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29 nov. 2024

980. Réveil urgent

 

RÉVEIL URGENT

Au début, le doux rêve de la liberté, 
Les droits de l'individu tenus en estime,
Les bénédictions de la souveraineté, des idées si audacieuses
Garanties par le sang des anciens hommes libres.
Mais au fil du temps, quelques personnes cachées
Ont mis main sur la barre d'un ordre nouveau.
Où sommes nous, nous moutons aveuglés,
Qui nous inclinons devant eux
Et servons leurs "besoins" ?

L'aube de la vraie terreur est à nos portes,
Des élitistes qui nous veulent à genoux,
Voulant nous mettre aux fers parce que dans leurs cerveaux
Nous serions trop bêtes pour être libres.
Ils aspirent au pouvoir et à l'assouvissement de leur cupidité,
Motivés par des lignes de coke
Et la semence de la tyrannie.

Ils ont divisé par parti, par race et par croyance,
Cultivant la haine des racines à la tige.
Ils savent que si nous nous chamaillons et nous haïssons les uns les autres,
Nous ignorerons le véritable ennemi qu'ils représentent.
Leur fleur était sur le point d'éclore - nous devons répondre à l'appel,
Unis nous faisons front.
Divisés nous rampons.

Détruisons les distractions qu'ils nous ont imposées,
Ne nous noyons pas dans les jouets qu'ils nous ont dispensés.
Mobilisons nos esprits et pensons par nous-mêmes.
Et désapprenons tous les mensonges auxquels nous avons cru.
Car ce qui est en jeu est trop cher pour être perdu:
Penser, agir et vénérer,
Et vivre comme nous l'entendons.

Réveillez-vous et réalisez que tout ce que vous aimez
Est sur le point de disparaître avec la brise.
Si ce que vous appréciez a une vraie valeur,
Vous renoncerez à vos pâles soucis.

Rejetez la propagande, rassemblez vos amis
Et préparez-vous, car l'horreur est proche.
Car maintenant qu'ils sont acculés, ils ne relâcheront plus leur attention
Jusqu'à ce qu'ils aient brûlé tout ce qui vous est cher.
Je ne parlerai pas pour les autres, mais je le jure par cette affirmation:
Mieux vaut mourir debout
Que de s'agenouiller sous le poids de leurs chaînes.

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Merci pour votre inconditionnel soutien qui me va droit au cœur
... ainsi qu'au porte-monnaie
ou
et à très bientôt !


26 nov. 2024

979. La contre-insurrection « en marche » – contre la « tempête » Trumpienne


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LA CONTRE-INSURRECTION « EN MARCHE » - CONTRE LA « TEMPÊTE » TRUMPIENNE
(Par Alastair Crooke, ex-diplomate britannique)

Plus qu'une simple provocation dangereuse visant la Russie, les attaques de missiles ATACMs américains et Storm Shadow britanniques sur le territoire russe représentent une tentative de renverser la politique étrangère.

L'État profond a murmuré à Trump : « Tu ne peux pas résister à la tempête ». Trump a répondu: « Je suis la tempête ». La guerre est lancée. L’État a profondément lancé une guerre de perturbation pour désactiver la « tempête » de Trump. L'attaque des ATACMS de cette semaine n'était qu'une partie d'une contre-insurrection inter-agences – une frappe politique dirigée contre Trump ; il en va de même pour tous les faux récits inter-agences attribués au camp Trump ; et il en va de même pour les provocations croissantes dirigées contre l'Iran.

Soyez assurés que les Five Eyes (Services secrets US, Canada, UK, Australie, Nouvelle-Zélande) participent pleinement à la contre-insurrection. Macron et Starmer, le 1er ministre britannique, s'ouvrent ouvertement conspirant ensemble à Paris avant l'annonce américaine de la promotion de l'attaque ATACMS. Les hauts responsables inter-agences sont clairement très craintifs. Ils doivent craindre que Trump ne révèle le « canular russe » (selon lequel Trump en 2016 était un « atout » russe) et ne les mette en danger.

Mais Trump comprend ce qui se passe :
« Nous avons besoin de la paix sans délai… L’establishment de la politique étrangère continue d’essayer d’entraîner le monde dans un conflit. La plus grande menace pour la civilisation occidentale aujourd’hui n’est pas la Russie. C’est probablement nous-mêmes plus que toute autre chose… Il faut un engagement total pour démanteler l’ensemble de l’establishment néoconservateur mondialiste qui nous entraîne perpétuellement dans des guerres sans fin, prétendant se battre pour la liberté et la démocratie à l’étranger alors qu’ils nous transforment en un pays du tiers-monde et en une dictature du tiers-monde ici même chez nous. Le département d’État, la bureaucratie de la Défense, les services de renseignement et tout le reste doivent être complètement remaniés et reconstitués. Pour virer les partisans du Deep State et faire passer l’Amérique en premier, nous devons d'abord faire passer l’Amérique en premier. »

Bien que le lancement à longue portée d’ATACMS sur le « territoire russe profond d’avant 2014 » ne change pas la donne – il ne changera pas le cours de la guerre (les ATACMS sont régulièrement abattus – à 90 % – par les défenses aériennes russes) ; l’importance de cet acte n’est cependant pas stratégique ; elle réside plutôt dans le franchissement du domaine des attaques directes de l’OTAN contre la Russie.

Le colonel Doug MacGregor rapporte que deux sources lui ont indiqué que « les forces nucléaires russes sont en état d’alerte maximale. Elles sont au plus haut niveau de préparation jamais atteint. Cela suggère que la Russie a pris très au sérieux ce franchissement de la ligne ».

Oui, c’était une provocation, et le président Poutine y répondra de manière appropriée. Il le doit, mais pas nécessairement par une escalade nucléaire. Pourquoi ? Parce que la guerre en Ukraine évolue rapidement dans sa direction, les forces russes se rapprochant de la rive est du Dniepr. En fait, ce sont les faits sur le terrain qui détermineront l’issue de la guerre, laissant peu de place à une médiation extérieure.

Mais plus qu’une simple provocation dangereuse visant la Russie, les attaques contre la Russie avec les ATACMS et Storm Shadow représentent une tentative de retourner la politique étrangère – littéralement – ​​à l’envers. Au lieu de viser directement un adversaire étranger en pleine ascension qui menace l’hégémonie des États-Unis, cette politique se transforme en une arme chargée, verrouillée sur la guerre intérieure des États-Unis. Elle vise spécifiquement Trump – pour le « ligoter » et détourner son attention vers des guerres qu’il ne veut pas.

La logique voudrait que Trump veuille rester à l’écart des projets de guerre de Netanyahou contre l’Iran. Mais les partisans de l’« Israël d’abord » et le lobby sioniste (comme le soutient le professeur Jeffrey Sachs ) ont depuis longtemps un contrôle effectif sur le Congrès et l’armée américaine – plus que le président. Sachs explique :
« Le lobby sioniste étant si puissant, Netanyahou a eu le contrôle du Pentagone pour mener des guerres au nom de l’extrémisme israélien. La guerre en Irak en 2003 était une guerre de Netanyahou. La tentative de renverser Bachar al-Assad en Syrie, le renversement de Mouammar Kadhafi – toutes ces guerres étaient des « guerres de Netanyahou ».

