Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

5 oct. 2025

1122. Horizon Intègre


HORIZON INTÈGRE 

Dans ce champ vide, tu es l'omission,
Ce même absent qui creuse le sol nu.
C'est ainsi que tu fuis la soumission,
Ce vide où toute empreinte a disparu.

Où que tu sois, tu restes pion manquant,
Celui qui fuit, qui laisse un creux béant.
On marche et l'air nous suit, complice et lent,
Il comblera l'empreinte de l'instant.  

Chacun de nous a ses raisons d'errer,
Fuir ou chercher un horizon plus clair.
Bougeons afin de  tout bien conserver,
Garder intègre l'horizon sincère.

 -----o-----

Merci pour votre inconditionnel soutien qui me va droit au cœur
... ainsi qu'au porte-monnaie
ou
et à très bientôt ! 

4 oct. 2025

1121. Ukraine : La Guerre des Bobards

 

(On Web version, use BlogTranslator dropdown menu on top-right of this post to read it in your language)

UKRAINE : LA GUERRE DES BOBARDS
C’est pas parce qu’ils vous le sifflent que c’est forcément vrai…, c'est pas parce qu'ils vous le chantent pas que c'est forcément faux.

Comme je l'ai rabâché jusqu'à l'écœurement dans tous les coins où qu'on daigne encore me lire, le vrai cancer rongeant les tripes de la civilisation occidentale n'est autre que ce foutu postmodernisme – la dernière métastase grotesque des délires grandioses de Karl Marx, recyclée pour l'ère du like et du filtre Instagram. Pas le communisme avec ses charrues collectives et ses files d'attente pour du pain rassis, non, ni même le socialisme tiède qui promet l'égalité en permettant à l'état de taxer ceux qu'ils peuvent taxer jusqu'à l'os. 

Non, le vrai poison, c'est cette lubie arrogante selon laquelle les faits objectifs, la vérité brute et la réalité tangible – vous savez, ces trucs chiants qui plient pas sous nos caprices – peuvent être joyeusement balayés au profit de jolis petits récits, de contes de fées "inclusifs", de manipulations en kit et d'interprétations tordues comme un pré-ado en crise existentielle. Le grand divorce, quoi : entre ce qui est vraiment et ce qu'on s'invente pour se faire des câlins dans le sens du poil dans le miroir.

Et comme vous l'avez sans doute capté dans mes chiffons précédents – ces torchons que je balance dans le vide en espérant que quelqu'un les lise sans bâiller –, je suis obsédé par cette saloperie de responsabilité, cette hydre multidimensionnelle qui s'encule joyeusement elle-même. Nous, les humains, on est à la fois les magiciens et les lapins blancs de notre propre asile de fous. 

La culture ? Une orgie collective où que personne n'est innocent. Les mensonges ? Des pets au vent sans les crétins prêts à les renifler avec délectation. L'acceptation béate des baratins partisans, ces sermons sirupeux qui puent le storytelling de pub, c'est le noyau pourri de tous nos emmerdements. On avale des bobards douillets et des fantasmes gonflés à l'hélium pour esquiver la réalité qui nous claque la gueule comme une beigne de boxeur.

Et rien – mais alors RIEN – n'incarne cette farce tragique mieux que la guerre des récits autour de la boucherie ukrainienne : ses causes bidons, son déroulé chaotique, ses perspectives floues comme un selfie bourré, son issue prévisible et ses retombées à long terme qui sentent le roussi pour tout le monde.

Le récit – ou comment se brosser les dents avec du sirop d'érable
Le grand conte pour enfants "officiel", servi sur un plateau d'argent par les merdias bien-pensants, va comme suit : un beau jour – parce que les méchants se réveillent toujours avec une idée fixe au petit dej' –, Vladimir Vladimirovitch Poutine, ce tsar de pacotille corrompu jusqu'à la moelle et cruel comme un chaton sous acide, a pété un câble et décidé de ressusciter la momie de l'URSS. Rassemblons les ex-républiques sous la bannière rouge, piétinons les satellites d'antan, et hop, direction l'Europe pour un remake de l'Empire avec des oligarques en costard. 

Pourquoi ? Parce qu'il vomit la démocratie (quelle horreur, ce truc où qu'on vote pour des clowns), l'OTAN (ces boy-scouts armés jusqu'aux dents) et l'UE (cette tour de Babel facho-bureaucratique). En résumé : il est juste le grand méchant loup, pur concentré de mal absolu, avec une cape noire et un ricanement patenté.

En février 2022, ce psychopathe a donc balancé une invasion gratuite sur l'Ukraine, ce bastion de souveraineté immaculée – parce que, hein, pourquoi pas ? À son grand dam, il s'est cogné contre la muraille de la vaillante Ukraine, ce peuple de titans indomptables, et son chef charismatique Volodymyr Zelensky qui jouait du piano avec sa teub, ce Churchill 2.0 en t-shirt kaki, qui balance des discours Zoom depuis son bunker de luxe. 

C'est l'Apocalypse en format Netflix : Bien vs Mal, un choc titanesque pour les droits de l'homme (sauf quand ça arrange pas), la démocratie (version light, sans trop de questions) et l'avenir radieux de l'Occident – voire de l'humanité entière ! (J'écris de Bretagne, terre de la rectitude politique bien pensante, seule province de notre pays à avoir voté oui au référendum de 2005 avec l'île de France, donc rectifions vite : "l'humanité" inclusive, sans genre ni frontières, youpi.)

Du coup, l'Occident, ce chevalier blanc auto-proclamé, doit y aller à fond les ballons : sanctions à gogo pour étrangler la Russie, blocus commerciaux dignes d'un Monopoly sadique, saisie des yachts et des comptes en banque de tous les Russes – citoyens inclus, parce que solidarité, hein ? – plus un chèque en blanc pour les flingues et les euros au gouvernement ukrainien, et tout le tintouin pour laminer l'économie moscovite et booster les dissidents anti-Poutine. 

L'espoir ? Que le Kremlin s'écroule comme un château de cartes bourrées de vodka, pour qu'on y installe une démocratie made in USA, avec des élections supervisées par nos experts en "liberté". Et devinez quoi ? Depuis le jour un, les supermen ukrainiens raflent la mise ! Les Russes ? Une bande de bras cassés, à bout de souffle, d'hommes et de tanks rouillés. Leur économie ? Un Titanic en papier, au bord du gouffre tous les trois matins. 

Pour sceller la victoire, l'Ukraine n'a qu'à tendre la main : un peu plus de cash et de matos occidentaux, et boum, triomphe glorieux dans la foulée. Chaque jour un pas de plus vers l'arc-en-ciel. Bien sûr, l'Ukraine, ce parangon de paix, supplie pour un cessez-le-feu. Mais Poutine, ce barbare impénitent, refuse de capituler comme un bon perdant. La guerre pourrait s'arrêter demain si les Russes déguerpissaient de l'Ukraine – Crimée comprise, hors-limites – et livraient leur boss à la CPI pour un procès en bonne et due forme, avec popcorn inclus. 

