PAUSE PROLONGÉE
Jacky Popette était un magicien à la petite semaine ainsi qu'un petit escroc de bas étage, mais ce n'étaient là que quelques-unes des activités qu'il allait accomplir dans le cadre de sa célèbre carrière parallèle. En raison de sa fascination pour le temps, Jacky allait trouver un moyen de repousser à jamais les limites de la quatrième dimension. En utilisant son talent de manipulation, il allait découvrir le secret éternel de la façon d'arrêter le temps et, ce faisant, utiliser son nouveau pouvoir pour sa propre édification, comme l'avait fait avant lui le Dr Faust dans son pacte avec le diable. D'autres personnes avaient joué avec ce pouvoir, mais c'est Jacky qui avait trouvé le levier qui contrôlait le grand manège du temps.
" Allez, m'sieurs-dames. Trois balles pour deux balles seulement. Allez bonhomme, faites voir ce que vous avez dans les bras. " Même son long visage ne pouvait cacher son ennui devant son stand. À presque quarante ans, il était fatigué de voyager sans cesse. Son visage était devenu une carte routière des endroits qu'il avait visités au fil du temps. Son assistant Martin Lourson était un gamin boutonneux d'à peine vingt ans qui voyait ce boulot comme un moyen de sortir des bas-fonds de la Goutte d'Or. Martin prit une des balles et renversa une pile de boîtes de conserve comme si de rien n'était, mais Jacky lestait toujours les boîtes destinées à ses clients.
Si seulement le temps pouvait s’arrêter ne serait-ce que quelques secondes et révéler ce que l’avenir immédiat lui réservait. Il en avait assez d’attendre que la fortune le trouve, car il devenait douloureusement évident que la fortune s’intéressait pas à lui. Martin, de son côté, avait parlé de son « oiseau » qui l’attendait à la maison.
Attendre ? Vraiment ? Les gens n'attendaient pas. Si quelqu'un savait ça, c'était bien lui. Sa vie était devenue un échiquier de possibilités et de déceptions.
Après la fermeture de son stand, Jacky se rendrait dans sa caravane et organiserait une partie de poker où il pourrait gagner une somme rondelette puisque ses cartes étaient marquées de manière très subtile. Les voyous voulaient juste que vous preniez leur argent et Jacky était plus qu'heureux de leur rendre ce petit service gratuitement.
Il avait été autrefois un magicien, mais l'alcool avait causé sa perte. C'était le boulet auquel il était enchaîné et même maintenant, le goût sucré de la gnole de cerise l'apaisait comme le lait maternel, avec une gorgée par ci et une autre par là pour l'aider à s'endormir.
Réduit au rang d'aboyeur de foire, ç'avait été un sérieux coup porté à son ego, mais le père Campionescu avait été généreux de le garder, car sa réputation était toujours en doute.
" Tu vas fermer, Martin ? demanda-t-il en tirant une gorgée de sa flasque.
- Bien sûr, Mr. Popette."
Il hocha la tête. Jacky détestait que le boutonneux l’appelle monsieur, car c’était ainsi qu’il s'était adressé à son défunt père, mais le temps semblait toujours lui rappeler à quel point il était devenu un raté. Il était arrivé un moment où il ne pouvait plus changer de cap dans sa vie pathétique et il devait se contenter de la direction qu’il prenait.
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Marylou Megalovitch était une sorcière qui lisait les cartes de tarot, les planches de Ouija et les feuilles de thé dans ses tasses occultes. Son nez en bec de perroquet et un œil aux abonnés absents dans une de ses orbites faisaient d'elle une relique d'être humaine, mais il y avait des choses qu'elle savait et faisait qui intriguaient Jacky.
" Tu veux que je te lise les lignes de la main ? lui demanda-t-elle en lui tendant une main osseuse.
- Surtout pas. Il secoua la tête.
- Il faut croire à la magie, hein ? gloussa-t-elle.
- La magie, c'est juste bon pour les dindons. Il fronça les sourcils.
