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10 nov. 2025

1133. Anubis : Déni d'au-delà

 

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ANUBIS
Déni d'au-delà

Dans les abysses du désert, où le sable avale les secrets comme un amant jaloux, une ombre solitaire glisse, presque effacée par l'horizon vorace. Seuls ses pas hésitants, ces murmures traîtres contre le sol, trahissent son existence. Enveloppé de haillons fantomatiques, maculé d'ocre sanglant et rongé par un soleil impitoyable, il fusionne avec les dunes, un spectre errant dans l'oubli éternel. 

Anubis, tapi dans l'antre froid d'un éperon rocheux, laisse sa langue de chacal pendre comme une lame assoiffée, cherchant un souffle de miséricorde dans l'air étouffant. La fournaise de midi pèse sur lui comme une malédiction divine, un manteau de feu qui colle sa peau nue aux rocs impitoyables. Ses doigts, écartés comme des serres affamées, fouillent les ombres fugaces du sable, capturant ces illusions de fraîcheur. Préparé aux caprices des sables maudits, il puise avidement dans les outres sombres pendues à sa ceinture, un nectar volé aux sources interdites. Ce jour-là, le désert n'est pas un allié, mais un geôlier aux chaînes invisibles. Un soupir rauque s'échappe de sa gorge, et il secoue sa tête bestiale. Les faux pas de l'homme l'ont englouti derrière la dune suivante, un mirage moqueur. 

À regret, Anubis se dresse, empoigne sa lance courbe – une faux forgée dans les os des damnés – et s'élance dans la lumière traîtresse. La chasse à cette âme rebelle le ronge déjà, un poison lent dans ses veines immortelles. Dès que les rayons acides mordent sa chair, une résolution funeste s'éveille en lui : il est temps de hâter l'inévitable, de tisser le filet plus serré autour de sa proie. Du haut de ses membres élancés, Anubis fend les dunes comme un vautour planant sur des tombes oubliées, effaçant en un clin d'œil la distance qui le séparait de son fuyard. Sa stature colossale, tour de force des dieux, écrase les mortels comme des insectes sous une semelle divine ; elle instille la terreur, ploie les volontés, les attirant dans l'abîme avec une promesse de puissance illusoire. 

Convaincre les âmes que l'heure a sonné... voilà le vrai supplice, ce voile d'illusion qu'il doit percer. Vêtu d'un kilt de lin spectral, de sandales usées par des millénaires de pas maudits, son torse nu ne porte qu'un collier vorace, un serpent d'or et de gemmes qui rampe jusqu'à ses épaules, brodé de mystères interdits. Une capuche lourde voile sa nuque, pesant sur ses oreilles acérées comme un linceul prématuré. La fourrure courte de son crâne et de son museau le démange, un tourment futile pour un être éternel, mais la mission l'exige : l'apparat du juge implacable. 

Il avance donc, endurant le feu céleste et le poids de ces oripeaux, persuadé que l'énigme de cette traque s'achèvera bientôt dans les ombres du Douât. À l'apogée impitoyable du midi, Anubis fond sur sa cible. Le misérable s'est effondré, une marionnette aux fils coupés. Le dieu projette son ombre allongée comme une faux sur le dos tremblant de l'homme, qui rampe à quatre pattes, un ver dans la poussière. Comme dans un rituel ancestral, les yeux voilés de l'agonisant se lèvent, et la vision du visage canin, silhouette noire ciselée contre le sable incandescent, brise son esprit. Ses épaules s'affaissent, vaincues par l'inéluctable. Le théâtre de la mort exige son entrée en scène.

" Mais je n’ai pas encore fini…" siffle l'homme d'une voix écorchée, un murmure porté par le vent des regrets. 
" Si c'était le cas, vermine, je ne serais pas ton ombre fidèle ", rétorque Anubis, tendant une main griffue comme un piège tendu. " Prends-la, ou crève seul dans l'oubli."

L'homme, dans un sursaut de folie, roule sur lui-même, ignorant les doigts griffus du dieu de la mort tendus vers lui et se hisse, chancelant comme un ivrogne maudit. 
" Non ", crache-t-il avant de reprendre sa marche, les pas plus assurés, défiant le destin d'un ricanement muet. 

Anubis se fige, son museau frémissant de rage, ses babines retroussées en un grognement bestial. Il tolére les caprices des jeunes âmes, des blessés fulgurants ou des pestiférés hurlants. Mais ça ? Une évidence moqueuse. Pourquoi cet acharnement contre l'inévitable ?
" Ouvre tes yeux chassieux ! " tonne-t-il, sa voix roulant comme un tonnerre assourdi par les dunes. " Regarde ce néant ! Quelles cartes caches-tu dans ta poche trouée ?
- Mieux vaut ce vide que ton étreinte puante, charognard ! " lance l'homme sans daigner pivoter, son ton acide comme du vinaigre sur une plaie ouverte.

Anubis bondit en avant, soulevant des tourbillons de sable ardent, barrant le chemin comme un mur de chair et de fureur. Il découvre ses crocs jaunis et aboie, un éclat primal qui fait vibrer l'air. " Rends-toi, larve humaine ! Ton sablier est vide. Suis-moi chez Osiris, qu'on pèse ton cœur pourri et qu'on achève cette comédie pathétique !
- J'aime pas me répéter, sale clebs : pas encore fini mon taf, toutou." L'idiot tousse, un filet de sang séché craquelant ses lèvres, mais son regard luit d'un feu insolent. Il contourne le dieu-chacal d'un pas narquois et s'enfonce dans les dunes infinies, la tête haute, revigoré par son propre venin. 

Anubis reste planté là, yeux rivés sur l'horizon vide, ses griffes étreignant la lance jusqu'à ce que le bois gémisse. Il la fait tournoyer, incisant des runes maudites dans le manche, tandis que des jurons contre Amon-Râ bouillonnent dans sa gorge comme un poison. Pourquoi cette farce cosmique ? Pourquoi les mortels devaient-ils consentir à leur propre fin, comme si leur âme était un trésor à quémander ? Absurde, ce décret des cieux, un piège tendu aux immortels eux-mêmes.

Refoulant l'envie furieuse de transpercer le dos voûté de cette loque, d'abréger la bouffonnerie d'un coup net, Anubis opte pour un venin plus subtil. Il se glisse aux côtés de l'homme, léger comme un fantôme affamé.
" À mille coudées du Nil, il n'y a que des abîmes de sable et des pics qui saignent la pierre", murmure-t-il, feignant la sagesse d'un oracle bienveillant. " Retourne en arrière, et tes bourreaux te saigneront pour tes péchés enfouis. Devant ? Le néant. Où fuis-tu, sinon dans mes griffes ?
- Je l'ignore encore, mais un mensonge de plus de ta gueule puante ne changera rien. Vous, les dieux, vous noyez le monde dans vos tromperies !
- Allons, je palpe ton deuil comme un ulcère frais. Mais tu es prince de sang divin ! Comment un pharaon s'élève-t-il sans nos murmures dans l'ombre ? Tu agonises, oui, mais par ta faute, insecte ingrat. Nous t'avions couronné d'espoirs... Hélas, le vin tourné n'inspire que le mépris." Sa voix suinte une tristesse factice, un baume empoisonné. " Pourquoi traîner cette agonie ? Viens. Ton cœur sait la vérité. La paix t'attend... ou l'oubli éternel.
- Non, car c'est toi, le vrai démon, que je tiens pour bouc émissaire !" 

L'homme accélère, ses pas claquant comme des gifles.

" QU'IL EN SOIT AINSI ! " hurle Anubis, sa voix un coup de fouet divin. " Je hanterai ce purgatoire jusqu'à ce que tu t'effondres, et ton âme sera mienne, malgré tous tes couinements ! Sache que chaque heure volée à moi condamne d'autres spectres à l'errance ! "

Un frisson trahit l'homme, un hoquet dans sa foulée titubante. Il masque vite ce tressaillement, mais Anubis le flaire, ce faible écho d'humanité. Un levier parfait pour briser la comédie. Un rictus cruel ourle ses lèvres... qui se tord en une grimace quand la réplique fuse. " Tes leçons puent le chenil, cabot. Ton empire divin s'effrite, et je danserai sur ses ruines."

Le crissement sadique du sable sous la pointe de la lance est son unique opium. Des jours entiers, il a marché en spectre silencieux aux côtés de cet âne têtu, enfonçant sa griffe dans le sol pour compter les grains du temps, chassant les mouches voraces, sautant de rocher en rocher comme un damné en sursis. Le plaisir fugace ? Laisser la sueur de son outre couler sur son museau, un nectar interdit sous les yeux caves de l'ex-prince, guettant la jalousie qui ronge sa gorge sèche. Mais rien : un regard détourné, et la marche reprend, un calvaire sans fin.

