LA MASQUOPHOBE
Lorsqu'enfin Robin s'envola dans son aéropode, ce vieux tic de fureur dans sa joue se mit à gigoter comme un farfadet enfiévré par un café trop corsé. Toute la matinée avait été un carnaval galactique de désastres : la navette avait atterri au mauvais héliport, sa place dans la file d'attente de l'aéropode avait été éjectée de « priorité royale » à « queue du chat galeux » par un algorithme qui avait dû renifler du code rance, et juste avant son tour, la nacelle voisine – louée par un barista barbu – avait décollé en effectuant un looping malencontreux, arrosant tout le monde de mousse de lait en mode tornade.
Sur la porte de ce pod barista, un aimant clignotant proclamait : « Cofflic-Shop : On sert du breuvage ET on guette en mode joyeux, sans gluten ni remords ! » Cofflic-Shop ! Un nom qui empestait le remue-méninges foireux entre des farfelus qui confondaient « policier » avec « ficelle à saucisse ». Sans doute inventé pour séduire les bobos et les bobettes en mode insécure, ceux qui dégustent leur thé vert en méditant sur l'injustice des tarifs du lait d'avoine.
Sur la porte de ce pod barista, un aimant clignotant proclamait : « Cofflic-Shop : On sert du breuvage ET on guette en mode joyeux, sans gluten ni remords ! » Cofflic-Shop ! Un nom qui empestait le remue-méninges foireux entre des farfelus qui confondaient « policier » avec « ficelle à saucisse ». Sans doute inventé pour séduire les bobos et les bobettes en mode insécure, ceux qui dégustent leur thé vert en méditant sur l'injustice des tarifs du lait d'avoine.
À son tour d'embarquer, Robin lança sa mallette dans le coffre comme si que c'était un sac de coups de poing récalcitrant. Les aéropodes étaient taillés pour des courses en solitaire : un siège moelleux, un tableau de bord qui murmurait des plaisanteries plates, et zéro place pour un copilote spectral. Il agita son bracelet d'identification devant l'écran, qui ronronna d'une voix mielleuse qu'il avait sélectionnée pour ses voyages – une imitation bancale de Depardieu sous hallucinogènes. " Bonjour, inspecteur ! Prêt pour un vol paisible ? " Robin grommela : " Salut, connard ! J'espère que tu n'as pas trop picolé ce matin. " Mieux valait évacuer son fiel en altitude que de l'asperger sur le personnel au sol, n'est-ce pas ?
Le parcours ? Trente-sept minutes à vol d'oiseau, reliant l'hyper-centre (où les tours s'embrassaient en tango avec les hologrammes publicitaires) à la prison-banlieue, un bunker reconverti en asile pour âmes égarées. « À vol d'oiseau » ? Une expression plus rouillée qu'un dinosaure en habit de soirée. Adieu les corbeaux voleurs, les pigeons suicidaires ou les mouettes gloutonnes de frites ! Les volatiles survivants végétaient dans des zoos sous dôme, avec spa et buffet bio, laissant le firmament aux bolides volants et aux drones-livraisons qui balançaient des pizzas brûlantes (ou des factures glacées).
Au-delà de la grande ceinture anti-brume (un rempart invisible qui tamisait les nuages d'insectes), le trafic aérien se fit aussi rare qu'un homme politique sincère. Les collines, envahies par une végétation mutante aux feuilles phosphorescentes, gobaient les maisons comme des friandises acidulées. Robin jeta un œil à l'écran : trois minutes d'avance ! Hourra, du rab de solitude.
Habituellement, il observait le sol – un spectacle éternel : routes antiques craquelées, squattées par des humains hardis en patinettes solaires et une faune en pleine fête foraine post-cataclysmique. Les oiseaux avaient trinqué avec tous ces trucs volants, pire qu'avec les éoliennes.
Né entre le Premier Schisme (quand les machines avaient pété les plombs sur les émoticônes) et le Deuxième (la guerre des portraits figés éternels), Robin se rappelait vaguement les automobiles – ces tanks rouillés qui pétaradaient comme des rots de reptiles géants. Son grand-père en possédait une, qu'il astiquait le dimanche en entonnant du Johnny Hallyday sous amphétamines. Elle a dû zigzaguer sur ce macadam-là, songea Robin. Pour foncer en ville ce jour maudit. Pour perpétrer son ACTE odieux.
Mais rembobinons un peu : années 2010, ère où les gens roulaient en solo comme des cow-boys du bitume, avec des garages remplis de bolides personnalisés (certains en avaient trois : un pour les ballades en famille, un pour les soupers en ville, et un pour les fugues avec la belle-sœur). Maryline Manson – oui, comme le chanteur, mais en version adolescente rebelle avec un rebondissement cauchemardesque – s'était levée ce matin-là, avait croqué un œuf à la coque saignant (avec des mouillettes beurrées), avait traîné le fusil d'assaut troqué contre ses économies jusqu'à la Merco coupé bleu « Édition Sport 2018 » de ses parents (qui klaxonnait des airs de guitare), et l'avait casé sur la banquette arrière comme un sac de provisions bon marché.