Facile, non ? On pourrait étirer cette fable jusqu'à l'infini, mais franchement, vous avez pigé le topo. Tous les gauchistes que je croise – ces âmes pures en tongs éco-responsables – gobent ces conneries comme des bonbons et les recyclent pieusement. Même les tièdes qui doutent un brin s'accrochent à leur "mon camp, tort ou raison, c'est mon camp". Allez les bleus ! Bleus de l'UE comme bleus de l'OTAN. Bande de tarés !

Pourquoi ce cirque est-il si viscéralement partisan ? Pourquoi les progressistes patentés se muent-ils en va-t-en-guerre patentés ? Mystère fascinant, mais on zappera ça pour aujourd'hui – c'est pas le sujet, et j'ai pas envie de creuser le pourquoi du comment de ces contradictions cognitives.

Un pas de côté personnel – parce que rien ne vaut un bon clash amical. Parmi ces délires narratifs, le clou du spectacle pour moi, c'est une engueulade avec une connaissance hongroise, originaire de Transylvanie – ouais, le coin des vampires, mais là, c'était plus draculaïque que ça. Elle, enfin il, a grandi sous les bottes du régime Ceaușescu, époque où que l'assimilation forcée était le sport national, avec des minorités traitées comme des tapis usés. À peine ai-je osé gratter la surface de la propagande belliqueuse qu'il explose : "NON !" hurle-t-il, les veines saillantes. "Toi, t'as aucune idée de ce que c'est d'être une minorité piétinée ! T'as pas vécu ça, alors ferme ta gueule, t'as pas le droit d'ouvrir ta gueule sur le sujet !" 
J'aurais voulu lui glisser, l'air de rien, que dans ce merdier ukrainien, les vraies minorités opprimées, ce sont les Russes du Donbass et les hongrois de Transcarpathie – gazés aux mêmes recettes ceaușescquiennes : déni des langues, des cultes, assimilation à coup de matraques. Mais peine perdue : il beuglait si fort que j'aurais pu proposer un thé, il m'aurait traité de traître cosmique.

Franchement, qu'est-ce qui m'a le plus glacé le sang ? Sa fureur vertueuse, ce cocktail d'émotions enragées et de morale olympienne ? Ou l'absurde de sa posture, ce boomerang identitaire qui lui revenait en pleine poire sans qu'il s'en rende compte ? Les deux, probablement. L'ironie est un plat qui se mange froid, mais là, c'était du surgelé.

La réalité – ou comment les faits viennent gâcher la fête
Pas de contre-récit ronflant, non – juste une rafale de faits qui démontent pièce par pièce ces chimères bellicistes. Je pourrais noyer le poisson dans un océan d'historique, mais restons concis, pour ne pas vous endormir sur place. Cette guerre n'a JAMAIS été entre la Russie et l'Ukraine – quel conte de fées naïf. C'est du pur proxy war, une guerre par procuration : Hégémonistes US et leurs larbins de l'UE contre la Russie, point barre. L'Ukraine ? Un pion jetable sur l'échiquier ; ses troufions, de la chair à canon bon marché pour les stratèges de Washington.

La recette du désastre date de 1992, pile poil après l'indépendance ukrainienne. Première saucée d'OTAN pour des soldats de Kiev : 1994, avec des exercices "amicaux" qui sentaient déjà le soufre. Jeffrey Sachs, ce négociateur occidental qui en a vu des vertes et des pas mûres sur la Pologne-Russie, le répète en boucle : les States ont filé des miettes aux ex-communistes d'Europe de l'Est, mais snobé la Russie naissante dans ses vaches maigres. Objectif ? La démonter, la vassaliser, dès le berceau. Charmant.

2004 : l'Occident orchestre un putsch soft via des "réélections" pour virer Ianoukovitch – oups, recomptage truqué, il perd. Drôle de coïncidence.
2010 : Ianoukovitch rafle la mise pour de bon. L'UE agite la carotte : adhésion, mais avec un crochet – larguez la Russie, sinon rien. Il dit poliment "non merci, on a besoin de nos voisins". Logique, non ? La CIA, en tandem avec le Département d'Etat US et les marionnettes de Soros, crache cinq milliards pour pomper du pro-Occident à la sauce fasciste : formations, financements, et boum, Maïdan explose, balayant l'élu du peuple comme un Kleenex usé.

Pendant ce temps, la Crimée vote à 95 % pour rejoindre la Russie – référendum clean, observateurs internationaux invités. Les petits hommes verts ? Des soldats criméens de l'armée ukrainienne qui ont décousu les patchs ukrainiens de leurs uniformes. L'Occident ? Boycott total, on snobe et on crie au scandale. Classique. Nouveau régime en place à Kiev : hop, lois anti-russes à tour de bras, langues et cultes bannis comme des indésirables. Réaction en chaîne : les soldats ukrainiens ethniquement russes du Donbass, comme en Crimée, désertent avec le matos et se rebellent. Logique, 1+1=2.
Deux trêves signées dans le sang : Minsk I et II, censés être gravés dans le marbre. Des lustres plus tard, Merkel et Hollande avouent cash face caméras : "On n'avait jamais eu l'intention de les appliquer, c'était pour gagner du temps et surarmer l'Ukraine". Honnêtes, au moins, même s'ils savaient pas qu'ils s'adressaient à des comiques usurpateurs russes !

17 décembre 2021 : Poutine propose deux traités – un avec les USA, l'autre avec l'OTAN. Ignorés comme des spams. Surprise. Escalade ukrainienne sur le Donbass : Poutine invoque l'article 51 de l'ONU pour protéger ses "compatriotes russophones du génocide"

Guerre déclarée le 21 février 2022. Objectifs russes, noirs sur blanc : libérer le Donbass, neutraliser les fachos armés, forcer une neutralité bétonnée – zéro OTAN en Ukraine, mais garanties tierces pour la sécurité'. Pas de quoi fouetter un chat. Les Russes filent jusqu'à Kiev en trois semaines chrono. Négociations à Istanbul : deal presque bouclé. Mais qui débarque ? Boris Johnson, le clown en chef, pour souffler à Zelensky : "Pas de paix, sinon on te lâche, mec". Merci, Boris. Le reste ? Détails techniques pour experts. 
Si vous avez des contre-preuves solides, balancez-les – je suis tout ouïe.

L'issue – parce que les contes les plus merdiques ont une fin, et pas celle qu'on croit. La partie n'est pas pliée, mais l'échiquier penche du bon côté : La Russie gagne, point. Reste à voir jusqu'où elle poussera avant de ranger ses jouets. Capitulation inconditionnelle ukrainienne, armée en lambeaux, et Moscou dicte le menu. D'ici là, l'Occident aura claqué 360 milliards de dollars – pour des prunes. Un million et demi de cadavres sur le tapis, idem : zéro résultat. Le sang de ces pauvres types ? Sur les mains de tous ceux qui ont applaudi cette farce inutile, évitable comme un rhume en été.

