DU PUBLIC AU PRIVÉ; LE PLAN VISANT A REMPLACER LES CBDC/MNBC ÉTATIQUES PAR LA SURVEILLANCE PAR LE SECTEUR BANCAIRE PRIVÉ
(On Web version, use BlogTranslator dropdown menu on top-right of this post to read it in your language)
Une analyse un peu plus approfondie de la position anti-CBDC/MNBC de Trump et du contrôle inquiétant du secteur privé qu'il propose comme alternative
Les CBDC/MNBC (Central Bank Digital Currency/Monnaies Numériques de Banque Centrale), la soi-disant « révolution financière », ont été présentées comme le prochain grand bond en avant pour l’humanité, mais nous voyons maintenant le Canada et l’Australie mettre en pause leurs fantasmes de CBDC/MNBC de détail, tandis que les États-Unis envisagent non seulement de mettre en pause, mais d’abandonner complètement cette idée.
L’argent, sous sa forme programmable, n’est pas un pas vers la liberté ou l’efficacité ; c’est un billet direct pour le rêve humide d’un État de surveillance. Les CBDC/MNBC, si elles ne sont pas contrôlées, pourraient se transformer en l’outil de contrôle totalitaire le plus puissant jamais conçu. Nous parlons d’un monde où votre autonomie financière pourrait être aussi contrôlée que votre historique de recherche sur Internet ou que votre vitesse sur le périphérique.
Les chiffres sont révélateurs : presque toutes les économies importantes ont-elles été séduites par l’idée des monnaies numériques. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas d’améliorer les écosystèmes financiers ou de donner du pouvoir aux personnes sous-bancarisées. Non, il s’agit de l’attrait enivrant du pouvoir. Les gouvernements et les banques centrales voient dans les CBDC/MNBC une occasion de jeter un œil dans chaque portefeuille, de dicter non seulement comment l’argent est dépensé, mais aussi quand et où il peut l’être.
Les États-Unis pourraient bien être les premiers à dire « ça suffit » et à interdire purement et simplement les CBDC/MNBC. Il s’agit d’une confrontation directe avec la tendance mondiale à l’excès de pouvoir financier. Les groupes de réflexion et les suspects habituels des cercles économiques sont probablement en colère, dénonçant cette tendance comme une pensée rétrograde. Pourtant, il faut se demander, vers quoi ? Vers une époque où la confidentialité financière n’était pas seulement un luxe mais une norme ? Ça craint !
En mai dernier, la Chambre des Représentants des États-Unis a donné son feu vert à la loi HR 5403, surnommée « CBDC Anti-Surveillance State Act », une initiative qui pourrait être considérée comme prémonitoire. Parrainée par le sénateur de Floride Ted Cruz, toujours controversé, cette loi est une véritable déclaration de guerre au dollar numérique. Cette législation vise à claquer la porte à toute possibilité pour la Réserve Fédérale (FED) d’émettre des CBDC/MNBC, en faisant valoir qu’il s’agit de protéger la confidentialité financière contre ce qu’elle perçoit comme un gouvernement trop zélé.
Voici les deux objectifs que vise à bloquer la loi HR 5403 :
1. La Fed jouant directement avec les citoyens en leur offrant des services ou en gérant leurs comptes.
2. La création et la distribution de toute monnaie numérique qui ressemble de près ou de loin à une CBDC/MNBC, sous quelque forme ou nom que ce soit.
Ce projet de loi doit maintenant être approuvé par le Sénat, ce qui n’est pas une affaire conclue. Mais jouons le jeu politique : avec la reconquête de Donald Trump à la présidence, la loi HR 5403 pourrait bien recevoir le coup de pouce dont elle a besoin. Trump a déjà clairement fait savoir dans le New Hampshire, devant un public qui lui mange dans la main, que sous sa présidence, les CBDC/MNBC ne verraient jamais le jour parce qu’elles donneraient au gouvernement « un contrôle absolu sur votre argent et la manière dont vous le dépensez».
Et même si Kamala Mala Harris avait fini dans le Bureau Ovale, j’aurais pas retenu mon souffle pour un dollar numérique. Le climat politique aux États-Unis, en particulier parmi les électeurs républicains, devient de plus en plus hostile à l’idée des CBDC/MNBC. Leur réaction aux déclarations de Trump est claire et nette : ils sont pas seulement sceptiques, ils sont carrément alarmés. Il s’agit de contrôle, de confidentialité et de liberté, et ça montre comment que les plateformes extérieures aux médias grand public façonnent l’opinion publique. Il est donc pas étonnant que les gouvernements s’efforcent de faire taire ces voix, craignant les mouvements populaires qu’elles pourraient déclencher.