Les projections de sang sur le capot ? Noires comme de l'encre de poulpe en deuil.
Les projections de sang sur le capot ? Noires comme de l'encre de poulpe en deuil.
Tandis que l'aéropode effleurait les arbres en mode « survol de jardin hanté », Robin repéra les anciens panneaux publicitaires – ces reliques colossales, écorchées par le vent en rubans de papier qui dansaient la gigue. Et là, en photo géante : la jeune Maryline, figée dans son dernier jour de liberté, l'air d'une adolescente qu'a raté son carrosse pour l'apocalypse. Des pancartes décolorées hurlaient : « Libérez Maryline ! Les masques, c'est pour les poissons ! » Et une autre : « AUCUN ENFANT N'EST MAL NÉ – Sauf s'il s'agit d'un revenant en Pampers ! »
Maryline avait été ordinaire comme un mardi pluvieux : taille moyenne (pour grimper des murs de regrets), poids moyen (pour porter le fardeau du monde sur ses épaules), beauté moyenne (mais avec un sourire qui murmurait « je vais te chiper tes bonbecs »). Le seul secret dans cette icône populaire ? Ses yeux. On aurait dit qu'ils scrutaient un miroir fracassé, se demandant : « C'est moi, ça ? Ou un effet de lumière raté ? »
Le Ministère de la Justice de la Cité – un bunker futuriste où les juges sirotaient des jus d'algues en dissertant sur la morale quantique – avait délégué Robin, du commissariat central. L'emprisonnement de masse ? Un vestige du vingtième siècle, aussi utile qu'un télégraphe en 2070. On était dans la seconde moitié du vingt-et-unième : temps des esprits illuminés, des thérapies holographiques et des prisons reconverties en fermes verticales pour légumes bienveillants. " Il est temps de faire le grand tri !" avait claironné le Juge d'Application des Peines à Robin, en agitant un hologramme de Maryline comme un pavillon de pirate. " Pupille de l'État depuis CINQUANTE ANS ! On ferme ce clapier. Maryline doit actualiser son esprit. Des malfaiteurs bien plus délirants ont été relâchés en grande pompe. Vous vous souvenez d'Hubert « Croque-Monsieur » Levi ? Ce forcené qui cuisinait ses employés avant de les intégrer dans ses sandwichs kashers – " des murmures dans sa poêle le lui commandaient ? On l'a recalibré avec des gélules anti-murmures et des étreintes virtuelles. Désormais, il est cerbère dans une église catholique, où il inspecte les âmes à l'entrée avec un détecteur de péchés. Maryline ? Pas folle à lier, juste... survoltée. Allez la chatouiller. Dites-lui : « Fausse humilité, c'est terminé. Sors de ton cocon ! »
- Et si elle ne peut pas ? " avait hasardé Robin, en calculant mentalement ses heures supplémentaires.
- Ne peut pas ou ne veut pas ?
- Les deux, mon général."
- Et si elle ne peut pas ? " avait hasardé Robin, en calculant mentalement ses heures supplémentaires.
- Ne peut pas ou ne veut pas ?
- Les deux, mon général."
Le JAG tambourina sur son bureau de verre (qui vibra comme un gong serein) et plissa les yeux comme un hibou bigleux. " Elle PEUT. Elle DOIT. On lui octroie une thérapie accélérée et des chirurgiens qui implantent des vannes anti-fureur. Mais la loi nous entrave les mains – plus de contrainte. Si elle se rebelle, si elle charge comme un taureau en jupe... défense légitime, mon ami ! C'est blindé, légal et moral. Vous êtes policier, équipez-vous pour l'occasion."
Les gardiens de la geôle – deux sosies en rayures zébrées, style bandits sous hormones (Daltons Lucky Lukiens en version futuriste) – paniquèrent ferme sur l'arme de Robin lors des vérifications au bracelet. Ils la scannèrent deux fois, comme si c'était un billet de loterie gagnant. " On n'est JAMAIS trop méfiant ! " lâcha le grand, avec un clin d'œil mi-excuse, mi-promesse d'étreinte forcée. Robin inclina la tête, ravalant des reparties absurdes genre : « La Vieille Maryline a soixante-dix balais ; elle va me lancer des savates empoisonnées ? » Mais il se tut. Il CONNAISSAIT les clichés : chairs lacérées, chaos en haute définition. Pas le moment de plaisanter.