Le point important est que Netanyahou peut « faire ce qu’il fait » parce que tout a toujours été planifié de cette façon – un plan qui est en cours d’exécution depuis 50 ans. La stratégie du « Israël d’abord » a été pleinement adoptée par Scoop Jackson (deux fois candidat à la présidence). Et juste pour que cette politique ne puisse pas être remise en cause, Scoop a insisté pour que des sionistes occupent le département d’État (Anthony Blinken) et que des néoconservateurs et des sionistes tiennent les rênes du NSC (National Security Council / Conseil de Sécurité Nationale). Ce même schéma se poursuit encore aujourd’hui.

Au fond, c’est le plus grand gâchis par lequel la classe politique des deux partis américains s’enrichit et finance les frais de campagne des législateurs restants : « C’est une affaire plutôt géniale que le lobby israélien ou le lobby sioniste investisse, disons, cent millions de dollars dans des campagnes et en retire des milliers de milliards – des milliers de milliards, pas des milliards tout-courts mais bien des milliers de milliards [en dépenses gouvernementales]. Et donc, quand Netanyahou parle, cela me paraît bizarre, mais ce n’est pas Trump qui nomme ou nomme [ces ‘Israël d’abord’ qui font partie de son équipe, mais Netanyahou] », explique Sachs.

Quand Netanyahou décrit les nominations de Trump pour « Israël d’abord » comme sa « dream team américaine », l’explication n’est pas difficile à comprendre. D’un côté, Trump a une « révolution » à mener en Amérique et veut que ses nominations soient approuvées. De l’autre, Netanyahou a une nouvelle guerre à mener et veut que les États-Unis la mènent pour lui.

« Le « Grand Moche » a toujours été une description de la bataille que peu de gens comprenaient », note un autre commentateur :
« Le Sénat est en réalité le cœur de l’opposition républicaine au mouvement MAGA et au président Trump. La bataille visible… retient le plus l’attention. Cependant, c’est la bataille moins visible contre les républicains idéologiques bien établis qui s’avère la plus difficile ».
« Les républicains de la chambre haute (Sénat) ne renonceront pas facilement au pouvoir. Ils disposent d’une multitude d’armes à utiliser contre l’insurrection (de Trump)… Nous le voyons actuellement se jouer dans l’alignement des sénateurs républicains qui s’opposent à la nomination par Trump de Matt Gaetz au poste de procureur général, [comme] ce récent rapport [l’explique] ».
« Le schéma de base est que les dirigeants du Sénat soutiendront à contrecœur Matt Gaetz (Matt Gaetz est aujourd'hui hors-jeu remplacé par Pam Pondy) pour le poste de juge principal, où « soutien » signifie qu'ils ne s'opposeront pas directement ; en échange de la nomination du directeur du FBI Mike Rogers [un co-fondateur du groupe « Never Trump »] pour défendre les intérêts inter-agences au FBI ».

Le futur chef du parti républicain au Sénat, John Thune, jouera ses cartes avec prudence afin de provoquer un maximum de dégâts . Il dispose d'un moyen de pression en essayant de lier Trump aux massacres perpétrés par Netanyahu dans la région.

Thune, président républicain du Sénat, tout en annonçant d'énormes quantités d'armes pour Israël, a déclaré :
« À nos alliés en Israël et au peuple juif du monde entier, mon message est le suivant : des renforts sont en route. Dans six semaines, les républicains reprendront la majorité au Sénat et nous ferons clairement comprendre que le Congrès (Sénat + Chambre des Représentants) des États-Unis se tient fermement du côté d’Israël ».

Trump devra également jouer ses cartes avec prudence. Car, pour atteindre ses objectifs, la priorité absolue est donnée à ses deux guerres intérieures : premièrement, « démanteler l’ensemble de l’establishment néoconservateur mondialiste » et deuxièmement, mettre un terme aux dépenses publiques incontrôlables qui ont gonflé le gaspillage de l’État profond et transformé l’ économie réelle américaine en l’ombre d’elle-même.

Trump a besoin que ces nominations radicales soient adoptées, même s’il doit en sacrifier une ou deux pour obtenir l’approbation du Sénat pour les autres. Les nominations d’Israël First, il va sans dire, seront approuvées sans problème.

Des deux menaces qui pèsent sur le programme de réformes de Trump, l’escalade russe est la moins grave. La guerre en Ukraine se dirige progressivement vers une forme de dénouement. Un dénouement qui profite à la Russie. Poutine est aux commandes et n’a pas besoin d’une guerre majeure avec l’OTAN. Poutine n’a pas non plus besoin de « l’art de négocier » de Trump. Une résolution d’une certaine forme se produira sans lui.

Cependant, le rôle de Trump sera important par la suite pour définir une nouvelle frontière entre les intérêts sécuritaires des atlantistes et ceux du cœur de l’Asie (y compris la Chine et l’Iran).

L’autre guerre potentielle – l’Iran – est la plus dangereuse pour Trump. L’influence politique juive et le lobby sioniste de l'AIPAC ont entraîné les États-Unis dans de nombreuses guerres désastreuses. Et maintenant, Netanyahou a désespérément besoin d’une guerre et il n’est pas le seul. Une grande partie d’Israël réclame une guerre qui mettrait fin à « tous les fronts » auxquels il fait face. Il y a une profonde conviction que cette perspective est la solution et la « Grande Victoire » dont Netanyahou et Israël ont si désespérément besoin.

Le terrain a été creusé, à la fois par la propagande selon laquelle le programme nucléaire iranien est « incroyablement vulnérable » (ce qui n’est pas le cas), et par l’assaut médiatique qui répète le mème selon lequel attaquer l’Iran aujourd’hui représente une opportunité unique, alors que le Hezbollah et le Hamas sont déjà affaiblis. La guerre avec l’Iran est ainsi vendue – de manière totalement erronée – comme une « guerre facile ». La vérité est que 98% du pétrole iranien part en Chine et pas en Occident et qu'une guerre contre l'Iran sera pas facile du tout.
Il existe une certitude inébranlable - mais erronée - qu’il doit en être ainsi. « Nous sommes forts et l’Iran est faible ».

Qui fera reculer les partisans de la politique d'Israël d'abord ? Ils ont l'élan et la ferveur nécessaires. Une guerre contre l'Iran serait néfaste pour Israël et les États-Unis. Ses vastes ramifications précipiteraient probablement précisément la grave crise financière et boursière qui pourrait faire dérailler la « Tempête » de Trump.

Entrevue développée d'Alastair Crooks 25/11/2024
(Notez qu'il manque environ 3 minutes de sous-titrage dans le 1er tiers de la video)


(Traduit et réédité depuis Strategic Culture Foundation avec la permission de l'auteur ou de son représentant)

24 nov. 2024

978. Du public au privé : le plan visant à remplacer les CBDC/MNBC étatiques par le secteur bancaire privé

 

DU PUBLIC AU PRIVÉ; LE PLAN VISANT A REMPLACER LES CBDC/MNBC ÉTATIQUES PAR LA SURVEILLANCE PAR LE SECTEUR BANCAIRE PRIVÉ

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Une analyse un peu plus approfondie de la position anti-CBDC/MNBC de Trump et du contrôle inquiétant du secteur privé qu'il propose comme alternative

Les CBDC/MNBC (Central Bank Digital Currency/Monnaies Numériques de Banque Centrale), la soi-disant « révolution financière », ont été présentées comme le prochain grand bond en avant pour l’humanité, mais nous voyons maintenant le Canada et l’Australie mettre en pause leurs fantasmes de CBDC/MNBC de détail, tandis que les États-Unis envisagent non seulement de mettre en pause, mais d’abandonner complètement cette idée.

