Code ISPS (International Ships & Ports Security System) : Halte aux clandestins!
Je m’étais endormi sur ma feuille d’impôts et m’étais laissé entraîner au pays des songes :
Il faisait au moins la taille de mon gros orteil.
J’étais sur ce navire depuis près d’un an et demi. Deux mois à bord, deux mois de congés. Et je n’en avais encore jamais vus. Enfin pas sur ce bateau là. Pas une seule fois mon beau navire que je chouchoutais tant n’avait été sali par la présence de ces sales bâtards rampants. Je suis assez fanatique en ce qui concerne l’hygiène sur mon navire et je ne regarde pas sur les factures que je présente à mes armateurs pour lutter contre leurs intrusions. Posez leur la question, vous verrez.
Et pourtant, il était là.
Il était là, à quelques centimètres d’une cloison de ma cabine, attendant patiemment qu’on lui prête attention. Il n’essayait pas de se cacher, l’animal, il n’a pas essayé de s’enfuir à mon approche et il n’avait sûrement pas l’air d’avoir peur de moi. En fait, si j’en croyai bien mes yeux et son attitude, il était appuyé contre la cloison et il fumait une clope en lisant un minuscule bouquin de cul.
D’habitude, quand on rentre dans une pièce sombre et qu’on allume la lumière, tous ces petits enculés se précipitent dans les coins sombres comme une bande de crèves la faim sur des sacs de riz en Somalie. Mais pas CET enculé. Il abaissa tout simplement son magazine, avala une taffe de sa clope et me fit signe d’aller me faire mettre d'un doigt tendu.
J’étais choqué. Pétrifié !
« Eh ! », je lui dis, « Vous êtes pas supposés avoir peur de moi ? »
« Va te faire mettre. »
« Quoi ???? »
« J’ai dit, ‘Va te faire mettre’, connard. T’as des problèmes d’audition ? »
« Putain, j’y crois pas. Un cafard qui parle ! »
« Crois-y, hombre. Maintenant écrase et écoute moi, parce que je vais le dire qu’une fois. J’ai la dalle. J’ai fait au moins vingt fois le tour de ce putain de rafiot depuis quatre heures et j’ai rien trouvé à bouffer. Je suis sûr qu’il doit y avoir de la bouffe dans le coin et c’est toi qui vas me la donner. Sinon… »
Le dernier mots prononcés avec une voix me rappelant étrangement celle de Charles Pasqua, un soupçon de menace dans l’intonation.
« Sinon, quoi ? »
« Sinon moi et mes gars viendront te rendre visite. La nuit. Toutes les nuits. Dans ton lit. »
« Est-ce que vous me menacez ? »
« Essaie de pas prendre ça comme une menace. Vois plutôt ça comme une gentille persuasion. »
« Persuasion ? Eh, mais vous vous exprimez comme la Caffora ! »
« Caffora ? Caffora ? Qui a parlé de Caffora ? Est-ce que j’ai dit ça? M’as tu entendu mentionner une organisation fictive de cafards ayant le pouvoir et la capacité d’obtenir ce qu’ils veulent par la force, la peur ou la coercition? M’as-tu entendu prononcer ce mot là ? »
« Euh… »
« Eh ! Regarde moi bien. Je t’ai posé une question. Est-ce que tu m’as entendu parler de Caffora ? »
« Euh, non. Non m’sieur. Vous avez jamais parlé de Caffora. »
« Tout à fait exact. Je l’ai jamais fait. Et tu ferais bien de jamais plus re-prononcer ce mot en ma présence, t’as bien saisi? »
« Oui, m’sieur. »
« Bien. Maintenant, il est où, ce caviar que t’a mis de côté pour moi ? »
Cogitant rapidement, je balayai ma cabine du regard aussi attentivement et discrètement que faire se peut et je réalisai qu’il n’y avait pas d’autres cafards en évidence. Ce bâtard agissait seul. J’avais jamais eu de cafards avant celui-ci – enfin pas de si gros et pas sur ce navire – et je me doutais que mon armateur allait pas me garder vu les factures que je lui présentais pour enrayer la propagation de cette engeance de merde. D'ici quinze jours, je serais plus là. Qui saurait jamais ce qui s’était vraiment passé ? Et d’ici à ce que le reste de la bande à c’t’affranchi comprenne le scénario, je serais en sécurité sur un nouveau rafiot de l’autre côté de la grande mare. Ils me retrouveraient jamais.
« Euh, t'as faim, msieur ? »
« T’as tout compris, ducon. Mon caviar, et fissa. »
« C’est votre jour de chance, monsieur. Il se trouve que j’en ai du bon, ici même, du pur Béluga. De Novossibirsk. »
« Où ? »
« Là, monsieur, sous ma godasse. »
« Vraiment ? Eh bien qu’est ce que t’attend, connard, approche et fais voir que je le renifle ! »
« Tout de suite, msieur. »
Plus tard, tandis que je nettoyais ses tripes de cafard de mon parquet, je me jouai et je me rejouai dans la tête le bruit que ça avait fait quand je l’avais écrabouillé à mort. Pour une raison qui m’échappe, j’adore vraiment le bruit que font les cafards quand on les écrabouille entre deux surfaces dures. C’est comme… tiens, vous vous êtes jamais amusés à crever les bulles sur ces plastiques d’emballage ? Si ? Ben c’est exactement le bruit que ça a fait quand j’ai écrasé cette pourriture avec mes pompes de sécu de 40 et que j’ai étalé ses fluides et ses viscères sur le parquet de ma cabine.
