Fruits du Silence
Elle s’est tue mais il ne sert à rien de dramatiser.
Il marche dans la rue et s’aperçoit qu’il subsiste encore pas mal
De ses parfums accrochés à ses bottes.
Et le filet dans lequel il les retient
Parvient à peine à réduire cette ceinture de tristesse
Même si son absence le réduit au silence
Comme une langue excisée dans la neige.
Mais bon ! Tout ne va pas si mal,
Il pourra de temps en temps se transformer en ellipse,
Mais jamais en eclipse dénuée de sang lumineux.
Son image sera comme son enfance,
Elle s’évanouira à l’usage comme ses culottes courtes
Sur les pentes de ses derniers toboggans.
Il ne souffre pas, il désespère seulement un peu,
Aussi se baignera-t'il parfois entre ses mots
Pour revitaliser le pain perdu.
Il fera les tarots et s'il tire la Lune,
Il lui rendra visite, sinon, il restera chez lui.
Il n’y a pas de règle et il est enfiévré,
Il recherche un pull dans son fatras, le plus chaud.
Qui sait ? Il aura peut-être sa couleur…
Mais peut-être l’attend-elle tout simplement sur le palier ?
Il a tiré les tarots, la Lune était cachée,
Il n’a eu que l’ermite et sa lampe tempête,
Faut-il qu'il recommence, Mage dis-lui, doit-il tricher ?
Aujourd’hui, c’est le rythme de l’hiver
Qui lui cloue les yeux entre ses ongles, les aiguilles et le ciel,
Le reste importe peu.
Seuls ces quelques pas absorbant la neige
Au bord magnifique de ses sirènes et de ses abîmes.
Il s’élève.
Il descend ses escaliers.
Mais cette angoisse qui lui grippe la peau
Comme une crémaillère rouillée
Ne cède pas non plus à la sueur.
Et toujours ce même rêve d’une grande salle
Emplie de fioles vides
Que la stridence de son silence rompt avec ses cris.