Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

13 août 2022

649. Babel Oued


Babel Oued 

J'ai essayé d'écrire dans une langue qu'est pas la mienne. Z'avez-vous déjà fait le test ? C'est horrible. Rien ne fonctionne. L'effet est similaire à l'incapacité d'articuler qui accompagne la cuite absolue au chouchen, ou pire, au Jack Daniel, à la différence près qu'il y a une parfaite conscience de la situation de laquelle l'éthylomètre dans le rouge peut facilement vous libèrer. Ce qui sera pas le cas si comme moi, vous buvez du thé à la menthe en tapant sur votre clavier.

Peut-être que ça va vous sembler exagéré si je vous dis que rien, vraiment rien, n'est pareil quand on veut construire un monde avec des mots d'emprunt venus de pétaouschnock ou même d'ailleurs, même s'ils le sont avec des intérêts négatifs comme ceux de la BCE. 

C'est comme si que votre cerveau était délogé de sa cuve et monté sur le corps d'une araignée, puis invité à marcher en ligne droite. Ou comme vouloir jouer au hockey sur glace avec des pompes italiennes aux semelles en cuir de vachette polie. Le vertige que ça me fait me rappelle cet après-midi où, ignorant les recommandations, j'ai dévalé les escaliers d'un quatrième étage, bousculé les voisins, essayant de sortir de l'immeuble avant que le séisme qu'on nous avait promis ne le détruise complètement, comme si je m'en sortirais mieux dehors. 

En sortant dans la rue, étourdi par les cris et les hurlements, je me rends compte que le spectacle dehors est encore plus pire qu'à l'intérieur, même si la menace d'être écrasé semble plus éloignée. La verticale et l'horizontale, qui dans la cage d'escalier maintiennent leur immobilité grinçante, ont cédé. Les bâtiments et les poteaux électriques s'élèvent dans des directions capricieuses en dépit du bon sens. 
L'horizon est comme le baton de guimauve du temps de l'école primaire. Il se tord de douleur au loin, muet et impuissant. J'ai jamais été aussi perdu. Je reste au centre de la rue, allongé ou debout, à chercher les visages qui ne trouvent pas leur place dans ce chaos. 

Cette fois, le vertige et la frayeur ont mis du temps à disparaître. J'espère que ce coup-ci, ils dégageront plus tôt. Pour l'instant, cette petite bêtise à laquelle je viens de m'accrocher me redonne petit à petit le soulagement de me retrouver dans ce lieu inexistant loin de Babel Oued.

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Merci pour votre inconditionnel soutien qui me va droit au cœur
... ainsi que dans ma tirelire
ou
et à très bientôt !
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