Putain, j’adore le papier à bulles. Pas vous ?
Je m’étais endormi sur ma feuille d’impôts et m’étais laissé entraîner au pays des songes :
Il faisait au moins la taille de mon gros orteil.
J’étais sur ce navire depuis près d’un an et demi. Deux mois à bord, deux mois de congés. Et je n’en avais encore jamais vus. Enfin pas sur ce bateau là. Pas une seule fois mon beau navire que je chouchoutais tant n’avait été sali par la présence de ces sales bâtards rampants. Je suis assez fanatique en ce qui concerne l’hygiène sur mon navire et je ne regarde pas sur les factures que je présente à mes armateurs pour lutter contre leurs intrusions. Posez leur la question, vous verrez.
Et pourtant, il était là.
Il était là, à quelques centimètres d’une cloison de ma cabine, attendant patiemment qu’on lui prête attention. Il n’essayait pas de se cacher, l’animal, il n’a pas essayé de s’enfuir à mon approche et il n’avait sûrement pas l’air d’avoir peur de moi. En fait, si j’en croyai bien mes yeux et son attitude, il était appuyé contre la cloison et il fumait une clope en lisant un minuscule bouquin de cul.
D’habitude, quand on rentre dans une pièce sombre et qu’on allume la lumière, tous ces petits enculés se précipitent dans les coins sombres comme une bande de crèves la faim sur des sacs de riz en Somalie. Mais pas CET enculé. Il abaissa tout simplement son magazine, avala une taffe de sa clope et me fit signe d’aller me faire mettre d'un doigt tendu.
J’étais choqué. Pétrifié !
« Eh ! », je lui dis, « Vous êtes pas supposés avoir peur de moi ? »
« Va te faire mettre. »
« Quoi ???? »
« J’ai dit, ‘Va te faire mettre’, connard. T’as des problèmes d’audition ? »
« Putain, j’y crois pas. Un cafard qui parle ! »
« Crois-y, hombre. Maintenant écrase et écoute moi, parce que je vais le dire qu’une fois. J’ai la dalle. J’ai fait au moins vingt fois le tour de ce putain de rafiot depuis quatre heures et j’ai rien trouvé à bouffer. Je suis sûr qu’il doit y avoir de la bouffe dans le coin et c’est toi qui vas me la donner. Sinon… »
Le dernier mots prononcés avec une voix me rappelant étrangement celle de Charles Pasqua, un soupçon de menace dans l’intonation.
« Sinon, quoi ? »
« Sinon moi et mes gars viendront te rendre visite. La nuit. Toutes les nuits. Dans ton lit. »
« Est-ce que vous me menacez ? »
« Essaie de pas prendre ça comme une menace. Vois plutôt ça comme une gentille persuasion. »
« Persuasion ? Eh, mais vous vous exprimez comme la Caffora ! »
« Caffora ? Caffora ? Qui a parlé de Caffora ? Est-ce que j’ai dit ça? M’as tu entendu mentionner une organisation fictive de cafards ayant le pouvoir et la capacité d’obtenir ce qu’ils veulent par la force, la peur ou la coercition? M’as-tu entendu prononcer ce mot là ? »
« Euh… »
« Eh ! Regarde moi bien. Je t’ai posé une question. Est-ce que tu m’as entendu parler de Caffora ? »
« Euh, non. Non m’sieur. Vous avez jamais parlé de Caffora. »
« Tout à fait exact. Je l’ai jamais fait. Et tu ferais bien de jamais plus re-prononcer ce mot en ma présence, t’as bien saisi? »
« Oui, m’sieur. »
« Bien. Maintenant, il est où, ce caviar que t’a mis de côté pour moi ? »
Cogitant rapidement, je balayai ma cabine du regard aussi attentivement et discrètement que faire se peut et je réalisai qu’il n’y avait pas d’autres cafards en évidence. Ce bâtard agissait seul. J’avais jamais eu de cafards avant celui-ci – enfin pas de si gros et pas sur ce navire – et je me doutais que mon armateur allait pas me garder vu les factures que je lui présentais pour enrayer la propagation de cette engeance de merde. D'ici quinze jours, je serais plus là. Qui saurait jamais ce qui s’était vraiment passé ? Et d’ici à ce que le reste de la bande à c’t’affranchi comprenne le scénario, je serais en sécurité sur un nouveau rafiot de l’autre côté de la grande mare. Ils me retrouveraient jamais.
« Euh, t'as faim, msieur ? »
« T’as tout compris, ducon. Mon caviar, et fissa. »
« C’est votre jour de chance, monsieur. Il se trouve que j’en ai du bon, ici même, du pur Béluga. De Novossibirsk. »
« Où ? »
« Là, monsieur, sous ma godasse. »
« Vraiment ? Eh bien qu’est ce que t’attend, connard, approche et fais voir que je le renifle ! »
« Tout de suite, msieur. »
Plus tard, tandis que je nettoyais ses tripes de cafard de mon parquet, je me jouai et je me rejouai dans la tête le bruit que ça avait fait quand je l’avais écrabouillé à mort. Pour une raison qui m’échappe, j’adore vraiment le bruit que font les cafards quand on les écrabouille entre deux surfaces dures. C’est comme… tiens, vous vous êtes jamais amusés à crever les bulles sur ces plastiques d’emballage ? Si ? Ben c’est exactement le bruit que ça a fait quand j’ai écrasé cette pourriture avec mes pompes de sécu de 40 et que j’ai étalé ses fluides et ses viscères sur le parquet de ma cabine.
Putain, j’adore le papier à bulles. Pas vous ?