DIVINE...CRÉTINE ?
Maraudent curieux les chatons à ses pieds
Enjambant ses cadavres éthérés,
Son cœur est peuplé de cigales,
Elle est comme les banshees s'éventant de leurs voiles
Aux plis emplis de mélancolie.
Possible évidemment que l’océan réside dans ses yeux
Et que baigne un soleil d'or dans ses pupilles aqueuses:
Tel un chien jaune la suivent les automnes ...
Ceinte de dieux éthyliques et de perroquets bavards,
Elle est l’éternité oubliée de la vie.
Elle me rappelle ces cités antiques
Aux jarres pleines d’odeurs tristes,
Aux pierres éternelles et aux nymphes blessées ;
Un oiseau tropical suspendu à ses pupilles,
D’un sombre voile elle masque ses délires.
Un peu comme l’épée au tranchant doux-amer
Des anciens et tiédie aux vents du crépuscule,
Sa puérile dignité blessante comme les fruits amers
Mûrissant au soleil des idéaux du monde.
Elle voudrait être graine comme c’est son droit,
Et de même qu’un rêve toujours se multiplie,
Sa chair endolorie s’emplit de mille cris;
Triste femme de l’hiver embuée de soupirs,
La nostalgie de son sexe se noie dans ses paroles.
Ce siècle l’a ceinte d’une écharpe d’or,
Vérité pluvieuse de son énigme ;
On chantera ses noces plus loin que Canaa,
Aérienne Elisheba aux ailes brisées.
Empétrée dans les cubes écornés de l’angoisse
Telle déesse dans les amphores des cieux,
Effacée de l’homme, née d’un peuple fou,
Ses trois fleurs écorchées s’accrochent à son angoisse,
Juste là à nos pieds, arrachées au silence.
Asocial son visage aux traits embrumés,
Moi je la sens, mordue d’huiles et de vrilles,
Écrivant la chanson des terres noires
En tacticienne bleue pour nous bouffer le cœur
De sa cuillère d'or au manche inaccessible.
Fille de la mélancolie, femme,
Fille des contes, dame des tonnelles,
Elle a le geste immuable des gitanes,
L’eau de source des esprits perdus
À la crinière folle empourprée de drames.
Elle gît sur nos vie de pierre et de fer ardent
Comme l’éternité au dessus des morts,
Souvenir de son apparition et de son existence éternelle,
Femme, Ô donna nostra,
Toute l’humanité pleure dans ses os .
Elle ceint la terre entière, comme un vent tournant,
Et ses cheveux s’envolent en tornade océane;
Miroirs des peuples tristes et joviaux,
Sa solitude emplie de solitudes
Et son cœur en forme de larme.
Telle un train de nuages remorquant
La queue immense et fourbe de l’inconnu,
Son âme éternelle clame ses faits et ses chants,
Elle est pareille à un vent millénaire
Enchaîné au troupeau des soupirs.
Fille du pays, fleur des champs,
Au regard sombre et triste de l’oiseau bleu;
Elle garde la mémoire des pensées profondes,
Ses lèvres et sa poitrine réceptacles des angoisses,
Mais son ventre mûr jamais ne sera ce nid d’œufs
Bouché de la glu amère de la mort.
Ah mon amie, mon cœur,
Ma très chère, semblable au pain de l’affamé;
Tu naquis en pleurant et solitaire;
Si l'on te tissa ces chaînes de fatigues,
Dis moi que c’était pour arracher ...les étoiles au chaos !