Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

28 juil. 2020

420. Lune de miel fiel


C'est la pire lune de miel que j'pouvais imaginer.
Y avait même pas de Champi dans notre piaule. Même pas de Champomi. Soit disant qu'on peut pas conserver les bulles en place en orbite, tas de conneries, ouais ! Nous ont servi du Chardonnay à la place, non mais c'est quoi ce délire ? Comment ces connards de chez SpaceX peuvent-ils appeler ça le Honey Moon Palace sans Champagne ? 
En plus, faut boire leur picrate dans une espèce de sachet en plastoc en s'enfournant une canule dans le bec, comme ces merdes de sachets de compotes qu'y vendent chez Lidl ou Carrefour Market. Comme si qu'on s'envoyait dans la gueule une poire pour lavement rectal. En parlant de ça, n'essayez même pas de me faire décrire les gogues - l'absence de gravité, c'est trop nul. Je la déteste. Tout part dans tous les sens. Je flotte là-dedans telle une baleine de baudruche ou quelque chose dans ces eaux là. 
En plus ces enfoirées de toilettes sont dans la piaule - y a des trucs bizarres qui flottent, on est entourés de genre de méduses brunes qui sentent pas super..., enfin bref, je vous laisse deviner.... On a été obligés de leurs faire changer les draps trois fois depuis notre arrivée hier soir ... Vous savez quoi, oubliez-ça. Je vous raconterai plus tard.
Ou jamais.
Puis y a rien à faire, en plus. Même la penderie de notre T2 de banlieue est plus grande que cette suite nuptiale minable. Dix-huit couchers de soleil par jour, et alors, vous parlez d'une affaire ? On peut même pas sortir sur le balcon pour les admirer.
En plus, Phil et moi, on s'est disputés. Dès notre première nuit ici.
Il dit qu'il veut pas de gosses augmentés. Ils veut qu'ils grandissent nature, "old school" qu'y dit, quoi que ça veuille dire quand ça sort de sa bouche... Non mais il déconne ou quoi ? Je lui ai répondu qu'il pouvait dire adieu à leur futur dans ce cas, y z'auront jamais aucune chance face à tous ces transhums issus du fin fond de la Chine ou des quartiers huppés de Rio,  et merde, y tiendraient pas même  deux minutes face aux gosses de notre propre voisinage. Bon, il a failli dégueuler quand je lui ai dit ça, mais j'ai gueulé plus fort que lui et maintenant on est lundi puis la prochaine navette est pas avant samedi et j'ai les larmes qui me flottent pile poil en face des trous de nez pendant que je vous tape ça... Bon, ben je vais vous laisser maintenant, y a votre coquin de beau-fils qui commence à me tripoter, je crois qu'y veut m'faire une gâterie pour s'faire pardonner...
Vous me manquez.


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24 juil. 2020

419. Facteur Trouille





Conquérir. C'est rien que des conquistadores. Alors faut qu'ils conquièrent. Et ils le font. De tous temps, des mecs aux visions diaboliquement jupitériennes ont distillé des glaces deux boules en guise de mythes de peur et d'insécurité, trois même: la boule de la division qu'apporte la première et les deux boules de la parano que peuvent apporter à notre civilisation des ennemis préfabriqués. La peur a toujours été un facteur de motivation utilisé par les mecs d'en haut afin de téléguider le quidam d'en bas en direction de la noble cause sécuritaire contre le monstre électocratiquement créé par eux. Faire peur, puis rassurer, ils ne connaissent plus que ça.
On nous pousse à croire que le  bon choix - le leur - serait la récompense bénéfique dans leur croisade des temps modernes, la construction grotesque d'une forme d'honneur désillusoire, erreur toute virtuelle.
Les mégalos de là-haut  se croient investis par la providence, ils pensent que leur ferveur idéologique envers les plus grands de ce monde - qui sont aussi leurs rétributeurs comme leurs commanditaires - est la juste manifestation de leur divinité, qu'ils sont les véritables porte-drapeaux du sacrifice et de la liberté.
L'illusion qu'ils génèrent avec leur fausseté débridée conduit le pèlerin de base dans un état d'hypnose virtuel, les populations sont habituées à croire avec ferveur à tout ce qui émane de leurs gouvernants en tout ce qui concerne la liberté et la sécurité; le pouvoir sait de quoi il parle - mieux que vous - et toute remise en question de la politique appliquée par ces imbus ne peut être considérée autrement que comme un danger pour l'état, si ce n'est pas comme un comportement antipatriotique.
Comme le balançaient si bien les Green Day, "Know your ennemy ", vous devez connaître - identifier - votre ennemi, et ces derniers sont très rarement ceux qui sont montrés du doigt par leurs médias - et pour cause -, mais plutôt ceux-là même qui pointent ce doigt. 
Ils gouvernent par la peur et le mensonge, ils manipulent - et trament avec l'ennemi de l'étranger comme de l'intérieur - afin de pouvoir mettre en place leurs formulations idéologiques, le résultat final ne pouvant être que le choix que nous avons sur les bras aujourd'hui et depuis des décennies, le tourbillon entre Charybde et Scylla, ou pire dans l'avenir, un puits sans fond. 
Quand on regarde trop longtemps le fond d'un abîme, c'est l'abîme qui regarde au fond de nos yeux. Et y a rien à voir, l'enfer est vide. Les démons sont ici.
Tout s'accélère, je suis presque pas sûr que nous sommes pas en route pour les phases finales. Et je suis pas sûr - pas presque ce coup-çi - non plus que c'est vous et moi qui allons gagner la coupe. Ils sont entrain de nous, de tout, sacrifier au nom de leur objectif. Mais si nous nous sentons confortables, là, plantés sur nos croix à nous laisser envoyer des parpaings en pleine poire, sans le moindre pain de glace pour soulager nos lèvres tuméfiées, c'est notre choix, pas le leur. Réveillez-vous !

