Le mois dernier dans le magazine Marianne, dans la rubrique repères du Monde, on pouvait lire une interview d’Eric Laurent, le journaliste et auteur du très controversé « La Face cachée du Pétrole ». Aujourd’hui, date mémorable dont l’on se souviendra comme étant celle où le prix du baril de brut a franchi les 72 dollars, le service public d’antenne 2 a enfin pensé à inviter ce mec pour une interview – courte et expédiée à la va vite je vous l’accorde – pour tenter d’expliquer sur le journal de treize heures le pourquoi d’une telle hausse et comment y remédier.
Mais voyons, amis consommateurs, amis paysans, amis pêcheurs et amis industriels qui vous inquiétez de cette soudaine hausse des prix susceptible de faire fondre vos bénéfices, n’avez vous donc pas compris que nous vivons depuis des lustres bien au dessus de nos moyens ? Que la manne pétrolière qui a mis 500 millions d’années à se matérialiser est sur la verge de s’assécher ? Et que nous n’aurons mis qu’un peu moins de 100 ans à la dilapider ?
Alors si j’étais vous, je me dépêcherais d’engloutir mes économies dans le pétrole restant tant qu’il est à 72 dollars le baril et de vous frotter les mains de cette aubaine, bande de sacrés veinards que vous êtes, parce que je suis prêt à parier que dans un an jour pour jour, il aura dépassé les 150 pour par la suite grimper en flèche vers des sommets inimaginables.
Y a sûrement un bon coup à faire !
Mais il y une autre chose de sûre aussi, c’est que le jour où cette manne sera complètement à sec, ce que certains comptables spécialisés s’accordent à situer dans un avenir situé entre 3 et 5 ans, la population mondiale dégringolera rapidement des 6 milliards et demi d’habitants qu’elle compte aujourd’hui au chiffre plus raisonnable et qu’elle n’aurait jamais dû dépasser de 2 milliards. Une chute de 4,5 milliards donc et où les coupes les plus franches – sous forme de guerre, épidémies et famines - surviendront dans les pays les plus développés, donc entre autres chez nous.
Parce que nous ne savons plus rien faire sans pétrole. Ni machines, ni vêtements, ni cuisine, et, en dépit du bon sens, ni nourriture. Et oui, pour faire sortir 1 calorie végétale ou animale de notre bonne vieille terre agricole gauloise, il nous faut en brûler 6 ou à peu prés, issues du pétrole.
Et encore, à coup de subventions.
La soit disant indépendance énergétique de la France basée sur le tout nucléaire n’est qu’un leurre de vos politiciens, la France ne possédant pas plus de gisement d’Uranium sur son propre sol que de pétrole dans ses sous-sols, et ce depuis bientôt 10 ans. Et le nucléaire, voyez-vous, à l’inverse du pétrole, ne fait pas pousser les radis ni gonfler les citrouilles alors n’espérez pas qu’il puisse faire engraisser les vaches à lait ou le porc breton. On n’en tire ni nylons ni autres matières plastiques, on ne peut ni en fabriquer de composants d’ordinateurs ni de PC, encore moins de CD ou de DVD.
C’est toute une civilisation qui va se barrer en couille et être décimée. Les économies d’énergie demandées par le gouvernement ne sont que des coups d’épée dans l’eau pour nous mystifier une fois de plus.
On incite les constructeurs à sortir des autos ou des avions moins consommateurs mais en même temps on nous incite à consommer, à voyager plus et à acheter plus et plus encore de bagnolles, surtout les derniers modèles du dernier salon. On se fout de notre gueule à l’UMP et au PS ou quoi ?
Bon, il est vrai que sans l’arrivée de la Chine sur le marché production-consommation, on aurait pu tirer un peu plus longtemps (une vingtaine d’années au maximum) sur la poule aux œufs d’or, mais ce n’est plus le cas.
Arrivera un moment où il ne restera plus qu’une alternative : La Guerre. S’approprier le plus vite possible le peu qui reste en stocks dans les champs pétrolifères pour faire durer notre rêve un tout petit peu plus longtemps, puisque de toutes façons, aucune autre énergie ne sera capable de palier assez rapidement à l’épuisement de cette dernière dans ce laps de temps.
Et nos politiciens ne méritent qu’une chose, eux censés guider les pauvres de nous vers des lendemains qui chantent mais qui ont préféré, depuis la prise de la Bastille, se vendre aux marchands de sable, qu’on leur coupe les couilles et qu’on les leurs fourrent dans le fion. Bien profond.
D’un autre côté, on a les politiciens qu’on se donne paraît-il. Alors continuons à nous enculer les uns les autres jusqu’à la pénurie totale.
Mais on pourrait en changer, on a le droit de rêver, si on allait tous voter pour le Parti de la Décroissance qui vient d'être créé pas plus tard que le 05 avril dernier, parti qui a le mérite de refuser de jouer plus longtemps à l'autruche.