L’argent, sous sa forme programmable, n’est pas un pas vers la liberté ou l’efficacité ; c’est un billet direct pour le rêve humide d’un État de surveillance. Les CBDC/MNBC, si elles ne sont pas contrôlées, pourraient se transformer en l’outil de contrôle totalitaire le plus puissant jamais conçu. Nous parlons d’un monde où votre autonomie financière pourrait être aussi contrôlée que votre historique de recherche sur Internet ou que votre vitesse sur le périphérique.

Les chiffres sont révélateurs : presque toutes les économies importantes ont-elles été séduites par l’idée des monnaies numériques. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas d’améliorer les écosystèmes financiers ou de donner du pouvoir aux personnes sous-bancarisées. Non, il s’agit de l’attrait enivrant du pouvoir. Les gouvernements et les banques centrales voient dans les CBDC/MNBC une occasion de jeter un œil dans chaque portefeuille, de dicter non seulement comment l’argent est dépensé, mais aussi quand et où il peut l’être.

Les États-Unis pourraient bien être les premiers à dire « ça suffit » et à interdire purement et simplement les CBDC/MNBC. Il s’agit d’une confrontation directe avec la tendance mondiale à l’excès de pouvoir financier. Les groupes de réflexion et les suspects habituels des cercles économiques sont probablement en colère, dénonçant cette tendance comme une pensée rétrograde. Pourtant, il faut se demander, vers quoi ? Vers une époque où la confidentialité financière n’était pas seulement un luxe mais une norme ? Ça craint !

En mai dernier, la Chambre des Représentants des États-Unis a donné son feu vert à la loi HR 5403, surnommée « CBDC Anti-Surveillance State Act », une initiative qui pourrait être considérée comme prémonitoire. Parrainée par le sénateur de Floride Ted Cruz, toujours controversé, cette loi est une véritable déclaration de guerre au dollar numérique. Cette législation vise à claquer la porte à toute possibilité pour la Réserve Fédérale (FED) d’émettre des CBDC/MNBC, en faisant valoir qu’il s’agit de protéger la confidentialité financière contre ce qu’elle perçoit comme un gouvernement trop zélé.

Voici les deux objectifs que vise à bloquer la loi HR 5403 :
 1. La Fed jouant directement avec les citoyens en leur offrant des services ou en gérant leurs comptes.
2. La création et la distribution de toute monnaie numérique qui ressemble de près ou de loin à une CBDC/MNBC, sous quelque forme ou nom que ce soit.

Ce projet de loi doit maintenant être approuvé par le Sénat, ce qui n’est pas une affaire conclue. Mais jouons le jeu politique : avec la reconquête de Donald Trump à la présidence, la loi HR 5403 pourrait bien recevoir le coup de pouce dont elle a besoin. Trump a déjà clairement fait savoir dans le New Hampshire, devant un public qui lui mange dans la main, que sous sa présidence, les CBDC/MNBC ne verraient jamais le jour parce qu’elles donneraient au gouvernement « un contrôle absolu sur votre argent et la manière dont vous le dépensez».

Et même si Kamala Mala Harris avait fini dans le Bureau Ovale, j’aurais pas retenu mon souffle pour un dollar numérique. Le climat politique aux États-Unis, en particulier parmi les électeurs républicains, devient de plus en plus hostile à l’idée des CBDC/MNBC. Leur réaction aux déclarations de Trump est claire et nette : ils sont pas seulement sceptiques, ils sont carrément alarmés. Il s’agit de contrôle, de confidentialité et de liberté, et ça montre comment que les plateformes extérieures aux médias grand public façonnent l’opinion publique. Il est donc pas étonnant que les gouvernements s’efforcent de faire taire ces voix, craignant les mouvements populaires qu’elles pourraient déclencher.

L’idée que les États-Unis se retirent de la course aux CBDC/MNBC suscite un tollé au sein de l’élite des think tanks mondialistes. En mars dernier, le Brookings Institute, avec son talent habituel pour les prédictions pessimistes, a averti que même si le dollar américain pouvait encore porter la couronne, son règne pourrait être menacé si l’Amérique n’adoptait pas l’avenir monétaire numérique. Ils soutiennent que l’échec à innover dans ce paysage financier numérique pourrait priver les États-Unis de l’influence géopolitique et économique dont ils bénéficient en raison de la domination mondiale du dollar.

Ensuite, nous avons l’Atlantic Council/Conseil Atlantique, nos nouveaux et anciens meilleurs amis au sein de l’establishment mondialiste maintenant que le WEF/FEM de Davos est entré en hibernation. Dans leur article mélodramatique, « Ne laissez pas les États-Unis devenir le seul pays à interdire les CBDC/MNBC », Josh Lipsky et Ananya Kumar suggèrent que la loi HR 5403 n’est pas seulement un faux pas politique, mais une catastrophe potentielle pour l’avenir du dollar et un frein à l’innovation. 
Leur argument ? En interdisant les CBDC/MNBC, les États-Unis ne se contenteraient pas de s’écarter des tendances mondiales, mais pourraient également être perçus comme une nation rétrograde, entravant les progrès des secteurs public et privé dans le domaine des technologies financières. Bien entendu, tout ça suppose que les CBDC/MNBC sont le summum de l’innovation et non pas simplement un autre outil de contrôle centralisé, une hypothèse que beaucoup contesteraient.

« Les États-Unis sont à la traîne de tous leurs pairs du Groupe des Sept (G7) en matière de recherche et de développement de CBDC/MNBC. En dehors du G7, l’écart est encore plus grand. Onze pays du Groupe des Vingt (G20) en sont au stade pilote, dont le Brésil, l’Inde, l’Australie, la Corée du Sud et la Turquie. La Chine figure également sur la liste et compte déjà 250 millions d’utilisateurs.
En l’absence de modèles et de feuilles de route réglementaires dirigés par les États-Unis, le risque d’émergence d’un système de paiement fragmenté dans lequel différents modèles prolifèrent et rendent l’architecture financière internationale plus coûteuse et moins efficace est croissant. C’est exactement le contraire de ce que les banques tentent d’accomplir avec ces nouvelles technologies.
Les détracteurs des CBDC/MNBC s’inquiètent à juste titre de la confidentialité des citoyens. Si la Réserve fédérale émet une forme numérique d’argent liquide, le gouvernement ne pourrait-il pas alors « surveiller » la population et voir comment les citoyens dépensent leur argent ? La solution, cependant, n’est pas de retirer les États-Unis du jeu, ce qui permettrait à des pays comme la Chine, qui ne donne pas la priorité à la confidentialité, d’établir des normes pour le reste du monde. Au lieu de cela, les États-Unis devraient travailler avec des partenaires et des alliés pour développer des actifs numériques avec des valeurs démocratiques – des actifs qui protègent la confidentialité, garantissent la cybersécurité et favorisent un système financier mondial plus sain.
En fait, si ce projet de loi devenait loi, les États-Unis seraient le seul pays au monde à avoir interdit les CBDC/MNBC. Ce serait une décision contre-productive dans la course à l’avenir de l’argent. Cela saperait le rôle de sécurité nationale du dollar car la décision ne ferait qu’accélérer le développement par d’autres pays de systèmes de paiement alternatifs qui cherchent à contourner le dollar dans les transactions transfrontalières. Cela rendrait les sanctions américaines moins efficaces.
C’est une chose de décider de ne pas émettre de CBDC/MNBC – et plusieurs pays débattent précisément de cette question en ce moment même. Mais c’est une mesure inutile et néfaste que d’interdire à la Réserve fédérale d’explorer cette idée. » 
– Atlantic Council/Conseil Atlantique

Parmi les pays qui ont décidé ou proclamé haut et fort leur décision de ne pas aller de l’avant avec une CBDC/MNBC « de détail », on trouve deux acteurs clés de l’alliance de renseignement Five Eyes (les 5 nations anglo-saxonnes): le Canada et l’Australie.
La Banque du Canada, en particulier, a été l’une des premières à adopter cette idée en Occident, flirtant avec le concept d’émission d’une monnaie numérique pendant sept bonnes années. Tout allait de l’avant jusqu’à ce qu’elle appuie sur le frein avec la subtilité d’un marteau-pilon.