- Il y a des choses du Paradis et de l'Enfer qui se connectent en ce bas monde." Elle haussa les épaules, portant toujours son turban avec le croissant de lune épinglé sur le tissu violet.
" J'aimerais y croire, c'est vrai. Il rit.
- Dis ce que tu veux, Jacky, mais tu as vu le cordon." Elle posa sa main sur la sienne, sur la table. Il retira brusquement la sienne.
- Il y a pas de cordon. Il haussa un sourcil.
- Tu faisais partie du cercle, répliqua-t-elle d'un ton sec.
- Tout ça, c'est rien que du pipeau. Il lui fit un signe de la main.
- Il fut un temps où tu croyais, lui rappela-t-elle.
- Ouais, c'était y a longtemps quand que j'étais stupide. Il posa son menton sur ses deux poings.
- Crois-moi !" murmura-t-elle et cela souffla sur lui comme une douce brise.
" Croire, c’est juste bon pour les imbéciles, soupira-t-il.
- Ne sois pas si négatif. Ses mains fouillèrent le col de sa robe et en sortirent une petite tocante qu'elle lui montra.
- Comme tu voudras, ma chérie." Il haussa les épaules, pas impressionné.
" Cette montre a été fabriquée par mon grand-père qui était alchimiste." Elle tenait la pièce en mouvement entre ses doigts. Elle était à peine plus grosse qu'une pièce de deux euros. " Il s'adonnait aux arts obscurs et ceci fut son chef-d'œuvre.
- Et alors ? Il haussa à nouveau les épaules.
- Avec ses engrenages et ses rouages, il pouvait arrêter le temps avec ça." Elle replaça le morceau dans son corset entre ses seins.
" Tu es stupide. Il secoua sa grosse tête hirsute.
- Les non-croyants sont la raison pour laquelle la magie est vouée à l'échec." Elle ressortit le médaillon en or qui contenait la montre. Le plaçant entre ses mains squelettiques, elle ferma les yeux tandis que le temps s'immobilisait. Tout mouvement cessa autour d'eux et à cet instant, toute trace d'une seconde suivant la précédente disparut. Jacky pouvait désormais se déplacer librement dans le monde gelé où le temps n'avait plus aucune domination.
" Incroyable. Tout simplement incroyable." Il s'émerveillait de la façon dont le temps s'était arrêté comme ce jour lorsque la grande roue s'était immobilisée pendant plus de deux heures, laissant les clients scotchés en l'air, ce qui était arrivé quelques mois auparavant, alors qu'il s'était bourré la gueule et s'était endormi sur la manette STOP. Certains d'entre eux s'étaient plaints avec fureur, ce qui lui avait valu de se retrouver à gérer le stand minable du casse-boites à la con.
En voyant ce monde sans temps, il savait qu'il devait posséder cette montre. Marylou le regarda comme si elle savait quel mal traversait sa tête de tordu et elle remit le médaillon à l'intérieur de l'encolure de sa robe.
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La compagnie avait installé la fête foraine dans un quartier miteux du 18ème, où la plupart des badauds étaient des travailleurs immigrés à la peau brune ou basanée portant des bonnets de laine ou des keffiehs, souriant et hochant la tête pendant que Jacky aboyait ses invitations habituelles. Martin courait partout comme un insecte en feu.
Après la fermeture des portes à minuit, une partie de l'équipe de forains s'était réunie dans la tente à Goupil pour une partie animée de Texas Hold'em.
" Alors Jacky," fit Bargeot en mélangeant les cartes. " Que penses-tu de Marylou Megalovitch ?
- Je n’y ai jamais prêté attention." Il renifla en mâchant le cure-dent au coin de sa bouche. Bargeot savait que ce n’était pas le cas. Connaissant Jacky depuis presque vingt ans, il savait que quand ce vieux fou commençait à mâcher son cure-dent, c'était un signe qu’il mentait ou qu'il bluffait.
" Elle semble maîtriser l’occulte", ajouta Blaireau.
Jacky commença à distribuer les cartes.
