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18 oct. 2022

677. Pour le plus grand bien


Pour le plus grand bien

"Je me barre !
- A-A-Attends, Bernard,"  Robert se précipita pour l'empêcher de quitter le bureau, "T-Tu peux pas juste démissionner comme ça."

Bernard ne se tourna même pas vers son futur ex-patron qui trébucha à côté de lui, "Je peux et je viens de le faire.
- D'accord, d'accord -attends juste une minute," Robert s'avança devant lui, une main sur sa poitrine, " Une petite minute, s'il te plait, juste une -" il inspira "- Explique-moi, allez Bernard, c'est moi… "

Bernard soupira puis regarda l'irritation qui prévalait dans ses yeux. "D'accord… Bien, parlons un peu alors."

Robert faillit faire un salto arrière en entendant ça. Il accompagna Bernard jusqu'à son bureau, échouant à cacher le saut dans sa démarche. Les autres exorcistes regardaient par-dessus les cloisons de leurs box et se laissaient glisser chaque fois que Bernard leur lançait un regard malveillant. 
Il y avait des rumeurs qui circulaient qu'il allait démissionner, ils les entendaient depuis quelques semaines maintenant, mais personne n'avait jamais cru que ce jour viendrait. Ils étaient tous des exorcistes, des guerriers dans une bataille constante contre le mal. 
Tout le monde parlait de démission, même le concierge menaçait de le faire presque chaque semaine. C'était leur rituel, ça faisait partie du travail. Personne n'y croyait, pas plus qu'ils ne croyaient que les fantômes et les démons développeraient soudainement une conscience et cesseraient d'envahir la terre des vivants.

Même s'ils croyaient que quelqu'un démissionerait de temps en temps, ça ne pourrait jamais être Bernard. Bernard, de toutes les personnes ? Le démon vivant ? Bernard, l'homme qui avait renvoyé Satan aux Enfers ? Le plus grand exorciste du monde ? Pourquoi diable voudrait-il démissionner ?

Les deux entrèrent dans le bureau, Robert s'assit et regarda les photos sur son bureau ; deux de lui et son chien et une autre de lui et de sa femme devant un champ de citrouilles. Le Démon Vivant choisit de se lever. Cela ne prendrait pas longtemps.

"D'accord, alors qu'est-ce que tu as en tête ?" Robert se versa une tasse de café, il n'avait pas l'intention de la boire mais il voulait garder ses mains occupées, mieux valait ne pas les laisser trembler à un moment comme celui-ci et tout le monde savait que des mains qui s'ennuient sont le jouet du Diable. " La porte est fermée, ce sont tous des fouille-merdes mais tu peux être honnête avec moi, personne n'en saura rien.
- J'arrête, terminé, ras-le-cul, je démissionne," soupira Bernard, " je sais pas comment te le dire autrement, je peux aussi te le dire en langue infernale si ça peut t'aider.
- N-Non, non, j'ai pigé cette partie, ce que je veux savoir, c'est pourquoi ?
- Qu'est-ce que tu veux dire pour-
- Merde, Bernard, tu vois ce que je veux dire, pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? C'est quoi le fond du problème ? De quoi as-tu besoin pour rester, que te faut-il ?
- Robert… Est-ce qu'on doit revenir sur tout ça ? Tu le veux vraiment ?  Maintenant ?
- Bernard," Robert se leva, "Bernard, nous nous connaissons depuis que nous avons commencé dans ce putain de trou, nous nous sommes regardés monter et descendre, nous étions - nous sommes une équipe…", il mit une main sur l'épaule de Bernard : " Qu'y a-t-il de si grave que tu ne puisses pas me parler ? À moi, ton ami, ton complice, ton frèrot. C'est les horaires ? Tu veux travailler plus ? Moins ? Est-ce la taille de ton box ? Penses-tu avoir droit à ton propre bureau, parce que tu le mérites et nous pouvons t'arranger ça. Est-ce l'argent...
- Non, bon Dieu, Robert ! " Bernard retira sa main. " C'est pas le pognon, c'est pas le bureau, c'est même pas toi ou quelqu'un d'autre ici.
- Alors c'est quoi-
- C'est moi, Robert... c'est moi."