L’idée que les États-Unis se retirent de la course aux CBDC/MNBC suscite un tollé au sein de l’élite des think tanks mondialistes. En mars dernier, le Brookings Institute, avec son talent habituel pour les prédictions pessimistes, a averti que même si le dollar américain pouvait encore porter la couronne, son règne pourrait être menacé si l’Amérique n’adoptait pas l’avenir monétaire numérique. Ils soutiennent que l’échec à innover dans ce paysage financier numérique pourrait priver les États-Unis de l’influence géopolitique et économique dont ils bénéficient en raison de la domination mondiale du dollar.
Ensuite, nous avons l’Atlantic Council/Conseil Atlantique, nos nouveaux et anciens meilleurs amis au sein de l’establishment mondialiste maintenant que le WEF/FEM de Davos est entré en hibernation. Dans leur article mélodramatique, « Ne laissez pas les États-Unis devenir le seul pays à interdire les CBDC/MNBC », Josh Lipsky et Ananya Kumar suggèrent que la loi HR 5403 n’est pas seulement un faux pas politique, mais une catastrophe potentielle pour l’avenir du dollar et un frein à l’innovation.
Leur argument ? En interdisant les CBDC/MNBC, les États-Unis ne se contenteraient pas de s’écarter des tendances mondiales, mais pourraient également être perçus comme une nation rétrograde, entravant les progrès des secteurs public et privé dans le domaine des technologies financières. Bien entendu, tout ça suppose que les CBDC/MNBC sont le summum de l’innovation et non pas simplement un autre outil de contrôle centralisé, une hypothèse que beaucoup contesteraient.
« Les États-Unis sont à la traîne de tous leurs pairs du Groupe des Sept (G7) en matière de recherche et de développement de CBDC/MNBC. En dehors du G7, l’écart est encore plus grand. Onze pays du Groupe des Vingt (G20) en sont au stade pilote, dont le Brésil, l’Inde, l’Australie, la Corée du Sud et la Turquie. La Chine figure également sur la liste et compte déjà 250 millions d’utilisateurs.
En l’absence de modèles et de feuilles de route réglementaires dirigés par les États-Unis, le risque d’émergence d’un système de paiement fragmenté dans lequel différents modèles prolifèrent et rendent l’architecture financière internationale plus coûteuse et moins efficace est croissant. C’est exactement le contraire de ce que les banques tentent d’accomplir avec ces nouvelles technologies.
Les détracteurs des CBDC/MNBC s’inquiètent à juste titre de la confidentialité des citoyens. Si la Réserve fédérale émet une forme numérique d’argent liquide, le gouvernement ne pourrait-il pas alors « surveiller » la population et voir comment les citoyens dépensent leur argent ? La solution, cependant, n’est pas de retirer les États-Unis du jeu, ce qui permettrait à des pays comme la Chine, qui ne donne pas la priorité à la confidentialité, d’établir des normes pour le reste du monde. Au lieu de cela, les États-Unis devraient travailler avec des partenaires et des alliés pour développer des actifs numériques avec des valeurs démocratiques – des actifs qui protègent la confidentialité, garantissent la cybersécurité et favorisent un système financier mondial plus sain.
En fait, si ce projet de loi devenait loi, les États-Unis seraient le seul pays au monde à avoir interdit les CBDC/MNBC. Ce serait une décision contre-productive dans la course à l’avenir de l’argent. Cela saperait le rôle de sécurité nationale du dollar car la décision ne ferait qu’accélérer le développement par d’autres pays de systèmes de paiement alternatifs qui cherchent à contourner le dollar dans les transactions transfrontalières. Cela rendrait les sanctions américaines moins efficaces.
C’est une chose de décider de ne pas émettre de CBDC/MNBC – et plusieurs pays débattent précisément de cette question en ce moment même. Mais c’est une mesure inutile et néfaste que d’interdire à la Réserve fédérale d’explorer cette idée. »
– Atlantic Council/Conseil Atlantique
Parmi les pays qui ont décidé ou proclamé haut et fort leur décision de ne pas aller de l’avant avec une CBDC/MNBC « de détail », on trouve deux acteurs clés de l’alliance de renseignement Five Eyes (les 5 nations anglo-saxonnes): le Canada et l’Australie.