L'Occident a poké l'ours russe en priant pour qu'il ronronne. Idée de génie, hein ? Même Obama l'avait capté : Moscou a l'escalade dans la poche. But ultime ? Saigner la Russie à blanc pour un putsch CIA-friendly, installer une marionnette qui la démantèlerait, et cerner la Chine via l'OTAN. Rêve humide de stratèges en chambre.
L'UE, l'OTAN, la CIA et les globalistes en toc ? Ils n'arrêtent pas la machine. Ukraine perdue ? Next : Géorgie, Arménie, Transnistrie, Roumanie, Moldavie – putschs et fraudes électorales à la pelle, avec un taux de succès qui fait pâlir d'envie. 

Ajoutez les soubresauts internes : MAGA anti-guerre aux States, nationalistes qui montent en flèche au Royaume Uni, en France, en Allemagne, en Grèce... Ça pue le désespoir d'une idéologie qui coule comme un Titanic vegan. L'hégémonie occidentale et son mondialisme de pacotille ? En chute libre partout, sur tous les fronts. 
Preuves contraires ? Allez-y, je vous t'écoute.

Les résultats – ou le boomerang qui fait mal. 
Bilan pour les USA, l'OTAN, l'UE et leurs officines mondialistes : un fiasco cosmique, un suicide collectif en slow-motion. Tout ce qu'ils ont tenté s'est retourné comme un steak encore vivant.
Sanctions ? Cadeau empoisonné : économie russe blindée, armée musclée, et Poutine promu icône mondiale – respecté, admiré, adulé par les trois-quarts de la planète, le contraire d'un paria.
L'UE ? En train de s'effondrer comme une vieille merde, comme un soufflé raté ; sanctions qui étranglent ses locomotives – Allemagne, France, Italie au bout du rouleau, à suer pour un euro.
Leur plan machiavélique pour plier la Russie ? Ils se sont pendus avec leur propre corde, au bord du gouffre eux-mêmes.
Supériorité militaire occidentale ? Mythe éventé. Les usines russes crachent plus de matos que les GI's, et en innovation, ils les talonnent – voire les doublent, oups.

La Russie n'a rien imposé ; c'est l'arrogance hégémonique qui s'est auto-sabordée. Et ça sera son talon d'Achille fatal.
Vous avez des preuves du contraire ? Allez-y, balancez la sauce que vous avez pas.

Les conséquences inattendues – le rayon de soleil dans la tempête
Ce post est le x-ième de mon hit-parade des déceptions – pas le plus ni le moins saignant non plus.
Ma triple déprime : La bêtise suicidaire de l'élite hégémonique occidentale, ces stratèges qui se prennent pour des dieux avec un QI de bulle spéculative.
Le dégoût moral face à mon entourage et collègues, ces assassins nonchalants qui badinent sur des morts comme sur un tweet raté.
La puissance atomique de la propagande, ce rouleau compresseur qui écrase, les tiques qui démangent comme les faits qui crèvent les yeux, sous des récits en toc.

Mais hé, l'univers est ironique : ces emmerdes pondent des miracles involontaires, des happy ends tordues qui font sourire. Cette guerre enterre "la fin de l'histoire" – cette connerie libérale où le globalisme woke serait le Graal, fin des idéologies et des bastons. 
Nos clivages ? Plus aiguisés qu'un rasoir d'Occam, et les "démocraties" qui les portaient s'effritent comme du plâtre.
Institutions internationales ? En faillite technique, reléguées au rang de dinosaures face à des alternatives qui poussent comme des champignons. Et si la guerre était juste un soubresaut paniqué pour freiner l'inévitable ? 

L'Occident va devoir apprendre à partager la cour de récré – sa puissance n'est pas un chèque en blanc éternel. 
Le Sud global ? Il a pris du muscle et rugit. 
Les BRICS+ ? Un multipole en pleine forme, avec ses propres ONU, FMI et Banque mondiale made in ailleurs. Bonne nouvelle, non ? Les USA et l'Occident ont lancé cette guerre par procuration pour écraser la concurrence montante ? Raté : ils l'ont boostée en superstar. L'Histoire retiendra cette boucherie comme l'accouchement laborieux du monde multipolaire – sanglant, mais nécessaire.

Allez, preuves du contraire ? Je parie que vous les cherchez encore, mais grattez pas trop profond quand même, vous risqueriez de tomber sur encore plus pire que ça. Mais essayez toujours, on sait jamais...

2 oct. 2025

1120. Dieudo Multishow 1991-2023

 

DIEUDO MULTISHOW
1991-2023
(31 Spectacles intégrals...
et téléchargeables gratuitement)

Ah ouais, les potos, parlons d'un mec qui a fait trembler les planches et les consciences : Dieudonné M'bala M'bala, ce phénomène franco-camerounais qui a transformé l'humour en arme de destruction massive des préjugés ! Dès l'ado, il milite pour les Kanaks en Nouvelle-Calédonie, contre l'extrême droite après l'affaire du jeune Ibrahim Ali en 95, contre le sionisme envahisseur . 
Ce gars, c'est déjà un rebelle avec un micro dans la main ! Imaginez la scène : années 90, il croise Élie Semoun au lycée, et bang, naît le duo Élie et Dieudonné, une tornade comique qui débarque au Café de la Gare en 91. Leurs sketches ? Du pur génie : contrastes physiques hilarants, auto-dérision qui démonte les tensions entre communautés, comme dans "Cohen" ou "Bokassa". Antiracistes dans l'âme, ils balancent des vannes qui font hurler de rire tout en cognant sur le racisme.  
Mais en 97, après le film "Le Schpountz", c'est la rupture. Triste, mais ça lance le solo de la bête. Et là, mes frèrots, Dieudonné explose en solo ! "Dieudonné tout seul" en 97, un one-man sur un fait divers vu par tous les angles – social, politique, pour les chômeurs et les jeunes de banlieue, salué par la presse comme un coup de maître. Puis "Pardon Judas" en 2001, où il réhabilite le traître biblique et tacle les religions monothéistes avec une audace folle. "Le Divorce de Patrick" en 2003 ? Grand Prix de l'humour noir, et des salles pleines à craquer ! Ce mec achète le Théâtre de la Main d'Or en 99 à Paris, le transforme en QG culturel, produit pour les autres comme Didier Bénureau. 
Musique ? Il balance "J'm'en cure le zen" en 95, collabore avec Zebda, joue du saxo et du clavier. Un touche-à-tout qui inonde la culture !
Mais l'évolution de Dieudo, c'est du lourd, un virage qui le propulse de l'humour pur à la satire qui secoue le système. Fin des années 2000, il infuse le politique dans ses shows : "Mes Excuses" en 2004, critique sociale qui remplit les Zéniths ; "J'ai fait l'con" en 2008, inspiré d'un voyage au Cameroun avec Jany Le Pen – une odyssée perso qui montre son amour pour l'Afrique et son refus des barrières. "Mahmoud" en 2010, "Sandrine" en 2009, "Foxtrot" en 2012... 
Il crée la Quenelle pour dire merde au système, reprise par des millions de fans et le Bal des Quenelles pour la distribution des prix. Il tourne mondial, il devient viral, il remplit des salles en Iran, au Liban, et même lance le "Dieudobus" en 2019, un bus-théâtre pour ramener le rire en banlieue ! 
Militant ? Il défend la Palestine, attaque les Sionistes, rencontre des leaders, monte des listes électorales en 2009 qui chopent 1,3% en Île-de-France – pas mal pour un comique ! Et sa "quenelle", ce geste anti-système, devient un mème viral, symbole de résistance pour des millions de jeunes paumés et d'éveillés.
Dieudonné, c'est pas juste un humoriste, c'est un pionnier qui a redéfini le rire français : du duo potache aux one-man engagés, il a osé toucher aux tabous, aux religions, au sionisme, à la politique, en rêvant d'une société où que tout le monde rigole ensemble. 
Malgré les tempêtes – et y en a eu –, il rebondit avec "En paix" en 2016, plus zen, et des projets fous comme sa cryptomonnaie Sestrel ou l'Ananassurance. 
Ce mec a influencé des générations, rempli des théâtres, cartonné au box-office, et prouvé que l'humour, c'est la meilleure arme contre l'hypocrisie et les faux-culs. Respect, Dieudo ! T'es le roi du rire rebelle, celui qui nous fait hurler en nous faisant penser. Vive toi, frèrot, et que tes vannes continuent de péter les codes !