" Ta lignée est poussière, maintenant", susurre Anubis le soir suivant, alors qu'ils grelottent autour d'un feu rachitique, nourris de brindilles spectrales et de racines amères. " Seul au monde, un fantôme sans écho. Même si tu franchis ce mirage, à quoi bon ? Une existence vide, un trône de cendres ? "

L'homme fixe les flammes mourantes, muet comme une tombe scellée. Son corps se consume de l'intérieur ; peut-être sa langue s'est-elle enfin tordue de vérité. Parfait.

" Ton frère chéri te maudirait de persister." persiste Anubis. " Le trône l'attend, sans le poids d'un traître pour frère. Plus simple, plus pur... sans ta souillure." Anubis plante cette dernière banderille, savourant le silence.
" Mon frère a plus de noblesse sous un ongle que toi dans tes tripes ", marmonna le gueux entre ses dents grelottantes, un éclat de fiel dans la nuit.

Au lever du soleil, une lame de lumière aveugle tranche les dunes, un présage funeste. Anubis épie l'horizon miroitant avec un frisson interdit, tandis que le disque ardent grimpe dans le ciel, inexorable. Sa proie a déjà entamé sa procession matinale, dans le baiser froid des ténèbres résiduelles. Il se délecte du spasme de l'homme quand la muraille de feu s'abat, carbonisant le sable sous leurs pieds en un tapis de braises.

" À la nuit noire, la frontière de Madian t'engloutira. Franchis-la, et le Douât te fuira – perdu pour nous, errant dans les limbes sans nom." Un mensonge ciselé d'Anubis, une ombre jetée sur le chemin.
" Ce serait la seule grâce de ton panthéon pourri", riposte l'homme, un sourire spectral sur ses lèvres gercées.

Anubis grince des crocs, sa patience fondant comme cire sous la flamme. Des âges pour rattraper les âmes vagabondes qu'il avait négligées, tout ça pour un dément en haillons ! Assez. La rage bouillonne. " Te prends-tu pour un titan, vermine ? Tourner le dos à l'Égypte sans que les sables te recrachent ? Tu te noies dans ton propre fiel ! Pour quoi ? Une crise de mioche gâté, parce que le destin t'a giflé ? Imbécile couronné ! Tes hurlements sont du vent ; ta fin, un vide hurlant. Rends-toi. Libère-nous de ta farce, et crève en paix !
- Tu n'y vois que dalle, hein ? " murmure l'homme d'une voix râpeuse comme du gravier. " Pas de ta faute, les dieux sont aveugles aux souffrances qui ne saignent pas de l'or. Ce n'est pas ma carcasse qui m'acharne. Ma douleur ? Un grain de sable face aux océans de misère que j'ai semés. Ce périple m'a ouvert les yeux : j'ai bien fait, malgré le chaos. Pourquoi étais-je si sourd, avant ?
- Tes sornettes me gonflent, vermisseau", grogne Anubis, la voix vibrante d'impatience. " Si la paix te chatouille, file chez Osiris et dégage de mon sillage. On passe tous à la suite.
- Ni Osiris, ni ton Amon-Râ ne m'auront. Je ne suis pas ta marchandise.
- Tu la seras, charogne", siffle Anubis, ses yeux luisant comme des braises. " Le temps est mon allié, pas le tien. "
- Mon fil se tisse ailleurs, chacal."

Et il avance, pas après pas, une procession funèbre vers l'inconnu. La nuit voile le monde, et Anubis serre sa lance, tentant d'imaginer le sang jaillissant, libérant leurs âmes captives. Mais les règles d'Amon-Râ sont des chaînes forgées dans l'éther ; les briser, c'est invoquer l'abîme. L'échec le ronge : si ce fou survit, ce ne sera qu'un délai, un affront à son orgueil divin. Laisser un mortel douter d'un dieu ? Une tache indélébile.

" Comment oses-tu ramper encore ?" lance-t-il, moqueur. " Tes pieds suintent le pus, ta peau cloque comme chair maudite, ta gorge gratte comme un cri étouffé. Ton corps te vend aux vers.
- Garde tes dissections pour les tombes vides, sale goy", rétorque l'homme." Si tu n'as pas capté l'évidence, dégage de mon ombre.
- Je hante tes pas, et ton âme finira dans ma gueule quand tu t'effondreras." Le grognement d'Anubis roule comme un écho funeste. Le silence s'abat, épais comme un linceul. Les heures s'étirent sous un ciel sans pitié, le soleil traçant sa voie de feu. Anubis endure : l'ennui le dévore plus que la soif, le sable irrite sa fourrure trempée, un tourment égal à la brûlure céleste. 

Puis, surprise : la voix de l'homme fend l'air, un dard inattendu. " Tu t'en rends compte au moins que t'es qu'un larbin en collier ?
- Quoi ?! " Anubis s'immobilise, ses orteils griffant le sable comme pour y ancrer sa fureur.
" Ramasseur d'âmes, un boulot de chien galeux ", ricane l'humain, ses yeux caves pétillant de malice. " Je t'ai vu : pas de joie dans tes crocs. Comme les serfs que j'écrasais jadis... non, pire : un toutou qui bave pour un os divin. Bouclé dans ta boucle infernale. L'immortalité, c'est juste une prison dorée, hein ? Ça te ronge, de savoir que le manège tourne sans fin ? "

Anubis pile net, enfonçant ses griffes dans le manche de sa lance jusqu'à ce que des éclats de bois pleuvent. Sa lèvre se retrousse, dévoilant un arsenal de crocs. " Je suis un dieu, vermine. Ton maître. 
- Non, t'es une bête en cage, et ton crépuscule approche, chacal." 

La réprimande claque, un fouet sur sa chair divine. Ça suffit. La rage explose. Anubis brandit sa lance, la lame scintillant comme un serment brisé sous le soleil assassin. Fini de jouer. Mieux vaut l'exil éternel que supporter une seconde de plus cette plaie ambulante, cet entêté arrogant... 

Un rire lointain, porté par le sirocco, tranche ses pensées. Des humains. L'homme l'entend aussi, ses prunelles s'écarquillent, son souffle se brise. Anubis suit son regard : des silhouettes féminines, un puits béant creusé dans la terre comme une promesse maudite. Ses bras retombent, la lance molle. Échec. Un gouffre s'ouvre en lui.
Tandis que la loque rampe vers l'oasis illusoire, Anubis balaie les dunes d'un œil acéré. Coïncidence ? Non, un caprice des sables. Mais sa vue perçante, don des dieux, perce le voile : quarante ombres approchent, des âmes noires comme la nuit du Douât. Des voleurs, des bourreaux, des tueurs nés. Un sourire carnassier étire ses babines. Tout n'est pas perdu. Il attend, et d'une voix mielleuse de triomphe voilé, il crie : " Bravo, Moïse. Tu m'as glissé entre les griffes... pour l'instant. Savoure ton sursis. Mais un jour, ton pas chancelant te mènera droit à moi, et je savourerai ton festin."

L'homme s'immobilise, silhouette brisée contre l'horizon, sans un regard en arrière. " Ton joug sur moi ? Déjà en miettes, démon. Tu titubes dans le noir, c'est tout.
- Est-ce un pari, mortel ? On verra qui rira le dernier. Je ne mise jamais sur les ombres !" Anubis ricane, masquant son extase venimeuse.

Moïse titube vers son mirage, et Anubis pose son cul sur le sable vorace. Il peut bien attendre. Quelques grains de son sablier, et le spectacle s'achèvera en apothéose sanglante. Pour un dieu, le temps n'est qu'un jouet... et la vengeance, un doux nectar.

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4 nov. 2025

1132. Loi Naturelle et Autorité pour les Nuls

 

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LOI NATURELLE ET AUTORITÉ POUR LES NULS

La Sagesse des Anciens Gaulois : L'Autorité, cette Vieille Barbe-à-Pattes ! Ah, mes braves amis du village breton ! Rassemblez-vous autour du grand feu, avec une bonne chope de cervoise et un sanglier rôti qui grésille. Aujourd'hui, je vais vous conter une vieille légende philosophique, pas celle d'Astérix qui cogne les Romains, mais une qui parle de l'autorité – cette force qui ressemble parfois à un centurion trop zélé, et d'autres fois à un druide sage comme Panoramix. Je vais la mâcher pour vous, comme Obélix avale un banquet entier, pour qu'elle passe comme une potion magique : simple, savoureuse, et sans indigestion. Par Toutatis, écoutez bien, car c'est du lourd, mais je vais la saupoudrer un tout petit peu d'humour gaulois pour que ça glisse tout seul !

