Fut un temps où la vie de couple ressemblait à une danse. Je veux dire à ces danses d’antan où un contact constant et des mouvements coordonnés étaient la règle. Deux personnes sur la piste, ça demandait de la coordination et un certain montant de coopération pour bouger ensemble sur la musique.
Sûr que ça demandait de la pratique et un certaine dose de patience. Il s’agissait d’une coordination spontanée. On pouvait connaître les pas mais le tempo et la finesse étaient partagés. La coordination demandait un abandon vers de nouvelles possibilités.
On ne danse plus comme ça aujourd’hui. On a tendance à pénétrer sur la piste de danse en temps qu’individus solitaires. Plus rien à voir avec l’union chorégraphiée de deux êtres se déplaçant comme une seule entité.
Il n’y a plus de contact ou très peu à part quelques poussées sexuellement suggestives. Les seuls mouvements apparemment coordonnés sont basés sur un des deux danseurs imitant les mouvements de l’autre, l’un des deux étant le meneur comme Travolta face à Thurman dans le film à Tarantino, l’autre choisissant de suivre pour un temps jusqu’à ce qu’éventuellement, les rôles s’inversent ou que chaque protagoniste s’en retourne dans sa bulle intérieure, dans l’oubli total de son partenaire.
C’est un monde triste où tous semblent orbiter en s’éloignant un peu plus chaque jour les uns des autres. La notion capitaliste de l’individualisme a déteint sur nous, nous changeant en amants solitaires, nouvelles âmes vaquant sans but dans nos foyers mais vivant sur des orbites différentes. Et la plupart du temps, ces orbites sont distantes et inconsistantes. Des paires tout ce qu'y a de plus solitaires…