Robert trouvait plus les mots : " Je- je- je ne comprends pas, a-es-tu malade, euh, o-ou as-tu été maudit ? Quelque chose te hante, quelque chose de puissant ? Qu- 
- Regarde-moi, Robert," Bernard le saisit par les épaules, " Regarde-moi et dis-moi qu'est-ce tu vois ?
- Je-je te vois toi," répondit-il, le plus connement du monde, "je vois Bernard, mon ami, je vois le Démon Vivant, le plus grand...
- Non, regarde au-delà de tout ça et dis-moi qu'est-ce tu vois ?
- Oh putain, Bernard ! Me parle pas comme si que j'étais un gamin qui adore les devinettes, je sais pas, je vois un mec je suppose !" Il s'arrêta pour reprendre son souffle, "Je suis désolé d'avoir crié, c'est juste que-
- Je ne suis qu'un mec, Roger," reprit Bernard, " Je ne suis pas le plus grand exorciste qui ait jamais vécu, je suis pas le démon vivant, je suis pas l'homme qui a renvoyé Satan dans ses pénates, je ne suis qu'un homme , un vieil homme.
- V-Vieux ? Diable, t'as bien dit vieux ? " La confusion se lisait sur son visage, " Ne parle pas comme si tu étais un vieillerie de quatre-vingt-dix balais, tu n'as que quarante-cinq ans -
- Me balance pas cette merde de 'quarante-cinq ans' comme si j'étais un vieil excentrique sénile dans un fauteuil roulant, Robert," Bernard piétina jusqu'au fond de la pièce puis revint sur ses pas, " Je suis vieux, je te dis, je suis un putain de vioque ! Arrête, laisse-moi finir," Bernard leva la main, " Et ce vieil homme a des gosses, tu le savais ça, mon pote ?" 

Le regard stupéfait sur le visage de Robert était une réponse suffisante: " Tu connais ma femme ? La poulette chérie en détresse, celle avec qui tout héros fait l'amour à la fin de sa grande aventure ? Eh bien, elle a vieilli elle aussi et elle a des gosses, deux qu'elle en a, Gaby et Raphaël.
- Je suis désolé, je-je savais pas-
- Treize et neuf ans, des enfants et une femme, et sais-tu ce qui leur passe par la tête quand ils me voient partir au boulot ? Aller exorciser des démons et des monstres toute la journée ? Ils ne pensent pas à quel point c'est cool que leur père soit le démon vivant, ou à quel point c'est génial que son mari puisse combattre des créatures maléfiques de l'enfer toute la journée; ils pensent au jour où je rentrerai pas à la maison, au jour où je mourrai en me battant pour le plus grand bien de tous ". La rage se lisait sur le visage de Bernard, des années de rage refoulée. " Je veux être avec ma famille, Robert, je veux voir grandir mes gosses, je veux pouvoir me réveiller et prendre mon petit-déj avec ma femme, je veux pouvoir aller faire les courses avec ma famille et choisir ce que nous allons préparer pour le dessert, bordel, j'ai pas assez travaillé pour ça ? Je me fiche que le diable lui-même revienne pour conquérir le monde, laissez quelqu'un d'autre être le nouvel héritier démon !"

Le visage de Robert vira soudain au vinaigre : " Tu t'en fous ? Tu t'en tapes ? Tu as les capacités, nous avons de la magie pour l'amour du ciel ! Et avec beaucoup de pouv– 
- Oh arrête tes salades," se moqua Bernard, " Arrête avec le grand pouvoir qui amèn-
- Non ! Tu as eu ton tour et maintenant c'est le mien". Furieux, Robert claqua sa main sur le bureau, fit claquer sa main gauche, puis se leva, " Je sympathise avec toi Bernard, vraiment, et tu sais pourquoi ? Tu sais pas que j'ai une femme aussi ?" Il arracha le portrait de lui et de sa femme enceinte devant un champ de citrouilles et le tint devant le visage de Bernard: " Tu te souviens de Lucie, ouais eh bien nous nous sommes mariés, et tu sais qui c'est qui a ignoré l'invitation et qu'est même pas venu à notre mariage ? Ben c'était toi, mon pote !" 
Il jeta le cadre sur le bureau, " Alors désolé si je verse pas une rivière de madeleines ou un torrent de larmes pour ton problème familial mais j'en ai un aussi, mais tu sais ce qui nous rend différents ? Je sais ce qu'il faut faire, je connais les sacrifices que certains d'entre nous doivent faire "

