Quand je me suis réveillé ce matin, c’était dans un lit vide et j’étais livide. Au début, j’ai eu peur que Marylou m’ai quitté pour des pâtures sentant un peu moins l’ail et l’oignon, mais après un bref contrôle de mes odeurs buccales, je réalisai qu’à part un soupçon mineur de vapeur matinale, j’étais dans les normes saisonnières.
Me tournant sur le côté, je vérifiai le réveil pour voir si on approchait de midi ou quoi, et je faillis me péter une durite en réalisant l’heure qu’il était.
5h45 du matin ! Nom de D…
Me rejetant sur le dos, je fermai les yeux et tentai de me rendormir. Malheureusement, je n’y arrivai pas. Je ne savais pas de quoi il s’agissait, mais quelque chose me triturait l’esprit comme un biafrais cannibale édenté sur le corps ballonné d’un Raymond Barre crevé et tout ça ne me laisserait pas retomber en léthargie avant d’avoir trouvé ce que c’était.
Ah ! Un biafrais cannibale édenté ! ‘tain, c’est trop classe, faut que je mette ça dans mon blog.
Toujours est-il qu’il était 5h45 du matin et que quelque chose que je n’arrivais pas à pointer du doigt me taraudait l’esprit comme le bec à Woody Woodpecker une statue en bois de Brigitte Bardot (dans les années 60). J’avais besoin de me rendormir, car dans une heure, je devais lever les petits pour les faire déjeuner avant de les envoyer paître au collège, aussi me retournai-je de nouveau, essayant de penser à ce qui pouvait bien me torturer l’esprit à une heure si peu corse.
Me grattant quelques croûtes au coin des yeux, j’étouffai un bâillement et analysai la situation.
Était-ce le fait que Marylou soit mystérieusement absente de notre lieu dédié au sommeil et à la copulation ? Non, elle était peut-être tout simplement partie faire un tour aux toilettes. Faisait-il trop chaud ? Ou bien trop froid ? Non, non et non. Merde, si seulement cet abruti dehors avec son marteau-piqueur pouvait faire une pause, je pense que je pourrais arriver à deviner ce qui m’empêchait de dormir.
Une petite minute…
M’éjectant de mon pieu, je me précipitai vers la fenêtre dont j’écartai les tentures et je jetai un œil dehors. Juste en face de chez nous, le dentiste faisait refaire le muret de son jardin et personne n’avait semblé trouver malséant de voir son ouvrier se mettre à l’ouvrage aux aurores. Aurores quasi boréales. Avec l’outil le plus bruyant et le plus odieux sur lequel ses sales mains emplies de cals et de corne puissent se poser. Marmonnant quelques obscénités entre mes lèvres et quelques phrases choisies à travers les carreaux, je me résignai à mon triste sort et me dirigeai vers la salle de bain pour y faire mes ablutions matinales.
C’est en route vers cette dernière que je découvris le corps divin et allongé de ma tendre louve assoupie dans le canapé du salon.
Apparemment, le triste idiot, sans aucun sens des valeurs phrygiennes de ma douce amie, s’était mis au boulot une demi-heure avant mon propre éveil, laps de temps qui avait suffi à ma sublime pour se lever, maudire l’enfoiré de bâtard ainsi que tous ses ancêtres jusqu’au premier singe primaire duquel sa propre lignée d’ADN était issue, et se diriger vers la pièce la plus éloignée du staccato offensant.
Pourquoi n’était-elle pas sortie dehors munie de notre aspirateur turbo2000 pour lui arracher les couilles, je le saurai jamais.
Sachant que de toutes manières je n’arriverais plus à me rendormir, je continuai ma progression jusqu’à la salle de bain et commençai le rituel de ma toilette matinale. Me penchant au dessus du lavabo encastré, je jetai un rapide coup d’œil à mon petit ami du matin, Donald Duck. Mon esprit se souvint avec émotion de la joie de Marylou lorsque nous décidâmes que ce minable canard en porcelaine allait devenir notre porte brosses à dents officiel. Elle avait eu le coup de foudre pour lui dès le premier regard, et, croyez le ou non, chers frères et sœurs en ligne, je m’y étais moi aussi attaché.
