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du groupe "PAUL RICARD"
- Ecoutez, mes petits lapins, croiser un extra-terrestre ici ou là, au centre commercial ou sur le terrain de basket, à Halloween ou Mardi-Gras, quand ils sortent de leur ambassade, c'est une chose. Mais vivre et travailler en situation rapprochée avec eux en est une autre. Faut vraiment être bien accroché et pas craindre d'être surpris. Tenez, je vous donne un exemple. L'autre jour, avec votre mère, on était invités à dîner chez l'Ambassadrice Ferengi. Sympa, l'ambassadrice. Elle a même appris à causer le javanais en verlan. Sans vocodeur. La plupart de ce qu'ils bouffent n'est pas toxique pour nous, ce qui est un plus.
En tout cas, on était même pas encore arrivés à notre troisième carafe de rouge arrhymarien, entre les foies de limaces et les tripes de salamandres, dissertant sur les bacchanales du Palais Bourbon durant les 20 premières années de ce millénaire, quand soudain ses deux minots font irruption dans la salle à manger en braillant comme des malpropres, s'accrochant à ses jupes comme si leurs vies en dépendaient. "Mon Dieu! Les enfants," s'écrie-t'elle, "Veuillez m'excuser, ça ne prendra que cinq secondes..."
- Qu'est qu'y voulaient, p'pa, qu'est qu'y voulaient ?
- Qu'est qu'y voulaient, p'pa, qu'est qu'y voulaient ?
- Attend, ça vient, Nanooschka. Alors, elle les prend sur ses genoux et dégobille tout ce qu'elle avait avalé dans leurs bouches affamées. Sans quitter la table. Vlan, juste comme ça.
- Ouah, trop d'la balle !
- Ouah, trop d'la balle !
- T'as encore rien vu, coco lapin, écoutez la suite ! Bon, j'ai réussi à me retenir. Mais ta mère a pas eu mon self-contrôle, elle a pas pu s'empêcher de vider tout le contenu de son estomac dans le vase Gwing en jade klonyxien qui se trouvait sur la table. Ce truc coûte une blinde, plus cher que la Joconde...
- Rhôôôô le délire !
- Rhôôôô le délire !
- Devinez donc la réaction de l'Ambassadrice ? Elle se retourne vers nous, fait vibrer ses grandes oreilles - ça équivaut à un sourire chez eux - et elle s'exclame: " Oh, fallait pas, comme c'est gentil de votre part, très chère Madame ! Les enfants, rendez grâces à Dame Marylou pour ces friandises !"
Puis là, elle se lève, soulève le Gwing et le dépose par terre devant ses marmots qui se jettent dessus à trois pattes pour en laper le contenu à grands coups des escalopes vertes qui leurs servent de langues. Je vous raconte même pas, vous m'croiriez pas si je vous mentais.
- Oh p'pa, c'est trop dégueux, beurk...
- Oh p'pa, c'est trop dégueux, beurk...
- J'vous le fais pas dire. Bon, maintenant, assez rigolé. Vous allez m'avaler ces carottes, - râpées avec amour par votre mère -, avant que j'vous les enfourne profond, avec les trois Ricards et les sardines à l'huile que j'viens d'avaler, dans le fin-fond de vos gosiers de sales petits couineurs de petits morpions mal élevés...