D'accord, d’accord, vous savez combien parfois la vérité peut être blessante ? Bien, dans ce cas, elle ne ferait pas de mal – oh non, bien au contraire !
Mais ce n’est pas non plus terriblement captivant. Imaginons toutefois que je pourrais admettre le fait que mes tétons se trouvent désormais à plusieurs centimètres de distance de ma cage thoracique, et qu’ils ne soient plus à moitié planqués dans une brousse de poils bouclés.
Mais tout d’abord, quelle genre de femme serai-je donc ? Monica Belucci ? La mère Denis ? Crystale B36 ? Super Woman ? Ségolène Royal ? Non, non, je crois que je vais rester plus près de chez moi.
Je crois que je serais la femme qui est la mienne, c'est-à-dire celle que j’aimerais être si j’en étais une. " Eh! ça mérite pas un gros câlin et une gâterie, ça, ma petite louve chérie?"
Franchement, je vois pas comment ce serait possible, mais admettons que ce soit le cas. Bien, la première chose que je ferais en me levant - après que mon mari m’ait apporté le café et les croissants au lit bien sûr - serait de prendre ma douche. Et ça va être une douche loooOOOooongue et remplie de vapeur ; impossible de m’y soustraire.
Bien, disons que je me lève disons vers 9 heures. Mon agenda est rempli jusqu’à 10 heures 30 afin de me permettre de m’habiller, de me peigner, de me maquiller, de me parfumer et de changer quatre fois de vêtements, bon, disons plutôt 11heures et demie, minimum. Alors pas d’appels s’il vous plaît, et annulez tous mes rendez-vous du matin. Merci.
Donc me voici arrivée à l’heure du déjeuner. Où vais-je donc bien pouvoir aller prendre mon premier repas de femme libérée ? Hmmm je sais, traitez moi de perverse si ça vous chante - comme si que ça allait choquer quelqu’un maintenant! - mais j’irai dans un routier.
Un mec dans un corps de femme allant toute seule bouffer non accompagnée dans un restaurant routier, papotant avec toutes ces jolies señoritas girondes qui font le service et qui ignorent totalement qu’elles ont affaire à un homme !
Mama mia… c’est le genre de truc qu’on ne trouve que dans les rêves les plus fous – ou la pires des Sitcoms. Miam…
Bon, le déjeuner, c’est réglé. Pas vraiment folichon.
Quoi ensuite? Qu’est ce que font les femmes que les mecs ne font pas, et que je vais adorer faire quand même, ne serait-ce qu’un tout petit peu ? - à part le truc de la douche qui s’éternise bien sûr. - Je suis pas certain, euh, je voulais dire pas certaine, de ce que je veux faire ensuite, alors je vais dresser une liste de ce que je pourrais faire, selon l’heure et l’endroit où je me trouverai et l’époque de l’année où aura lieu ma métamorphose.
1. Il y a une salle de gym à Vannocéa, la piscine de mon quartier - vous voyez le genre, la salle réservée aux femmes avec de grandes vitres dépolies pour décourager les voyeurs ? - J’irai peut-être y faire un tour, juste pour voir à côté de quoi je suis passée toutes ces années. « Non, non, retournons encore au vestiaire… je tiens vraiment à conserver une image mentale de la couleur des murs de cette pièce, les copines. »
2. Bien entendu, je ferai un détour par les toilettes des femmes, dans le plus de toilettes de femmes possible dans le temps qui m’est imparti. Pas - seulement - pour les raisons auxquelles vous pensez, chers perverses et pervers, mais pour vérifier de visu s’il est vraiment aussi difficile que ça de faire pipi debout.
Je veux dire, c’est fou la quantité de porcelaine qu’on pourrait économiser si nous autres les femmes utilisions de simples urinoirs plutôt que des trônes impériaux sur cette planète… Réalisez vous combien de délicates poupées et de statuettes ne sont pas produites et mises sur le marché dans le monde à cause de nous ?!
3. Je me tiendrai à l’écart des bars et des bistrots ; je ne tiens absolument pas à ce que des ringards de beaufs comme… je sais pas moi, mon mari par exemple, viennent me faire du gringue simplement sous le prétexte que je suis une femme. Oooh, mais attendez une petite seconde… et si j’allais, nooon…, si ?... dans un bar de lesbiennes ?
Houla, ça changerait tout, là…, draguer une femme sous l’apparence d’une autre femme ? Mon dieu, je me sens tout simplement dépassée par les possibilités qui s’offrent à moi. Je crois que j’en ressens déjà toutes les vapeurs étourdissantes, la tête m’en tourne et je ne sais plus ce que je dis - peut-être vais-je tout simplement rentrer m’allonger quelques instants et réfléchir un peu plus à tout ça en me caressant à tête reposée…- je dois y réfléchir à deux mains et à deux fois car il ne faut pas que j’oublie que je suis une femme mariée.-
Bon, je suis pas sûre de combien de ces trucs je serai capable de faire en une journée, mais une petite combinaison des trois ne me déplairait pas en attendant la fin de cette journée extraordinaire. Alors, ce sera l’heure de mon bain moussant aux herbes relaxantes avant de passer au lit. Mais juste avant d’aller me coucher, une petite tisane aphrodisiaque ou quelque chose comme ça pendant que mon mari commence à ressentir les premiers effets du cachet de viagra que j’ai écrasé subrepticement dans sa bolognaise .
Puis je recevrai les honneurs langoureux de ce coquin comme je lui ai fait promettre. RhoooOOOooo si vous saviez comme il est bon depuis que je lui administre ces cachets!
Et puis réfléchissez, il faut tout de même que j’entraîne ce corps tout neuf et en rodage. Ce n’est qu’une location à la journée, souvenez vous, alors pas une minute à perdre.
Que celui qui en héritera demain matin nettoie les traces poisseuses de notre nuit d’amour. Car de toutes façons, moi, après minuit, je suis plus de service !
Au fait, ça tombe quand la fête des mères l’année prochaine ?