" Et attention maximale !" ajouta le petit (d'un millimètre, mais jalousie oblige). Chevelures identiques, mines de pierre, uniformes qui scintillaient comme des phares de bal disco-prison.
" Clair comme de l'eau de roche", balbutia Robin. " Elle sera en semi-liberté surveillée.
- Bah, la plupart des détenus jouent les saints pour décrocher le billet de sortie. Mais pas NOTRE Maryline. Mais détends-toi, l'ami !" gloussa le grand en forçant la porte hydraulique (qui geignit comme un canard sous l'opéra). " Elle s'est adoucie avec les ans. Au pire, elle pourra tenter de te mordiller l'oreille. Genre chiot zombie."
" Et attention maximale !" ajouta le petit (d'un millimètre, mais jalousie oblige). Chevelures identiques, mines de pierre, uniformes qui scintillaient comme des phares de bal disco-prison.
" Clair comme de l'eau de roche", balbutia Robin. " Elle sera en semi-liberté surveillée.
- Bah, la plupart des détenus jouent les saints pour décrocher le billet de sortie. Mais pas NOTRE Maryline. Mais détends-toi, l'ami !" gloussa le grand en forçant la porte hydraulique (qui geignit comme un canard sous l'opéra). " Elle s'est adoucie avec les ans. Au pire, elle pourra tenter de te mordiller l'oreille. Genre chiot zombie."
Robin décela-t-il l'ironie, ou était-ce du granit brut ? Énigme. Le grand se figea en mode statue antique. Le petit escorta Robin dans le couloir aux échos maniaques, où leurs pas rebondissaient comme des balles de tennis enragées. La plupart des cellules ? Vides, leurs occupants réhabilités en pilotes de drones ou en livreurs de pizzas. Pourtant, Robin sentait des regards... DES REGARDS partout ! Un tireur embusqué invisible le visait, tapi dans les ombres avec un bol de maïs fantôme. Les guerres ? Du passé récent, comme une gueule de bois planétaire. Un adversaire l'espionnait, camouflé sous cape, prêt à surgir avec un « Surprise, mon vieux... ! »
" La plupart des visiteurs sont en mode pacifique absolu, sans armes", murmura le garde, yeux rivés au sol comme s'il avouait un amour secret. " On nous a briefés : vous pouvez garder la vôtre. Mais dissimulez-la comme un colis piégé. Il y a une chaise juste dehors. Je relève le paravent pour que vous observiez l'intérieur – vitre à sens unique, premier assaut seulement. Les petits objets peuvent traverser vers l'intérieur... mais pas en ressortir. Sauf si vous avez brisé le joint avant. Compris, saisi, capish ?
- Jawohl, mein herr !" ricana Robin en son for intérieur. Sa crainte enfla comme une montgolfière. Il se mit à compter : un éléphant, deux éléphants, trois éléphants... jusqu'à vingt troupeaux en chaleur. Ruse anti-panique, héritée des nuits agitées à dénombrer des moutons mécaniques afin de redémarrer le cerveau, anéantir les boucles infernales. Il calait sa respiration – inspirait comme un ballon gonflé, expirait comme un rot de licorne. Si les gratte-papiers de la Maison le voyaient... Il épongea son cou en sueur avec un mouchoir de papier (recyclé en fibres de remords) et le glissa dans sa poche de poitrine comme un porte-bonheur bancal.
" La plupart des visiteurs sont en mode pacifique absolu, sans armes", murmura le garde, yeux rivés au sol comme s'il avouait un amour secret. " On nous a briefés : vous pouvez garder la vôtre. Mais dissimulez-la comme un colis piégé. Il y a une chaise juste dehors. Je relève le paravent pour que vous observiez l'intérieur – vitre à sens unique, premier assaut seulement. Les petits objets peuvent traverser vers l'intérieur... mais pas en ressortir. Sauf si vous avez brisé le joint avant. Compris, saisi, capish ?
- Jawohl, mein herr !" ricana Robin en son for intérieur. Sa crainte enfla comme une montgolfière. Il se mit à compter : un éléphant, deux éléphants, trois éléphants... jusqu'à vingt troupeaux en chaleur. Ruse anti-panique, héritée des nuits agitées à dénombrer des moutons mécaniques afin de redémarrer le cerveau, anéantir les boucles infernales. Il calait sa respiration – inspirait comme un ballon gonflé, expirait comme un rot de licorne. Si les gratte-papiers de la Maison le voyaient... Il épongea son cou en sueur avec un mouchoir de papier (recyclé en fibres de remords) et le glissa dans sa poche de poitrine comme un porte-bonheur bancal.
