Une fois obtenue son audience tant attendue auprès du Souverain du Royaume, l'alchimiste tira un papier de sa poche et dit: "S'il plait à Sa Grandeur, j'ai ici la formule permettant d'élaborer une potion à laquelle aucune pestilence ne pourra résister, pas même la plus dangereuse ou la plus virulente. Si ce formidable breuvage était administré à l'ensemble des soldats et des loyaux sujets de sa Majesté, aucune attaque pestilentielle ennemie ne pourrait les atteindre. Son incommensurable Grandeur aurait alors le peuple le plus sain et les soldats les plus vigoureux du monde. Voyez d'ailleurs la lettre d'approbation de votre Conseil Éthique et Scientifique attestant de la valeur incontestable de cette petite merveille. Je suis prêt à en céder le secret à Sa Majesté pour la modique somme de cent mille bourriches bourrées de bibilles de 24 carats ."
Après avoir examiné les documents, le souverain les remit à son Chambellan lui enjoignant d'établir pour ce bienfaiteur une lettre de change payable par le Grand Trésorier du Ministère Royal des Extorsions d'un montant de cent mille bourriches bourrées de bibilles de l'or le plus fin ramené de ses colonies.
- Et ceci", ajouta l'alchimiste - qui exécuta une série de courbettes si artistiques et si exagérées qu'elles en frisaient l'indécence - en agitant en l'air un papier qu'il venait de tirer d'une autre poche - "est la formule d'une pestilence que j'ai mise au point, pestilence si pestilentielle qu'elle est capable de pénétrer les cellules les mieux protégées qui soient et d'infecter quiconque, même ceux des ennemis de Son Illustre Majesté déjà imbibés de la formidable potion qu'Elle vient si subtilement de s'offrir; ennemis que Sa Somptueuse Grandeur pourra alors vaincre et soumettre sans aucun souci. Le propre cousin de Sa Grandeur Sérénissime, le Roi de Foldavie, trépigne d'impatience pour me l'acheter, mais mon éternelle loyauté envers le Trône de Son Indéfinissable Grandeur m'impose de la proposer en premier lieu à Son Excellentissime Majesté. Voici également l'avis favorable de l'honorable et très compétent Conseil Éthique et Scientifique de sa Majestueuse Altesse pour l'achat de cette pestilence - administrable, permettez-moi de le souligner, aussi bien par voie orale que par catapultage - pour les Arsenaux Royaux de sa Gracieuse et Immuable Majesté. Le prix en est également de cent mille bourriches bourrées des même bibilles du même métal que tout à l'heure."
Ayant reçu nouvelle lettre de change royale du même montant payable par le même Ministère des Royales Extorsions, il remit la main dans une troisième poche, et continua: "Le prix de cette pestilence irrésistible aurait dû être bien plus élevé, Votre Grandiose Grandeur, si ce n'était pour le fait que ses capacités de pénétration dans le corps humain peuvent être très facilement rendues inefficaces par le petit élixir secret à ingurgiter postérieurement à la potion que son Illustrissime Grandeur a eu la grande bonté et la haute clairvoyance de me soutirer tout à l'heure , ceci grâce une petite manipulation alchimique approuvée, dois-je le préciser, par les plus hautes autorités du Conseil Éthique et Scientifique de Sa Divine Magnificence et dont je suis l'humble invent-"
Le souverain lui coupa le sifflet d'un geste de sa senestre main, incisif et tranchant, inéquivoque tout comme irrévocable puis, d'un claquement de doigts de la dextre, fit approcher aux doigts de pieds du Trône le chef de sa Garde Royale: "Fouillez-nous cet homme", ordonna-t'il, "et dîtes-nous combien qu'il a de poches dans sa tunique ! "
- Trente-huit, Votre Majesté," le renseigna le Chef de la Royale Garde, une fois le comptage fastidieux terminé.
- Trente sept, seulement, n'en déplaise à Votre Grandeur," pleurnicha l'alchimiste malin, désormais quelque peu terrorisé, " l'une d'entre elles n'est que ma bourse contenant mon sauf-conduit ainsi que quelques brillants destinés à ma bourgeoise."
- Saisissez-le par les chevilles et secouez le bien !" ordonna le souverain; " Récupérez les deux premières lettres de change que nous lui avons déjà octroyées puis toutes les sales formules qui tomberont de ses poches ! Rédigez-en lui une nouvelle pour 3 millions et sept-cent mille bourriches bourrées de bibilles d'or des plus fins car Dieu exècre tous les mauvais payeurs de dettes impayées, mais tranchez-lui bien la tête avant qu'il n'aille les encaisser. Enfin récupérez cette lettre de change et toutes ces formules malignes et diaboliques et portez le tout dans nos royaux appartements auprès de notre royal pot de chambre, nous nous en servirons ce soir pour torcher le cul béni de notre royal postérieur avant d'aller nous coucher. Chambellan, ordonnez à notre Scribe de rédiger un royal Décret instaurant le foutage de gueule comme crime capital. Et faites chauffer fissa le pot de cire afin que nous y apposions sans perdre de temps le Sceau Royal de notre royauté."
Enfin, le Roi, - qui était juste et bon - et pas tombé de la dernière bildeberge - se tourna de nouveau du côté du chef de sa Garde Royale : " Mandez-nous ici même et sur-le-champ l'ensemble des sept membres de notre Conseil Éthique et Scientifique, et faites chauffer sur l'heure le goudron et les plumes. Et tandis que vous allez me quérir ces sacs à foutre, ordonnez en passant à notre Royal Jardinier de faire dresser illico-presto sept pals aux pointes aiguisées et durcies à la flamme sous nos royaux balcons !"
Enfin, le Roi, - qui était juste et bon - et pas tombé de la dernière bildeberge - se tourna de nouveau du côté du chef de sa Garde Royale : " Mandez-nous ici même et sur-le-champ l'ensemble des sept membres de notre Conseil Éthique et Scientifique, et faites chauffer sur l'heure le goudron et les plumes. Et tandis que vous allez me quérir ces sacs à foutre, ordonnez en passant à notre Royal Jardinier de faire dresser illico-presto sept pals aux pointes aiguisées et durcies à la flamme sous nos royaux balcons !"