Auparavant, la banque se concentrait sur la nécessité pour le Canada de se doter de sa propre monnaie numérique pour s’accrocher à sa souveraineté monétaire et assurer la stabilité financière, en particulier dans un contexte de déclin de l’amour du public pour l’argent liquide. Mais elle a apparemment changé d’avis. La CBC (Banque Centrale du Canada) a noté ce changement soudain, soulignant le refroidissement de l’enthousiasme de la banque centrale pour une monnaie numérique.

« La Banque a entrepris des recherches importantes pour comprendre les implications d’une monnaie numérique de banque centrale de détail, notamment en explorant les implications d’un dollar numérique sur l’économie et le système financier, ainsi que les approches technologiques pour fournir une forme numérique de monnaie publique qui soit sûre et accessible. » 
— CBC (Banque Centrale du Canada)

La décision de la Banque Centrale du Canada de se retirer du précipice de la monnaie numérique est survenue après une consultation publique qui a mis à nu le scepticisme profond et l’hostilité pure et simple de la population canadienne à l’égard de l’idée d’une CBDC/MNBC. Quatre-vingt-cinq pour cent des personnes interrogées ont clairement indiqué qu’elles éviteraient d’utiliser une monnaie numérique à moins d’y être contraintes, tandis qu’un pourcentage stupéfiant de 92 % préféraient toute autre forme de paiement à un dollar canadien numérique.

La population ne s’est pas contentée d’exprimer son dégoût ; elle a agité des drapeaux rouges sur la confiance et la sécurité. Un énorme pourcentage de 87 % doutait de la capacité de la Banque du Canada à créer une CBDC/MNBC résistante aux cyberattaques. De plus, 63 % des répondants se méfiaient déjà de la sécurité des systèmes de paiement numérique existants, ce qui met en évidence une méfiance plus large à l’égard de l’infrastructure financière numérique.

Les répondants au sondage ont exprimé ouvertement leur inquiétude quant aux atteintes à la vie privée de la part de diverses entités : le gouvernement fédéral, les entreprises technologiques, les institutions financières et même la Banque Centrale du Canada elle-même, ce qui témoigne d’une méfiance qui s’étend à tous les secteurs.

Le gouverneur de la BCC Tiff Macklem a admis en septembre ce qui était déjà évident : « il n’existe actuellement aucun argument convaincant » en faveur d’une CBDC/MNBC au Canada. Pourtant, la Banque Centrale du Canada, qui n’est peut-être pas prête à admettre une défaite totale, garde un pied dans la porte, promettant de surveiller les tendances mondiales et suggérant que les bases posées pourraient être utiles si les vents politiques venaient à tourner.

Mais si l’opinion publique est la boussole, les chances de naviguer sur le territoire des CBDC/MNBC semblent peu probables. De l’autre côté du Pacifique, la Banque de Réserve d’Australie (RBA) semble partager cette réticence à l’égard des CBDC/MNBC de détail, choisissant plutôt d’explorer une version de gros, ce qui en dit long sur l’hésitation mondiale à imposer les CBDC/MNBC de détail au public.

Une CBDC/MNBC de détail est présentée comme la monnaie de tous les jours, ainsi que des petites et grandes entreprises, tandis qu’une CBDC/MNBC de gros est la monnaie du monde financier des élites, conçue pour les gymnastiques financières interbancaires et transfrontalières. Lors de la conférence Intersekt à Melbourne, le gouverneur adjoint de la Banque de Réserve Australienne RBA, Brad Jones, n’a pas mâché ses mots sur les intérêts de la banque :
« Je peux confirmer que la RBA (Reserve Bank of Australia) s’engage stratégiquement à donner la priorité à son programme de travail sur la monnaie numérique de gros et les infrastructures – y compris les CBDC/MNBC de gros – plutôt que sur les CBDC/MNBC de détail. »

Jones a clairement indiqué que la RBA considère une CBDC/MNBC de détail comme une boîte de Pandore d'instabilité financière qui n'a pas grand-chose à offrir à l'économie dans son ensemble. En revanche, une CBDC/MNBC de gros est considérée comme une progression naturelle, une évolution gérable qui ne laissera pas les banques commerciales et les sociétés de paiement se démener pour s'adapter.

Ce tournant par rapport aux CBDC/MNBC de détail du Canada et de l'Australie n'est pas un incident isolé ; il est symptomatique d'un recul mondial. Les banques centrales de Suisse et de Taïwan ont également donné la priorité aux expériences de CBDC/MNBC de gros par rapport aux expériences des CBDC/MNBC de détail. Le rapport de la Banque des Règlements Internationaux (BRI basée à Bâle en Suisse) souligne cette tendance, soulignant une augmentation des initiatives de CBDC/MNBC de gros, en particulier dans les économies qui aiment se considérer comme avancées.

Pourtant, tout le monde n'a pas embarqué dans le wagon. Les pays des BRICS, ainsi que l'UE (ce qu'est pas une surprise), la Turquie et l'Iran, avancent à grands pas avec leurs projets pilotes de CBDC/MNBC de détail. Ils semblent pas découragés par les problèmes de confidentialité et le potentiel de contrôle gouvernemental accru que soulignent les critiques.

En revanche, au sein du Five Eyes (USA/Canada/Royaume Uni/Australie/Nouvelle-Zélande), le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande continuent de faire avancer leurs programmes de CBDC/MNBC de détail, bien qu'avec une grande prudence. Tous deux sont confrontés à la résistance de leurs secteurs bancaires nationaux. L'association bancaire néo-zélandaise a tiré la sonnette d'alarme sur le risque de ruée vers le dollar numérique, tandis qu'au Royaume-Uni, l'ancien maire de Londres, Michael Mainelli, a ouvertement reconnu les implications en matière de confidentialité, avertissant que si les CBDC/MNBC peuvent aider à réduire la criminalité financière en raison de leur traçabilité, elles ont un prix élevé en termes de liberté personnelle.

Les stablecoins (cryptos stables) adossés au dollar sont présentés comme la nouvelle cavalerie destinée à maintenir l’hégémonie financière américaine sur la scène financière mondiale. Trump, dans son discours peu inspiré, lors de la conférence Bitcoin 2024, s’est engagé à « créer un cadre pour permettre l’expansion sûre et responsable des stablecoins […] nous permettant d’étendre la domination du dollar américain à de nouvelles frontières dans le monde entier ».