" J'ai entendu des rumeurs un peu folles." Bargeot ramassa les siennes et fronça les sourcils, ce qui indiqua à Jacky qu'il avait probablement une bonne main.
" Ah ouais, quel genre de rumeurs ? " Jacky s'adossa à sa chaise pliante.
" Elle a une ligne directe avec Satan lui-même." Bargeot caressa sa barbe de trois jours. Ils étaient sur la route depuis plus de deux mois et certains membres de la fête foraine commençaient à se sentir mal. Jacky pouvait sentir la sueur de Bargeot de l'autre côté de la table. " J'ai entendu dire qu'elle avait une sorte de talisman planqué entre ses nibards.
- Tu dois le savoir mieux que moi", gloussa jacky, sans jamais voir le crochet du droit se dirigeant vers sa tronche vitesse grand V. À l'entrée en contact avec sa mâchoire, Jacky fut envoyé à terre.
" T'arrêtes tes insinuations", l'avertit Bargeot tandis que Jacky frottait sa mâchoire endolorie.
Il lui fallut une bonne dose de kirsch supplémentaire pour enfin trouver le sommeil vers deux heures du mat' cette nuit là.
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Mr. Campionescu, le proprio de la fête foraine, décida de payer le voyage en train mixte passagers-marchandises pour retourner en Roumanie, la terre de ses ancêtres. Jacky détestait voyager en train, mais cela signifiait qu’il n’aurait pas à conduire non plus. Il détestait traverser les cols des Carpathes. La lente ascension à travers les montagnes escarpées était une angoisse pour la plupart des voyageurs. Ce n’était pas un voyage pour les âmes sensibles. Mais Jacky savait qu'Andréas Campionescu était un homme d’affaires à l’ancienne, d’avant la Grande Dépression, qui n’avait pas tiré les leçons des erreurs passées de son père qui avait mis fin à ses jours avec son pistolet préféré.
La veille du voyage, Jacky rêva qu'il arrêtait le temps. Dans son ambition faustienne, il se rendit auprès de chacun de ces êtres figés et leur fit les poches. Une fois qu'il eut réuni un joli magot, il appuya sur le bouton et le temps reprit son cours normal.
Alors qu'ils parcouraient la vallée centrale du Danube, il ne pouvait s'empêcher de penser à cette scène. Ses yeux tombaient sur Marylou, assise là, tenant son médaillon.
Au bout d'une heure, Jacky se leva et monta dans la voiture voisine où une partie de poker venait de commencer. Il fut surpris de voir Bolosse et Jobard Piquepoil assis là, car aucun des deux frères n'aimait les cartes et ils étaient des proies faciles lorsqu'ils se joignaient à eux.
" Allez Jacky, joins-toi à nous." Bolosse agita ses cartes pour que Jacky puisse les voir toutes.
" D'accord."
Une fois de plus, alors que Jacky dépouillait petit à petit les deux frères de leurs salaires durement gagnés, ils commencèrent à parler de Marylou, car sa roulotte était toujours populaire et remplie de clients. Dans le monde des forains, être populaire signifiait probablement avoir conclu un pacte avec le diable.
" J'ai vu cette chose qu'elle porte autour du cou." Jobard se pencha vers Jacky comme s'il le disait en toute confidentialité. " J'ai entendu dire que c'était une sorte d'instrument du diable.
- Ferme ta gueule, Jobard." Bolosse était irrité contre son jeune frère.
" Je suis sérieux, tu sais, insista Jobard.
- Je m'en tape. Cette vieille femme est complètement folle." grogna Bolosse. Nicolas Piquepoil, surnommé Bolosse par les autres membres de la compagnie, était l'un des êtres humains les plus forts que Jacky ait jamais connu. Jacky jurerait avoir vu Bolosse soulever un cheval dans ses bras alors que la bête refuser de tirer une roulotte. Jobard était presque aussi fort, mais il avait pas la taille imposante de son frère aîné. Mais tandis que Jacky était assis là à les regarder se disputer, une pensée maléfique lui traversa le système lymbique.