BOUM ! Le choc : après les panneaux publicitaires extérieurs avec sa figure juvénile (genre adolescente en costume de furie), croiser la VRAIE Maryline, version grand-mère punk en mode « après la bourrasque ». La mèche blanche post-mitraillade (souvenir d'un éclair céleste ?) s'était fondue en gris uniforme, comme un camouflage de nuages endeuillés. Les fous ne ridulent pas, Robin le savait – zéro regrets, zéro sillons de « hélas ». Mais elle ? Des rides en cascade, des pattes d'oie embrumées qui plongeaient vers une mâchoire butée comme un rocher en maillot de bain. Son visage ? Lacéré, comme une marionnette qui a dévoré un cactus.
" Salut les mortels !" gazouilla-t-elle, timide comme un chaton automatique. " Tu es le novice, jeune Padawan ?
- Bonjour, madame. Robin Laforêt, du quartier général de la Capitale. Inspecteur adjoint de la Commision des Libertés.
- Parbleu, cela sonne comme un titre de héros déchu !" gloussa-t-elle, solennelle comme un corbeau sous calmants. " Qu'est-ce que j'ai encore bien pu tramer pour mériter un invité de marque comme toi ? J'ai piraté le réseau des gardiens ?
- Puis-je m'asseoir, ou est-ce réservé aux spectres ?
- Vas-y, installe-toi ! Oh attends... moi, je suis coincée. Cette ferraille fera l'affaire." Elle traîna une chaise de métal pur – soudée en un bloc, sans vis perfides, sans cordons suicidaires. Zéro outils pour un « suicide » artisanal. Sécurité suprême, style cage pour rongeur ninja. La cellule ? Un nid douillet post-fin-du-monde : courtepointe rapiécée de vieux uniformes de détenus, murs couverts de croquis au crayon – TOUS du même homme, en série obsessionnelle. Nez courbé (brisé par un destin taquin ?), yeux grands comme des soucoupes mélancoliques, blancs et inexpressifs comme ceux d'un merlan frit... Et ABSENCE de bouche. Juste un vide immense, style mime immortel.
" Oups !" fit Maryline, suivant son regard comme un radar à remords. " C'est une de mes « vedettes invitées ». Celle qui hante mes songes les plus croustillants – même si cela s'estompe, genre annonce télévisée zappée. J'espérais l'exorciser en la croquant... juste avant le staccato final de ma Kalash. Pouf, plus de bouche, plus de cauchemars !
- Pourquoi pas de bouche ?" interrogea Robin, feignant l'ignorance comme un as du jeu de dupes. (Il connaissait la réponse à sa question, mais voulait l'entendre de sa bouche à elle.)
Elle releva la lèvre en un rictus odorant – mépris pur, comme si elle humait un rot de licorne fanée. " Tu es au courant, inspecteur. Tu connais le récit "
Robin opina, grave. " Thomas Fongier. Au salon du livre pour un cadeau d'anniversaire à sa petite-fille de cinq ans. Elle était là, en format réduit.
- Exact, retour en arrière activé.
- Vous vous êtes rendue là-bas parce que l'évènement avait été doxé à mort – le terme d'époque, hein ? Totalement exposé sur la toile. - Tout bon jusque là."
" Salut les mortels !" gazouilla-t-elle, timide comme un chaton automatique. " Tu es le novice, jeune Padawan ?
- Bonjour, madame. Robin Laforêt, du quartier général de la Capitale. Inspecteur adjoint de la Commision des Libertés.
- Parbleu, cela sonne comme un titre de héros déchu !" gloussa-t-elle, solennelle comme un corbeau sous calmants. " Qu'est-ce que j'ai encore bien pu tramer pour mériter un invité de marque comme toi ? J'ai piraté le réseau des gardiens ?
- Puis-je m'asseoir, ou est-ce réservé aux spectres ?
- Vas-y, installe-toi ! Oh attends... moi, je suis coincée. Cette ferraille fera l'affaire." Elle traîna une chaise de métal pur – soudée en un bloc, sans vis perfides, sans cordons suicidaires. Zéro outils pour un « suicide » artisanal. Sécurité suprême, style cage pour rongeur ninja. La cellule ? Un nid douillet post-fin-du-monde : courtepointe rapiécée de vieux uniformes de détenus, murs couverts de croquis au crayon – TOUS du même homme, en série obsessionnelle. Nez courbé (brisé par un destin taquin ?), yeux grands comme des soucoupes mélancoliques, blancs et inexpressifs comme ceux d'un merlan frit... Et ABSENCE de bouche. Juste un vide immense, style mime immortel.
" Oups !" fit Maryline, suivant son regard comme un radar à remords. " C'est une de mes « vedettes invitées ». Celle qui hante mes songes les plus croustillants – même si cela s'estompe, genre annonce télévisée zappée. J'espérais l'exorciser en la croquant... juste avant le staccato final de ma Kalash. Pouf, plus de bouche, plus de cauchemars !