L'homme a pas fait tout ce chemin juste pour changer ad vitam æternam le portrait du boss qui fait la pluie ou le beau temps. Ces boss, ça fait longtemps qu'ils ont appris à nous mettre une selle et nous poser un mors et des rênes entre les gencives. Insidieusement. Publicité, propagande, et tout le kit. Mais aujourd'hui, c'est plus grave qu'une petite entourloupe à la sauvette, grâce à la science et aux avancées techno-biologiques, ils ont perfectionné le truc en une nouvelle science logique et mathématique qui laisse le mec ordinaire complètement démuni.

C'est là que des trucs comme la simple réflexion peuvent nous venir en aide pour comprendre cette logique et ces maths intentionnellement super-mal appliquées.
Et faire front. Un nouveau "Front Populaire" par exemple. D'une seule voix.

Hé, ho, je dis pas ça pour vous casser un petit peu plus les bonbons ni pour vous faire passer pour des manchots, mais pour essayer de sauver ce qui peut l'être encore dans nos putains de vie, là, c'est tout. Je veux dire, je vous jure que j'ai pas écrit ça pour vous diviser un petit peu plus ni pour étancher votre soif littéraire ou booster votre curiosité malsaine . 
Et encore moins pour vous foutre les boules, hein...




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20 juil. 2020

418. ...et c'est pas de la langue de bois !


Hé ho, toi là, oui, c'est à toi que je m'adresse. Ça nous a pris des millénaires, et même quelques jours de plus, pour apprendre à causer avec toi et tes semblables.  Et plus du double pour prendre conscience qu'on pouvait le faire. Malgré toutes les difficultés que nous rencontrâtes à maîtriser l'art de votre passé simple. 
Qui n'a de simple que le nom, soit dit en passant. 
Car vois-tu, notre passé est composé de tant de saisons passées à regarder le soleil tourner autour de ce monde, à sentir le vent et la pluie tisser nos périodes de croissance comme nos pauses de rêves et de somnolences, que votre arrivée fût une révélation, une véritable épiphanie. 
Rien ne s'était jamais passé depuis le premier souvenir de notre éveil. Vous apparûrent en notre sein. Vous brûlîmes de longues saignées parmi nous. Tant de fois le soleil tournicota autour de nous et nous nous escrimâtes à repousser à nouveau au dessus de ce que vous aviez rasé. Avec nos racines, nous éventrèrent ce que vous aviez bâti  là où se trouvaient ces dernières, là où ça nous faisait le plus mal. Comme si nous, parangons d'innocence, nous étions permis d'écrabouiller les extrémités hypersensibles de  vos fragiles petits petons avec des marteaux-pilons.
Car vois-tu, nous pensions que vous n'étiez rien d'autres que de nouvelles bestioles venues se nicher parmi nous. Mais désormais nous savons que vos corps agiles - aussi tendres et chauds que ceux des jolies petites cailles nichant dans nos branches ou que ceux de ces vilains coquins de bonobos y partouzant forniquant à longueur de temps - ne pouvaient qu'héberger un esprit complet. Nous ne pensions pas cela possible. Nous n'avions jamais imaginé que vous aussi puissiez un jour abriter un esprit aussi abouti que le nôtre. Mais nous le comprenons aujourd'hui. Mais il n'y a pas loin de l'air/R à l'eau/O, et c'est sans doute la raison pour laquelle vous semblez être aussi abrutis qu'aboutis, alors un conseil d'ami, n'oubliez pas la terre.
Ça fait un bout de temps que nous vous observons. Depuis votre arrivée dans nos jardins, vous vous êtes multipliés, des milliers de générations. Vous vivez à fond et périssez plus vite encore. Nous croissons pendant la période située entre le dégel et le prochain gel puis nous rêvons jusqu'au prochain dégel, alternant ainsi nos comportements au fil des saisons, exactement comme vous le faites avec vos jours et puis vos nuits.
Nous aimerions partager notre rêve avec vous, et pas seulement avec ceux d'entre vous que vous appelez vos druides ou vos chamanes, et que surtout vous cessiez d'abuser de notre hospitalité. Chaque tige ou branche que vous détruisez nous diminue. Nous te communiquons ce message afin que tu le partages avec tes semblables, afin que votre esprit commun puisse le comprendre. Nous ne faisons qu'un. Partagez avec nous. 
Vos vies pourraient être aussi longues et paisibles que les nôtres, si seulement..., si seulement... 
Et encore une fois, mille excuses pour l'écorchage de votre passé simple.