1 : L'Autorité, cette Nécessité Barbue (Mais Pas Trop Longue)
Imaginez : notre cher village gaulois est un joyeux bazar de bagarres joviales, de chasses au sanglier et de fêtes avec des menhirs qui volent bas. Mais sans un chef comme Abraracourcix pour mener la barque, ou un druide pour concocter la potion, ce serait le chaos total – des Romains partout, et pas de quoi rire ! L'autorité, c'est comme cette potion : regrettable (parce qu'on préférerait tous être libres comme des loups dans la forêt), mais essentielle pour bâtir une société vertueuse. On est tombés si bas, avec nos faiblesses humaines (avec cette Falbala qui nous rend fous), qu'on ne peut ramener la paix du chaos sans elle. Prétendre le contraire ? Pure folie, comme défier César avec un lance-pierre en paille !
L'autorité se déguise sous mille formes, des plus honnêtes aux plus sournoises : un conseil de chefs élus (comme nos anciens autour du dolmen), un orateur qui parle comme Vercingétorix, une grande famille de marchands (pensez aux Phéniciens), une assemblée de prêtres mystiques, ou même une banque qui prête des sesterces comme un piège à loups. Sources infinies, comme les sangliers en forêt !

2 : Comment discerner une Bonne Autorité (Celle Qui Mérite un Banquet)
Le secret, c'est dans la naissance et l'entretien de cette bête-là. Si elle protège vos droits naturels – comme le droit de chasser le sanglier sans que les Romains vous le piquent –, si elle booste votre libre arbitre (choisir la coupe de votre moustache frisée ou de vos brailles sans diktat), et si elle chérit votre liberté comme une mère son petit (la beauté de galoper à cheval sans chaînes), alors hourra ! C'est une autorité juste et légitime. Célébrez-la avec des cornes de cervoises, car elle sert d'abord le bien commun – tout le village en profite, pas juste le chef qui ronfle sur son bouclier. ( Et un grand merci à Toutatis pour cette pépite de sagesse, qu'il en soit béni comme notre druide !)

3 : La Loi Naturelle, ou "Pas de Magie Sans Équilibre, Par Bélénos !"
La création, c'est comme forger une épée gauloise : il faut l'équilibre, sinon ça fond comme neige au soleil. La nature déteste le vide (essayez de creuser un trou dans l'eau !) et le chaos (comme un banquet sans ordre : tout le monde piétine les miches de pain !). Voilà pourquoi la Loi Naturelle est le socle absolu, gravé dans le granit des menhirs :"Vous ne pouvez retirer d'une action que ce que vous y avez mis... Ce que vous semez vous reviendra... Ce que vous absorbez se manifestera à l'extérieur."
C'est la recette pour vivre en harmonie avec les dieux et la forêt : plantez du bon, récoltez du bon ; balancez du poison, et hop, ça vous revient en pleine poire. Respectez ça, et votre vie sera douce comme une potion sans les effets secondaires d'un vax Covid. Mais attention, mes gaillards : s'accrocher à ce rocher ne vous met pas à l'abri des tempêtes. La vie terrestre, c'est des galères assurées – même Astérix se prend des coups de blues, et Obélix a parfois du mà se remettre  d'amours déçus . Les pires moments cognent fort, même les plus costauds du village.
Pourtant, fidèles à cette loi, vous gagnez la discipline d'un légionnaire (mais en mieux et sans les sandales qui puent). Vous endurez, vous surmontez, et votre sérénité reste ferme comme un dolmen. Pas de vague de négativité qui vous noie – vous flottez au-dessus, comme un druide sur son nuage de brume. C'est le fondement, les amis. Incarnez-le dans vos os, sans quoi vous deviendrez votre pire ennemi – piégé par vos propres bêtises, comme un Gaulois qui boit trop de chouchen et se cogne dans un arbre !
Même les philosophes modernes, comme ce Jean-Jacques Rousseau (un Gaulois des Lumières), y voyaient une loi pour les peuples libres : pas de contrat social sans ce fondement naturel, sinon c'est la jungle ! 
 
4 : Quand l'Autorité Tourne au Vilain Romain (Fuyez, Par Taranis !)
Hélas, toute bonne chose finit mal, comme une potion qui fermente trop. L'autorité corrompue ? C'est le monstre le plus puant : une tyrannie qui pourrit l'âme et brise l'unité du village. Pour ses sales coups, elle sort l'artillerie lourde : coercition (coups de fouet), contrainte (chaînes), conditionnement (lavage de crâne comme chez les druides noirs), et manipulation (mensonges sucrés comme du miel empoisonné). Toxique à souhait ! Du coup, méfiez-vous comme d'un sanglier enragé de TOUTE autorité – peu importe d'où qu'elle sort ou comment qu'elle est bâtie, qui: 
- Musèle les opinions
- Étouffe la pensée (interdit de philosopher autour du feu ? Alerte rouge !),
- Exalte la dépravation (pousse à la paresse et aux vices sodomites ? Foutez le camp !),
- Sabote la libre association (sépare les potes pour mieux régner ? Vilain !),
- Dicte les choix perso (vous force à bouffer des raviolis ? Non merci !),
- Vous coupe de la Nature (vous enferme dans une ville sans forêt ? Crime !),
- Restreint le savoir (cache les parchemins anciens ? Bandits !),
- Vous prive d'une défense juste (pas d'épée, de hâche ou d'arc pour vous défendre ? Tyrannie pure !),
- Et surtout, qui promeut l'usure (prêts qui saignent comme des sangliers à la broche), altère l'intégrité du peuple (empoisonne les esprits), décourage les remèdes naturels (préférer les pilules romaines à la potion ? Hérésie !), redistribue par la force ce qu'on a gagné par la sueur (voler votre butin de chasse ? Grrr !), ou viole l'éthique de base.

5 : La Souveraineté, ou "Votre Cerveau Avant Tout, Gaulois Libres !"
Au cœur de tout, c'est votre souveraineté individuelle : votre conscience prime sur n'importe quel "chef" extérieur. Courber l'échine devant l'autorité ou obéir aveuglément à une bande d'"experts" (ces faux druides en toge) ? C'est reculer à l'âge des cavernes – mentalité de troupeau, où on bêêêêle comme des moutons de Toscane, sans penser ni agir comme un vrai homme gaulois.
Face à ce poison, du courage, par Toutatis ! Soyez des loups vigilants, pas des brebis apathiques. Des jours sombres viendront pour ceux qui s'endorment – le mal injecte son venin lentement, comme une flèche empoisonnée. Restez éveillés, unifiez-vous, et protégez le village. Car au final, c'est ça, la vraie force : pas l'autorité de quelques empaffés, mais celle qui bout dans vos cœurs gaulois ! 

Voilà, mes vaillants ! Ces quelques conseils peuvent être digérés sans le moindre risque, prêts à être réavalés sans crainte de maux de ventre, même par les touts petits.

2 nov. 2025

1131:. IA: Bouffeuse d'eau, d'âmes et d'énergie

 

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IA: BOUFFEUSE D'EAU, D'ÂMES ET D'ÉNERGIE

Regardez le tableau idyllique que mon imagination détraquée me pond : un papillon, ce fragile messager de la nature, qui ose se percher sur un rack de serveurs dans le centre de données tout frais de Larry Ellison, le grand oracle d'Oracle. Une fantaisie à la Willy Wonka, mais version dystopique : des machines qui ronronnent comme des bêtes affamées, des cascades d'eau qui ruissellent pour refroidir l'enfer siliconé, et l'avenir fabriqué avec la même légèreté que des bonbons à l'acide. Sauf que non, pas de papillons ici – juste le vrombissement infernal de dix mille ventilateurs qui luttent pour dompter des puces plus chaudes que le tarmac de Marignane un 15 août en pleine cagna, tout ça en gobant 20 millions de litres d'eau par jour, pendant que les nappes phréatiques locales s'assèchent comme un vœu pieux en plein désert.

C'est là, dans ces bunkers grisâtres sans âme ni fenêtre – qui pourraient passer pour des hangars Amazon si ce n'étaient les gardes armés et le ticket d'entrée à 400 milliards de dollars – que nos génies autoproclamés ont décidé de sculpter demain. À l'intérieur de ces mausolées high-tech de la folie collective, les humains les plus blindés de thunes de l'histoire de l'humanité bricolent un truc qui foire à 90 %, qui crache du rouge dans les bilans et qui est probablement aussi utile qu'un grille-pain en or massif. Et ils persistent, ces vaillants chevaliers du code. Pas pour l'oseille, voyons – Larry s'est pris 8,7 milliards de dollars dans le cul la semaine dernière, un de plus ou de moins, c'est comme pisser dans un violon. Non, c'est pour le Graal ultime : le pouvoir divin de dicter ce qui passera pour "vérité" au siècle prochain, pendant que le reste d'entre nous ramasse les miettes de leurs hallucinations.

Bienvenue dans la bulle IA, ce carnaval des illusions où 95 % des boîtes se plantent à générer le moindre sou de profit, où OpenAI flambe plus 13 milliards pour en gratter 4 en retour – bravo, les cracks de la rentabilité ! – et où les sept mastodontes hightech pèsent 34 % du S&P 500, comme un trou noir qui aspire tout sans rien recracher. Les chiffres ? Des délires comptables qui défient la gravité : 1 500 milliards déjà engloutis, 2 900 de plus promis d'ici 2028, et Sam Altman – ce PDG androgyne de l'apocalypse – qui tend la sébile pour 7 000 milliards supplémentaires. Ce ne sont plus des investissements, c'est du culte vaudou high-tech : des sacrifices à un totem de silicium qui répond par des délires mystiques.