- Pourquoi pas de bouche ?" interrogea Robin, feignant l'ignorance comme un as du jeu de dupes. (Il connaissait la réponse à sa question, mais voulait l'entendre de sa bouche à elle.)
Elle releva la lèvre en un rictus odorant – mépris pur, comme si elle humait un rot de licorne fanée. " Tu es au courant, inspecteur. Tu connais le récit "
Robin opina, grave. " Thomas Fongier. Au salon du livre pour un cadeau d'anniversaire à sa petite-fille de cinq ans. Elle était là, en format réduit.
- Exact, retour en arrière activé.
- Vous vous êtes rendue là-bas parce que l'évènement avait été doxé à mort – le terme d'époque, hein ? Totalement exposé sur la toile. - Tout bon jusque là."
L'affaire ? Un mélodrame d'État : « La Force Irrésistible du Masque », édition spéciale folie virale. 2020, les cités européennes (premières à « succomber » au piège microbien, prétendument) avaient viré masquées comme des ninjas enrhumés. L'Union Européenne mondialiste – surnommée « les États-Unis d'Europe en pyjama » – avait attrapé la toux peu de temps après la Chine, mais en mode fin du monde zombifique. Des centaines de milliers d'Européens « décédés » (suivant des chiffres gonflés comme des outres), des millions ailleurs. Médecins complices (en blouse blanche, cape sombre) prescrivaient : distance sociale (tranchez-moi cet embrassement !), masques anti-gouttelettes (filtre à café pour microbe ?), et vaccins en file d'attente. Au salon du livre ? Tous masqués : auteurs en incognito, lecteurs en mode « énigme à la Christie ». Le bas du visage de M. Fongier ? Invisible, comme un secret officiel.
Maryline se balançait sur sa chaise comme un fauteuil à bascule ensorcelé. " Tu as traversé les cieux pour me ressasser mes bêtises de jeunesse ?
- Non. Pour sonder votre humeur actuelle sur vos... euh, exploits passés.
- Par tous les saints ! " Elle observa son manteau, son ceinturon – et Robin jura qu'elle flairait son arme comme un cochon corse flaire les truffes. " Comment je savoure cela aujourd'hui ? Hmm. Combien de cadavres sur mon décompte ce jour-là ?
- Cinquante-six. Un record de quilles humaines.
- Et ensuite ?
- Zéro. Mais quelques mutilations en prime, d'où ma place privilégiée de ce côté de la vitre anti-câlins.
- Hmm, marché conclu. Je joue le jeu – j'ai plus d'admirateurs que de lettres ici. Une reporter est venue me voir pour écrire un truc sur les enfants assassins. Elle me voyait encore en gamine – les tribunaux m'avaient promue adulte express."
Maryline tripota sa manche, chassant un fil fantôme. Elle surprit mon regard scrutateur. " Calmos, pas de quoi te pendre pour un départ express. Mais si c'était le cas ? Ça épargnerait du carburant pour ton retour, et un succès pour elle ! "
- Non. Pour sonder votre humeur actuelle sur vos... euh, exploits passés.
- Par tous les saints ! " Elle observa son manteau, son ceinturon – et Robin jura qu'elle flairait son arme comme un cochon corse flaire les truffes. " Comment je savoure cela aujourd'hui ? Hmm. Combien de cadavres sur mon décompte ce jour-là ?
- Cinquante-six. Un record de quilles humaines.
- Et ensuite ?
- Zéro. Mais quelques mutilations en prime, d'où ma place privilégiée de ce côté de la vitre anti-câlins.
- Hmm, marché conclu. Je joue le jeu – j'ai plus d'admirateurs que de lettres ici. Une reporter est venue me voir pour écrire un truc sur les enfants assassins. Elle me voyait encore en gamine – les tribunaux m'avaient promue adulte express."
Maryline tripota sa manche, chassant un fil fantôme. Elle surprit mon regard scrutateur. " Calmos, pas de quoi te pendre pour un départ express. Mais si c'était le cas ? Ça épargnerait du carburant pour ton retour, et un succès pour elle ! "
Robin haussa les épaules, maître zen contraint. " Vous étiez mineure, pas vrai ? Procès impartial ?
- Impartial ? Oh, parfaitement équilibré ! " ricana-t-elle, voix énigmatique, avant un éclat de rire qui ébranla les murs. " Équilibré comme un pachyderme sur un câble ! Éduquée à domicile total, moi. Ou « non-éduquée », comme il te plaira. J'étais ma propre reine : instruction à domicile, questions en rafale, tablette piratée en guise d'ardoise, sciences humaines via les matinales de CNews ou d'Europe 1. Cocoon personnel, étanche aux vérités contraires."
Robin nota en tête : Chaînes d'info disparues ? À fouiller plus tard.