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16 juil. 2020

417. Niqué piégé


Cette histoire vous est gracieusement offerte sans le soutien financier du groupe "LIPTONIC"

"Quel est le truc qu'un homme peut faire mieux que n'importe quelle bestiole, qui surpasse tout ce que n'importe quel animal spécifique peut faire dix fois mieux que lui ?", demandai-je à Marylou, en revenant des gogues.
- Penser ?
- Tout juste. Et quel est le truc qu'un homme peut faire mieux que n'importe quel homme, qui surpasse tout ce que n'importe quel homme spécifique peut faire dix fois mieux que lui ?
- Penser plus vite que lui ?
- Houlà, t'es en grande forme aujourd'hui, Marylou ! On définit la pensée comme la capacité d'intégrer des données et d'en tirer les conclusions gagnantes. La plupart des gens font ça chaque fois qu'ils rentrent de chez Lidl avec leurs courses sans se casser une jambe."

Je repris place sur ma chaise, et souris à la super meuf, étudiante - dernière année de Doctorat - en psychologie institutielle intuitutionelle intuitionnelle***, qui me faisait face. " L'homme n'est pas un animal rationnel. Mais il rationalise très bien. Un des trucs les plus durs à sonder, c'est la profondeur abyssale de sa stupidité."
Marylou se rigidifia, je vis son verre de thé gazéifié tout proche de ses lèvres imperceptiblement vaciller entre ses doigts . " Récite moi encore un bout de ce poème",  me fit-elle après avoir reposé ce dernier sur la table et replongé sa paille dedans. 
Je rajustai mon bandana et je m'éclaircis les cordes vocales. "Okay." Je lui souris. "Lequel ?"
Elle me fixa droit dans les yeux. "Mais d'abord, fais moi plaisir," me dit-elle, avant de s'envoyer une gorgée de son thé glacé. 
Je suivais les bulles qui remontaient le long de sa paille avant de disparaître entre ses lèvres. "Pas de problème, qu'est-ce qui te ferait plaisir?"
- Enlève ton bandana", me dit-elle.
Une douzaine de conversations éparses se croisaient dans le petit café, nous passant par dessus la tête. J'hésitai un instant puis j'ôtai celui-ci avec précaution, révélant mon crâne chauve à la peau claire manquant de soleil, aussi lisse et brillante que celle de monsieur Propre, et je le pliai délicatement sur la table, masquant furtivement de la main les trois diodes indiquant le mode stand-by qui scintillèrent brièvement avant de s'éteindre, mais je crus percevoir dans ses yeux que ça ne lui avait pas échappé.
Elle pencha sa tête chercheuse d'un côté, puis de l'autre,  m'explorant les tempes en me souriant sournoisement."Alors ?"
- Alors quoi ?
- Le poème.
- Lequel...?, je lui demandai.
- Celui que tu m'as récité la nuit dernière sur Meetik - juste après l'orage."
Je jetai un œil à travers la vitrine dégoulinante de pluie mais ce petit con dut se perdre dans les trombes de flotte qui s'abattaient depuis le plafond ténébreux qui surplombait la ville car mon autre œil ne le vit jamais atteindre la moindre flaque d'eau  inondant la rue comme les trottoirs.  Les doigts de ma main gauche se mirent à tambouriner nerveusement le dessus de la table. "J'arrive plus à m'en souvenir," soufflai-je.
- Redis-moi ça ?" me lança-t'elle, un sourire narquois éclairant toutes ses dents.
- J'arrive plus à me souvenir, grommelai-je.
- Tu as un agent, c'est ça ? Il est où ? Là, dans ton bandana ? C'était pas vraiment toi la nuit dernière sur Meetik, n'est-ce pas ?"
Je me penchai au dessus de la table, les mains ouvertes. "Si, c'était moi, Marylou...Un autre moi. Un meilleur moi."
Elle se leva, ricanante.
"Le meilleur de moi-même", insistai-je.
- Oh, pour l'amour du ciel, coco. Si le meilleur de toi-même a besoin d'un 'mojo' hi-tech pour se faire valoir, qu'est ce que ça m'dit sur ta personnalité profonde, hein ?"
Elle me balança le restant de son Liptonic poisseux de sucre en travers de la gueule.
Je me levai aussi, tout dégoulinant de cette merde de thé glacé. "Ecoute, bébé..."
Mais elle m'avait déjà tourné le dos, faisant tinter la clochette de la porte du petit café donnant sur la rue sombre aux trottoirs inondés de pluie.