La Banque du Canada, en particulier, a été l’une des premières à adopter cette idée en Occident, flirtant avec le concept d’émission d’une monnaie numérique pendant sept bonnes années. Tout allait de l’avant jusqu’à ce qu’elle appuie sur le frein avec la subtilité d’un marteau-pilon.
Auparavant, la banque se concentrait sur la nécessité pour le Canada de se doter de sa propre monnaie numérique pour s’accrocher à sa souveraineté monétaire et assurer la stabilité financière, en particulier dans un contexte de déclin de l’amour du public pour l’argent liquide. Mais elle a apparemment changé d’avis. La CBC (Banque Centrale du Canada) a noté ce changement soudain, soulignant le refroidissement de l’enthousiasme de la banque centrale pour une monnaie numérique.
« La Banque a entrepris des recherches importantes pour comprendre les implications d’une monnaie numérique de banque centrale de détail, notamment en explorant les implications d’un dollar numérique sur l’économie et le système financier, ainsi que les approches technologiques pour fournir une forme numérique de monnaie publique qui soit sûre et accessible. »
— CBC (Banque Centrale du Canada)
La décision de la Banque Centrale du Canada de se retirer du précipice de la monnaie numérique est survenue après une consultation publique qui a mis à nu le scepticisme profond et l’hostilité pure et simple de la population canadienne à l’égard de l’idée d’une CBDC/MNBC. Quatre-vingt-cinq pour cent des personnes interrogées ont clairement indiqué qu’elles éviteraient d’utiliser une monnaie numérique à moins d’y être contraintes, tandis qu’un pourcentage stupéfiant de 92 % préféraient toute autre forme de paiement à un dollar canadien numérique.
La population ne s’est pas contentée d’exprimer son dégoût ; elle a agité des drapeaux rouges sur la confiance et la sécurité. Un énorme pourcentage de 87 % doutait de la capacité de la Banque du Canada à créer une CBDC/MNBC résistante aux cyberattaques. De plus, 63 % des répondants se méfiaient déjà de la sécurité des systèmes de paiement numérique existants, ce qui met en évidence une méfiance plus large à l’égard de l’infrastructure financière numérique.
Les répondants au sondage ont exprimé ouvertement leur inquiétude quant aux atteintes à la vie privée de la part de diverses entités : le gouvernement fédéral, les entreprises technologiques, les institutions financières et même la Banque Centrale du Canada elle-même, ce qui témoigne d’une méfiance qui s’étend à tous les secteurs.
Le gouverneur de la BCC Tiff Macklem a admis en septembre ce qui était déjà évident : « il n’existe actuellement aucun argument convaincant » en faveur d’une CBDC/MNBC au Canada. Pourtant, la Banque Centrale du Canada, qui n’est peut-être pas prête à admettre une défaite totale, garde un pied dans la porte, promettant de surveiller les tendances mondiales et suggérant que les bases posées pourraient être utiles si les vents politiques venaient à tourner.
Mais si l’opinion publique est la boussole, les chances de naviguer sur le territoire des CBDC/MNBC semblent peu probables. De l’autre côté du Pacifique, la Banque de Réserve d’Australie (RBA) semble partager cette réticence à l’égard des CBDC/MNBC de détail, choisissant plutôt d’explorer une version de gros, ce qui en dit long sur l’hésitation mondiale à imposer les CBDC/MNBC de détail au public.
Une CBDC/MNBC de détail est présentée comme la monnaie de tous les jours, ainsi que des petites et grandes entreprises, tandis qu’une CBDC/MNBC de gros est la monnaie du monde financier des élites, conçue pour les gymnastiques financières interbancaires et transfrontalières. Lors de la conférence Intersekt à Melbourne, le gouverneur adjoint de la Banque de Réserve Australienne RBA, Brad Jones, n’a pas mâché ses mots sur les intérêts de la banque :
« Je peux confirmer que la RBA (Reserve Bank of Australia) s’engage stratégiquement à donner la priorité à son programme de travail sur la monnaie numérique de gros et les infrastructures – y compris les CBDC/MNBC de gros – plutôt que sur les CBDC/MNBC de détail. »
Jones a clairement indiqué que la RBA considère une CBDC/MNBC de détail comme une boîte de Pandore d'instabilité financière qui n'a pas grand-chose à offrir à l'économie dans son ensemble. En revanche, une CBDC/MNBC de gros est considérée comme une progression naturelle, une évolution gérable qui ne laissera pas les banques commerciales et les sociétés de paiement se démener pour s'adapter.