Mais faut pas se laisser leurrer par le vernis brillant des stablecoins « privés ». Le côté obscur de cette vision concerne pas seulement l’extension de la domination du dollar ; il s’agit d’un État de surveillance se faisant passer pour une innovation financière. Des sociétés comme Tether, Circle, Stripe et PayPal fabriquent des stablecoins/cryptos stables adossées au Dollar US qui sont tout autant programmables et surveillables que les CBDC/MNBC tant redoutées.

Les implications en matière de surveillance sont ici très similaires à celles qui entourent les CBDC/MNBC. Ces entreprises étant déjà profondément ancrées dans des gouvernements connus pour leurs activités de surveillance croissante, les problèmes de confidentialité restent pratiquement identiques. Les stablecoins, avec leur programmabilité, peuvent et seront probablement utilisés aux mêmes fins orwelliennes qui ont poussé les critiques à dénoncer les CBDC/MNBC.

L'approbation par Trump des stablecoins tels le Tether USDT tout en rejetant les CBDC/MNBC révèle une hypocrisie nuancée. Il s'agit pas de rejeter la surveillance numérique ou l'argent programmable ; il s'agit de savoir qui peut les mettre en œuvre. Le secteur public pourrait être confronté à des obstacles juridiques pour contrôler l'utilisation, mais le secteur privé ? Il s'agit de la nouvelle frontière de la surveillance gouvernementale, bien que par le biais d'un gardien différent.

Alors pourquoi ne pas créer une CBDC/MNBC de détail du gouvernement américain ? Il s'agit pas seulement de limitations. Le véritable problème est économique : les États-Unis doivent continuer à vendre leur dette. Les stablecoins, adossés à des dollars, contribuent à alimenter ce système en garantissant que les actifs libellés en dollars continuent de circuler dans le monde entier, soutenant le besoin continu du Trésor américain de financer sa dette par le biais de participations étrangères.

Dans le paysage financier de ces dernières années, les opérateurs de stablecoins sont devenus des consommateurs voraces de bons du Trésor américain, amassant la somme sidérante de 150 milliards de dollars en titres pour soutenir leurs jetons indexés sur le dollar avec un actif libellé en dollars. Ceci a élevé ces émetteurs au rang de 18e plus grand détenteur de dette américaine. Ces entreprises sont pas seulement des détenteurs passifs ; elles collaborent activement avec les autorités américaines dans la chasse aux sorcières financière, en gelant les avoirs de ceux jugés indésirables par l'État.

Prenez Tether (USDT) par exemple ; Howard Lutnick, le PDG de Cantor Fitzgerald, qui gère les actifs du Trésor de Tether, a publiquement célébré leur coopération avec le ministère américain de la Justice. Lutnick s'est vanté : « Avec Tether, vous pouvez nous appeler, et on gèlera ce que vous voulez. » Trump, dans son discours, n'a pas seulement reconnu le rôle de Lutnick ; il l'a pratiquement canonisé, qualifiant Lutnick d'« incroyable » et de « l'un des hommes véritablement brillants de Wall Street ».

La conformité de Tether (USDT) a été démontrée par des actions telles que le gel de 32 portefeuilles liés à des activités terroristes présumées en Ukraine et en Israël en octobre dernier, puis de 225 millions de dollars en novembre à la suite d'une enquête du DOJ (Département de la Justice) sur la traite d'êtres humains. En décembre 2023, plus de 40 portefeuilles figurant sur la liste SDN de l'OFAC (Liste de personnes spécifiquement bloquées telles des terroristes ou trafiquants) du Bureau Fédéral de Contôle des Avoirs Étrangers) ont été également immobilisés par Tether, démontrant ainsi leur volonté d'agir en tant que bras financier de l'application de la politique américaine.

La vision de Trump pour les stablecoins n'est pas nouvelle ; c'est une idée reconditionnée de 2019, lorsque les économistes du FMI l'ont qualifiée de CBDC/MNBC « synthétique » ou sCBDC/MNBCs. Le FMI, l'un des principaux défenseurs des CBDC/MNBC, a fourni un manuel aux banques centrales sur la manière de mettre en œuvre ces monnaies numériques. Leur implication dans le projet eNaira du Nigeria, qui, parallèlement à une politique de démonétisation calamiteuse, a plongé le pays dans l'une de ses pires crises économiques, sert d'avertissement sur ce qui se passe lorsque l'innovation financière rencontre l'excès de pouvoir du gouvernement.

En 2019, Tobias Adrian a écrit un article sur le blog du FMI vantant les « avantages » des CBDC/MNBC synthétiques par rapport à leurs homologues émises par les gouvernements :
« L’attrait des CBDC/MNBC réside dans leur capacité à déléguer le gros du travail à des entités privées : du choix des plateformes technologiques à la gestion des clients, du filtrage et du suivi (sous le couvert de KYC/IVC (Know Your Customer/Identifiez Votre Client) et de LBC/FT (Lutte contre le Blanchiment des Capitaux/Financement du Terrorisme) à la conformité réglementaire et au traitement des données. Ce modèle soulage la banque centrale du fardeau de l’interaction directe avec les consommateurs, se concentrant plutôt sur la réglementation et la supervision du règlement des comptes et sur la garantie que les passifs des émetteurs de monnaie électronique sont bien garantis par les réserves.»

Cet arrangement, en théorie, favorise une dynamique dans laquelle les entreprises privées se font concurrence pour fournir des services de monnaie électronique, en exploitant soi-disant leurs atouts en matière d’innovation et de service client, tandis que la banque centrale maintient la stabilité du système.

Mais soyons pas naïfs à propos de ce « partenariat ». Le monde a pas besoin d’un autre Frankenstein financier où les entreprises privées, sous l’aile du contrôle gouvernemental, acquerraient un pouvoir de surveillance et de contrôle sans précédent. La rhétorique de Trump et de ses pairs pourrait suggérer une résistance aux CBDC/MNBC à part entière, mais il est crucial d’examiner leur alternative : un système dans lequel les entreprises privées pourraient exercer un contrôle similaire, voire plus important, sur nos vies financières.

Alors que les sonnettes d’alarme retentissent pour les CBDC/MNBC traditionnelles en raison de leur potentiel de surveillance et de saisie d’actifs, l’attention doit également se porter sur les sCBDC/MNBCs synthétiques (privées). La privatisation de ces mécanismes de contrôle pourrait conduire à une forme encore plus insidieuse de surveillance financière, où des entités privées, sous l’influence du gouvernement, pourraient dicter les conditions de confidentialité et d’autonomie financières. La voie vers la liberté financière pourrait bien être pavée des bonnes intentions d’un partenariat public-privé qui, en réalité, pourrait servir d’extension secrète du contrôle de l’État.

22 nov. 2024

977. De certitudes tu t'abstiendras


DE CERTITUDES TU T'ABSTIENDRAS

L'air n'était ni chaud ni froid. Mais il soufflait en bourrasques comme si qu'il éternuait. Une seconde tout était calme, la seconde suivante un vent puissant soulevait les feuilles d'automnes en un tourbillon de bruns, de jaunes, d'oranges et de cramoisis. Le vent, à cette époque de l'année, laissait ceux qui étaient curieux se demander quel type de jour, hiver précoce ou chaleur estivale qui s'éternise, allait apporter ce dernier. Mais froid ou chaud, l'air laissait toujours derrière lui une traînée de muscade et de cannelle. Octobre apporte beaucoup de choses, mais surtout il apporte du changement.

