C'est tout ce qu'il put faire pour retenir son éclat de rire, appuyé contre les murs de la forteresse, agrippant ses flancs dans une lutte pour réprimer sa gaieté. Uriel haussa un sourcil, son visage ne reflétant pas le même niveau d'amusement joyeux que celui d'Arthur.
" Est-ce que ça vous amuse ?" demanda-t-il en pinçant les lèvres, ses sourcils sombres se fronçant sous les mots.
Frappant son genou, les rires qu'Arthur avait réussi à cacher se déversèrent, résonnant dans les couloirs de marbre sombre. "Non," bredouilla-t-il, se redressant face au sévère regard qu'Uriel lui lançait ostensiblement. Joignant ses mains derrière son dos, il secoua la tête, bien que ses mots soient encore chatouillés par ses gloussements précédents. "Non maître."
"Bien", dit Uriel d'un ton décidé, en se retournant vers l'immense carte étalée sur le mur faiblement éclairé. "Maintenant, comme je le disais, si nous attaquons directement depuis le port, ils n'auront aucun moyen de s'échapper. Avec les ressources appropriées, une embuscade serait presque trop facile-"
Ses mots furent interrompus par un autre souffle de rires mal cachés d'Arthur, et il pivota sur ses talons, les yeux noirs brillant. Se ressaisissant pour la seconde fois, Arthur tortilla du cul, mal à l'aise, la bouche tordue dans un sourire narquois exaspérant.
"Désolé, maître. Je me demandais seulement si Sa Majesté avait été informée que son assassin professionnel est un tricoteur qualifié."
Le visage d'Uriel se crispa et il agrippa le dossier d'une chaise à proximité, frottant l'arête de son nez avec sa main libre. "Je tricote pas, bleu-bite. Je fais de la broderie."
Ses mots ne semblaient qu'augmenter les éclats de rire du stagiaire, et il pressa une main sur sa bouche essayant de les faire taire, même si ça servit pas à grand-chose.
" Tu ferais bien d'apprendre que toutes les compétences ne s'acquièrent pas avec une lame ou bien une flèche ", claqua Uriel, mais le rougissement qui montait à la base de son cou était trop brûlant pour être caché. "Un assassin a besoin de doigts rapides; l'aiguille m'a fourni des capacités de mort bien plus agiles que n'importe quelle arme dans ce royaume oublié du ciel."
Arthur sembla sentir son embarras, ce qui ne fit qu'élargir son sourire. "Est-ce que vous me remettriez en question, bleu-bite ?" demanda-t-il.
"Non, maître," toussa Arthur, retombant dans sa position militaire. Après un silence d'un battement de cœur, il ajouta : " Voulez-vous m'apprendre ? Si je dois devenir un assassin comme vous, je veux savoir." Malgré son visage calme, ses yeux bruns scintillaient malicieusement alors qu'il ajoutait : " Ou peut-être que je pourrais simplement demander à ma grand-mère.
- Bleu-bite!
- Pardonnez-moi, maître," dit-il précipitamment, baissant la tête. "Seulement une suggestion. Nous pourrions nous fabriquer des napperons," marmonna-t-il. "Cadeaux de Noël en avance..."
À cela, la présence habituellement intimidante d'Uriel s'évapora et il se détourna en grognant, enfouissant son visage dans ses mains. "Bleu-bite," rugit-il quand il retrouva son sang-froid. "Est-ce que je suppose à tort que vous êtes venu me voir pour apprendre?
- Non maître.
- Et est-ce que je suppose à tort que vous étiez le premier de votre classe au palais ? Que vous avez surpassé vos camarades de classe dans toute votre formation ?
- Non maître.
- Alors," Uriel fronça les sourcils, les mots à peine audibles à travers ses dents serrées. "Je suppose à juste titre que vous désirez toujours qu'on vous enseigne?"
Arthur hocha la tête. "Oui, maître. En tous cas," continua-t-il dans un souffle. "c'était le cas jusqu'à ce que je découvre que vous étiez probablement membre du Club de broderie."
À ces mots, Uriel craqua, frappant du poing sur le bureau si fort que les petits verres posés dessus se mirent à vibrer. "Dehors!" hurla-t-il en brandissant ses bras vers la porte en bois. "Tout de suite!
- Maître" fit Arthur avec une révérence raide, se tournant pour qu'Uriel ne voie pas le sourire déjà percer son visage stoïque.
" Et pas un mot de cela à personne !" ordonna Uriel tandis que la porte se refermait en claquant, se retrouvant soudain debout dans une pièce vide.
Relâchant un souffle lourd, il fouilla dans les tiroirs de son bureau, trouvant finalement ce qu'il cherchait : un téléphone simple et élégant. Intraçable à cela. Capable d'atteindre même les endroits les plus fortifiés.
Composant le numéro qu'il avait mémorisé depuis longtemps, l'assassin s'affala sur sa chaise, tenant le téléphone contre son oreille tandis qu'une voix agréable de femme se faisait entendre. "Club de broderie. Comment puis-je vous aider?"