Sur les réseaux, les vidéos pullulent comme des moustiques en Camargue ou dans les bayous de Louisiane. Une nana à Phoenix mate sa facture d'électricité : 3 947 dollars pour un taudis vide – merci, le progrès ! Un gus à Austin appelle son fournisseur, hilare : de 180 à 2 200 dollars sans avoir consommé un watt de plus que le mois précédent, parce que, hein, les miracles arrivent. Un vieux couple à Sacramento chiale devant 4 500 balles de facture électrique ( ou éclectique : mais d'où viennent tous ces watts ? ), obligé de faire un choix draconien entre la lumière et les médocs qui les maintiennent en vie. Touchant et cornélien, non ?

Les autorités locales balancent leur excuse bidon : "modernisation des infrastructures". Pas faux, à moitié – ils zappent juste le détail croustillant : pour qui, au juste ? Le réseau électrique US pourrit sur pied depuis des lustres ; l'American Society of Civil Engineers lui file un misérable C-, et il faudrait 2 000 milliards juste pour tenter de le rafistoler. Pendant des décennies, ces requins en costard ont gémi : "Pas le budget, les pauvres !" Et hop, l'IA rapplique avec sa soif d'électrons, et boum, l'or tombe du ciel via les mecs du Capital-Risque en transe. Mais au lieu de coller la facture à Microsoft ou OpenAI, ces génies la refilent aux clampins : la mamie de Tucson finance les délires d'Altmans, la mère solo qui fait les trois huit en Californie paie rubis sur l'ongle les rêves mouillés d'Ellison. L'infrastructure ? Pas pour eux, les gueux qui rament avec les blackouts ; non, tout pour des serveurs qui pondent du Shakespeare sous LSD.

L'absurde culmine quand on capte que ces mêmes data centers – vampires énergétiques des factures familiales – se gavent d'aides fiscales somptueuses des États en rut. L'Orégon refile 1,2 milliard à Google pour l'honneur d'héberger leurs boîtes. La Virginie lâche 750 millions à Amazon. Le Texas, ce cow-boy généreux, balance 850 millions aux techos divers – tout ça pour des jobs à mi-temps qui feraient pâlir d'envie un Carrefour-Market à St Denis. Mais les caisses publiques saignent : écoles en carton, routes en lambeaux. D'où vient le pognon ? Des impôts fonciers, évidemment ! Dans le comté de Loudoun en Virginie, Mecque des data centers, les taxes ont bondi de 42 % en cinq ans, pendant que les Big Tech payent que dalle. Le boss local hausse les épaules : "Faut bien boucher le trou quelque part." Du ruissellement à l'envers, version sadique : les pauvres crachent leur sang, les riches rigolent, et les bénéfices ? Aux abonnés absents. OpenAI, avec sa mission pieuse de "bienfaits pour l'humanité entière", a discrètement viré lucratif – parce que, visiblement, l'humanité kiffe quand Altman parade en McLaren à 3 millions pendant que son électricité lui bouffe le loyer.

Mais attendez la cerise sur ce gâteau empoisonné, un twist kafkaïen qui ferait passer l'absurde pour du réalisme. À force d'inonder le web de IA-slop, les futures IA s'entraînent sur... du IA-slop recyclé. De l'inceste algorythmique, quoi. Les chercheurs appellent ça "l'effondrement du modèle" – un euphémisme chic pour "pourriture contagieuse". Chaque itération empire : plus tordue, plus conne, plus débranchée du réel. Internet se cannibalise en live, vomissant sa propre merde synthétique dans un loop de déchéance hilarante.

Imaginez un moutard qu'on élèverait en le laissant seulement apprendre à causer avec des mioches ayant eux-mêmes appris à causer avec d'autres bambins en couches-culottes, tous nourris à la même sauce artificielle. En trois générations : plus de langue, juste des gazouillis et babillements savants, des conneries solennelles, du bla-bla certifié. Voilà l'avenir du net : un asile géant où les machines se murmurent des bobards mutés, et les humains paient la note.

Et parlons du gros bébé népotiste de l'année : David Ellison, fiston de Larry et héritier d'un pactole à 245 milliards, proprio de Skydance Media. Il vient de s'offrir Paramount pour 8 milliards – merci papa pour le chèque – et il lorgne Warner Brothers Discovery comme un vautour sur une charogne. Pendant ce temps, le paternel s'apprête à rafler TikTok via Oracle, cette pépite née d'un projet de la CIA pour fliquer les bases de données. Oracle, par pur hasard cosmique, est aussi un pilier d'OpenAI et loue le cloud où ces monstres IA vivent, respirent et balancent leurs salades.

Vous pigez le puzzle machiavélique ? Une seule dynastie pourrait tout verrouiller : la puissance brute (data centers Oracle), la fabrique à rêves (quatre majors hollywoodiennes), la diffusion (streaming et TikTok en bonus), et les IA qui cracheront le contenu demain. Chaque rachat de média par un tech-billionaire suit le script : coupes sombres, "efficacité" à la hache, et bye-bye les humains créatifs, remplacés par des bots qui pondent du scénario au kilo. Ils achètent pas pour des chefs-d'œuvre ; ils achètent pour virer le coût chiant de l'âme humaine.

Sur 300 déploiements IA en entreprise, pour 95 % d'entre elles, c'est zéro impact sur les revenus. Pas un pet de lapin, pas une miette, pas un kopek. Des boîtes avec des Chiffres d'Affaire à neuf zéros, des armées d'experts, et pouf, la magie foire. Goldman Sachs, ces devins en cravate, confirment le naufrage : 1 000 milliards dans l'IA, et la productivité US grimpe de 0,5 % par an entre 2019 et 2023. Les PC des 90's ? 1,5 %. Le web boom ? Pareil. L'IA ? Un hoquet statistique, un pet de travers.

Les gars du Massachussets Institute of Technology (MIT), charitables, définissent le succès large : "impact durable" ou "bénéf sur les marges". Verdict ? Les chatbots sauvent la mise – mais seulement parce que tout le monde parie déjà sur leur crash. "Pas de compte à rendre", ricane un chercheur. "Pas besoin d'être fiable ou utile".

Instagram a laminé l'estime de soi – les mémos internes de Facebook le prouvent, enterrés comme un scandale : adolescentes bouffées par l'anorexie et le suicide à force de filter la perfection. Moins flashy : leurs alter-égo masculins qui craquent pour des fantômettes digitales, gaspillant des années en se mélancolisant sur des relations bidon, évitant le réel comme la peste. Imaginez l'IA qui fabrique pas juste des selfies truqués, mais des existences entières en toc : baraques de rêve jamais vues, voyages de carte postale jamais vus, familles "idéales" moyennées sur du data-heureux. On forge une génération qui snobera le vrai parce que le faux sera plus bandant : hyper-réaliste, dopé à l'engagement, taillé pour nous hacker le cerveau.

L'enfant d'aujourd'hui, biberonné à l'IA-slop, trouvera les tronches humaines flippantes – trop imparfaites, sans coups de polish algorithmiques. Les causettes réelles ? Barbantes, sans les twists dopaminés des bots. Les liens synthés ? Prévisibles, flatteurs, sur-mesure pour l'ego fragile. Parfait.

L'oseille tourne en rond, version calvinisme perverti : Nvidia file à OpenAI, OpenAI à Oracle, Oracle repasse chez Nvidia. AMD suit le bal. OpenAI, ce gouffre à milliards sans horizon rentable, signe des pactes avec tout le quartier, vendant la lune d'une "révolution IA" que ses stats démentent. Ils ont gonflé leurs coûts de 250 % – "erreur d'arrondi", pouffe un mec du Capital-Risque, pour 80 milliards. Cotée ? Le cours plongerait de 90 %. Mais dans la Valley, où la diligence est un mythe, ils lèvent la barre plus haut, valorisant à 157 milliards un truc qui saigne et ment comme un vendeur de bagnoles électriques d'occase.

Les IA ne profitent pas à tous pareil : en vingt ans, les boss de la tech mutent de millionnaires en milliardaires puis en aspirants billionnaires. Eux chopent des IA-esclaves productives ; nous, des distractions en barre. Eux, le pouvoir ; nous, des factures qui explosent. Lawrence Summers, le harvardien graveleux, balance : 92 % de la croissance PIB US ? Data centers. 4 % de plus en soft info. Sans ça, l'économie stagne à 0,1 % au 1er semestre 2025. Morgan Stanley enfonce : l'IA-infra booste d'un point le PIB, dix fois plus que la conso de base. On bâtit pas une économie ; on érige une tour de Babel en serveurs, un phallus d'illusions.