" As-tu des petits à toi, Monsieur Laforêt ?
- J'en ai eu. Oui.
- Eu ?
- Avec mon ex-épouse, partie pour une métropole plus méridionale. Partie après la tache solaire qui a gélifié le septentrion en igloo géant."
Trop verbeux, incomplet, mensonge doux. Rien à voir avec la tache solaire : sa dernière crise de rage, un volcan intime. À présent ? Gélules sereines et formules magiques recyclées. Nécessaire ce matin, quand l'incompétence environnante (ou la sienne ?) avait failli le faire exploser. Impatience ou boulets extérieurs ? Les deux.
" Ah vraiment ? " Maryline se cala, l'air d'un félin qui sait où est la crème.
" Vous saisissez le monde d'aujourd'hui ?
- Journaux hebdomadaires, oui. Lecture pour mon spectacle personnel."
- Impartial ? Oh, parfaitement équilibré ! " ricana-t-elle, voix énigmatique, avant un éclat de rire qui ébranla les murs. " Équilibré comme un pachyderme sur un câble ! Éduquée à domicile total, moi. Ou « non-éduquée », comme il te plaira. J'étais ma propre reine : instruction à domicile, questions en rafale, tablette piratée en guise d'ardoise, sciences humaines via les matinales de CNews ou d'Europe 1. Cocoon personnel, étanche aux vérités contraires."
Robin nota en tête : Chaînes d'info disparues ? À fouiller plus tard.
" As-tu des petits à toi, Monsieur Laforêt ?
- J'en ai eu. Oui.
- Eu ?
- Avec mon ex-épouse, partie pour une métropole plus méridionale. Partie après la tache solaire qui a gélifié le septentrion en igloo géant."
Trop verbeux, incomplet, mensonge doux. Rien à voir avec la tache solaire : sa dernière crise de rage, un volcan intime. À présent ? Gélules sereines et formules magiques recyclées. Nécessaire ce matin, quand l'incompétence environnante (ou la sienne ?) avait failli le faire exploser. Impatience ou boulets extérieurs ? Les deux.
" Ah vraiment ? " Maryline se cala, l'air d'un félin qui sait où est la crème.
" Vous saisissez le monde d'aujourd'hui ?
- Journaux hebdomadaires, oui. Lecture pour mon spectacle personnel."
Robin rit malgré lui. Elle était une capsule temporelle vivante : vintage revigorant, comme un disque rayé qui gratte du Bowie. " Bon, vous avez saisi le Projet de Réforme ? Gens, habitats, non-humains en mode partage intégral.
- Clair comme de l'eau de rose! Post-capitalisme post-schisme, adieu Quatrième Reich et frénésie acheteuse. Tout en commun : on demande, on reçoit selon les besoins. Et toi, comment le savoures-tu ? " taquina-t-elle, malicieuse comme une renard en tutu.
Robin repensa à sa matinée furieuse, aéropode en retard. " C'est... équitable. Absolument.
- Ton air crie « fariboles » ! Fureur en sourdine, hein ? Le monde dehors sent le bonbon rose ? Tu me donnes presque envie de manquer la suite – ce paradis renouvelé ! "
Robin se pencha, cachant son arme comme un trésor corsaire. " Vous n'êtes pas forcée de végéter. C'est POUR CELA que je suis là. Libération surveillée remise au goût du jour : réclamez-la, vivez-la !
- Tu sais ce qui coince aux commissions de remise en liberté ? Plus de rencontres en chair et en os. Crainte de l'étreinte surprise ?"
Il le savait. " On contraint pas les âmes à demeurer en enclos si l'enclos s'effrite. Cette geôle ? En phase de démontage pour volatiles de prestige. "
Elle scruta sa couette rapiécée, le mur couvert des têtes à Fongier. Mains fripées, ongles rongés comme des crayons stressés, tremblotante. Robin comprit : deuxième « foyer » de sa vie, et l'unique depuis des décennies. Nostalgie du béton.
" Pourquoi ? Pour quel caprice ? " Pluis, plus doucement: " Démolie pour héberger des faucons fauves. Les drones et aéropodes les angoissent ferme – besoin d'un refuge sauvage pour nicher et dévorer des poissons planants.
- Échange de chasseurs sanguinaires contre chasseurs doux ! Les faucons fauves picorent les charognes, pas de coups de feu." Il l'avait appris via une émission éducative – la seule autorisée chez ses parents. Instructif, avec fauves au ralenti.
Maryline se recala au fond de sa chaise. Vaincue, mais double tempo : gamine perdue ET sorcière millénaire.
