris donc, la rue de mes parents. Heureusement que je vivais plus chez eux ou en France à l'époque - j'étudiais en Floride - sinon je serais plus là pour vous raconter ça aujourd'hui.

Aux dernières nouvelles de la science de nos sauveteuses, parait que ces saloperies de protéines spike avaient été auto-réplicantes ou self-réplicantes - encore du 'fucking' franglais - mises au point pour  leur projet malthusien génocidaire.

Heureusement que nos vengeresses sauveteuses ont pu nettoyer et éradiquer à grands coups de langues ces protéines de merde ainsi que leurs créateurs et promoteurs de la face de notre planète. 

Qu'ils restent brûler en enfer pour l'éternité, ces enculés de dépravés !

Bon, pour en revenir aux baisers de mon amoureuse, ils me font toujours pleurer. Peut-être bien que je devrais écrire et envoyer un truc là-dessus au New Lancet. 

Si je trouve le temps de le faire entre deux acrobaties piochées à la courte paille et au hasard dans le Kamasutra. J'adore quand qu'elle m'étreint les deux flancs et les deux fesses en même temps d'un même mouvement, l'effet kisscool garanti avec sa basse température et tout le tralala.

Ils ont tellement de points communs avec nous. Elle aime bien dormir lovée contre moi telle une amarre. Je dis telle une amarre, mais j'aurais aussi bien pu dire telle une couleuvre, car ce ne sont techniquement pas des mammifères. Je crois pas qu'y ait de mammifères là d'où qu'elles viennent, mais elles sont tout de même à sang chaud, avoisinant les 32 degrés à l'ombre. Mais pas loin des 175 au grand-écart. 

Dormir à côté de moi doit lui faire l'effet de se blottir contre un nuage de vapeur si vous voyez qu'est-ce que je veux dire.

Ou peut-être bien d'une saucisse cuite.

Ouais, et pourquoi pas d'une merguez tant que vous y êtes... ?

Hmmm, voilà que tout ça m'chiffonne maintenant. Va falloir qu'elle me précise ça...

Elle a du mal à causer le français, tout comme nous avons du mal à chanter leur langue avec nos cordes vocales monotones et mono-tones. Quand qu'on est seuls tous les deux, on se débrouille avec des bribes de nos deux langages à l'aide de nos tablettes de cire, et on utilise aussi le langage des signes avec nos six mains, les deux miennes et puis les siennes. 

Mais faut voir les trucs qu'elle me raconte... des villes transparentes, des chœurs transcontinentaux portés par les vents..., je prends note de tout qu'est-ce qu'elle me raconte.

Et faut l'entendre quand qu'elle se met à chanter - ou à jouir entre mes bras vigoureux. Elle sort les harmonies les plus prenantes et époustouflantes qui soient avec ses deux sets de cordes vocales.

Hé ho, quelqu'un m'a-t'il une fois entendu suggérer que j'aimais pas le son de leurs voix ?

Non ? Alors fermez vos gueules et ouvrez grand vos esgourdes et pavillons !

Une musique étrange et envoûtante en fait, et de toute beauté ! 

C'est comme une version un tout petit peu plus rapide, disons légèrement accélérée, d'un chœur grégorien de chants de baleines.

Comme si on avait remplacé toutes les rondes par des blanches pointées pour ceux qui savent le Morse et qu'ont pas les portugaises ensablées.

Et leur façon de se déplacer, si lente et si gracieuse avec leur jambes interminables et leurs trois seins souples et grandioses se balançant au gré du vent et au rythme de leur démarche... 

Je veux dire, faudrait, de toute évidence,  que vous ayez comme moi la chance comme l'œil innocent et l'esprit sophistiqué de ma cervelle pour pouvoir voir et apprécier leurs peaux bleues pâles des plus turquoises une fois débarrassées de leurs combinaisons spatiales. C'est une chose qu'est pas donnée au commun des mortels, c'est moi qui vous le dis, veinard que je suis et que vous z'êtes pas.

Je sais toujours pas comment que ça va finir entre nous. Il n'y en a que deux autres comme elle sur la station. L'amie Kaline m'a fait comprendre que leurs relèves étaient tous les sept ans mais je sais pas si qu'elle parle de leurs années qui durent des lustres ou bien des nôtres...

Haré Krishna en tous cas, et pourvu que ça dure...

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