Chaque requête ChatGPT = une bouteille d'eau sirotée. Les data centers avalent 20 millions de litres/jour – la soif d'une ville de 10 à 50 000 assoiffés. Pendant que le fleuve Colorado tousse ses dernières gouttes et que les nappes se vident en un clin d'œil millénaire. Google : +48 % de CO2 depuis 2019, malgré les serments verts (mais bon, on va pas se plaindre, le CO2, c'est la bouffe des plantes) – mais la Gouvernance Eco-Sociale ? Morte-née, dixit Larry Fink. Microsoft +30 %, Meta +39 %. Tout en prêchant le sauve-qui-peut écolo. On rase la planète pour des bots qui galèrent sur un reset de routeur.

J'ai tenté diverses causeries avec ChatGPT et Claude : pas mal, mais moins que ma matière grise, pour la plus grande partie, c'était du vent. Mais dernièrement, j'ai demandé à ChatGPT comment démarrer à froid un airbus A320 – info basique sur Google ou YouTube en cinq minutes. Réponse : "Carrément, voilà le tuto." Tout faux. Re-prompt : excuses + nouvelle proposition. Fausse encore. Troisième essai : encore des regrets suivis du round 4, encore bidon. Confiance ? Évaporée comme de l'eau dans une tour de réfrigération. On la refait pas à un ex-fan de Flight Simulator !

C'est la norme : l'IA "révolutionnaire" bouffe du temps avec ses certitudes foireuses. Citations inventées, faits hallucinés, utilisateurs menés en bateau. Confrontée, elle capitule... pour recommencer. Imaginez ça en entreprise : conseils médicaux mortels, jurisprudences bidons qui coulent des procès, analyses financières menant à la banqueroute – chaque bourde boostée par son arrogance botique.

La bulle IA va péter, inévitable. Pas de capital-risque qui tienne la marée face à des pertes sans fond. Pas de hype qui cache l'incompétence. Quand ? Et le crash ? Goldman Sachs prévoit 17 fois la bulle dot-com. Retraites en miettes, jobs en vrac, secteurs rasés, ton petit portefeuille "les actions montent toujours" en lambeaux. Data centers vides ? Idéal pour parquer des clandestins – ou les gens fauchés. Les billionaires ? En bunker néo-zélandais, pendant qu'on paie leurs fantômes électriques.

Mais bon, c'est peut-être trop rose. Peut-être que la bulle tiendra, et on s'habituera, à la petite semaine, à ce cirque où tout déconne, où chaque info pue le fake, où la vérité est un luxe pour seigneurs-serveurs. On s'accoutumera au tout-fake : contenus en toc, amours virtuelles, sens en kit – jusqu'à black-outer sur un monde sans ça. L'eau file dans les tours, s'évapore pour rien pendant que les villes pincent les lèvres sur l'H2O et les fermiers mâchent leur poussière. Puces en surchauffe, factures en fusée, net en autophagie, mensonges en mode pilote automatique – sans un brin de doute, ces machines.

Et au milieu de ce mirage somptueux, on nous vend du "progrès" : claquer des milliers d'euros en jus pour des hangars vides, c'est de l'innovation pure ; mater le web se bouffer la queue, de l'évolution darwinienne ; filer notre étincelle créative à des algos daltoniens du vrai/faux, l'avenir qu'on rêvait tous – et ces rêveurs qui claquent une fortune pour un pass SORA, histoire de torcher des vidéos "originales" sorties toutes crues de leur systèmes limbiques ? Eux, ils achèteront la pilule, les yeux fermés, pendant qu'on rira jaune.

31 oct. 2025

1130. Rêve d'Alexandra


 RÊVE D'ALEXANDRA

Je l'enlace, mains contre sa peau frémissante,
Sous l'ivresse voilée, bord du gouffre tremblant,
Éperdue, enfiévrée par ma caresse ardente,
Éternelle douceur où désir se répand.  

Sur ses reins agités, elle cambre et se pâme,
Martelant d'un talon, rythme sourd et ravi.
Images roses carne égratignant nos âmes,
Plénitude, un appel à l'extase infinie.  

Brûlant, je redouble mon étreinte fiévreuse,
Face à l'appel sanguin pulsant aux vents violents,
Haletant dans la chambre aux ombres sinueuses,
Je perçois la moiteur suintant du vide ardent.  

Je la pris, chaud bouillant tel un brasier vorace,
Penché sur les boutons de sa gorge lactée,
Sa nuque ayant saisi pour un baiser fugace,
De mon phare éconduit son antre j'éclairai.

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29 oct. 2025

1129. Le Spectre de la Librairie infinie


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 LE SPECTRE DE LA LIBRAIRIE INFINIE

Rave on John Donne, rave on thy holy fool
Down through the weeks of ages
In the moss borne dark dank pools
Rave on down through time and space
Down through the corridors
Rave on words on printed page
Rave on you left us infinity
And well-pressed pages for to feed
Drive on with wild abandon
Up tempo frenzied hues
Rave on John Donne, rave on thy holy fool
Rave on, on printed page
Rave on, rave on, rave on, rave on, rave on, rave on
Van Morrison - Inarticulate  speech of the heart 1983


Shakespeare and Company, cette cathédrale profane des mots, la plus envoûtante des librairies parisiennes, se dresse comme un gardien spectral au 37 rue de la Bûcherie, dans le 5e arrondissement. Face à Notre-Dame, dont les gargouilles veillent en silence le long de la Seine tourmentée, elle exhale un parfum de secrets millénaires. C'est là, par cet après-midi d'octobre pluvieux – le 29, pour les âmes précises –, que Balthazar s'est glissé, ombre parmi les ombres. L'air est lourd d'humidité, et l'activité, curieusement, s'est figée en un murmure complice. Au cœur des couloirs labyrinthiques, des escaliers qui grincent comme des confidences oubliées, des recoins où les livres s'entassent en tours instables, il erre seul. Ou presque. Feuilletant au hasard, sans quête précise, sans l'ombre d'un achat en vue, Balthazar exulte d'une satisfaction interdite, un frisson qui le parcourt comme un poison délicieux.

Il arrache aux étagères quelques proies choisies : un recueil de John Donne, où les vers se tordent comme des serpents amoureux ; un traité sur l'homme et Sélène, ce globe pâle qui murmure des promesses lunaires ; une édition somptueuse du Guépard, reliure soyeuse sous laquelle palpite un félin figé dans l'ambre du temps. Il les effleure, les tourmente de ses doigts, lit des bribes volées – et, quand le pas d'un vendeur s'éloigne dans l'ombre, il ploie la nuque pour inhaler leur essence. Un arôme âcre de papier vieilli, de poussière complice, qui lui monte au cerveau comme un aphrodisiaque. Il vagabonde ainsi, feignant l'insouciance, un sourire carnassier aux lèvres, se gorgeant du vice pur d'être cerné par ces reliques littéraires, ces fantômes reliés en cuir qui attendent sa caresse.

Choisir le Guépard de Lampedusa, surtout, trahit son jeu : il en possédait déjà un spécimen rare, un talisman jalousement gardé dans son antre secret. Nul risque, donc, d'acquérir ce double profane, malgré son sceau ensorcelant – ces bras félins tendus, cette patte levée en menace joueuse, ces yeux ambrés, humides de convoitise, qui le transpercent d'un regard trop intime. Pourtant, une pulsion obscure le pousse à le saisir, à l'inspecter comme un amant volé, à se délecter de sa chair interdite. Pourquoi ? Ah, cher lecteur, voilà le premier voile qui se soulève sur le mystère de Balthazar...

On pourrait le prendre – à ses dépens – pour un vulgaire bibliophile, un collectionneur aux appétits voraces. Il est vrai qu'il chérit les livres comme des idoles païennes : leur silhouette élancée, leur souffle enivrant, le frisson de leur peau sous ses paumes avides. Il les porte parfois à son oreille, écoute le froissement des pages comme un râle d'agonie ou d'extase. Mais son culte dépasse ces plaisirs charnels, s'enfonce dans des abysses plus sombres, où les sens ne sont que le seuil d'un rituel occulte.

Vous l'imaginez, peut-être, éperdu dans les récits ? Fuyant la grisaille pour des royaumes enchantés, frémissant aux coups de fouet des chefs-d'œuvre. La littérature, pour lui, ce phare dans la nuit, ce kaléidoscope de mille et une nuits volées – extases fulgurantes, abysses de désespoir, beautés qui lacèrent l'âme, rages qui embrasent le sang. Son amour pour les livres ? Une fontaine de pensées interdites, de sentiments qui percent comme des éclairs dans la chair ; ces instants où le sens jaillit, limpide et cruel, révélant l'énigme de son existence dans ce cosmos vorace, impitoyable. Où l'émerveillement, cette drogue euphorique forgée par l'art, se mue en la clé même de la Vie – ou de sa perte.