Ce qui n’empêche que je trouve qu’elle pousse quand même un peu avec les serviettes de bain d’Eurodisney.
Espérant que le volatile m’apporterait plus de chance que mon réveil désordonné, je tirai ma brosse à dent de son anus en lui souhaitant le bonjour. Pressant adroitement sur la pompe à poussoir du flacon de dentifrice Signal White intégral et ne perdant que le quart de poil d’un instant pour mouiller la brosse, je commençai à m’astiquer les ratiches en mouvements circulaires de la façon exacte dont mon fasciste et satanique enfoiré de dentiste nazi m’avait ordonné de le faire lors de ma dernière visite chez lui.
C’est à cet instant que je me souvins que nous avions changé de marque de dentifrice pour de l’émail Diamant. En tube.
Crachant aussi sec le savon à main sanitaire que j’avais pris pour le dentifrice, je me rinçai la bouche et recommençai tout le processus, en m’assurant cette fois d’appliquer la solution nettoyante correcte. A la fin de cette corvée, et après quelques gargouillements pour rincer la tuyauterie, je me tournai à droite vers la baignoire et ouvrai le robinet pour y prendre une douche.
Vous le sentez venir, n’est-ce pas ?
Vu la manière dont j’avais débuté la journée, vous devez penser que j’aurais vérifié la température de l’eau avant d’enjamber la baignoire et de me placer sous le jet. Vous devez le penser, j’en suis certain. Mais vous avez tort. Parce que non seulement je n’ai pas vérifié, mais j’ai même omis d’observer la fine pellicule de givre sur la poire de la douche. Le premier indice que j’ai eu que quelque chose n’allait pas, c’est quand j’ai sauté sous le jet d’eau et que ma gonade droite, ainsi que la gauche d’ailleurs, s’est contractée et a rétréci jusqu’à atteindre la taille approximative d’un pépin de raisin pour ensuite foncer se réfugier dans mes cavités internes avec assez de force et de vitesse pour perforer un blindage de char Leclerc.
Si vous êtes du sexe faible (arf), imaginez vous entrain d’accoucher d’un sapin de Noël (taille 3).
Avec les guirlandes, les classiques comme les lumineuses, les sentons, les boules, les étoiles, les croissants de lune et les angelots.
A rebrousse poil.
Trente secondes plus tard, après la douche la plus rapide et la plus emplie de jurons dont l’histoire de l’humanité n’aie été le témoin, j’attrapai le rideau de bain pour l’écarter de ma route et fuir le plus rapidement possible cet univers glacial. Vous devez bien imaginer qu’arrivé à ce stade, j’aurais dû me douter que quelque chose ou même quelqu’un en avait après moi. Par exemple, vous pourriez supputer que j’aurais dû me souvenir que la baignoire jouxte le lavabo encastré. Peut-être même que si j’avais pris le temps d’y réfléchir, je me serais rappelé que Donald Duck faisait toujours le pitre de service du côté du lavabo le plus proche du rideau de bain. Et il est tout à fait possible que j’aurais alors constaté qu’un pli du rideau de bain s’était pris dans les pattes de l’emplumé de terre cuite.
Mais je ne l’ai pas fait.
Alors, toi, gentille factrice, copine et collègue de ma femme qui a eu le tact et la décence de ne pas m’apporter de factures en même temps que le Chronopost contenant mon billet d’avion pour retourner bosser sur mon putain de navire sur les cotes d’Afrique ce matin, j’espère que tu comprendras pourquoi, quand tu m’as demandé comment j’allais par cette belle journée un peu fraîche mais tout de même ensoleillée, j’ai utilisé mon ton le plus sarcastique et le plus empli de venin pour te répondre :« Comme un putain de canard boiteux, ça te va, là???! »