Ce tournant par rapport aux CBDC/MNBC de détail du Canada et de l'Australie n'est pas un incident isolé ; il est symptomatique d'un recul mondial. Les banques centrales de Suisse et de Taïwan ont également donné la priorité aux expériences de CBDC/MNBC de gros par rapport aux expériences des CBDC/MNBC de détail. Le rapport de la Banque des Règlements Internationaux (BRI basée à Bâle en Suisse) souligne cette tendance, soulignant une augmentation des initiatives de CBDC/MNBC de gros, en particulier dans les économies qui aiment se considérer comme avancées.
Pourtant, tout le monde n'a pas embarqué dans le wagon. Les pays des BRICS, ainsi que l'UE (ce qu'est pas une surprise), la Turquie et l'Iran, avancent à grands pas avec leurs projets pilotes de CBDC/MNBC de détail. Ils semblent pas découragés par les problèmes de confidentialité et le potentiel de contrôle gouvernemental accru que soulignent les critiques.
En revanche, au sein du Five Eyes (USA/Canada/Royaume Uni/Australie/Nouvelle-Zélande), le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande continuent de faire avancer leurs programmes de CBDC/MNBC de détail, bien qu'avec une grande prudence. Tous deux sont confrontés à la résistance de leurs secteurs bancaires nationaux. L'association bancaire néo-zélandaise a tiré la sonnette d'alarme sur le risque de ruée vers le dollar numérique, tandis qu'au Royaume-Uni, l'ancien maire de Londres, Michael Mainelli, a ouvertement reconnu les implications en matière de confidentialité, avertissant que si les CBDC/MNBC peuvent aider à réduire la criminalité financière en raison de leur traçabilité, elles ont un prix élevé en termes de liberté personnelle.
Les stablecoins (cryptos stables) adossés au dollar sont présentés comme la nouvelle cavalerie destinée à maintenir l’hégémonie financière américaine sur la scène financière mondiale. Trump, dans son discours peu inspiré, lors de la conférence Bitcoin 2024, s’est engagé à « créer un cadre pour permettre l’expansion sûre et responsable des stablecoins […] nous permettant d’étendre la domination du dollar américain à de nouvelles frontières dans le monde entier ».
Mais faut pas se laisser leurrer par le vernis brillant des stablecoins « privés ». Le côté obscur de cette vision concerne pas seulement l’extension de la domination du dollar ; il s’agit d’un État de surveillance se faisant passer pour une innovation financière. Des sociétés comme Tether, Circle, Stripe et PayPal fabriquent des stablecoins/cryptos stables adossées au Dollar US qui sont tout autant programmables et surveillables que les CBDC/MNBC tant redoutées.
Les implications en matière de surveillance sont ici très similaires à celles qui entourent les CBDC/MNBC. Ces entreprises étant déjà profondément ancrées dans des gouvernements connus pour leurs activités de surveillance croissante, les problèmes de confidentialité restent pratiquement identiques. Les stablecoins, avec leur programmabilité, peuvent et seront probablement utilisés aux mêmes fins orwelliennes qui ont poussé les critiques à dénoncer les CBDC/MNBC.
L'approbation par Trump des stablecoins tels le Tether USDT tout en rejetant les CBDC/MNBC révèle une hypocrisie nuancée. Il s'agit pas de rejeter la surveillance numérique ou l'argent programmable ; il s'agit de savoir qui peut les mettre en œuvre. Le secteur public pourrait être confronté à des obstacles juridiques pour contrôler l'utilisation, mais le secteur privé ? Il s'agit de la nouvelle frontière de la surveillance gouvernementale, bien que par le biais d'un gardien différent.
Alors pourquoi ne pas créer une CBDC/MNBC de détail du gouvernement américain ? Il s'agit pas seulement de limitations. Le véritable problème est économique : les États-Unis doivent continuer à vendre leur dette. Les stablecoins, adossés à des dollars, contribuent à alimenter ce système en garantissant que les actifs libellés en dollars continuent de circuler dans le monde entier, soutenant le besoin continu du Trésor américain de financer sa dette par le biais de participations étrangères.
Dans le paysage financier de ces dernières années, les opérateurs de stablecoins sont devenus des consommateurs voraces de bons du Trésor américain, amassant la somme sidérante de 150 milliards de dollars en titres pour soutenir leurs jetons indexés sur le dollar avec un actif libellé en dollars. Ceci a élevé ces émetteurs au rang de 18e plus grand détenteur de dette américaine. Ces entreprises sont pas seulement des détenteurs passifs ; elles collaborent activement avec les autorités américaines dans la chasse aux sorcières financière, en gelant les avoirs de ceux jugés indésirables par l'État.