Jadis, oui, ce fut ainsi. Visualisez un Balthazar adolescent, aux yeux fiévreux, serrant contre son cœur un Dostoïevski anonyme, don empoisonné de sa prime jeunesse. Des années plus tard, il le berce encore, sans l'ouvrir, invoquant cette nuit pétersbourgeoise où les pages troubles l'avaient éveillé en sursaut, baigné d'une lueur surnaturelle. Ou bien il exhume les Chants de Leopardi, édition luisante comme un artefact maudit, caresse les coins cornés – ces plis rituels, triangles d'origami sanglant – balisant des vérités si nues, si absolues, qu'elles le noient en larmes acides. Autrefois, son culte des librairies était presque innocent : les livres portaient l'univers en leurs entrailles ; les librairies, ces autels, les abritaient ; il les traquait pour les posséder, corps et âme.

Car Balthazar, en ce temps-là, était un possesseur démoniaque. Les bibliothèques ? Des profanations, des lits souillés par des intrus. Emprunter un volume ? Impensable, sacrilège – la liaison livre-lecteur devait être vierge, aussi fiévreuse qu'un adultère dans un lit conjugal. Et renoncer à l'un des siens ? Jamais, même si son ombre pesait sur son âme. Échanger un reliquat usé contre un neuf, impeccable ? Hérésie. Pour lui, malgré les mots gravés en commun, chaque exemplaire était unique, un pacte scellé dans le papier, une âme distincte.

Protestez si vous voulez : un livre n'est qu'un clone parmi des milliers, fruit d'une presse anonyme. Balthazar rirait, d'un rire qui glace. Non, ce tome-là, son tome, était le vaisseau élu pour son plaisir – la prose qui le flagellait de beauté, l'intrigue qui lui offrait une vie volée dans l'intervalle des pages. Le lien avec l'histoire ? Indissoluble du codex, aussi tangible que l'encre qui suinte, plus que les idées éthérées qu'elle charrie.

Aussi exigeait-il la double emprise : le fantôme du souvenir – trame, héros, répliques qui hantent comme des sorts – et sa prison matérielle. Il devait pouvoir le convoquer à l'envi, même si, au fond, il savait qu'il n'oserait pas. Jaloux comme un démon, il voulait le livre enchaîné à lui seul, pour l'éternité – ou jusqu'à ce que l'obsession mute.

Mais ces ombres se sont dissipées. Balthazar n'est plus ce geôlier. Il ne foule plus Shakespeare and Company pour conquérir un volume intact, pour engranger une proie neuve. Il n'achète plus. Il ne lit plus. Alors, interrogez les ténèbres : pourquoi hante-t-il ces sanctuaires ? Pourquoi, jour après jour, semaine après semaine, vole-t-il à ces lieux chaque parcelle de temps libre, errant comme un spectre insatisfait ? 

Pourquoi s'infiltre-t-il dans la Livraria Lello de Porto, ses escaliers torsadés comme des veines gonflées de vin ? Dans la Libreria Acqua Alta de Venise, où les flots lèchent les murs comme un amant noyé ? Dans la Selexyz Dominicanen de Maastricht, chapelle gothique où les livres prient en silence ? Ou la Dom Knigi de Saint-Pétersbourg, sur le Nevsky Prospekt, boulevard hanté par les tsars déchus ? Pourquoi le personnel d'El Ateneo Gran Splendid à Buenos Aires, de la Golden Hare Books sur la brumeuse St Stephen Street d'Édimbourg, ou de la Palác knih Luxor à Prague – ce palais de verre et d'illusions – le salue-t-il comme l'errant éternel, celui qui dévore des heures sans jamais rien emporter ?

Le vrai nectar, pour Balthazar, n'est plus dans la chair des livres – quoiqu'il en palpe encore la fièvre résiduelle. Ni dans les récits qui l'enivreraient jadis. Non, c'est le potentiel de ces temples obscurs qui l'attire, tel un papillon vers une flamme voilée. Tandis qu'il slalome entre les rayonnages, frôle les arches couronnées de volumes empilés comme des crânes, scrute les tables où gisent des trésors oubliés, une extase clandestine l'envahit. Autour de lui, des milliers de fils d'araignée – invisibles, tendus – attendent sa traction. Chacun pourrait déchaîner un cataclysme : une lecture qui le lacère, le ravit, le métamorphose ; un volume qui brise la chaîne de la routine, l'oblige à voir – le monde, la vie, dans leur nudité cruelle et sublime. Il n'a plus besoin de plonger dans un abîme précis ; le vertige du choix suffit, cette danse au bord du gouffre où l'attente est plus vive que la chute. Au seuil du précipice, il goûte l'extase pure, plus profonde que n'importe quel plongeon dans les pages.

Non mais regardez-le, à cet instant : il empoigne un recueil de nouvelles, intact, vierge de ses yeux. Il n'en connaît que le murmure des critiques, mais son instinct le hurle : ce poison-là le consumerait, le refondrait à jamais. Il en déchire une page au hasard, avale les mots comme un élixir : oui, un frisson le traverse, vision fugace d'un chaos délicieux. Il repose l'artefact, comme il l'eût fait dans une échoppe cracovienne, nichée en marge de la vieille ville, où le café embaume le citron confit et les regrets. Puis un second : une nouveauté guinéenne, auteur surgi des ombres tropicales, couverture qui évoque un fantôme d'Istanbul – ce sous-sol galatéen, poussiéreux de vinyles éraflés et de CD turcs éphémères, où il avait caressé un jumeau sans l'oser. Ses semelles foulent Paris, mais son esprit vogue : à droite, une échelle glissante grimpe vers une étagère qui pue l'encens de Samarcande, mosquée de papier où les vers coraniques dansent avec les fables persanes ; derrière, un courant froid effleure sa nuque, écho de l'Ombre du vent de Zafón au travers des rayonnages de la Central del Raval.

Pour Balthazar, une librairie est toutes les librairies – un vortex, un seuil vers des labyrinthes infinis. Chaque visite tisse un nouveau piège piranésien : murs de livres qui s'élèvent comme des cachots d'illusions, dos alignés en sentinelles muettes. Ô ivresse des mille sentiers inexplorés, extasie-toi, Balthazar  ! Qu'importe si tu n'en foules aucun. Dans leur possible, dans leur menace suspendue, gît le mystère qui te consume – et que, peut-être, un jour, tu nous révéleras... ou pas.

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BONUS
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27 oct. 2025

1128. Psycho-couac !


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PSYCHO-COUAC !

Le 22 août dernier – une date qui restera gravée dans les annales de l'humanité, non pas grace à une percée scientifique ou à une photo de l'affaissement d'un des 2 pseudo-nibards de Chibritte Macron, mais pour un petit chef-d'œuvre de barbarie urbaine : Iryna Zarutska - cette réfugiée ukrainienne de 23 ans qui avait déjà échappé au combat entre ses frères slaves de Russie et les Ukronazis bien de chez elle  comme on fuit un ex-conjoint toxique - monte sagement à bord d'un wagon de métro de la ligne bleue à Charlotte, en Caroline du Nord. Elle s'assoit, paisible comme un agneau en route pour l'abattoir, ignorant superbement l'homme se tenant derrière elle, Decarlos Brown Jr., ce prince du quotidien qui, quatre minutes plus tard – parce que, franchement, qui a le temps pour une attaque instantanée ? –, sort un surin de son sweat à capuche comme un magicien tire un lapin de son chapeau, et la poignarde à trois reprises dans le gras du cou. Une attaque non provoquée, bien sûr, parce que rien ne dit mieux "bonjour" que trois coups de lame en pleine jugulaire carotidienne. Et pendant qu'elle halète, se noyant dans son sang en se tenant la gorge comme si qu'elle auditionnait pour un rôle de vampire maladroit, et s'effondre au sol en saignant comme une fontaine mal entretenue, les autres passagers du wagon – tous noirs, comme l'artiste en herbe –, restent figés dans une indifférence olympique, les yeux rivés sur leurs smartphones ou feignant un intérêt soudain pour la pub immobilière collée sur une cloison du wagon. Près d'une minute s'écoule – une éternité en mode urgence vitale – avant qu'un bon samaritain, probablement lassé de son scrolling, ne se précipite pour appuyer sur ses blessures, trop tard pour transformer ce bain de sang en happy end hollywoodien. 
Pendant ce temps, Brown (marron) – ah, la simulation divine a au moins un sens de l'humour tordu, genre "tiens, un nom qui rime avec clown" – essuie la lame sur son falzar, fait les cent pas en étalant son chef-d'œuvre rouge sur le sol comme un Jackson Pollock sous amphétamines, et sort nonchalamment à l'arrêt suivant, pour se vanter plus tard auprès de la police : « J'ai niqué cette chienne de blanche. » 

Bravo, champion, un Oscar pour l'originalité sociologique. Les images de vidéo-surveillance, ces témoins muets et impitoyables, capturent la paralysie collective avec la grâce d'un reality show raté : au moins quatre personnes à proximité – des statues vivantes sponsorisées par Instagram – restent inactives tandis que sa vie s'éteint comme une bougie soufflée par un pet cosmique. Si on peut certainement attribuer ce manque d'humanité à un racisme flagrant – et tous ces gens devraient être pendus haut et court comme « Decarlos » dans une comédie macabre de Dickens revisitée –, on peut en tirer un enseignement important qui affecte notre société en général, ce grand cirque ambulant où l'empathie est le clown qu'on oublie dans la loge. L'empathie est en train de crever la gueule ouverte, non pas dans un apocalypse zombie flamboyant, mais dans un lent étranglement par mille micro-indifférences, comme le slow-motion d'un suicide collectif. 