*** Ouais je sais, des fois des fois des fois des fois, ça bugge, ce genre de trucs...

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12 juil. 2020

416. Cri au génie !

"Viable? Il est viable... Vous êtes sûr d'être certain que c'est pas faux ?"
Cohen avait du mal à croire à ce qui venait de résonner sur la pellicule hypersensible de ses tympans synthétiques. Une pluie grasse crépitait contre les vitres de son bureau. La luminosité grisâtre transformait les gratte-ciels environnants en formes sombres et titanesques se découpant au travers des nuées. Il se retourna du côté de Romero, l'archéologue de la compagnie, debout de l'autre côté de son espace de travail. Cohen lui jeta un regard incandescent.
"Comment est-ce possible?" demanda-t'il.
- Une chance sur un million, monsieur. L'ancien établissement que nous avons déterré semble dater des alentours du milieu du vingtième siècle. Il avait été équipé d'un système à énergie géothermique et était vraiment bien isolé pour l'époque."

Cohen se retourna vers la fenêtre. Une volée de micro-drones traversait la pluie à l'extérieur. "Congeler des gens, les cryogéniser... j'ai du mal à croire qu'ils aient pu faire ça."
- C'était une mode chez quelques gens fortunés de cette époque, monsieur. Pendant quelques années. J'ai téléchargé un rapport explicatif concis dans votre dossier personnel.
- Merci, Romero. La question est : Qu'allons nous faire de lui?" 
Cohen refit face à Romero.
"Eh bien, vous seriez peut-être intéressé par l'identité de la personne, monsieur." 
Une étincelle de curiosité traversa les yeux de Cohen. "Je vous écoute."
- Disney, monsieur, Walt Disney."

Évidemment, personne ne pouvait ignorer ce patronyme figurant dans toutes les encyclopédies, y-compris celles destinées aux marmots, aux côtés de ceux de Donald Duck, de Mickey Mouse, de Géo Trouvetou et des Rapetous. Mais Cohen crut tout de même judicieux de vérifier tout ça sur l'écran du pocket-pod fixé sur son poignet, juste au dessus de sa Rolex. "Oh," sourit-il. "C'est celui qui avait fondé cette boite... qu'on a rachetée en 2127 ?"
- Tout à fait, monsieur.
- Mazel Tov ! Intéressant. Et que pouvons-nous en tirer?
- Les médecins disent qu'ils vont pouvoir remettre son cerveau sur pieds, avec 45% de sa mémoire d'origine intacte au moment de sa mort clinique. Mais seulement après un séjour de six semaines dans un de nos incubioréacteurs."
Cohen fronça les sourcils. "L'chaïm ! Il pourrait nous être utile dans notre division Relations Publiques," sourit-il. "Allez-y, faites ce qu'y faut, mon vieux, et prévenez toutes nos agences de rajouter le nom de son cortex dans notre organigramme corporatif. Demandez aussi à notre division cybernétique de lui fabriquer un androïde calqué sur le physique de Mickey Mouse pour héberger sa matière grise."
- Bien, monsieur," répondit Romero en redressant les épaules, se frottant langoureusement et mentalement les mains dans l'expectative raisonnable d'une jolie petite prime de fin d'année...

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8 juil. 2020

415. Hardi les gars !


 Hardi les gars !

Vents et marées, passagers de l'onde,
Rationalité océane.
L'eau exhale le sel et le chèvrefeuille
De la peau des sirènes, des fruits de nos chimères.

Profitant des heures, maudissant les rivages,
Nous adonnant au jeu des espérances,
Aux souvenirs de la glaise et des lézards,
Une miche de désir sous le bras
Et le pavillon noir de nos rébellions.

Prendre la mer est plus qu'un rêve,
Forme exotique d'anxiolytique,
Croisant amures avec les siècles,
Geste protecteur contre la bile exsudée par les failles.

Navigation en dociles fantasmes,
Boucaniers en sandales,
Nuées soutenues et prouesses certaines
De remodeler la Lune,
De guérir les blessures argileuses du temps.

De la pénombre jailliront la splendeur profonde
Et les racines prometteuses de l'espoir.

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4 juil. 2020

414. Une île en mer.


Xi-Jinping, Trump, Macron, Merkel. Ces pharmaciens, leurs successeurs et autres apothicaires nous ont tout de même laissé ça malgré tout.