" Mes parents ? Catholiques purs et durs, conservateurs en bunker anti-nouveauté, terrifiés par toute info qui égratignait l'ego. Bases fissurées : père en tornade pastaga, mère à la messe quotidienne, confession hebdomadaire pour « le péché qui rendait fou son mari » – et qui la frappait, et qui nous battait aussi. J'étais l'aînée, rempart humain. Papa, c'était le pape infaillible, le mode de vie occidental était le seul authentique. Aux informations, monde au bord de l'abîme ? J'étais adolescente fracassée, remplie de... choses.
- Remplie de quoi ?"
Tête basse, comme un automate en panne. " De fureur brute. Chaque jeune a son fauve intérieur, prêt à lacérer. Chaque humain, s'il est franc. Toi aussi – je vois la bête dans tes yeux, qui grogne « grrr »
Robin, mode policier activé : " Fureur ? Pas mon genre. Maîtrise absolue.
- Ha ! Raconte ça à ta famille. Tu n'es pas un livre scellé, Laforêt. Fauve en fourrure, comme nous tous.
- Vous dites ça car vous êtes recluse depuis l'An Obscur de 2020. Ces années ? Féroces. Pics de violence, purges de la fausse épidémie : médecins et politiciens coupables et complices exécutés en direct."
Elle bondit comme un ressort grippé. " Parmi les plus féroces, pas LA plus féroce. J'ai lu une hypothèse ancienne : tous les quatre-vingts ans, explosion de brutalité humaine. Vérifie l'histoire : vrai de vrai. Je n'étais pas l'étincelle – juste le résultat d'un tonneau déjà enflammé. Victime accessoire ! 2070 ? La pression monte pour le prochain virage. Tu n'es pas courroucé, Laforêt ? Monde trop lent, tout le monde trop sot sauf toi ?
- Non ", mentit sèchement Robin
- Faux-semblant ! Affronte ton fauve, mon chaton. Moi, je l'ai croisé ce jour-là : fusil d'assaut paternel en vedette au salon, bang-bang sur tout ce qui remuait. Ces gens ? Pas réels – symboles du désordre masqué, élite en bavoirs qui sabote l'économie par manigance. Moi ? Reine intrépide ! J'aurais dû craindre."
Regards croisés : un éclair chancelant traversa Robin, genre court-circuit sentimental.
" Jamais dehors. Jamais." conclut-elle.
- Vous n'imaginez pas être dehors ? Soutiens complets : logement gardé, thérapie en illusion, chirurgies pour vanne anti-fauve. Hein ? Pourquoi ce grand signe de dénégation ?
- Échec cuisant. Irréparable. Pas unique – juste humaine en excès. Dehors ? C'est pire qu'ici. Il n'y a que des masques. Cirque et enclos éternel."
Comment la retourner en mode « oui » ? Le JAG lui avait confié une patate chaude : solution rapide ou drame shakespearien.
" Pourquoi avoir croqué Thomas sur tous les murs ? Pourquoi pas sa fillette, Coline ?
- Lui, je l'ai vu nettement. Sa petiote ? Masque géant sur petit minois, et après les tirs... plus de minois du tout."
Mots traînants comme du miel épais. Robin se pencha ; ses cheveux effleurèrent la vitre perméable (sans la transpercer). Larmes ? Cataracte sur rides, trempant mains et genoux comme un orage intime. " S'il te plaît... Un mouchoir ? Je t'en supplie ?"
- Clair comme de l'eau de rose! Post-capitalisme post-schisme, adieu Quatrième Reich et frénésie acheteuse. Tout en commun : on demande, on reçoit selon les besoins. Et toi, comment le savoures-tu ? " taquina-t-elle, malicieuse comme une renard en tutu.
Robin repensa à sa matinée furieuse, aéropode en retard. " C'est... équitable. Absolument.
- Ton air crie « fariboles » ! Fureur en sourdine, hein ? Le monde dehors sent le bonbon rose ? Tu me donnes presque envie de manquer la suite – ce paradis renouvelé ! "
Robin se pencha, cachant son arme comme un trésor corsaire. " Vous n'êtes pas forcée de végéter. C'est POUR CELA que je suis là. Libération surveillée remise au goût du jour : réclamez-la, vivez-la !
- Tu sais ce qui coince aux commissions de remise en liberté ? Plus de rencontres en chair et en os. Crainte de l'étreinte surprise ?"
Il le savait. " On contraint pas les âmes à demeurer en enclos si l'enclos s'effrite. Cette geôle ? En phase de démontage pour volatiles de prestige. "
Elle scruta sa couette rapiécée, le mur couvert des têtes à Fongier. Mains fripées, ongles rongés comme des crayons stressés, tremblotante. Robin comprit : deuxième « foyer » de sa vie, et l'unique depuis des décennies. Nostalgie du béton.
" Pourquoi ? Pour quel caprice ? " Pluis, plus doucement: " Démolie pour héberger des faucons fauves. Les drones et aéropodes les angoissent ferme – besoin d'un refuge sauvage pour nicher et dévorer des poissons planants.