Prenez Tether (USDT) par exemple ; Howard Lutnick, le PDG de Cantor Fitzgerald, qui gère les actifs du Trésor de Tether, a publiquement célébré leur coopération avec le ministère américain de la Justice. Lutnick s'est vanté : « Avec Tether, vous pouvez nous appeler, et on gèlera ce que vous voulez. » Trump, dans son discours, n'a pas seulement reconnu le rôle de Lutnick ; il l'a pratiquement canonisé, qualifiant Lutnick d'« incroyable » et de « l'un des hommes véritablement brillants de Wall Street ».
La conformité de Tether (USDT) a été démontrée par des actions telles que le gel de 32 portefeuilles liés à des activités terroristes présumées en Ukraine et en Israël en octobre dernier, puis de 225 millions de dollars en novembre à la suite d'une enquête du DOJ (Département de la Justice) sur la traite d'êtres humains. En décembre 2023, plus de 40 portefeuilles figurant sur la liste SDN de l'OFAC (Liste de personnes spécifiquement bloquées telles des terroristes ou trafiquants) du Bureau Fédéral de Contôle des Avoirs Étrangers) ont été également immobilisés par Tether, démontrant ainsi leur volonté d'agir en tant que bras financier de l'application de la politique américaine.
La vision de Trump pour les stablecoins n'est pas nouvelle ; c'est une idée reconditionnée de 2019, lorsque les économistes du FMI l'ont qualifiée de CBDC/MNBC « synthétique » ou sCBDC/MNBCs. Le FMI, l'un des principaux défenseurs des CBDC/MNBC, a fourni un manuel aux banques centrales sur la manière de mettre en œuvre ces monnaies numériques. Leur implication dans le projet eNaira du Nigeria, qui, parallèlement à une politique de démonétisation calamiteuse, a plongé le pays dans l'une de ses pires crises économiques, sert d'avertissement sur ce qui se passe lorsque l'innovation financière rencontre l'excès de pouvoir du gouvernement.
En 2019, Tobias Adrian a écrit un article sur le blog du FMI vantant les « avantages » des CBDC/MNBC synthétiques par rapport à leurs homologues émises par les gouvernements :
« L’attrait des CBDC/MNBC réside dans leur capacité à déléguer le gros du travail à des entités privées : du choix des plateformes technologiques à la gestion des clients, du filtrage et du suivi (sous le couvert de KYC/IVC (Know Your Customer/Identifiez Votre Client) et de LBC/FT (Lutte contre le Blanchiment des Capitaux/Financement du Terrorisme) à la conformité réglementaire et au traitement des données. Ce modèle soulage la banque centrale du fardeau de l’interaction directe avec les consommateurs, se concentrant plutôt sur la réglementation et la supervision du règlement des comptes et sur la garantie que les passifs des émetteurs de monnaie électronique sont bien garantis par les réserves.»
Cet arrangement, en théorie, favorise une dynamique dans laquelle les entreprises privées se font concurrence pour fournir des services de monnaie électronique, en exploitant soi-disant leurs atouts en matière d’innovation et de service client, tandis que la banque centrale maintient la stabilité du système.
Mais soyons pas naïfs à propos de ce « partenariat ». Le monde a pas besoin d’un autre Frankenstein financier où les entreprises privées, sous l’aile du contrôle gouvernemental, acquerraient un pouvoir de surveillance et de contrôle sans précédent. La rhétorique de Trump et de ses pairs pourrait suggérer une résistance aux CBDC/MNBC à part entière, mais il est crucial d’examiner leur alternative : un système dans lequel les entreprises privées pourraient exercer un contrôle similaire, voire plus important, sur nos vies financières.
Alors que les sonnettes d’alarme retentissent pour les CBDC/MNBC traditionnelles en raison de leur potentiel de surveillance et de saisie d’actifs, l’attention doit également se porter sur les sCBDC/MNBCs synthétiques (privées). La privatisation de ces mécanismes de contrôle pourrait conduire à une forme encore plus insidieuse de surveillance financière, où des entités privées, sous l’influence du gouvernement, pourraient dicter les conditions de confidentialité et d’autonomie financières. La voie vers la liberté financière pourrait bien être pavée des bonnes intentions d’un partenariat public-privé qui, en réalité, pourrait servir d’extension secrète du contrôle de l’État.