Les journalistes qui se rassemblaient devant les grilles du manoir de Kermadec attendaient depuis midi, le crépuscule approchait et la raison pour laquelle ils avaient été convoqués n’était toujours pas connue. Perceval Cosmao de Kermadec, le propriétaire de la grande maison de style géorgien de la rue Bodélio, avait brusquement appelé toute une floppée de reporters, de gratte-papiers et de journalistes à l’extérieur de son manoir majestueux pour être témoins de « la découverte la plus incroyable de toute l’histoire de l'humanité ». Ils étaient donc là, à attendre, à regarder le ciel gris se couvrir de traînées violettes et rouges comme des coups de pinceau sur la toile céleste. Ce sentiment était partagé par la douzaine de journaleux qu'attendaient là depuis près de 6 heures. 

Le correspondant local du journal régional arriva avec des thermos de cidre chaud pour ses confrères agités. Des rumeurs commencèrent à se faire entendre quant à la raison pour laquelle la presse avait été convoquée. Et 'convoqué' était généralement le terme approprié quand on se référait à Kermadec. La famille Cosmao de Kermadec était étroitement liée à l'histoire de la ville depuis sa fondation à la fin du très haut Moyen-Âge. La plupart des quartiers nord-ouest de la cité ainsi que celui de l'hôpital avaient été achetés au domaine des Kermadec en 1834. Perceval de Kermadec souhaitait depuis son plus jeune âge ne pas être englouti incognito dans l'histoire familiale de la grande lignée des Cosmao. Cette famille avait fourni d'éminents hommes d'État, des amiraux, des peintres, des philosophes, des hommes d'affaires, des révolutionnaires et même un musicien. Mais Perceval, lui, s'était tourné vers la science. 

Ce n’était pas chose nouvelle que Perceval fasse appel à la presse pour présenter une nouvelle découverte. La première fois, il n'avait alors que de 16 ans et le visage grêlé d'acné, il avait dévoilé un ensemble de membres artificiels articulés qu’il avait fabriqués pour sa petite sœur qui, un an plus tôt, avait perdu l’usage de ses gambettes à cause de la polio. Ensuite, il présenta un majordome motorisé, capable d’accomplir n’importe quelle tâche qu’on pouvait lui demander sans jamais rechigner. Puis ce fut le tour de plantes ne nécessitant ni eau ni soleil, mais qui pouvaient pousser de la graine au fruit mûr en un peu moins d’une semaine. Puis vinrent dans un ordre désordonné des pilules pour faire repousser les cheveux, un sérum pour rendre votre chien plus intelligent qu'un poulpe, des lunettes pour voir le futur, une petite boîte en cuivre qui pouvait communiquer avec les morts et un remède contre les hémorroïdes (ce qui fut plus tard débunké par l'OMS et la LGBTQ comme n’étant qu’un traitement à court terme inefficace chez les vaccinés du Covid comme chez les sodomites, quel que soit le genre de leur conduit anal et l'organe ou ustensile introduit dedans). Ces inventions, ainsi que quelques autres découvertes plus ou moins extravagantes, conduisirent toutes à la convocation des journalistes. Il n’était que rarement question de savoir s’ils devaient venir y assister ou non : selon lui, s’ils manquaient un de ces évènements, c'est tout leur avenir dans la presse qui serait compromis si pas carrément foutu. 

Le cidre de pomme chaud contribua grandement à apaiser le malaise que nombre d'entre eux ressentaient en se tenant devant les grilles. Peu avaient remarqué que les lampadaires étaient allumés ou que les habitants des maisons de l'autre côté de la rue allumaient déjà leurs chandelles pour les fourrer dans des citrouilles. Le crépuscule s'éternisait et la patience commençait à s'épuiser. Qu'avait-il pour eux aujourd'hui ? Du lait qui ne périmait pas ? Une machine qui contrôlait le temps ? Peut-être une machine volante capable d'atteindre une autre galaxie ? Toutes les idées étaient possibles quand on pensait au génie léonardin du professeur Cosmao de Kermadec. 

Il faisait presque nuit quand les portes du manoir s'ouvrirent enfin. La foule se tut lorsque Perceval fit son apparition sur le perron. Il portait un costume marron et un gilet assorti, avec une chaîne de montre de gousset en or. Comme d'habitude pour ces événements, Perceval portait son haut-de-forme favori en peau de castor qui lui donnait si fière allure. Une rafale de vent souffla un tourbillon de feuilles devant lui comme si c'était arrangé. Il fit son premier pas, ses pieds écrasant quelques unes de ces dernières. Il s'arrêta et passa sa main dans l'entrebaillement de la porte et une main blanche et brillante s'avança vers la sienne. Une silhouette suivait la main, d'un blanc éclatant, exagérée par les nuances orange et grises du ciel crépusculaire. Cette silhouette était vêtue d'une robe blanche flottante, avec de longs cheveux blancs argentés flottants également. Les mains et la tête de la silhouette étaient évidentes, mais le manque de mouvement de sa robe laissait à penser que cette silhouette flottait plutôt qu'elle ne marchait.  

Perceval et la silhouette s'approchèrent du podium monté là pour l'occasion. Les journalistes furent repoussés en arrière par l'ouverture vers l'extérieur des portes de la propriété lorsqu' il appuya sur le bouton de sa télécommande, puis comblèrent rapidement l'écart entre les deux battants qui s'écartaient dès que ce fut sûr. Il prit un moment pour laisser à la foule le temps de s'imprégner de la silhouette à ses côtés. Perceval, étant lui-même d'une stature assez grande, était éclipsé par cette dernière atteignant près de 2,50 mètres de haut et dégageant une blancheur éclatante, en fait pas tant une lueur qu'une aura. 
Les caméras commencèrent à photographier cette grande silhouette. De près, les spectateurs pouvaient voir clairement son visage. Réunis devant les grilles pendant plus de 6 heures, certains des rédacteurs les plus astucieux que le grand-ouest avait à offrir se trouvaient là, mais aucun ne parvenait à s'entendre sur l'apparence du visage de cette apparition. Beaucoup se débattirent avec leur crayons et leurs calepins pour en faire une description ou une esquisse, pour ensuite en chercher une différente ou une meilleure avant de lui jeter un autre coup d'œil sous un nouvel angle. Dans la description la plus conservatrice, la silhouette était banale. Ce qui veut pas dire qu'elle était laide ou si banale que ça, loin de là. Lorsque la foule contemplait le visage de ce personnage mystérieux, elle ressentait de la beauté et du bonheur en elle. Un sentiment de jubilation et de bien-être jaillissait en elle comme en un bébé qui regarde sa mère dans les yeux pour la première fois. Elle ressentait de la chaleur mais ne pouvait toujours pas donner de description. 

" Mesdames, messieurs", commença Perceval, " ce n’est un secret pour personne que je vieillis. Dans quelques semaines, ce sera mon 85ème anniversaire et, quand je mourrai, je laisserai cette terre sans aucun héritier susceptible de perpétuer mon héritage." 
C’était vrai, Perceval avait passé la majeure partie de sa vie tellement absorbé par les progrès de la science, de la technologie et de la race humaine qu’il n’avait jamais pris le temps de profiter de l'instant présent et de trouver une partenaire appropriée avec laquelle forniquer pour se reproduire. Un enfant peut offrir un regard sur l’avenir. Ce sont eux qui portent votre héritage. Mais Perceval, ayant passé la plupart de sa vie en seul à seul avec la science, n'avait rien voulu laisser de côté. 