Une aura verte émanait du corps de Robert. " Je sais que si nous ne sortons pas et ne combattons pas le mal tous les jours, alors quelqu'un va souffrir, ou mourir, ou devenir fou, ou quoi que ce soit entre les deux. Tu penses que j'aime faire ça ? Tu penses que j'aime ce qu'on fait ? Me battre tous les jours, rédiger des rapports de blessés, rentrer chez moi dans un état pire que la veille ? Sûrement pas ! Mais nous le faisons parce que c'est pas tout le monde qui peut le faire, nous sommes tous ceux qui se tiennent entre des innocents et les démons de l'enfer." 
Les yeux de Robert commencèrent à s'illuminer d'une brillance verdâtre. " Et tu veux arrêter parce que tu es fatigué ? Parce que tu es vieux ? Bien alors vas-y, dors bien la nuit en pensant à toutes les vies qui sont entre tes mains, à toutes les familles qui ne seront plus là parce qu'elles attendaient que le Démon Vivant vienne les secourir !
- Alors là, c'est le pompon sur la cerise du cocotier, tu ne peux pas me convaincre alors tu vas me culpabiliser pour que je reste ici et que je meure avec le reste d'entre vous ?" Une aura rouge entourait désormais Bernard, " Et où que t'étais ces cinq dernières années ? Assis dans ton bureau confortable ? Envoyant tous les autres mourir pour la cause ? Ça doit être horrible de rentrer à la maison avec une crampe au poignet ou une tendinite à force de gribouiller toute la journée, ou ton pauvre dos courbaturé à force d'être assis sur le cul pendant qu'on est en train de mourir, pauvre petit innocent !
- Pour ton info, je suis assis ici à me battre pour notre existence ! Tu penses que le gouvernement est content de ce que nous faisons ? Tu penses qu'ils sont chiants pour nous laisser courir en lançant des sorts partout ? ! Ils veulent que nous partions ou que nous soyons sous contrôle, et je me suis battu becs et ongles pour nous garder indépendants", Roger se rapprocha de Bernard, " Pour nous garder en sécurité, comme tu devrais le faire !
"Tu n'as jamais pensé que peut-être," Bernard se rapprocha lui aussi, "que nous ne devrions même pas exister ?
-  Tu veux me répéter ça ? " Ses yeux flamboyaient de colère, " Dis-le un peu plus fort pour que tous ceux qui ont été tués ou torturés par un démon puissent t'entendre.
- Tu bosses dans ton bureau toute la journée, je suis sûr que tu lis les analyses," les yeux de Bernard se rétrécirent, "ça empire et ça va continuer à empirer, Robert, même toi, aussi têtu que tu sois, tu dois le voir, ils ne deviennent pas plus forts pour le plaisir… les démons, les fantômes, les monstres, même le diable lui-même… ils veulent se battre, ils veulent continuer cette guerre… ils veulent le défi, ça les excite.
- Est-ce que ça change quelque chose ? Nous continuons à devenir plus forts, nous continuons à nous battre, nous continuons-" Robert s'interrompit et jeta les yeux au plafond. Nous ne sommes que des hommes, Robert, nous sommes des humains, nous vieillissons, nous devenons lents et nous mourons, ils vivront pour toujours et un jour ils gagneront. C'est une guerre que nous sommes destinés à perdre, d'une manière ou d'une autre.
- Si nous abandonnons, ils gagneront". L'aura de Robert se mit à grandir, envahissant la pièce, " Tu ne peux pas croire qu'ils abandonneront simplement quand ils réaliseront que nous voulons arrêter de nous battre, tu ne peux pas être aussi naïf après tout ce que tu as-
- Après tout ce que j'ai fait ? Et qu'est-ce que j'ai fait ? Le visage de Bernard s'assombrit : " Tout le monde parle de moi comme si que j'étais un saint tueur de démons, mais qu'est-ce que j'ai fait réellement depuis que j'ai banni Satan ? Enlève ça et ma carrière n'est pas plus excitante qu'une recrue moyenne, non seulement je suis lessivé, mais je suis rincé depuis plus de vingt ans". L'aura de Bernard s'estompa, " Je sais que quelque part tu as raison, mais je… je m'en fous, Robert, peux-tu essayer de comprendre ça ? S'il te plaît ?"