Suite à sa comparution devant le juge des applications des peines en printemps 2023, Dieudonné se retrouve en situation singulière :  
Assigné à résidence avec un bracelet électronique, mais disposant d'une permission exceptionnelle de sortie pour exercer son métier, soit la réalisation de spectacles. Dans cet environnement unique, Dieudonné a choisi de créer et d'interpréter un spectacle inédit, audacieusement intitulé "Dieudonné sous bracelet". Cette performance constitue une première mondiale : jamais un détenu n'avait présenté de spectacle pendant son incarcération.


Dans ce spectacle percutant, Dieudonné revient une fois de plus avec son style unique, mêlant humour noir, satire politique et provocations ...


 “Foutu pour Foutu” n'est plus à présenter, c’est ce que l’on pourrait appeler un spectacle sous très hautes “pressions” . Déjà culte avant même son éclosion, c'est le phénomène humoristique de la décennie. Dans ce spectacle au vitriol, Dieudonné revient plus libre que jamais. Initialement prévu avec Jean-Marie Bigard qui l'a lâché comme une vieille merde, "Foutu Pour Foutu" devient un solo explosif où l'humoriste balance tout : politique, médias, religion, société… Aucun sujet n'est épargné.
Le spectacle qui libère, a ne pas manquer.


Dieudonné Mbala Mbala - Atomic Power 2022 - Spectacle complet (1h13m)
Dans cet ultime opus, Dieudonné s'adapte à son époque et change le titre de son spectacle initialement intitulé "Dieudonné en campagne". Tout va si vite dans ce monde qui devient fou et dans lequel la menace nucléaire refait surface !


Dans "Finissons-en !" Dieudonné s'amuse avec la folie ambiante et l'aliénation contagieuse d'un système qui se
radicalise dans la censure.
L'époque est à l'exubérance et aux outrances les plus extrêmes. Un contexte propice à l'expression drolatique. Dans "Finissons-en !" Dieudonné s'amuse avec la folie ambiante et l'aliénation contagieuse d'un système qui se radicalise dans la censure. Au nom des droits de l'homme et de la liberté...


Dieudonné Mbala Mbala - Gilets Jaunes - Spectacle complet 2019 (1h14m)
Sans commentaire, le titre parle pour lui-même.


Continuer à rire dans un monde devenu fou, telle est son ambition. Pèlerin de la farce et du bon mot, il affronte les intempéries d'une époque malade. Sous une pluie incessante de mensonges et de perversions, le clown qu'il est ouvre le parapluie de la vérité pour faire rire. Ce sont ses propres mots.


Dieudonné en rêve et vous en parle depuis quelques années. C'est un sujet à la fois original et ambitieux que l'artiste vous propose. Transcender les limites de l'humour, rire ensemble, en paix. Briser, le temps d'un spectacle au moins, nos chaînes mentales.


On ne sait jamais vraiment quand elle commence ni quand elle se termine.


Avec le Spectacle "La Politique" Dieudonné propose un nouvel univers vivant et singulier ! L'humour de Dieudonné mis en images et en musique pour votre plus grand plaisir. Émotion et rires au rendez-vous !


L'humour de Dieudonné mis en images et en musique pour votre plus grand plaisir. Émotion et rires au rendez-vous ! Dans ce  spectacle, Dieudonné décortique à sa sauce le monde des médias, de la presse, de la télévision, d'Internet ...


Dieudonné Mbala Mbala - En Paix - Spectacle complet 2016 (1h34m)
Le spectacle « en paix », borne la fin d'un parcours artistique hors du commun et fait entrer Dieudonné, au panthéon des clowns. Avec Dieudonné et Jacky Sigaux. Annoncé par Dieudonné comme son dernier spectacle, cet ultime opus, parachève une œuvre magistrale.


Dieudonné décortique les mécanismes de construction d'une haine artificielle. Une haine irréelle, inventée par le maître pour faire taire l'esclave.


Un show qui s'inspire de mythes ancestraux et de croyances primitives, avec de la danse, de la musique, du mime et quelques mouvements de tai-chi…


Derrière l'humour décapant de Dieudonné, on retrouve un discours sur la liberté, la censure et le droit d'oser dire. En vérité, ce mur symbolise moins une limite qu'une fracture ... Le jour de la première, un comité d'accueil en uniformes envoyé par Manuel Valls l'attend à l'entrée des artistes

Pour Dieudonné, la danse est un formidable objet d'analyse sociale, qui lui permet de décrypter avec amusement, la désinvolture morale du monde dans lequel nous vivons. Et si le rire était le dernier rempart de la raison ? Le Foxtrot exprime le rêve américain...


Dieudonné nous parle de Jésus. Il en vient donc au sujet de la religion en abordant toutes les facettes. La religion constitue à nouveau un sujet d'actualité ...


Mahmoud Ahmadinejab, président de l'Iran, prie le ciel pour la mort du Sionisme


"Sandrine", sorti en 2009, est considéré comme une suite du spectacle de 2003: "Le divorce de Patrick". Patrick, que Sandrine a quitté depuis quelques années déjà, n'arrive pas à faire son deuil.