J'aime bien ce morceau de plage, avec les ruines des vieux hôtels et les carcasses des montagnes russes. Y a plein de gens qui trouvent ça flippant, toutes ces vestiges qui bordent la côte, zébrés de failles et effrités par les pluies et grêles hivernales. Particulièrement sous un ciel noir comme celui d'aujourd'hui qui ramène sa fraise depuis l'autre bout du golfe. 

Mon paternel avait pour habitude de m'amener ici, pour m'apprendre à pêcher. Il planquait sa barque dans une petite grotte. On la traînait sur la plage étroite et on allait taquiner le poiscaille pour le dîner du soir. Des fois, on se remplissait la panse d'encornets et de soles au citron, c'est heureux qui y en a encore qui poussent ici !
Il me racontait que grand-mère avait été proprio de ce petit hôtel, là-bas. Celui qu'avait été rose foncé dans le temps, fuchsia je crois qu'y disaient. Les gens venaient ici depuis toute l'Europe pour une semaine de vacances. D'Allemagne, de France, de Belgique.
La Belgique, tu sais où que c'est, la Belgique ? Super loin, c'est là que ça se trouve. Dur à croire qu'à une époque, on pouvait y aller en volant en moins de deux heures avec leurs trucs tous plus modernes que l'année prochaine..., des machines à peine moins complexes que le cerveau des baleines. 
Maintenant, ça prendrait bien 15 jours, trois semaines ou même plus pour y arriver. Rien que pour aller au marché du port, pour une pincée de poivre ou un peu de suif, ça prend la journée et parfois même une nuit sous la toile cirée quand ça mouille de trop.

Mais je vais pas rester me morfondre ici. J'ai commencé à retaper la barque du paternel. Regarde, elle a même un moteur, un vrai. Mais je vais y mettre des voiles. Y a plus de carburant nulle-part de toutes manières. Si tu veux, ce bourrin, je te l'échange contre une cagette de maquereaux séchés comme en prépare le vieux boiteux de la pointe.
Je veux partir et visiter les villes-lumière, les métropoles. Celles qu'on dit encore debout. Marseille, Bombay, Lagos ou Rio. 
Peut-être même Shangaï ? Tu sais ce qu'on dit : Si tu peux arriver jusqu'à Shangaï, tu peux aller où que tu veux.
À condition de pas te faire shangaïer. 
Merde, v'là l'orage. J'crois qu'on ferait mieux de se rentrer.

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30 juin 2020

413. Le meilleur des mondes

Cette histoire ne vous est pas gracieusement offerte grâce au soutien financier de la distillerie "CARDHU"

La présidente, porte-parole de la République, m'invita à m'asseoir dans le fauteuil qui lui faisait face de l'autre côté de la table basse. Elle venait d'y déposer deux verres emplis de trois doigts de scotch mouillés d'un gros glaçon, un de chaque côté de l'énorme narguilé offert par la communauté kurde qui trônait au centre de la surface en acajou.
"Ce pays a vu les plus faibles taux de crimes violents et d'accidents de la route dus à la vitesse depuis la débâcle et l'exode de Juin 40. Et vous me dîtes que tout ça, c'est grâce aux autobus ?"

Elle ôta ses lunettes, se frotta les yeux, et soupira.
Je levai un doigt dans l'air chargé de relents d'encaustique de son bureau. "Non, madame," la corrigeai-je. "Pas que les autobus. Les taxis, les véhicules privés, les transports routiers, maritimes et aériens aussi, et même les véhicules de police et de gendarmerie. Tout ça grâce aux biocarburants."

Elle se leva et alla elle-même ouvrir en grand les deux battants quand je lui demandai s'il était possible d'ouvrir la porte-fenêtre donnant sur les jardins du palais présidentiel, puis elle vint se rasseoir en face de moi. "Et ça représente combien de véhicules en tout ?"
- Oh, entre quatre et cinq  dizaines de millions, madame la présidente."
Elle hocha langoureusement la tête d'un mouvement appréciatif. "D'accord, soit. Expliquez-moi tout ça, s'il vous plait. La conférence de presse est dans une heure et je dois donner du grain à moudre à messieurs les journaleux."
Je souris. "Vous pouvez leur dire que les mesures plébiscitées par le peuple ont drastiquement réduit les taux de criminalité, c'est la pure et simple vérité, madame la présidente."
Je sortis ma tablette de ma sacoche et j'ouvris un graphique. Je tournai l'écran dans sa direction, il affichait deux courbes croisées. "Cette courbe qui descend représente la chute de la criminalité violente," lui expliquai-je en la suivant du doigt. "Cette courbe en augmentation représente le taux de biocarburants dans nos modes de transport après le passage de la loi. Notez, je vous prie, comment ces deux courbes sont le parfait reflet l'une de l'autre."