Puis il se tut, son aura de nouveau en plein essor.
" Je ne peux pas faire ce travail quand je peux pas me résoudre à faire passer les victimes en premier, je ne peux plus faire le strict minimum", Bernard posa ses mains sur les épaules de Robert et sanglota contre sa poitrine, " Je suis désolé , mon pote, je le suis vraiment, m-mais j'en peux plus, je pense plus à les sauver, tout ce à quoi je pense c'est de m'assurer que je rentre chez moi avec ma famille… je-je les ai laissés mourir, Robert," Bernard leva les yeux, " Sais-tu ce que ça fait de savoir que j'ai laissé des gens mourir, juste pour sauver mes propres fesses ? Ça fait mal ! Bon sang, ça fait tellement mal… mais je le referais, et encore, autant de fois que nécessaire si ça signifiait que je pourrais à nouveau rentrer chez moi avec ma Sylvia.
- Alors ne le fais pas pour les victimes, Bernard, fais-le pour ta famille," Robert posa une main sur la tête de Bernard, " Penses-y comme un endroit plus sûr pour ta femme ou tes enfants, penses-y comme si ça les rendait fiers, sûrs qu'ils ne l'apprécieront peut-être pas tout de suite, ils pourraient même le détester, mais un jour ils regarderont en arrière et sauront que tu as fait ce qui était le mieux, ils sauront que tu étais un héros.
- O-Ouais..." Bernard recula, "Peut-être que tu as raison, je-je viens de...
- Bien sûr que j'ai raison, Bernard, tu dois juste me faire confiance, comme je t'ai fait confiance toutes ces années," sourit-il, "Pourquoi que je te mentirais ? Je suis ton ami Bernard, si tu ne peux pas me faire confiance, alors qu'est-ce qui nous reste ?
- Je sais que je le devrais, c'est juste que... je n'arrive pas à me sortir de la tête cette pensée à propos de ma famille à mes funérailles, ça me hante," Bernard s'essuya les yeux, " Les démons le savent aussi... ils me narguent, ils me mettent des cauchemars dans la tête, ils… ils me montrent des visions de Sylvia penchée sur mon corps mutilé et hurlant… de mes enfants pleurant parce qu'ils ne me reverront plus jamais…  
- Crois-moi, Bernard, c'est dur mais un jour ils comprendront, nous devons le faire, nous ne pouvons pas nous arrêter." Il frotta doucement l'arrière de la tête de Bernard, comme un père le ferait avec son fils, " Le plus grand bien, Bernard, c'est pour ça qu'on fait ça, t'inquiéterais-tu plutôt de rentrer à la maison avec un démon qui ravage ta famille ? Leur faire des choses indescriptibles ? Est-ce que cette pensée te fait te sentir mieux ?
- Je… N-Non… ça ne marche pas…. Je-je suppose que tu as raison...
- Bien sûr que j'ai raison, pourquoi ferais-je quoi que ce soit pour te blesser ? Pourquoi je ferais ça ? Tu me connais, Bernard," sourit-il délicatement, bien que ça eut l'air un peu forcéforcé. " Nous serons ensemble jusqu'à la fin, mon pote.
- Ouais, je suppose," sourit Bernard, " jusqu'à ce que la mort nous sépare..." le sourire s'estompa aussi vite qu'il est venu, "N-Non, Robert, je peux pas, je peux pas le faire, je dois y aller, j'ai besoin de rentrer chez moi, avec ma famille." Bernard s'éloigna," Je peux pas continuer à faire cette danse de la mort, vouloir partir mais me convaincre de rester, j'en ai fini, Robert, je suis désolé mais je me barre."