En préambule de son spectacle, Dieudonné revient sur l'événement qui, d'après lui, a fait reparler de lui dans les médias, à savoir le baptême de sa fille Plume, avec comme parrain Jean-Marie Le Pen. Dieudonné a fait l'con, et il s'en explique avec un humour toujours plus corrosif.


Dieudonné revient sur ses 10 ans de carrière solo ... Dans une mise en scène originale, il passe en revue tous ses personnages hilarants qui ont fait de lui l'humoriste le plus prolifique de sa génération.


L'humoriste, au travers d'une galerie de personnages loufoques et décalés, dresse un portrait acide de notre société. Dieudonné aborde les dépôts de bilan sous toutes leurs formes : sociaux, historiques, humoristiques et... animaliers. (BHL, Poivre d'Arvor et Arthur entre autres, sont bien égratignés...
 

Un an seulement après Mes excuses qui sentait la rancœur mal digérée, Dieudonné revient avec un spectacle qu'il veut laïque. 1905 est une réflexion désenchantée sur la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, un centenaire de tensions communautaires.


Nous arrivons au spectacle qui marque un avant et un après dans la carrière de l'humoriste, Mes Excuses mis en scène en 2004. C'est à partir de ce spectacle là que Dieudonné va devenir « infréquentable » pour l'intelligentsia et la « bien-pensance » autoproclamée.
Il s'agit de son cinquième spectacle, succédant au Divorce de Patrick et précédant 1905. Le spectacle est présenté comme une réponse à la polémique qui a suivi le passage de Dieudonné à l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde de Marc-Olivier Fogiel en décembre 2003.


Dieudonné reçoit son ami Patrick. Ce dernier est en pleine dépression suite au divorce avec sa femme Sandrine. Dieudonné en vient alors à parler des problèmes de couples, des rencontres amoureuses, des effets de plusieurs années de vie conjugale, du rôle de parent, des enfants au milieu des divorces.


Après le précédent spectacle, Pardon Judas, Dieudonné se heurte à ses premières controverses, notamment à la suite de son engagement politique à Dreux puis de sa tentative d'entamer une campagne pour les présidentielles de 2002. L’artiste évoque le « cas Dieudonné » à travers différents personnages. De la politique aux politiciens, des médias à la justice, de votre voisin ou même de lui-même, Dieudonné épingle vraiment tout le monde dans un portrait sans concession de notre société, teinté au vitriol.


Après sa trahison, Judas n'est pas allé se pendre, mais a entrepris une errance de 2000 ans dans le désert.Le thème du spectacle est centré autour du personnage biblique de Judas, portant le poids de l'infamie (sa trahison envers Jésus), avant de réapparaître en plein désert algérien. En reprenant l'architecture de son premier spectacle, Dieudonné interprète tour à tour une galerie de personnages qui commentent le retour de Judas à leur façon.« Moi, Dieudonné, artiste fantaisiste de ce millénaire, je prends la décision d'accorder mon pardon à Judas. » (Citation de Dieudo née à propos de ce spectacle sur son site officiel).


À la suite d'un fait divers tragique, Dieudonné incarne une douzaine de personnages qui, tour à tour, donnent leurs versions de l'histoire de la tuerie commise par Michel Laplume.


Dieudonné Mbala Mbala & Elie Semoun - En Garde à Vue 1996 (1h23m)
Le dernier spectacle ensemble d'Élie et Dieudonné pour revivre toute la folie de ces deux comiques très corrosifs...



---o---

Un grand merci aux 3 chaînes Youtube suivantes pour les partages:

27 sept. 2025

1119. Conte à la mormoilneu


 CONTE À LA MORMOILNEU

Créature avait eu un nom, il y a bien longtemps, bien avant que la date inconnue des calendes grecques ne soit rendue publique. Un nom prestigieux, il en était sûr. Il se souvenait des beaux vêtements qu'il avait portés lorsqu'il avait été abandonné, métamorphosé, dans la forêt foldingue. Il y avait eu des anneaux d'or, du brocart raffiné, une couronne torsadée ornée d'une pierre de lune. Assurément, toute cette parure avait été liée à un nom prestigieux.

Créature n'a donc plus de nom. On s'adresse généralement à lui sous formes de « ARRGGHH ! » ou de « Pitié, non, je vous en supplie ! »
Avec son nom, il avait aussi abandonné ses vêtements et ses bijoux. Les objets brillants furent ramassés par des corbeaux et des jacasses. Les vêtements furent déchiquetés et ajoutés aux nids de ces volatiles. La créature n'en avait nul besoin, avec son épaisse fourrure. Le seul éclat qu'il portait encore résidait dans l'éclat de ses yeux et celui de ses ratiches. Et un tel éclat ne signifiait qu'une chose dans la forêt foldingue : une mort sanglante, rapide et assurée.

Parfois, alors qu'il se blottissait sur son lit de glace et s'enfouissait dans la neige grise, il se demandait à quoi avait ressemblé Créature quand il avait encore un nom. Il se demanda s'il avait été fort au sens où les humains l'entendent. Il se demanda s'il avait aimé. Et s'il avait été aimé en retour.
Mais ensuite, il dormait sans rêver. À son réveil, il avait les crocs et toutes ses questions existentielles se figeaient à l'arrivée de cette faim tenace.

" Tu as un petit quelque chose... je te jure... juste là ! " Le béret rouge fit un geste circulaire et joyeux en direction du corps de Créature.
   
Créature regarda Robin, le Troll coiffé de son machin écarlate, qui était assis trop haut dans un arbre voisin pour qu'il puisse l'atteindre.
   
" T'as compris ? Je te dis ça parce que t'es couvert de tripes et de boyaux de la tête aux pieds."
Créature ne moufta pas.
" Tu es cradingue, c'est tout ce que je dis ", ajouta Robin avec indolence.
   
Créature continua de l'ignorer. Techniquement, la mort lui revenait à lui et à Robin, mais Créature choisit de ne pas reconnaître le « travail d'équipe », comme aimait à nommer ça Robin.
 
Les chasseurs venaient de plus en plus souvent sur son territoire, dans la forêt foldingue, pour tenter de récupérer sa tête afin de l'offrir en cadeau, en talisman, en trophée ou autre connerie de ce genre. Créature ne s'en souciait généralement pas. Il était bien nourri grâce à eux. Mais dans ce cas précis, il y avait eu trois chasseurs. Des rusés, en plus de ça. Ils étaient équipés d'une sorte de protection qui bloquait le contact glacial de Créature. Frustré, l'un d'eux lui avait infligé une entaille au-dessus de l'œil droit, le rendant partiellement myope.
   
Robin, le curieux, était resté à proximité, comme d'hab. Tandis que Créature éliminait de ses crocs les deux hommes qui l'attaquaient avec des épées, Robin s'était jeté sur l'archer resté en retrait.
   