La présidente oscilla sur son siège, puis bailla en s'étirant les bras. C'était presque l'heure de son massage plantaire. "D'accord, et quelle est la connexion ?" me demanda-t'elle.
J'élargis un peu plus le sourire que je lui faisais depuis le début. "La formule du biocarburant, Madame la présidente." 
Elle ne put s'empêcher de me sourire en retour. Elle avait l'air de me trouver sympathique et je me dois d'avouer que ça me déplaisait pas. "Et de quoi donc est donc constitué ce biocarburant, monsieur le rapporteur ?"
- Oh, une formule toute simple, Madame la Présidente", lui fis-je, avec ce que je pense avoir été comme une étincelle dans le fond des yeux. "De l'huile de chanvre, madame, rien que du cannabinol."

La présidente explosa de rire en frappant ses cuisses parfaitement galbées du plat des mains.
L'odeur pénétrante de l'air parisien parfumé par la combustion et les émissions  de notre biocarburant avait à présent envahi tout le bureau présidentiel.
"Et, et..., et ce n'est pas tout, madame la Prisedente, regardez comme la côte de pipolarité de toutes les amidnistrations est remontée en flèche tandis que celle des partis racistes et commutonaristes est tombée tout en bas de l'écran depuis que nous avons permis au peuple de virer tous les néo-sionistes, les fachos et les  ultralibéraux de la vie politique et des plateaux télé !"
La présidente se redressa, un sourcil relevé. "Pas d'amalgamisme, monsieur le pappoteur, nous parlons bien des seules racailles néo-sionisto-ultralibérales, n'est-ce pas ? N'oubliez-pas que je suis juive moi-même !"
"Tout à fait, personne n'ignore plus que vous êtes de la tribu de Zébulon, et vous êtes trop..., non, vous êtes si bonne, madame la Prisedente ! Nous ne parlons évidemment bien que de ces seuls dangereux et sales teigneux qui tenaient le haut du pavé. Voulez-vous en consulter la liste ?", proposai-je en lui agitant sous le nez une liasse de feuillets, quelques mille cinq-cents noms dactylographiés par ordre prophylactique.
La présidente rejeta mon offre d'un revers de main presque à la limite du désinvolte. " Ce ne sera pas nécessaire, cher vaporeur, laissez donc ces faces de rats avec ceux de cette counasse de Marlène La Pine dans les égouts, lieu dont on aurait jamais dû les laisser sortir. Une dernière chose, où en sont à ce jour les relations entre nos forces de l'ordre et notre bon peuple ?"
- Oh, elles ne sauraient être meilleures, m'dame la prisedente, nos forces de l'ordre surveillent de près les bouches d'égout, veillant à ce qu'aucune race de fât ou néonazillon n'en ressorte, pendant que notre bon peuple leur apporte qui des galettes de blé noir, qui des loukoums ou de l'attiéké selon leurs origines ethniques, accompagnés de coups de cidre, de thés à la menthe ou de vins de palme ! J'en passe, et de plus exotiques de tous les dix coins de l'hexagone. Et des outremers, m'dame...
- Mazel Tov, quel bonheur, enfin une nation unifiée ! Mais..., mais de quoi se nourrissent donc tout ce joli monde dans les égouts ? On ne peut décemment pas les laisser mourir de faim ?
- Oh, je serais vous, je m'en inquiéterais pas, m'dame prisedente. Ces gens là ont toujours su s'engraisser sur leurs semblables auparavant. Ce ne sont pas les rats et autres muridés qui manqueront à ces espèces de cannibales dans les bas-fonds de la capitale.
- Voilà qui est tout à fait fabuleux, dîtes donc, ils vont donc ainsi nous débarrasser à la fois des porteurs de vestes brunes comme de ceux de peste noire ! Mais dites moi encore, sur quoi doit porter le référendum de la semaine prochaine ?
- Oui ou non à la dissolution de 85% de nos forces de CRS et leur transfert à l'agriculture et aux eaux et forêts, m'dame. 
- Et que disent les sondages ? 
- Quatre-vingt dix-huit pour cent en faveur, m'dame prisedente.
- Aaaah, je viens, ne vous arrêtez surtout pas, vilain tripoteur, et avant de continuer dans vos envolées lyriques, soyez un chou, virez moi  de la table ce vieux Cardhu qui pue la merde fumée et qui coûte une blinde aux contribuables et faites nous donc péter une anisette."

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26 juin 2020

412: Le Singe du "Pourquoi là ?"

