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Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

26 avr. 2025

1046. L'Ornitho... pas ringard.

 

Cette histoire ne vous est pas gracieusement offerte grâce au soutien financier du groupe "STARBUCKS"

L'ORNITHO... PAS RINGARD

Non mais regarde-toi, esclave de ta petite routine pathétique. Naître. Survivre à l’école, ce purgatoire institutionnel. Trimer comme un rat dans sa roue pour payer des factures qui se moquent de ton existence. Peut-être, si les étoiles s’alignent et que tu lèches assez de bottes, t'auras droit à une semaine à la plage pour oublier que tu vas crever. Dévier du script ? Oser penser différemment ? Hérésie ! Si un ornithorynque parlant ose pointer son bec, on le jette dans la boîte à dingueries et on retourne à son écran, bien sagement. Quelle audace !

Changer d’avis ? Ça prend une éternité. Une catastrophe, un miracle, ou un jeudi après-midi tellement morne qu’il pourrait faire pleurer un caillou. C’est là que ça m’a frappé, au parc, avec un Starbucks si infect qu’il aurait dû être classé comme arme chimique. Et puis, boum, ces mots, sortis de nulle part, comme un coup de poignard dans ma tranquillité :

" Le bec, c’est même pas ce qu'y a de plus bizarre chez moi, tu devrais voir mon appareil génital."

Je me retourne, prêt à engueuler le branleur rempli de furoncles qui vient de me faire cette blague pourrie. Rien. Juste un banc. Et dessus, vautré comme un mafieux en vacances, un ornithorynque. Un putain d'ornithorynque. Un œil torve braqué sur moi, l’autre probablement en grève. Pas de caméras, pas de micros, pas de TikTokeurs rigolards. Juste moi, mon Starbucks au goût de merde et ce… truc.

Et là, il en remet une couche. " Ouais, c’est à toi que je cause, génie." Sa voix, grave, traînante, comme celle d'un détective privé dans une série noire. " Et non, t’es pas en train de planer. La réalité, elle a juste un humour tordu."

Mon cerveau déraille. Une minute avant, j’étais un connard lambda, savourant l’amertume de son Starbucks pisseux comme une métaphore de sa vie. Et là, un monstre aquatique me fait la causette. Je marmonne, à moitié hystérique : " Un marsupial qui parle. Super. Vraiment super."

Il se redresse, piqué au vif. " Monotrème, je suis un monotrème, abruti. Pas un marsupial. Me mets pas dans le même sac que ces wombats avec leurs crottes en exa hecza dés de Poker. C’est insultant."

Il me fusille du regard, comme si que j’avais craché sur son arbre généalogique. Je bafouille, pas sûr d'avoir tout bien capté : " Des… crottes cubiques ?" Parce que, visiblement, c’est ça qui me choque le plus dans ce cauchemar.
Il lève les yeux au ciel, exaspéré. " T’es là, à faire la causette avec un ornithorynque, et tu bloques sur la géométrie des excréments de ces australopithèques ? Bravo, Einstein." Ses griffes tapotent le banc, un rythme trop précis, comme si qu'il envoyait un message codé à l’univers. " C’est à ce moment là que des gens normaux s’enfuiraient en hurlant ou sortiraient leur smartphone pour me mettre sur Instagram. Mais toi ? T’es encore là. Putain, c'est fascinant.
- Je… réfléchis", je lui réponds, tandis que mon cerveau me hurle de fuir. Je sirote mon caoua, froid, dégueulasse, mais c’est la seule chose qui me raccroche à la réalité. L’ornithorynque hoche la tête, comme un prof déçu mais vaguement impressionné. " Bien. Si tu réfléchis, t’es pas complètement foutu.
- Foutu pour quoi ?" je demande, la glotte serrée.

Il plisse les yeux, un sourire narquois en travers de son bec. " Pour te réveiller. Pour sortir du conte de fées minable que tout le monde gobe : normalité, stabilité, confort. Tout ça, c’est du pipeau. Je suis là pour le démolir."

