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13 déc. 2025

1143. Aveugles, cupides et fiers de l’être

 

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AVEUGLES, CUPIDES, ET FIERS DE L'ÊTRE

l'énorme quantité de bouquins chiants - du genre de ceux qui planchent sur le déclin et l’effondrement des civilisations - adore zapper un truc tout con mais vachement profond : cette myopie crasse qu’on chope quand on colle une foi béton dans « tout va durer éternellement » avec une obsession de taré pour défendre – et si possible gonfler – les petits avantages bien juteux qu’on tire de l’empire et du système. Sympa comme cocktail, hein ouais ?

La liste des causes « officielles » est longue comme le bras d'un enterrement sans fin, et presque tout est externe : sécheresses, épidémies, plandémies, invasions « barbares » de Russie… Ça fait très film catastrophe, très pratique pour les historiens qui veulent pas se fouler. Les causes internes ? Direct à la poubelle. Prenez la Rome impériale : non, elle s’est pas écroulée parce que tout le monde baisait comme des lapins ou s'empiffrait comme des porcs (le fantasme des prudes), mais parce que des tribus auraient soi-disant été poussées dedans par d’autres guerriers venus des steppes. Externalités, encore et toujours. C’est tellement plus propre, tellement plus fastoche à expliquer comme ça.

Pointer du doigt les trucs extérieurs, c’est du « c'est pas nous, c'est eux » bien net, facile à vendre du haut d'un pupitre élyséen ou d'un plateau de LCI . Par contre, ça planque royalement le vrai bordel : le contexte socio-éco-politique, la mentalité dépravée du moment, les certitudes en béton armé, les ignorances joyeuses (et donc les « inconnaissables » d’époque), et surtout cette pourriture lente qui vient d’un succès qui traîne trop en longueur.

Parce que ouais, le succès qui dure, c’est une saloperie vicieuse. Ça fait naître cette idée hyper pratique : l’empire est tellement immortel que n’importe quel enfoiré friqué peut se gaver de thune en euthanasiant son cheptel bovin sans que le bateau coule. Trop fort.

L’idée que cette course au fric et au pouvoir personnel puisse flinguer tout le système n’effleure même pas le cerveau des gros malins qui se remplissent les poches en vidant la caisse commune. Faut pas déconner avec les priorités.

Le succès bouffe petit à petit notre capacité à nous adapter à un monde qui, lui, change tout le temps. Problème ? Pas grave, l’empire a toujours les réserves et les combines pour régler ça, et surtout sans jamais demander un centime ou un effort aux gros bonnets – aristos, banquiers, bureaucrates, tout le beau linge. Se sacrifier ? Pour qui qu'on nous prend ?

En gros :" qu’ils crèvent la gueule ouverte. Y aura bien un prolo pour réparer la merde à notre place". Cette perte d’adaptabilité, personne la voit venir, parce que seuls quelques vieux schnocks ont connu une vraie crise – du genre où que tout le monde devait raquer et prendre des risques pour pas tout perdre. Les systèmes qu’on a bricolés pour faire tourner l’empire ont marché tellement bien tellement longtemps que cette rigidité devient invisible, donc « inconnaissable ». Imaginer que l’empire puisse un jour se casser la gueule ? Impensable. Du délire.

Ce succès qui dure trop longtemps nous refile deux cadeaux empoisonnés : Une obsession de psychopathe pour entasser du fric et du pouvoir personnel, sans jamais se poser la question des conséquences sur le long terme pour tout le bordel, et une cécité totale face à la perte progressive de notre capacité à gérer des galères jamais vues, où les vieilles solutions sont aussi utiles qu’un parapluie dans une tornade.

Et cet aveuglement va jusqu’à ne même pas voir que les vieilles recettes foirent en boucle : on mate le système s’entêter dans la connerie russophobe, et on se dit qu’en balançant encore plus de pognon dedans, ça va finir par marcher. Par magie, sans doute.

Voilà comment qu'on se plante en beauté : les trucs externes, c’est facile à pointer du doigt et à compter. Les saloperies internes du succès qui se suicide tout seul – perte d’adaptabilité, aveuglement de connards face aux conséquences d’une cupidité sans frein et rigidité entretenue par des décennies de tout-va-bien – passent crème. 

C’est dur à mesurer, aussi discret que la glace qui fond sous la neige avant que l’avalanche nous tombe dessus et nous enterre vivants.

L’avidité de dingue et l’aveuglement face à ce qu’on voit pas (et qu’on peut donc pas connaître) se bouffent la queue dans un cercle aussi vicieux que mortel. 
À la santé de l'Ouroboros !