- Échange de chasseurs sanguinaires contre chasseurs doux ! Les faucons fauves picorent les charognes, pas de coups de feu." Il l'avait appris via une émission éducative – la seule autorisée chez ses parents. Instructif, avec fauves au ralenti.
Maryline se recala au fond de sa chaise. Vaincue, mais double tempo : gamine perdue ET sorcière millénaire.
" Mes parents ? Catholiques purs et durs, conservateurs en bunker anti-nouveauté, terrifiés par toute info qui égratignait l'ego. Bases fissurées : père en tornade pastaga, mère à la messe quotidienne, confession hebdomadaire pour « le péché qui rendait fou son mari » – et qui la frappait, et qui nous battait aussi. J'étais l'aînée, rempart humain. Papa, c'était le pape infaillible, le mode de vie occidental était le seul authentique. Aux informations, monde au bord de l'abîme ? J'étais adolescente fracassée, remplie de... choses.
- Remplie de quoi ?"
Tête basse, comme un automate en panne. " De fureur brute. Chaque jeune a son fauve intérieur, prêt à lacérer. Chaque humain, s'il est franc. Toi aussi – je vois la bête dans tes yeux, qui grogne « grrr »
Robin, mode policier activé : " Fureur ? Pas mon genre. Maîtrise absolue.
- Ha ! Raconte ça à ta famille. Tu n'es pas un livre scellé, Laforêt. Fauve en fourrure, comme nous tous.
- Vous dites ça car vous êtes recluse depuis l'An Obscur de 2020. Ces années ? Féroces. Pics de violence, purges de la fausse épidémie : médecins et politiciens coupables et complices exécutés en direct."
Elle bondit comme un ressort grippé. " Parmi les plus féroces, pas LA plus féroce. J'ai lu une hypothèse ancienne : tous les quatre-vingts ans, explosion de brutalité humaine. Vérifie l'histoire : vrai de vrai. Je n'étais pas l'étincelle – juste le résultat d'un tonneau déjà enflammé. Victime accessoire ! 2070 ? La pression monte pour le prochain virage. Tu n'es pas courroucé, Laforêt ? Monde trop lent, tout le monde trop sot sauf toi ?
- Non ", mentit sèchement Robin
- Faux-semblant ! Affronte ton fauve, mon chaton. Moi, je l'ai croisé ce jour-là : fusil d'assaut paternel en vedette au salon, bang-bang sur tout ce qui remuait. Ces gens ? Pas réels – symboles du désordre masqué, élite en bavoirs qui sabote l'économie par manigance. Moi ? Reine intrépide ! J'aurais dû craindre."
Regards croisés : un éclair chancelant traversa Robin, genre court-circuit sentimental.
" Jamais dehors. Jamais." conclut-elle.
- Vous n'imaginez pas être dehors ? Soutiens complets : logement gardé, thérapie en illusion, chirurgies pour vanne anti-fauve. Hein ? Pourquoi ce grand signe de dénégation ?
- Échec cuisant. Irréparable. Pas unique – juste humaine en excès. Dehors ? C'est pire qu'ici. Il n'y a que des masques. Cirque et enclos éternel."
Comment la retourner en mode « oui » ? Le JAG lui avait confié une patate chaude : solution rapide ou drame shakespearien.
" Pourquoi avoir croqué Thomas sur tous les murs ? Pourquoi pas sa fillette, Coline ?
- Lui, je l'ai vu nettement. Sa petiote ? Masque géant sur petit minois, et après les tirs... plus de minois du tout."
Mots traînants comme du miel épais. Robin se pencha ; ses cheveux effleurèrent la vitre perméable (sans la transpercer). Larmes ? Cataracte sur rides, trempant mains et genoux comme un orage intime. " S'il te plaît... Un mouchoir ? Je t'en supplie ?"
Réflexe policier-empathique : Robin tendit le sien, franchissant l'écran comme par enchantement. Pouf ! Vitre désactivée. Main de Maryline ? Pas pour le papier – pour son ARME ! Vive comme un ninja septuagénaire sous boisson énergisante. Son regard ? Reproche universel, genre « Tu ne m'as pas comprise, nigaud ! Regarde le gâchis que TU m' obliges à causer ! »
Robin perçut une pointe d'absurde : il rit presque, en mode « karma en jupe bouffante ».
Et là, le ciel s'entrouvrit... ou non. Fin du voyage ? Ou simple prélude à un cirque plus vaste ?
Robin perçut une pointe d'absurde : il rit presque, en mode « karma en jupe bouffante ».
Et là, le ciel s'entrouvrit... ou non. Fin du voyage ? Ou simple prélude à un cirque plus vaste ?