Maintenant, béret rouge était assis sur sa branche, balançant ses jambes grêles, mâchonnant joyeusement, pour en extraire le jus, le bras sectionné de l'archer. Les gants du malheureux, en lambeaux, sans doigts, étaient collants de sang et de terre. Il fredonna un air que Créature tenta de couvrir en enfonçant son visage plus profondément dans son repas.
   
Une fois son festin terminé, Créature leva son visage vers l'épaisse canopée. " Putain, on se gèle les couilles" dit-il en se les grattant. La forêt était toujours crépusculaire, prise qu'elle était dans l'humidité de l'automne qui succombait à l'hiver. L'air était chargé de moisi, légèrement frais, étouffé. Créature avait l'impression que la seule clarté de la forêt était sa propre énergie, tandis qu'elle tourbillonnait dans ses poumons et gelait le bout de ses oreilles et de ses orteils. Des flocons de neige gris tourbillonnaient autour de son museau, de contentement, tandis que son corps se délectait de son repas.
  
Après un gros rot, Robin tourna son visage vers l'astre du jour planqué derrière les nuages, lui adressant un célèbre quatrain remontant lui aussi à bien avant les calendes grecques: 

"  Ô Soleil,  toi qui fais gonfler les courges, les citrouilles, 
Pourquoi ne réchauffes-tu pas la peau de ses couilles ? 
Dis-le moi donc, Soleil, toi qui fais bronzer la peau des prunes, des kiwis, 
Ne doreras-tu pas celle de ses glaouis ? "

Puis tournant de nouveau son regard en direction de Créature : " Mais pourquoi que t'en as encore de toutes manières ? T'en as même pas besoin vu qu'y a pas de Créature femelle dans le coin et que je peux pas te donner d'enfant non plus. Ça me semble du gâchis, du superflu. Tu devrais les échanger contre quelque chose de plus utile."

Créature fronça les sourcils et se mit à se lécher le pelage pour le nettoyer. Et pas seulement parce que Robin l'avait traité de « cradingue ».
" Tu pourrais les échanger contre une brosse à cheveux", poursuivit Robin. " Une de ces jolies brosses nacrées pour te lustrer le poil."
   
Créature tourna le dos au béret rouge. Depuis sa malédiction, il n'avait jamais rencontré de créature plus chiante et irritante.
   
" Ou une jolie ceinture. Ça mettrait en valeur ta silhouette, hein ? Moins genre Bouddha repus, plus genre rat d'opéra."
  
Créature se leva et s'éloigna, abandonnant toute tentative de détente après son repas. Ses pas crépitaient légèrement tandis que de la glace se formait sous ses coussinets et autour de ses burnes. Derrière lui, le sol se mit à trembler, la forêt aspirant le sang et les os.
   
" Tu pourrais t'acheter un chapeau aussi. J'aimerais tellement en avoir un moi aussi."
Créature grogna. " Tu as déjà un chapeau. Tu portes le nom d'un chapeau."
Robin sauta à terre et le suivit. " Oh, bien sûr, c'est ce que la société veut que je porte. Mais c'est pas un chapeau, c'est un béret de parachutiste. Pourquoi pas une casquette bleue ? Ou jaune fluo ?"
- Fous moi la paix."
Robin porta ses mains à sa bouche et souffla de l'air chaud dans ses paumes. " Tu sais ce que tu pourrais échanger contre ces burnes que tu te gèles ? Un joli cache-burnes bien chaud. Ce serait un bon deal.
- Pourquoi", grinça Créature, incapable de s’empêcher de demander, " que j'aurais besoin d'un cache-burnes si j'ai plus de couilles ?"
La langue de Robin gratta un bout de cartilage coincé entre ses dents de devant. " J'sais pas. Ça me semble juste pratique, avec toute cette neige et cette glace dont tu te plains tout le temps."
Créature se mit à marcher plus vite. " J'ai même pas froid."
Robin continua. " Normal, t'es recouvert de fourrure. Mais tu te pèles tes couilles chauves quand même." Il enfouit ses mains dans la chaleur de ses aisselles. " Quel genre de malédiction a bien pu te frapper, au fait ?"

Créature ferma les yeux un instant, presque comme si une voix venue d'autrefois l'appelait. Un nom noble et princier. " Un nom magnifique ", répondit-il.

---o---

Être une fée marraine ne se résume pas qu'à se présenter et à agiter une baguette magique. Ça implique aussi une performance et une cérémonie. Il faut planifier et créer la bénédiction ou le sortilège idéal.
Et ça n’inclut certainement pas le babysitting.
  
" Es-tu sûre que tu ne vas pas envisager ce gentil prince comme époux ? " demanda à nouveau Ficelle. Elle suivait la princesse sous sa plus petite forme, pas plus grande qu'un papillon scintillant, et voletait près de l'épaule de la jeune fille.
Diane coupait les ronces avec l'épée de son père. Chaque tige sectionnée hurlait de protestation et se tordait de colère. " Duquel tu me causes ?" halèta Diane, sans regarder la fée. " De celui qui ignorait le fonctionnement des couleurs primaires ? Ou de celui qui m'a dit, et je le cite : « Montre-moi la tienne et je te montrerai la mienne » ?" 
Ficelle soupira. " Un peu de magie n'y arrangera rien, ma chère.
- Je veux pas de magie, Fée Marraine." Diane essuya la sueur et le jus de mûres dégoulinant sur son front. " Père veut tellement la tête de cette bête qu'il est prêt à me livrer au premier pèquenot qui s'en chargera. Eh bien, attends que je lui dépose cette tête au pieds de son trône."
Ficelle lèva les yeux au ciel. " Tu ne veux pas de ma magie, hein ? Je file, alors ?
- Tu sais ce que je voulais dire. Je ne veux pas de ta magie pour une union heureuse. Je veux une bénédiction qui fasse de moi une grande guerrière et qui me permette de tuer cette chose, mais puisque tu refuses de me la donner… 
- Ça semble tout simplement assez extrême", l'interrompit Ficelle.
- Je vais devoir trouver une bénédiction ailleurs.
- C’est pas comme ça qu’on fait habituellement les choses", grogna Ficelle.

Les ronces finirent par apprendre à se tenir à distance de l'épée de Diane et s'écartaient pour laisser passer le couple enchanté. 
" Je sais", dit Diane d'un air penaud. " Merci quand même de m'avoir aidée."

Ficelle s'indigna de la tendresse qui lui chatouilla la poitrine. Elle grogna. " On y va. Cet endroit est terriblement lugubre."

---o---

Robin lança une autre pierre à la tête de Créature. Elle l'atteint en plein entre les deux yeux. " Réveille-toi ", beugla Robin d'un ton pressant. " Réveille-toi, réveille-toi."