Robert émit dans un petit rire, " Merde, c'est con, je t'avais presque eu cette fois," il agita son doigt vers lui.
"Qu'est-ce que tu me-"
Robert se précipita en avant, son aura rétrécie et concentrée autour de son bras gauche tandis qu'il tendait la main vers l'avant. Bernard se baissa puis posa un poing sur son côté, mais il n'était pas en phase. La main de Robert imprégnée de magie attrapa le visage de Bernard, l'index et le pouce contre ses tempes.
" Vade retro !" L'aura courut du bras de Roger dans la tête de Bernard, virant les yeux de ce dernier au bleu, "Memoria Revisio".

Robert lâcha prise et Bernard trébucha en arrière, se cassant presque la gueule sur le carrelage. Il y eut un moment vide où ni l'un ni l'autre ne bougea un muscle, se contentant de se regarder en chiens de faïence. Bernard regarda autour de lui, une confusion subtile se lisant sur son visage, puis sa main agrippa sa poitrine. " Le démon a dû me jouer un tour, je me souviens même pas d'être venu ici aujourd'hui." Une nouvelle aura lui traversa le corps, " Je me sens mieux maintenant, mais je ferais mieux de vérifier d'abord avec mon toubib, de telles diableries doivent laisser des traces.
- Ouais, juste content d'avoir extirpé le dernier avant que tu ne rentres chez toi," se marra Robert, "Tu devrais te replonger dans tes grimoires, mon pote, peut-être faire quelques tractions aussi, tu vieillis,  mec.
- Je m'en sortirai ", s'étira Bernard, " Je ferais mieux de rentrer à la maison alors, Sylvia a des lasagnes qui m'attendent.
- J'ai compris, si tu te sens bizarre, appelle-moi et je serai là pour toi immédiatement," Robert fit claquer ses doigts.
" Pas de problème," Bernard était sur le point de fermer la porte derrière lui quand il s'arrêta brusquement. Il ne bougea pas, il regarda devant lui ; perdu dans ses pensées. Robert se figea et faillit renvoyer son aura, mais Bernard se retourna et lui sourit:Merci encore, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, mon pote, ensemble jusqu'à ce que la mort nous sépare"

Robert lui donna un moment, puis tomba sur sa chaise, laissant échapper un soupir de soulagement extrême, " Bon sang... le sort commence à s'estomper de plus en plus vite, il ne l'a presque pas chopé cette fois." Il tint sa paume ouverte et une orbe d'aura rouge apparut, même si elle était faible et frêle, " Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir continuer comme ça, bon sang..."

Son téléphone sonna. Il le laissa sonner plusieurs fois, le son dur le détendit. Il décrocha à la huitième. C'était le poste de police local qui demandait combien d'exorcistes l'Inquisition, leur compagnie, pouvait envoyer immédiatement. Trois démons avaient attaqué la bibliothèque locale et retenaient des otages, une vingtaine, principalement des enfants. Ce qui pouvait se passer là-bas dedans était une pensée dont il ne voulait pas en ce moment, même si quoi que ce soit, cela ne le surprendrait probablement pas. S'attendre au pire était devenu une seconde nature pour la plupart des exorcistes.

Robert accepta d'envoyer dix de ses meilleurs hommes - à l'exception de Bernard - qui pourraient être là dans les dix minutes; l'entreprise était connue pour ses téléporteurs. L'appel téléphonique se termina et il laissa échapper un soupir encore plus grand.

Le cadre qu'il avait jeté plus tôt attira son attention. Il le tenait, esquissant un sourire tandis qu'il regardait le visage de sa femme. Le sourire s'estompa et il claqua des doigts. Elle lui revint, seule, " Pour le plus grand bien, Robert… pour le plus grand bien…"

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