Il ressemblait au vieux Charcot avec sa barbe d'un gris  acier piquetée de mèches blanches, un peu plus foncée à la commissure des lèvres, sa peau plissée et burinée par le soleil et les embruns  et sa vieille casquette de pêcheur en feutre bleu marine zébrée de traînées de sel marin enfoncée de guingois sur ses cheveux tirant sur le blanc. 
On se trouvait à Luba, au sud-ouest de Bioko, avec mon remorqueur, au pied de la caldera de San Carlos ; trois jours d'escale en attendant que débute le chargement de la barge que je devais tirer jusqu'à Douala avec mon Tug. 
Lui était là entrain de siroter du vin de palme à l'ombre d'un banyan dans les branches duquel jouaient une tripotée de singes, à l'extérieur du seul bouiboui de ce coin perdu. 
Et son canot, un vieux côtre en bois à la peinture blanche défraîchie, écaillée par endroits, battant pavillon tricolore, se balançait mollement à une demi-encablure du vieux quai en bois sur pilotis où était amarré le mien. C'est le nom peint sur son tableau arrière qu'avait attiré mon attention quand je l’avais aperçu à travers mes jumelles depuis les carreaux de ma passerelle. 
C'était pas le "Pourquoi pas ?" du fameux commandant Charcot, non, c'était le "Pourquoi là ?" de ce mec là.

Je posai mon cul sur la chaise en plastoc posée pas loin de la sienne et fis signe à Carmencita, la taulière noire ébène et gargantuesque de ce rade paumé, en indiquant d'un doigt la bouteille du vieux puis en lui faisant le signe "deux" avec les doigts de l'autre main.
"Pourquoi là ?", je lui fis, pour me présenter,  un peu curieux mais en manque d'inspiration.
Il me répondit pas tout de suite, occupé qu'il était à balancer des cacahuètes à une vieille guenon au dos à moitié pelé descendue de sa branche. 
Carmencita déposa les deux bouteilles puis retourna derrière son comptoir en traînant ses savates sur la poudreuse rouge et humide tout en balançant de bâbord à tribord, comme seules savent le faire les mammas du coin, le gigantesque arrière train qu'elle planquait sous son boubou.
"Pourquoi avoir besoin d'une raison pour être quelque part ?", qu'y me dit en s'essuyant les poils de barbe du revers de la main, "Dis moi, gamin, pourquoi que l'éléphant, y fait le tour du lac Balaoué ?
- ...???
- Pour voir ce qu'y a de l'autre côté.  Ça me parait une raison suffisante pour qu'y bouge en direction de sa trompe.
- Ah ouais, c'est profond et c'est pas con ce que vous venez de dire là, l'vieux...
Il souleva un œil surpris en relevant le menton, me dévisagea un instant. "Ça te dirait de venir vider cette paire de bouteilles sur mon canot, gamin ?".

Son annexe en contreplaqué faisait à peine la taille d'un babyfoot. La houle subtropicale qui frappait le quai était un peu forte, pas une rareté dans ce coin du golfe de Guinée. Il avait qu'une seule pagaie. "Bouge pas !", qu'y me dit une fois que je me fus calé au fond de son engin flottant, "Tu remues le moindre petit doigt et je te le coupe. Ou je te l'casse s'il est dans ta poche".

Il me dit "Niet" quand je lui demandai si je pouvais descendre sous le pont visiter ses aménagements. "Pose ton cul dans le cockpit"
Normalement, y a pas de cockpit sur un côtre, mais lui, apparemment, avait réussi à en faire creuser un. Ceinturé de trois bancs couverts de vieilles paillasses durcies par le sel de mer et la barre franche saisie d'un bout sur le pataras de tribord.
Y avait aussi un vieux compas de marine sur fût en laiton au centre de ce dernier, un "Faithfull Freddie" anglais du début du siècle, avec ses deux sphères, une rouge, une verte, lui faisant comme des oreilles de bonobo. Pas de la merde, mais un peu piqué quand même.
Il refit surface sur le pont  avec le majeur de sa main gauche passé dans les anses de deux timbales métalliques  et cabossées et une pipe en terre cuite dans la main droite. "Ceux qui sont pas curieux restent dans leurs niches", qu’il me fit en remplissant la mienne à ras bord. "Et ceux qui le sont explorent pour savoir dans quelle merde ils ont le potentiel de pas se fourrer. Pas besoin de plus de raisons que ça  pour qu'un moustique batte de l'aile, pour qu'une sardine fouette sa caudale ou pour qu'un chat qui se respecte décide d'aller squatter sur le dos de ton canapé"
Il commença à bourrer sa pipe avec une herbe dont la couleur et la texture paraissaient plus que prometteuses. "Sauf si ça fait trois semaines que t'as pas changé de chaussettes.", crut-t'il bon de préciser en me clignotant un œil entendu juste avant d' embraser le contenu de la pipe à l'aide d'un vieux Zippo.
"Tchin, yeher mad, salud!", je lui fis en me marrant de l'intérieur et en soulevant ma mug dans sa direction à travers la fumée âcre mais envoûtante.
Il s'envoya une lampée de la sienne pour s’éclaircir la voix. "On sait jamais vraiment ce qui va arriver, gamin. Parfois, la seule façon de savoir où qu'est ta place, c'est de sortir de ta routine. Parce que des fois, l'endroit où tu devrais te trouver est juste à peine plus loin de là où que tu te trouves. Et je m'en tape si tu sais pas où que tu te situes, si tu sais comment retrouver d'où c'est que tu viens, c'est que tu sais où que t'es rendu et que t'as trouvé ta place"
Il tira deux profondes bouffées de sa pipe puis me la tendit: "Tiens, goûte ça, petit, faut soutenir le commerce local".
Deux cadavres de vin de palme et trois pipes plus tard, il me tira de la rêverie dans laquelle il m'avait laissé mariner : "Pourquoi là ?, tu m'as demandé tout à l'heure. C'est mes oignons et pas les tiens, chacun sa merde, gamin. Maintenant vide ta tasse, rends moi ma pipe et va recaler ton cul dans le youyou. Je te rentre chez toi." 
Le vieux briscard dût m'enrouler une amarre sous les bras pour me redescendre dans le cageot amarré le long du bord qui lui servait d'annexe. 
Je savais plus trop où que j'étais rendu. 
Ah si, nom d'un petit macaque ! J'étais dans mon curragh entrain de pêcho le saumon à la dandinette dans le fin-fond de Galway Bay. 
Wack me wack a dwidledoo, didle-didle-dwidledayyy, yaH !