" Tu veux qu’on fasse quoi ?" Bolosse était dur d’oreille après avoir passé quelques années dans les mines quand il était jeune.
- On balancera la vioque du train de l’autre côté du col de la montagne quand nous arriverons dans les Carpathes", suggéra Jacky. Jobard souriait déjà comme un idiot.
" Et pourquoi on ferait ça ? demanda Bolosse en plissant les yeux.
- Je veux ce médaillon qui pend autour de son cou. Jacky hocha la tête.
- Et pourquoi tu veux ce médaillon ? Bolosse haussa les épaules.
- Ce médaillon est magique. Jacky écarta les mains.
" Je le savais !" Jobard tapa son frère dans le dos.
- Qu'est-ce que fait ce médaillon ? demanda Bolosse.
- Il stoppe le temps, répondit Jacky.
- Que veux-tu dire par arrêter le temps ? Bolosse se gratta la tête.
- Exactement ce que je viens de dire. Tout se fige sauf la personne qui tient le talisman et celle à laquelle pense le porteur du talisman." Jacky observa les deux frères qui semblaient soudainement très intéressés.
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Il fallut presque deux journée et demie de voyage pour atteindre les hauts sommets des Carpathes de Roumanie. Jacky avait été à bord de ce train à de nombreuses reprises et savait que Varful Deleanu serait l'endroit idéal pour débarrasser le monde de Marylou Megalovitch et lui retirer son médaillon. Le train emprunterait un flanc de falaise qui, lorsqu'il était au-dessus des nuages, ressemblait à un gouffre sans fond. Bolosse pourrait jeter Marylou par-dessus le précipice où elle tomberait et mourrait. Son corps souple serait presque absorbé par les nuages et il aurait alors le pouvoir de contrôler le temps.
Marylou n'avait aucune idée de ce qui l'attendait. Contrairement à Jacky, Marylou adorait traverser le pays en train. C'était très relaxant et le paysage était à couper le souffle.
À une heure de Varful, Jacky vérifia que les frères Piquepoil étaient en place et qu'il était assis près de Marylou. Mr. Campionescu faisait le tour du wagon pour s'assurer que tout le monde était à l'aise et que personne n'avait déserté son spectacle comme cela s'était produit auparavant.
Le conducteur du train annonça que le train passerait Varful Deleanu et la falaise dans dix minutes et que ce serait le point le plus élevé du voyage.
" Mme Megalovitch." Jacky se leva de sa banquette et se dirigea vers elle.
" Oui ?" Elle se retourna juste à temps pour qu’il lui plaque le chiffon imbibé de chloroforme sur le visage. Elle s’endormit presque instantanément.
" Oh mon Dieu, Mme Megalovitch s’est évanouie !", annonça en beuglant Jacky en retirant la chaîne du cou de la vieille.
Il sembla soulagé lorsque les frères Piquepoil apparurent pour l'aider à la relever de son siège.
" Où faut-il la mettre ? demanda Bolosse en la soulevant facilement de son siège.
- Dans sa roulotte pour qu'elle puisse s'allonger." Jacky semblait super empathique tandis que Bolosse la portait à travers le wagon passager jusqu'au wagon plateau de sa roulotte.
L'air froid s'abattit sur le trio dès que la porte s'ouvrit. La neige souffla sur leur peau exposée.
" Maintenant !", ordonna Jacky, mais Bolosse hésita une seconde. En regardant par-dessus le bord à travers la tempête de neige aveuglante, il lui sembla que la chute que Marylou Megalovitch était sur le point de subir ne finirait jamais.
" Allez, maintenant !" Jacky asséna un grand coup de poing dans le bras du grand homme. Il grogna juste au moment où il lâcha la vieille. Alors qu'elle entamait sa chute, elle reprit conscience. Réalisant qu'elle était maintenant en chute libre, elle se mit à crier. Son cri résonna pendant plusieurs secondes jusqu'à ce que tout redevienne silencieux. Se précipitant dans la voiture d'où elle venait d'être extirpée, Jacky annonça, paniqué : " Oh mon Dieu, Mme Megalovitch est tombée du train ! "
Les autres passagers à moitié endormis haletèrent lorsqu'ils réalisèrent ce qui venait de se passer.