Créature gémit, se donna des coups de pattes au visage puis cambra l'échine comme un chat. " Je vais te bouffer ", grogna-t-il.
Robin serra les poings sur ses hanches. " Personne ne t'a jamais dit qu'on ne mange jamais ses amis ?
- Tu n’es pas mon ami."
Les sourcils broussailleux de Robin disparurent sous son béret rouge. " C'est très impoli, ce que tu viens de dire.
- Qu'est-ce que tu veux, Robin ?
- Eh bien, je sais même pas si j’ai envie de te le dire maintenant.
- Super. Alors laisse-moi roupiller." La créature tourna autour de son nid de givre et commença à se réinstaller pour finir sa digestion.
" Attends, attends ! Bon, d'accord. Des chasseurs, ils viennent de l'Est. Ils sont à une journée de marche, peut-être."
Créature bâilla. " Laisse-les venir."
Robin tira les bords de son béret sur ses longues oreilles, ses grands yeux bruns pétillants d'inquiétude. " Ils sont nombreux cette fois. Apparemment, une princesse idiote s'est aventurée dans la forêt foldingue, et il y en a deux douzaines qui viennent pour la sauver. De tes crocs . "

Une princesse ? se demanda Créature. Par tous les dieux, ces choses sont plus irritantes que Robin … Créature soupira lourdement, son souffle faisant tournoyer des flocons de neige. Il avait beau être grand et féroce, même lui ne pouvait retenir autant d’humains. " Très bien. Je me lève.
- Bien ! " Robin sautilla aux côtés de Créature qui s'éloignait de son nid. " On va pouvoir poser des pièges ?" demanda Robin avec impatience.
" Oui."
Robin applaudit. " Le genre avec des fosses ? Ou le genre avec des pieux ? Oh, ou le genre avec des fosses hérissées de pieux ? "
La créature étouffa son gémissement et ses regrets grandissants. " Oui, ça me parait très bien." 
   
Robin redoubla ses applaudissements et se mit à courir en gesticulant de joie. Quelque chose piqua les commissures des lèvres de Créature – une expression perdue au fil des décennies menaçant de refaire surface.

---o---
  
Ficelle sut qu'ils étaient proches lorsque qu'elle vit la vapeur de leur souffle s'élever devant eux et que la chair de poule lui parcourut les bras. Elle agita sa baguette et maintint un rayon de soleil braqué sur eux, mais impossible d'échapper au cruel vent hivernal qui leur enveloppait les oreilles et le cou.
    
" Dis-moi, bonne fée marraine ", dit doucement Diane, les mains agrippées à la poignée de l'épée devant elle. " Que sais-tu de cette créature des glaces bannie dans la forêt foldingue ?"
Ficelle fouilla dans sa mémoire. " Eh bien, je crois que c'était un conte de fées classique. Un prince gateux gâté tomba amoureux d'une princesse, mais échoua à son test chevaleresque pour gagner son amour, bla bla bla. La princesse était une sorcière déguisée et pouf ! Un monstre glacé de l'intérieur. "
Diane fronça les sourcils en regardant Ficelle qui voletait près d'elle. " C'était vraiment inutile."
Ficelle haussa les épaules. " Je suis là depuis longtemps, ma chère. Toutes ces malédictions et ces forêts foldingues se mélangent dans ma caboche. Bref, quelle que soit la malédiction de cette bête, elle l'a probablement méritée."
Diane s'arrêta brusquement, l'air incrédule. " Et si ce prince n'avait pas mérité cette malédiction ?
- Je te demande pardon ?
- Ficelle, et si cet homme était innocent ? On tombe tout le temps sous le charme de sorcières et de fées maléfiques."
Ficelle haussa les épaules. "J'imagine que, de toute façon, il restera maudit jusqu'à ce que la malédiction soit levée.
- Pourrais-tu lever cette malédiction ?
- Oui, peut-être. Pourquoi…" Ficelle s'interrompit, soudain prise de conscience. Des paillettes scintillèrent dans ses cheveux tandis qu'elle secouait la tête avec fureur. " Non, Diane. Ne sois pas sotte."

Mais le visage de Diane était marqué par une détermination héroïque, du genre qui mène à des décisions stupides. " Si nous découvrons que la bête est innocente, je veux que tu prennes la bénédiction que tu me destines et que tu la lui donnes. Je veux que tu lèves sa malédiction."
Les mots résonnèrent lourdement tandis que Diane changeait la direction de la bénédiction de Ficelle. Ficelle se boucha les narines, irritée. " Merde !"

---o---

Le rire de Robin était incessant. " Regarde-les, non mais regarde-les ! Oh, vous êtes si mous, bande d'humains stupides !"
  
Créature interrompit le cri d'un chasseur en lui arrachant la gorge. Il regarda Robin qui repoussait un autre chasseur d'un coup de latte en plein nombril. Le chasseur poussa un cri en tombant dans l'une des fosses hérissées de pieux que Robin appelait affectueusement « Fosses hérissées de la mort ».
   
Quelques chasseurs s'enfuirent en direction du marais. Créature les laissa partir.
La tourbière s'occuperait d'eux.
Créature se redressa parmi les morceaux de corps éparpillés et la quantité incroyable de piques, de flèches et de lances (certaines fichées dans des troncs d'arbres, d'autres plantées dans le sol, et bien sûr, les innombrables trous qui vont avec). À certains endroits, le sol aspirait déjà des membres et têtes sectionnés avec des bruits de succion et de faim.
    
Il grimaça en touchant accidentellement une entaille qu'il avait reçue au cou. Outre des blessures plus profondes, il avait plusieurs flèches plantées dans le dos. Il aurait probablement besoin de l'aide de Robin pour les retirer. Il soupira.
  
" Nous formons une sacrée équipe ", fit Robin quelque part sur sa droite.
" Nous ne sommes pas une équipe ", rétorqua Créature, mais il y avait comme un dégel dans sa voix quand il le dit, un ressort timide et doux.
" Tu as raison !" admit Robin d'un ton enjoué. " On est bien plus que ça. On est… "
   
Sa voix fut interrompue par un cri aigu et le bruit familier d'une peau déchirée.
Créature se retourna pour voir une fille humaine avec une énorme épée entre les mains, l'extrémité pointue traversant complètement le ventre de Robin.
   
" NON ! " rugit Créature. Il se précipita et repoussa la fille, les mains de cette dernière s'envolant de l'épée qui demeura fermement plantée dans le ventre du béret rouge. Il ramassa ce dernier. " Non, non, non. "
Le béret rouge vit quelque chose sur le visage de Créature qu'il n'avait jamais vu et il sourit. " Tu vois ? " dit-il fébrilement. " Je t'avais dit qu'on était amis."
  
Ficelle et Diane étaient bouche bée. La bête imposante se blottit contre le béret rouge comme s'ils étaient mère et enfant. Mais couverts de sang. Et hideux.
    
" Regarde comme il s'est soucié de moi ", fit Diane en essayant de ne pas avoir de haut-le-cœur. " Il ne m'a même pas violentée. C'est un homme bien."
Ficelle secoua la tête. " Tu ne vois donc pas tous ces corps autour de nous ? La disposition des morceaux de barbaque humaine a l'air vraiment festive et joviale."
Diane refusa de bouger. " Non, il se protégeait, lui et son compagnon." Elle rejeta les épaules en arrière et avança. " Dis-donc, la bête !"
  