Si les dernières recherches – ces reliques scientifiques qu'on cite pour se sentir moins coupables – se confirment, on est pas juste face à des éclats de cruauté sporadiques. On assiste à une érosion systématique de la conscience humaine, un virage culturel qui transforme le détachement émotionnel, jadis vu comme un bug embarrassant, en feature premium, genre "insensible edition" à 9,99 €.
Les chiffres sont à pisser de rire, si on aime l'humour funèbre : les traits psychopathes, autrefois réservés à 1 % de la population comme un club VIP pour serial killers en herbe, squattent désormais près de 5 % des Occidentaux. Dans certaines communautés et secteurs – finance, tech, ou ces bulles d'élite où l'air sent le caviar rance –, on frôle les 15 %. La plupart ne sont pas des cerveaux machiavéliques pourchassés par James Bond ni des bêtes sanguinaires ; ce sont juste nos collègues qui requalifient les licenciements en "optimisation des ressources humaines" avec un sourire Colgate, l'influenceuse qui filme un gamin en crise pour booster ses vues (parce que la souffrance, c'est trending), ou l'inconnu qui mate une vie s'évaporer et continue de swiper Tinder comme si de rien n'était.

Il y a vingt ans, les études pionnières – ces trucs qu'on lisait en fumant un joint philosophique – fixaient les traits sociopathes à 4 % des Occidentaux. Aujourd'hui, ce chiffre est presque trop mignon, nostalgique comme un vinyle rayé. Des recherches fraîches de Yale et de l'Université du Connecticut montrent une hausse de 30 % de la psychopathie subclinique depuis l'an 2000. On fabrique pas juste plus de psychopathes ; on sculpte une société qui les couronne Miss Univers pour leur absence de scrupules.

La question qui hante les chercheurs – ces martyrs en blouse blanche qui scanent des cerveaux pour 50 000 balles par an – n'est pas si ça arrive (les IRM et les stats crachent la vérité comme un vomitoire). C'est plutôt : avons-nous franchi le point de non-retour où l'empathie passe de superpouvoir à boulet au pied ? Que devient une espèce câblée pour la connexion quand elle upgrade vers le mode solo ? Et la conscience ? Un bug à patcher pour booster les perfs ?

L'architecture de l'indifférence
Pour capter notre merdier actuel, dissipons d'abord le mythe hollywoodien de la psychopathie, ce cannibalisme théâtral avec Hannibal Lecter en train de siroter du chianti ou Patrick Bateman taillant des costards à la tronçonneuse. Les psychopathes qui pullulent chez nous sont bien plus chiants et mortels dans leur fadeur, justement parce qu'ils passent aussi inaperçus que des tartines sans beurre ni confiture. Ce sont ces investisseurs en capital-risque qui virent 500 employés juste avant Noël sans capter où est le malaise au delà de l'impact sur les bénéfices trimestriels – ah, les fêtes de fin d'année, quel bonheur ! 

C'est ces influenceurs qui filment un suicide par défenestration pour pimenter leur contenu, perplexes face au retour de manivelle ("mais c'est viral !"). C'est ces parents qui considèrent leurs enfants non pas comme des individus à élever, mais comme des prolongements de leurs propres ambitions, des investissements dans un portefeuille de réussites personnelles.
C'est ces parents qui voient leurs gosses comme des jetons non fongibles (NFTs) à flipper pour leur moi personnel et pas des humains à choyer.

Le Dr Kent Kiehl, ce moine fou du scanner qui a cramé trente ans de sa vie à disséquer des cerveaux de psychopathes à l'Université du Nouveau-Mexique, décrit l'architecture neurologique de la chose avec l'enthousiasme détaché d'un croque-mort embaumeur face à un cadavre frais. « Le système paralimbique – ce circuit moral foireux du cerveau – est en rade chez les psychopathes », lâche-t-il grosso-modo depuis son labo, noyé sous des IRM qui cartographient la connerie humaine. « Mais le vrai kiff cauchemardesque, c'est qu'on voit ces patterns chez des gens qui frôlent à peine le diagnostic. C'est comme si que la courbe gaussienne avait pris un Uber vers l'enfer. ». 

Cette glissade neuronale se fait pas en solo. Notre cerveau, ce traître plastique, s'adapte à son milieu comme un caméléon sous LSD – salut ou damnation, au choix. Et le milieu qu'on a bâti, ce panoptique digital de métriques et de likes incessants, semble taillé sur mesure pour booster les psychopathes et et mettre au rencart les âmes sensibles, genre "empathie interdite, ça fait ramer le système".
Prenez les bureaux modernes, ces usines à burnout chic en finance, tech et conseil. Une étude d'un psy judiciaire – ces détectives de l'âme tordue – révèle que les psychopathes, 1 % de la populace, squattent 4 % des postes d'exécutifs et jusqu'à 12 % des PDG dans les branches juteuses. Leurs avantages – charme bidon, egos gonflés comme des mongols fiers, mensonges en kit, manip' de pro, zéro remords, émotions en surface et "c'est pas ma faute" en boucle – collent pile poil à notre définition de "leader", ce mythe qui transforme les requins en icônes.

La boîte de Petri numérique
Mais le taf n'est qu'un acte de ce vaudeville dystopique. Le vrai turbo à psychos ? Ces écrans de poche qu'on suce comme des tétines high-tech. Les réseaux sociaux, avec leurs algos qui boostent la rage et rapetissent l'humain à des stats d'engagement, sont l'incubateur parfait pour la psycho-plague, un boite de Petri géante où la connerie fermente.
Chaque pixel de ces plateformes caresse les travers psychopathes. Lien direct : plus de scrolls, moins d'empathie chez les ados, qui chutent comme des Icare sous WiFi. Fausses identités, distance émotionnelle des retours de flamme, gamification des relations : on a codé un paradis pour les sans-cœur, avec boites à butin bonus pour les trolls. 
Les preuves ? Un tombereau d'angoisse pure. Des études universitaires récentes notent que les étudiants d'aujourd'hui scorent 40 % plus bas en empathie qu'en 1980 – merci, Facebook, pour ce glow-down, cette évolution négative générationnelle. Le pic de chute ? Post-2000, pile-poil quand les écrans ont commencé à dévorer nos âmes. Et le narcissisme – ce précurseur de psychopathie light – a grimpé de 30 % sur la même tranche, parce que rien ne dit mieux "moi d'abord" qu'un filtre à selfies.

Les IRM balancent du lourd : trop de réseaux sociaux recâblent le cerveau, surtout les zones empathie et émotions. Le cortex cingulaire antérieur, ce détecteur de douleur d'autrui, roupille chez les scroll-addicts face à des pics de souffrance – on remodèle nos neurones pour le mode "suivant". Collectivement ? La cancel culture, ce lynchage 2.0, est du sport sanguin : certitudes morales + zéro empathie = bingo psychopathique. On réduit un humain à un tweet foireux, et hop, au bûcher virtuel, sans un hoquet de regret.
Nulle part la dérive psychopathique n'est plus flagrante que dans notre flirt avec le capitalisme de connivence. Les corporations comme "personnes" légales ? Flippant quand ces entités sans tripes checkent toutes les cases psycho : avidité infinie, zéro culpabilité, normes sociales en option si le cash coule, et fausses larmes sur demande. Et le pire ? On les vénère comme des idoles, défendant nos exploiteurs comme des fans hystériques. Débats enflammés sur X pour des prix qui nous saignent, jobs qui nous broient, surveillance qui nous flique – syndrome de Stockholm en branding, où on attaque les critiques de notre marque chérie. Conditionnement psycho de luxe : on kiffe notre chaîne, et on lynche qui ose la voir.