" Ça ne servira à rien de faire arrêter le train", sanglota Jacky, laissant des larmes de crocodile lui inonder les joues. " Elle a été emportée au bas de la falaise par une violente bourrasque."
Mr. Campionescu interrogea longuement Jacky et les frères Piquepoil et dut se rendre à l'évidence qu'il s'agissait en effet d'un malheureux accident. Jacky quitta le compartiment privé de leur patron en compagnie de Bolosse et de Jobard. Tandis qu'ils approchaient de la voiture où le reste de la troupe était assis, il sortit un pistolet.
" Que vas-tu faire avec cette arme, Monsieur Popette ? demanda Bolosse en se foutant de sa gueule au moment même où Jacky faisait feu sur lui, laissant un point rouge au milieu du front du grand homme. Lorsque Jobard se retourna, Jacky lui infligea le même traitement. Tous deux tombèrent du train, assurant à Jake qu'il n'y aurait aucun témoin du meurtre de la vieille dame.
Il retourna dans son wagon. Rien n'avait changé. Les deux douzaines de passagers dormaient toujours tandis que Jacky sortait le médaillon de la poche de son manteau, tout à fait satisfait du résultat. D'un tour de bouton, le temps s'immobilisa.
Il se leva en riant et se dirigea vers chacun des passagers. Sortant l'argent de leurs portefeuilles et de leurs sacs à main, Jacky estima qu'il avait environ sept mille euros au total. Pas mal pour quelques minutes de travail, mais avec le temps immobilisé, qui pourrait vraiment le savoir ? Il mit l'argent dans la poche de sa veste. Tenant toujours le médaillon, il poussa le bouton pour réactiver le temps. Rien ne se passa. Il le tourna dans l'autre sens, mais obtint les mêmes résultats. Puis cela le frappa comme un éclair. Elle ne lui avait jamais montré comment faire pour remettre le temps en marche. La seule personne qui savait comment faire ça se trouvait désormais quelque part au fond d'un ravin des Carpathes et serait bientôt le dîner des créatures de la nature sauvage.
Les pensées se bousculaient dans sa tête et aucune d'entre elles n'était encourageante. Alors que le temps s'était figé tout autour de lui avec le train immobilisé dans l'espace-temps, ce n'était pas le cas pour lui. Tout l'argent dans la poche de son manteau ne valait rien sans mouvement. Le temps s'était arrêté et avec lui, il s'était retrouvé piégé dans son propre cercueil. Dans sa tentative frénétique de faire avancer le temps à nouveau, il lâcha la montre et lorsqu'elle heurta le sol, elle se brisa en d'innombrables morceaux, pour ne plus jamais être réassemblée.
Il jura. Personne n'entendait ses paroles acerbes tandis qu'il passait ses doigts dans les débris.
La vie ne vaudrait plus la peine d’être vécue s’il était condamné à résider dans ce monde où le temps resterait immobile.
Il retira son pistolet de sa poche et se colla le canon sur la tempe. Mieux valait affronter l'éternité de cette façon que d'être figé à jamais dans le temps. Il appuya sur la détente, mais rien ne se produisit. Même la gachette et le percuteur d'un pistolet avaient besoin du temps pour se mettre en mouvement.
Sans le temps, rien ne bougerait plus.
N'ayant plus d'autre choix, il courut vers la porte, tenta de l'ouvrir pour sauter du train. Il laisserait la gravité prendre le contrôle, mais une fois de plus, sans le temps, des forces comme la pression de sa main sur la poignée de porte ou la gravité s'avérèrent nulles et non avenues. Son regard se perdit sur le précipice de l'autre côté de la vitre qui demeurerait son triste panorama pour l'éternité...