" Étant d’une curiosité perpétuelle, je voulais savoir ce qui m’attendait. Que se passe-t-il après la mort ? Où allons-nous, qui voyons-nous ? Je me suis consacré à la recherche de cette vérité." 
Il avait en effet consacré beaucoup de temps et d’énergie à essayer de répondre à la question que la religion théorise depuis des millénaires : après la mort vient l’au-delà. Commençant modestement et en faisant des recherches, il avait assisté à de nombreuses séances du genre de celles pratiquées par son illustre prédécesseur Allan Kardec, en avait même tenues quelques-unes chez lui. Il avait consulté divers chefs religieux et professionnels de la santé. Il avait voyagé dans les sites les plus sacrés du monde entier pour essayer de trouver une explication plausible. Il avait passé beaucoup de temps en Suisse à travailler avec des physiciens théoriciens du CERN, désireux de déchiffrer les théories sur les transfert d’énergie en mode quantique et les mondes parallèles. Enfermé chez lui pendant des mois et des mois, Perceval avait appliqué toutes les connaissances qu’il avait acquises au cours de ses voyages. Et maintenant, en cette nuit de fin octobre, il révélait sa dernière découverte au monde. 

" L’automne est une période transitoire. Les plantes comme les animaux comprennent que cette période de l’année est celle de la préparation à la mort en hiver et à leur renaissance éventuelle au printemps. L’automne est le moment idéal pour se débarrasser du passé afin de se tourner vers l’avenir. Nous devons accepter l’inévitabilité de notre mort, mais en sachant ce qui nous attend, nous pouvons nous préparer au voyage." 
La troupe de journalistes était naturellement inquiète et confuse quant à la direction que Perceval voulait prendre avec son discours. Ses allocutions révélatrices avaient tendance à être décousues de fil conducteur, mais on pouvait suivre la logique de sa découverte. Mais maintenant, alors qu’il parlait de mort et de renaissance avec un géant brillant de 2,50 mètres debout à côté de lui, ils étaient déconcertés. 

" Après un temps considérable, des efforts innombrables et une conviction inébranlable en mes croyances, moi, Perceval Cosmao de Kermadec, je me tiens en ce jour ici devant vous avec la preuve de l’existence d’une vie après la mort." 

Cette déclaration provoqua un certain émoi et brouhaha dans la foule, et immédiatement les questions commencèrent à se frayer un chemin jusqu’au podium. 

Il continua : " En utilisant une technologie avancée de ma propre conception, j’ai créé une machine capable non seulement de scruter l’au-delà, mais aussi de s’y promener et d’en revenir. Je me suis retrouvé à marcher dans le plan éthéré, me prélassant dans le palais de Dieu." 
Les questions venant de l'audience se firent de plus en plus pressantes à chaque phrase prononcée par Kermadec. Normalement, la foule des journalistes laissait Perceval terminer ses présentations avant de commencer à poser des questions, mais cela devenait trop fantasmagorique pour qu’ils restent tranquilles. Beaucoup d’entre eux commencèrent à reconstituer le lien entre le discours et l’étrange silhouette qui se tenait silencieuse à côté de Perceval. " Est-ce un ange ?" demanda finalement le plus téméraire.

" Oui, en effet", répondit fièrement Kermadec, " je vous assure qu'il s'agit bien d'un ange, son nom est RâsMoudjinn. Lors de mon dernier voyage, RâsMoudjinn s’est approché de moi, curieux de savoir d’où je venais et comment j’avais réussi à arriver jusqu'à lui."

L'attention se détourna alors de Perceval et les questions se dirigèrent vers RâsMoudjinn. Les journalistes ne furent pas surpris de constater que RâsMoudjinn comprenait et parlait parfaitement le français. Parmi les nombreuses questions qu'ils lui posèrent, il put répondre à quelques-unes.

" L'endroit d'où vous venez est-il vraiment le paradis ?
- Oui, je pense que c'est un paradis, on n'y manque jamais de rien et c'est le plus bel endroit de tout l'univers."

" Vivez-vous sur un nuage ?
- Certains d’entre nous vivent dans les nuages, mais la plupart d'entre nous vit en contrebas, les pieds bien campés sur une surface verdoyante. Les collines s’étendent à perte de vue, traversées par des rivières fraîches et propres."

" À quoi ressemble Dieu ?
- Je n’ai jamais rencontré Dieu."

" Pouvez-vous voler, avez-vous des ailes ?"
RâsMoudjinn étendit ses bras sur les côtés, et sa robe flottante s'anima comme si un vent soufflait en dessous, le soulevant à 3 mètres au-dessus du podium avant de revenir au sol. 

La foule fut submergée à ce moment-là et Perceval tenta de la calmer. En vérité, c'était la première fois depuis longtemps qu'une de ses inventions ou découvertes suscitait autant d'enthousiasme de la part du monde de la presse. Il conclut la conférence en remerciant l'auditoire puis ramena RâsMoudjinn à l'intérieur du manoir. 

L'obscurité était alors totale et la température avait considérablement baissé, comme c'est souvent le cas au milieu de l'automne. Les journalistes commencèrent à se disperser, leurs spéculations et leurs gros titres étouffés s'élevant au-dessus du bruit des tas de feuilles sèches qu'ils piétinaient. 

Comment le monde allait-il réagir à la présence d'un ange du paradis ? Quelle allait être la réaction humaine face à la preuve qu'il existait un autre niveau après la mort ?

Kermadec passa les premiers jours à savourer la célébrité que venait de lui conférer sa dernière découverte. Il était sur la couverture de tous les journaux et magazines, le sujet principal de tous les bulletins télé du soir. Et chaque jour, son message se propageait de plus en plus loin des limites de la ville, de la province et du pays lui-même. Il reçut des lettres, des emails, des appels téléphoniques, des demandes d'interview et des télégrammes du monde entier. Angleterre, Allemagne, Russie, Etats-Unis, Israël, Inde, Iran, Chine, Égypte, Éthiopie, Arabie Saoudite, Brésil - tous posaient les mêmes questions. L'interrogeant sur la légitimité de sa prétention sur l'au-delà et sur l'existence de l'ange RâsMoudjinn ; il répondait toujours de la même manière : « Le paradis est aussi réel que mon manoir, mais bien plus grandiose, et l'ange est aussi réel que vous et moi, mais en beaucoup plus sublime ».

Perceval se réveilla le septième matin du septième jour et s'assit à sa table de petit-déjeuner avec vue sur le jardin à l'arrière du manoir. Il réfléchit à toute la bonté qu'il avait apportée au monde. Il pensa à tous les gens effrayés, à tous les malades et à tous les mourants, et à la façon dont ils devaient être aujourd'hui rassurés de savoir qu'ils se réveilleraient au paradis. Il pensa à tous ceux qui étaient sur le point de perdre un être cher, mais au lieu d'éprouver du chagrin, ils pouvaient ressentir de la joie en sachant que leur parent, leur conjoint ou leur enfant partait dans un endroit meilleur, et être sûrs que c'était vrai. 

Ses pensées se tournèrent ensuite vers lui-même. Comment serait-il reconnu pour un tel exploit ? Des récompenses ? Bien sûr. Un grade de Chevalier de la Légion d'Honneur, d'Officier, de Commandeur ? De l'argent, des terres, des titres ? Certainement. Des diplômes honorifiques ? Oh, j'aurai une chaire honorifique dans chaque université majeure de la planète !, pensa-t-il, peut-être même un prix Nobel ! 
Mais son bonheur et sa bonne humeur ne furent que de courte durée. Son petit déjeuner arriva en même temps qu'un paquet de journaux emballés dans un sac papier. Il le déchira, comme un enfant ouvrant un cadeau, impatient de voir quels éloges allaient lui être adressés ce matin là.