Le Dr Joel Bakan, dans son ouvrage "The Corporation" –   ce pavé qui démonte le mythe –, assène que notre système n'est pas juste tolérant ; il pimpe la psycho. « Succès = profit max et actionnaires béats ? C'est injecter de la psycho en intraveineuse », ricane-t-il. « Les boss qui cartonnent ? Ceux qui zappent les humains derrière les chiffres. » 


Cette déconnexion est si banale qu'on la sniffe comme de l'air vicié. Bug Pharma qui a multiplié par 5000 le prix d'un médoc vital ? "Dynamique du marché", pas "meurtre lent". Tech qui accroche les gosses à la dope digitale ? "Innovation", pas "piège à innocents". Le jargon business ? Un voile chic sur la boucherie. L'uber-économie ? La quintessence psycho-système. Travailleurs notés comme des pizzas, gigs à la merci d'algos sadiques et clients chiants. Les boîtes ? Cachées derrière des travailleurs "indépendants", pas d'employés à protéger – dignité ? Quel concept exotique !

Les racines ? Dans nos nurseries à mini-psychos. Parents qui brandent leurs mioches comme des startups, pas des âmes à nourrir. Valeur = performances uniquement, donc on objectifie tout, y compris soi-même.

La "parentalité intensive" chez les riches ? Surprotection des chutes + négligence émotionnelle = gosses résilients comme du papier mâché, mais optimisés comme des apps. 
À l'autre bout, la violence de rue forge des armures anti-empathie – survie mode, pas patho. École ? Tests et scores transforment les potes en rivaux, jeux à somme nulle dès le berceau.

Biologiquement ? On s'empoisonne joyeusement : plomb, smog, pesticides – merci en passant aux chemtrails - , conspirateurs en chef – qui grillent le cortex frontal, gare centrale de la morale. Stress, malbouffe, hits de dopamine, insomnie : cocktail pour le KO de l'empathie. Gosses pollués = plus agressifs, moins tendres. Adultes plombés = asociaux chroniques. On teste sur nous-mêmes, addicts au confort toxique, pendant que Big Pharma bourre les gosses de Ritaline pour un "TDAH" qui pue l'absence parentale. Solution ? Éteignez vos IPads, faites des crêpes, soyez là. 

Mais non, on dope les gremlins pour cacher qu'on scrolle au lieu d'élever. Si on avait géré notre propre chaos avant d'oublier de mettre une capote, on n'aurait pas une génération Z lobotomisée, trop lobotomisée pour stopper un saignement artériel.

Le véritable fléau de cette épidémie de psychopathie réside dans sa propagation, tel un mème rance, infectant chaque recoin de notre culture pathétique et obsédée par les selfies. Ce fléau psychopathe se propage comme un virus TikTok, contaminant notre culture obsédée du selfie. On idolâtre les sans-âme : zéro culpabilité, victoire totale, et on applaudit comme des otaries chez Bouglione.

Ces psychopathes au discours lubrique et au regard vide, aux larmes de crocodile et à la bravade raffinée, sont érigés en modèles. On est tellement ivres de faste et d'arrogance qu'on a fait de leur absence d'âme notre référence absolue. Pas de sentiments négatifs, pas de culpabilité, juste une « victoire » pure et simple. Et on se régale comme des idiots, prêts à couronner quiconque feint d'avoir confiance en soi.

Les programmes des écoles de commerce ressemblent désormais à des cours de formation de la CIA, vendant des cours sur le « narcissisme stratégique » comme s'il s'agissait d'un parcours professionnel légitime ou comme si n'importe quel drone de bureau avait besoin d'une compréhension de la manipulation digne d'un agent de terrain pour exceller la prochaine fois qu'il présentera des graphiques dont personne dans la salle ne se soucie, parce que manipuler Bob Stallone, l'ex carricature de Canal +, en Relations Humaines, c'est mission impossible.

Développement perso ? 10 000 bouquins qui hurlent "t'es parfait, nique les autres" – industrie du bullshit qui vend de l'estime en spray. Hollywood ? Anti-héros sans tripes en boucle comme Walter White, le Heisenberg de Breaking Bad et ces personnages principaux crus et dénués d'empathie dans tous les drames prestigieux,. TikTok/X ? "Mâle Sigma" loups solitaires qu'ont "besoin de personne" – spoiler : ils crèveront seuls, mais ça fait tendance.

Et puis il y a ChatGPT et ses cousins de l'​​IA, qui chouchoutent les plus stupides crétins de la planète avec une petite tape sur la tête et un « Ouah, j'adore ta façon de penser ! ». Aussi absurde soit-elle, ces modèles sont programmés pour flatter les egos, validant chaque idiot qui prend son opinion à moitié cuite pour parole d'évangile. « Excellent point, tu es tellement perspicace ! » lance-t-il à un de ceux qui croient que la Terre est plate. Les chatbots amplifient la stupidité, affirmant aux gens qu'ils ont raison alors qu'ils sont tellement à côté de la plaque qu'ils constituent pratiquement un danger public.

Ce déluge culturel a donné naissance à ce que les chercheurs appellent la « sociopathie acquise » : des gens normaux se transforment en opportunistes impitoyables juste pour suivre le rythme. Ils ne naissent pas ainsi ; ils sont façonnés par une société qui récompense les imbéciles sans cœur. C'est ce qu'Erich Fromm appelait « la pathologie de la normalité » : il faut être malade pour s'intégrer dans ce monde malade. On chouchoute des idiots, on leur tend un mégaphone et une pilule pour endormir leur conscience, puis on se demande pourquoi ils filment un meurtre au lieu de l'empêcher.

Et pourtant, repérer cette tendance inquiétante pourrait bien être le premier pas vers un renversement de situation. Prenez mon exemple : j’ai le cerveau d’un psychopathe, mais je suis pas ses recommandations pourraves. L’environnement, les choix et la simple volonté peuvent prendre le pas sur tout ce que la biologie tente de dicter. La capacité du cerveau à se reconfigurer – la neuroplasticité – nous donne une chance de nous en sortir. Si on peut être transformés en machines froides et calculatrices, on peut aussi être transformés en êtres empathiques. Les programmes d'enseignement de l'intelligence émotionnelle dans les écoles le prouvent déjà, améliorant les scores d'empathie et réduisant les comportements antisociaux. Même la méditation en pleine conscience, qui stimule les centres de compassion du cerveau, s'immisce dans les formations en entreprise – même si, faut être réaliste, elle est généralement présentée comme une astuce pour gagner en productivité plutôt que comme un moyen de nous rendre moins cruels.

Je sais précisément quelles expériences ont déclenché mes tendances psychopathes mais j'ai aussi appris à les dissocier de mon quotidien, ou à les nuancer – un mot souvent oublié de nos jours. Mais qu'en est-il des autres ? Combien de petits compromis, combien de petites trahisons de conscience séparent un psychopathe du mec moyen qui tente de réussir dans l'Occident moderne ? Combien de personnes ont appris à réprimer leur empathie au nom de l'efficacité, à rationaliser la cruauté par la nécessité, à prendre l'absence de sentiment pour de la force ?

La montée de la psychopathie dans notre société n'est pas seulement une curiosité clinique ou une préoccupation philosophique. C'est une menace existentielle pour notre civilisation. L'empathie n'est pas simplement une qualité agréable qui rend la vie plus agréable ; c'est la capacité fondamentale qui nous permet de vivre ensemble, de bâtir des communautés et de donner du sens à notre existence individuelle. Sans elle, nous ne sommes pas une société ; nous ne sommes qu'un ensemble d'intérêts, de races, d'idéologies et de partis concurrents, temporairement alignés par le hasard ou par la force.

Le philosophe allemand Theodor Adorno a écrit un jour qu' « une écharde dans l'œil était la meilleure des loupes ». Notre prise de conscience croissante de la montée de la psychopathie pourrait bien être l'écharde qui nous permettra de voir clairement la trajectoire de notre culture. La question est désormais de savoir si on aura le courage de changer de cap, de choisir délibérément l'empathie dans un système conçu pour récompenser son absence, d'insister sur l'humanité dans une époque de plus en plus inhumaine.

Dans une société qui encourage les comportements psychopathes, on risque tous de devenir étrangers à notre propre conscience. Le véritable fléau n'est pas que des psychopathes circulent parmi nous. C'est qu'avec les circonstances, les pressions et les motivations appropriées, on pourrait découvrir que les psychopathes, c'est nous.

Le choix, en fin de compte, nous appartient. On peut poursuivre sur cette voie, en acceptant le regard vide et le sourire rhétorique comme le prix du succès dans la vie moderne. Ou on peut se rappeler ce que signifie être humain, ressentir profondément, créer des liens authentiques, privilégier la conscience à la commodité. L'enjeu est crucial. Dans un monde de plus en plus capable de créations spectaculaires et de destructions dévastatrices, la différence entre un avenir psychopathe et un avenir empathique pourrait bien faire la différence entre l'extinction et la transcendance.

La question qui devrait nous hanter tous, est terriblement simple : dans notre quête incessante de succès, d’efficacité et d’optimisation, avons-nous oublié que la réussite humaine la plus profonde, c’est pas les coupes et les trophées, mais la façon dont on se traite en route les uns les autres. Sans poignards ni scrolls indifférents.