En enfer, si ça existe, le maître d'hôtel distribue de longues fourchettes qu'on soude avec un anneau aux poignets des nouveaux arrivants, ceci pendant que les démons gardiens leur piquent le cul à la fourche classique. Ces fourchettes sont plus longues que leurs bras. Quand ils essaient de se servir de ces fourchettes pour tenter de manger la bouffe infecte qu'on leur distille, ils n'y arrivent pas car les manches sont trop longs et la bouffe leur passe sous le nez. Bien qu'il y aie plein à bouffer dans l'hôtel à Satan, pas moyen de casser la croûte et donc, on crève éternellement de faim. D'un autre côté, au paradis, c'est kif-kif. Les mêmes fourchettes de la même usine. Mais tout le monde est content et bien nourri. La différence avec l'enfer, c'est qu'au paradis, les gens n'essaient pas de se nourrir en égoïstes, ils se donnent la becquée les uns les autres.
Et moi, pour qui le paradis est loin d'être gagné, je vous raconte tout ça tandis que mon regard tente en vain de se dégager de celui de Marylou qui sait lire les noirceurs de mon âme dans le blanc de mes yeux...