Créature l'ignora, marmonnant quelque chose au béret rouge dont l'expression était à la fois horrible et insupportablement triste.
   
" Bête, je vois que tu es un homme noble sous les atours de cette malédiction et… Oh, mon Dieu, est-ce que c'est de la matière grise cérébrale qui dégouline sur ton visage ?" Diane se détourna vivement, prise d'un haut-le-cœur.
Après quelques instants, elle reprit ses esprits et lui fit face à nouveau. " Je suis venue pour apporter ta tête au roi comme récompense, mais je vois… S’il te plaît, pourrais-tu l’essuyer ? Juste un petit coup de brosse… non ? Laisse tomber." Elle s’éclaircit la gorge. " Je suis ici pour te libérer de ta malédiction."

Tout ce bavardage finit par attirer l'attention de Créature. " Tu es une sorcière ?"
Diane tourna les yeux vers Ficelle, puis le regarda de nouveau. " Eh bien, non. Mais j'ai amené ma bonne fée et je lui ai ordonné de lever ta malédiction… 
Créature se leva et tendit aussitôt le corps inerte de Robin en direction de Ficelle. " Guéris-le. Guéris-le, et j'irai avec vous auprès du roi."
Ficelle pinça les lèvres. " Je suis très irritée par le nombre de personnes qui pensent s'y connaître mieux que moi en pouvoirs magiques.
- S'il te plaît", implora Créature, et quelque part dans ses yeux sombres, Ficelle put presque voir l'homme qu'il avait été. " Laisse-moi donner la bénédiction de la jeune fille à mon ami. "
Le cœur de Ficelle se serra bêtement. " Je ne peux pas le ressusciter", dit-elle doucement. " Il est déjà presque mort. Même si je le guérissais… 
- Alors je donnerai tout ce que j'ai, jusqu'à ma propre vie."
Ficelle leva les yeux au ciel. " Mon Dieu, c'est tellement dramatique. Si tu me laissais finir, je te dirais que même si je le guérissais, il mourrait quand même, à moins qu'une partie vitale ne soit échangée contre la sienne.
- Mais c'est ce que je viens de proposer !
- Non, tu as dit que tu donnerais tout. Il n'en aura besoin que d'un tout petit peu. C'est pour ça qu'il faut toujours écouter avant de parler. "
   
Créature fronça les sourcils mais hocha la tête en signe de compréhension.
Ficelle se secoua vigoureusement et dans le nuage de paillettes qu'elle expulsa, elle grandit jusqu'à atteindre sa taille réelle, la même taille que la princesse qui, heureusement, demeurait silencieuse.
  
" Veuillez retirer l'épée du corps de votre ami", ordonna Ficelle à la bête, détournant le regard jusqu'à ce que l'acte soit terminé. Une fois le bruit répugnant passé, elle invoqua sa baguette et la pinça entre le pouce et l'index.
" Maintenant, restez tous tranquilles. C'est un sort terriblement grave." Elle leva sa baguette, puis leur adressa un clin d'œil. " Et ce sera absolument indolore."

Créature détourna le visage des rayons de lumière solaire qui jaillirent de son entrejambe ainsi que du ventre de Robin. Un lointain souvenir lui revient à l'esprit : un doux lever de soleil et la chaleur de l'été. Ce souvenir disparut lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux et vit Robin le fixer d'un air suffisant. À la place de sa blessure béante se trouve une cicatrice en forme d'ovale grossier.
  
" Tu n'as plus de couilles, tu ne pourras plus me niquer maintenant, mon ami", dit Robin d'une voix groggy.
- J'ai rebouché la blessure et le trou fait par l'épée avec tes bijoux de famille" expliqua la fée à l'intention de Créature.
" Elles me manqueront ", grogna ce dernier, mais un sourire s’étendait sur son visage, nouveau et timide.
" Eh bien, si c'est tout ", dit Ficelle sèchement, laissant sa baguette disparaître dans un éclat de lumière " j'aimerais beaucoup partir d'ici."
Créature regarda Ficelle. " Merci, bonne fée. Quant à toi... " Il se tourna vers la princesse qui arborait un sourire larmoyant. " Quant à toi, sors de ma forêt, sale petite pute !"
  
La princesse pâlit et s'enfuit en courant.
 
Ficelle s'éloigna à sa poursuite puis stoppa net, se retourna et leur fit face. " C'est une grande gentillesse, une grande bonté, que vous avez manifestée par amour pour votre ami, Créature. Un tel exploit mérite toutes sortes de gratitude. Peut-être même la levée d'une certaine malédiction."

---o---
 
L'espace d'un instant, Créature s'imagina sortir de la forêt foldingue, vêtu de beaux atours et portant un nom prestigieux. Il pensa à la lumière du soleil sur la peau nue de son visage et à un corps libéré de l'hiver.
 
Robin se dégagea des genoux de Créature et se tint sur le côté. Il enfonça son béret sur ses oreilles. " T'as fait une bonne affaire ", dit-il d'un ton trop enjoué. " Un magnifique cache-burnes, en brocard bleu orné de fleurs de lys, la classe ! Quel dommage que t'aies plus rien à mettre dedans."
Puis se tournant vers Ficelle. " Puis-je vous demander une faveur ?

---o---

- Je trouve ça trop mignon ", fit Diane en s'éloignant du lieu du massacre et de leurs deux nouveaux amis qui y vivaient. " Un cache-burnes royal fourré de deux couilles en or et d'étoupe que son ami pourra pavaner et faire palper à tous les habitants du bois foldingue ! C'est adorable."
Ficelle fronça les sourcils. " Oui, je suppose. Mais n'en parle à personne. Ce serait indigne de son altesse."

Diane esquissa un sourire narquois avant de s'assombrir. " Bon, je suppose que je vais devoir me trouver un autre mari, finalement. Merci quand même d'être venue avec moi. Que ce soit une bénédiction ou non, je te suis reconnaissante d'avoir été là."
Ficelle se tapota les cheveux. " Bien sûr, ma chère. Ça fait partie de mon travail." Elle inclina la tête vers la princesse. " Mais je dois te demander : as-tu envisagé de ne pas le faire, tout simplement ? "
Diane fronce les sourcils. " De quoi parles-tu ?
- De ton mariage, ma chérie. Oublie le mariage. Et toute la partie princesse aussi, d'ailleurs."
La princesse réfléchit si furieusement à ces mots qu'elle s'arrêta de marcher. " Est-ce que je peux faire ça ?"
Le rire de Ficelle tinta comme une étoile. " Bien sûr, ma chère. C'est ça qui est merveilleux avec les choix. Pas besoin de magie."

 -----o-----

Merci pour votre inconditionnel soutien qui me va droit au cœur
... ainsi qu'au porte-monnaie
ou
et à très bientôt !