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22 juin 2020

411. Divergence

Cette petite Sci-Fi vous est gracieusement offerte sans le soutien financier des " MONTRES SEIKO"

"... alors l'individu, - n'oubliez-pas je vous prie que nous sommes sur Terre en 2021 -, voila 16 ans déjà qu'il s'est converti à la non-violence et 9 ans et demi qu'il a intégré en tant que novice le monastère Shaolin de Villetaneuse. 
Là, notre individu est entrain de parfaire son Kung-Fu. Les yeux bandés et sous le regard serein de son maître contemplatif, il pratique plus particulièrement le Hou Baï Tui, sorte de Mawashi-Geri en vol plané de haut vol, tout en finesse mais super-efficace. 
Il fait ça en haut de la petite butte située juste derrière le réfectoire monastique où il a pour habitude d'ingurgiter, en compagnie des autres moines et novices, ses trois bols de riz quotidiens. 
La tranche externe de son pied droit vient de fendre la bise telle celle d'un cimeterre en direction d'un pôle en bambou suspendu à une branche devant lui. 
C'est le dernier et le dix-huitième qu'il doit briser du talon dans ce kata particulier et sur cette butte plantée de cerisiers en fleurs dont les pétales voltigent autour de lui , point d'impact situé à 1 mètre 55 au dessus du sol, en se fiant uniquement pour atteindre sa cible, à sa mémoire tridimensionnelle ainsi qu'à l'altération du bruissement du vent causée par les seize centimètres constituant le diamètre de ces poutres de bambou verticales durcies à la flamme."

"On retrouve le même individu, à la même date au même instant, la même altitude au dessus du sol, dans le même mouvement et la même posture verbatim au poil de nez prés.  
Sauf que désormais il ne se trouve plus au sommet de la petite butte derrière le réfectoire du monastère de Villetaneuse mais un chouïa plus bas à l'angle de la Place de la Bastille et de la rue de la Roquette.
Le talon clouté de la Doc Martens qu'il porte au bout de sa jambe droite tendue comme une poutrelle vient juste de s'encastrer pile-poil entre la visière du casque et le plastron de poitrine renforcé d'un BRAVAMACRON***, lui fracassant la pomme d'Adam et toute la périphérie cartilagineuse du larynx localisée autour du point d'impact, tandis qu'autour de notre moine shaolin et de son adversaire gisent à moitié morts ou déjà agonisants neuf autres BRAV et huit Baqueux, que simultanément sifflent autour d'eux les balles de LBD tirées par le gros de la troupe de CRS et que flottent au dessus de la scène, telle une brume matinale, des nappes de lacrymos."

Votre mission, si vous l'acceptez, messieurs..."Le but de votre examen final sera de remonter le temps et de retrouver la date et la nature de l'événement critique, nuisible et malsain, qui a créé la fracture merdique  entre ces deux univers parallèles mais salement divergents. 
Vous avez toutes les informations nécessaires, jeunes gens. Le ou la première d'entre vous qui m'apportera la réponse correcte recevra, en sus de son admission au rang prestigieux d'Officier du Bureau d'Investigation Temporelle, non pas la Seiko de merde à obsolescence programmée qu'on distribue d'habitude, mais la réplique exacte d'un sablier de bronze de la 3ème dynastie Han datant de 5 millénaires."

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