Le ciel s’assombrit d’un coup, comme si que l'autre connard de Starmer d'outre-Manche avait déjà baissé le curseur de la luminosité du monde. Un joggeur passe, inconscient de l’horreur qui me parle. " Personne d’autre t’entend, hein ?" je lui demande dans un murmure.
" Évidemment que non", il me ricane à la gueule. " Ils sont trop occupés à suivre le script. Lève-toi, bosse, paie, crève. Fais défiler ton écran, achète des trucs, distrais-toi jusqu’à ce que le rideau tombe. Des marionnettes. Mais toi…, toi..." Il penche la tête, son œil me transperce. " Toi, t’es à deux doigts de couper les fils.
- À deux doigts de quoi ?
- À deux doigts de douter."

Ce mot me frappe comme un boomerang en travers de la gueule. J’ai envie de rire, de crier, de m’enfuir. Mais il a raison. Depuis des semaines, quelque chose cloche. Ma vie, le monde, tout me semble… bancal. Comme un décor de théâtre mal cloué.

Il se penche, sa voix plus basse, plus menaçante. " Cette démangeaison dans ta tête ? Ce murmure que t’ignores ? C’est la réalité qui craque. Tout est faux. Et je vais te le prouver."

Le sol tremble. Une fissure déchire l’asphalte, révélant un vide noir, sans fond, qui avale la lumière. Les gens marchent dessus, inconscients, comme si que le monde n’était qu’un hologramme défectueux. Je recule, le cœur dans la gorge. " T’es quoi, un gourou ? Un démon ?"
Il éclate de rire. " Plutôt un dératiseur de l’illusion. Et toi, t’es ma prochaine mission." Il claque des griffes. Le monde bugue. Les arbres vacillent, l’horizon clignote. Un joggeur passe. Puis un autre, identique, comme un bug dans un jeu vidéo. Même short fluo, même foulée. Copié-collé.
" Qu’est-ce qui se passe ?  je bredouille.
- Une fissure", me dit-il, d'un air suffisant. " La réalité, c’est du code. Et parfois, ça bugue."

Je secoue la tête, cherchant une explication rationnelle. Un AVC ? Une drogue dans mon café ? Mais il claque encore des griffes. Une nuée de pigeons s’envole… et s’immobilise en l’air, figée, comme des jouets cassés. Puis ils tombent. Tous. Des ploc-plocs sinistres sur le bitume.
Je titube, l’hyperventilation me guette. " Arrête ! C’est pas possible !"
Il écarte les bras, théâtral. " Oh que si, c’est très possible. T’es juste trop lent pour suivre." Sa voix baisse d'un ton, limite compatissante. " Tu sens ton monde se déchirer, pas vrai ?"

Les lampadaires clignotent. Les bâtiments scintillent comme des mirages. Le sol s’effrite sous mes pieds. " Et si tout s’effondre ?" je hurle.
Il sourit, un rictus impossible. " On verra bien. C’est ça qu'est rigolo."

La fissure s’élargit. Je tombe.
Je m’écrase sur quelque chose de mou, dans une obscurité totale. Mon pouls bat la chamade. Et sa voix, moqueuse, résonne : " Quoi, t’as cru que c’était fini ? Que t’allais te réveiller dans ton lit minable ? Non mon gars. T’es coincé. Avec moi."

Je regarde autour de moi. Rien. Juste le noir. Et lui, invisible, qui continue. " T’as vu derrière le rideau, mon pote. Pas de sorcier, pas de réponses. Juste le chaos. Et maintenant ?" Il ricane. " On va bien s’amuser."

Un clin d’œil. Je le vois pas, mais je le sens. Il est partout. Dans ma tête. Dans vos têtes. Il vous attend, avec son café tiède, sur un banc, sous un ciel gris. Il murmure : " Continuez à lire. Ça va empirer."
Et puis, silence. Mais il est toujours là. Dans l’ombre. À attendre.

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