Une à une, Perceval tourna les pages avec une hâte croissante, jetant le Télégramme, saisissant le Ouest-France, écartant ce torchon pour se saisir du Figaro , puis du Parisien, puis du journal Le Monde, et ainsi de suite. Il les parcourut tous d'un bout à l'autre, et ce n'était rien d'autre que la même chose partout, comme s'ils s'étaient passés le mot à la virgule prés. Son nom avait diminué jusqu'à ne plus devenir qu'une simple note de bas de page, quelque chose qu'un journaliste ajouterait pour donner du contexte à son article. Une poignée d'articles indiquaient que presque toutes les églises, synagogues et mosquées affichaient une augmentation record de leurs troupeaux. On supposait que la preuve de la vie après la mort avait fait renaître la peur chez les gens, les incitant à protéger à nouveau leurs âmes. 

De nombreux autres articles montraient un côté plus sombre du phénomène. Quelques jours plus tard, une manchette disait « SUICIDES EN HAUSSE ! ». C’était vrai, il s’était attendu à ce que cela se produise, mais pas aussi rapidement ni en si grand nombre. Le nombre de décès par suicide dans le monde avait augmenté de 300 % seulement six jours après la divulgation mondiale de la nouvelle, et la tendance était à la hausse. 

Mais la une de presque tous les journaux traitait de l'histoire la plus sombre et la plus dangereuse : la guerre. Les chefs religieux du monde entier s'étaient tous ralliés à la découverte de Perceval. Après tout, qu'était une religion sans l'incertitude de l'au-delà ? Les religions reposaient sur la foi de personnes selon laquelle leur dieu de prédilection était le berger qui les conduirait à la vie dans l'au-delà. Or, Perceval et RâsMoudjinn avaient perturbé tout ça. Cette perturbation avait déclenché puis attisé une flamme sur des broussailles sèches, provoquant une vague incendiaire de feux de forêt sur toute la planète. La Troisième Guerre mondiale avait commencé et c'était une guerre sainte. 

RâsMoudjinn le rejoignit à la table. Ils avaient parcouru le domaine tôt le matin, mais ils étaient revenus pour le petit-déjeuner.  C'est RâsMoudjinn qui brisa le silence le premier. 

" Quelque chose te dérange, Perceval, tu as la mort sur le visage."

Kermadec lui relata les suicides, la guerre et montra à RâsMoudjinn la première page du Parisien , une photo d'un char israélien tirant sur une église à Bethléem. 

" Qu'est-ce que ça signifie ? Pourquoi votre espèce s'infligerait-elle elle-même cela ? demanda RâsMoudjinn.
- À cause de moi, à cause de toi, parce que les humains ne supportent pas de connaître la vérité sur quoi que ce soit, ils préfèrent rester dans le noir, réconfortés par ce qu'ils pensent être réel, répondit Kermadec.
- Mais quelle vérité connaissent-ils, quelle vérité sur moi pourrait causer toute ces morts, ces meurtres et cette haine. Je suis juste RâsMoudjinn, je ne suis rien, tu es apparu de nulle part et je suis venu avec toi sur cette planète. Que suis-je pour avoir provoqué ça ?
- Tu es un ange, tu viens d'un endroit où nous, les humains, aspirons à nous élever. Nous passons chaque jour de notre vie sur cette Terre à penser à ce qui se passera quand nous mourrons. Et maintenant que nous le savons, nous voulons aller chez toi. Nous voulons rejoindre ton paradis. Raison pour laquelle nous nous déchainons et nous entretuons.
- Mais je ne suis pas un ange, qui c'est qui t'as dit une chose pareille ? Et l’endroit d’où je viens ne s’appelle pas le Paradis. Je suis RâsMoudjinn de la planète BarHaTîn, qui, je le concède, est assez paradisiaque. Toi, humain, es apparu chez moi. Je t'ai vu une fois, puis une autre fois, et une troisième fois, j’ai pensé te dire bonjour et t'accompagner un bout de chemin… et nous voici. Je suis profondément désolé pour la confusion."

Perceval resta sans voix, il sentit son cœur s'arrêter. Qu'avait-il fait ? Non seulement il avait détruit l'humanité, une civilisation qui existait depuis des dizaines de milliers d'années, et tout cela était dû à une erreur de jugement. Que pouvait-il faire maintenant, dire à tout le monde que RâsMoudjinn n'était qu'un habitant d'une autre planète, rien qu'un extraterrestre ? Non, cela pourrait provoquer encore plus de chaos. Il ne pouvait pas laisser le monde se dévorer de cette façon, tuer et mourir à cause de fausses croyances. Perceval trouva la seule solution logique qu'il pouvait trouver. 

Il appela ses contacts dans une station de radio de la capitale et se précipita sur place en TGV. Il n'avait pas le temps de faire sa fanfare habituelle de découverte, mais il avait juste besoin de passer à l'antenne. Il s'assit devant un micro et prononça ces mots à destination du monde entier: 

" Chers amis humains, c’est avec beaucoup de regret que je dois admettre qu’il y a une semaine, ma révélation à toute l’humanité de l’existence d’un ange et du paradis était un canular. Ce n’était pas un ange, et je n’ai pas plus d’informations sur l’au-delà que n’importe qui sur cette planète. Je suis désolé."

Et là-dessus, il rendit son micro et rentra chez lui. RâsMoudjinn était là qui l'attendait.

Désemparé et impuissant, Perceval s'effondra dans un fauteuil à oreilles dans la pièce principale à côté du hall d'entrée. Il ne savait plus où donner de la tête. Toute sa vie, il avait été un Cosmao, ce qui signifiait quelque chose. Et dans cette ville, il était un habitant du coin et un notable, pas un héros, mais tout de même une célébrité. Il était respecté, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais maintenant, il était devenu un imposteur, un charlatan, un charlatan, un charlatan de cinéma. Surtout, il était désormais haï et détesté dans le monde entier, car la nouvelle de son canular se répandit sur tous les téléprompteurs d'ici aux antipodes. Il n'avait plus nulle part où aller. Même dans son propre manoir, une protestation grandissante s'amassait devant ses grilles. Il était prisonnier sur cette planète. 

RâsMoudjinn, toujours silencieux dans un coin de la pièce, attendait le moment propice pour faire une suggestion. Perceval devait repartir avec lui. Il n'avait nulle part où aller sur Terre alors pourquoi ne pas essayer un autre monde. Il avait construit cette machine, qui s'était avérée être un portail entre les planètes, pour explorer l'inconnu, peut-être que le moment était venu d'explorer.

Sans réfléchir, Perceval et RâsMoudjinn montèrent alors dans sa machine et avec quelques bips et quelques boops, un tourbillon de vent, une explosion d'énergie, les deux étaient partis. Aucun des deux ne fut jamais revu. 

Quant à l'humanité, la nouvelle du canular se répandit rapidement et l'effusion de sang au nom de Perceval Cosmao de Kermadec et de RâsMoudjinn prit fin. Les humains étaient à nouveau sains et saufs, vivant de nouveau entre doute et incertitude.

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