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17 janv. 2025

1001. Wikipedia: Comment la gauche mondialiste et woke a volé une encyclopédie

 

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WIKIPEDIA: COMMENT LA GAUCHE MONDIALISTE ET WOKE A VOLÉ UNE ENCYCLOPÉDIE

Le plan ambitieux de la Wikimedia Foundation pour faire pression sur l'ONU menace de transformer l'Internet libre en un espace réglementé et idéologique.

En 2019, la communauté Wikipédia a été secouée par un scandale qui aurait dû faire la une des journaux bien au-delà de la chambre d’écho de ses rédacteurs dévoués. Fram, un administrateur, a été frappé d’une interdiction d’un an – non pas par les suspects habituels, le Comité d’arbitrage de Wikipédia en anglais, mais directement par la Wikimedia Foundation (WMF), les gardiens autoproclamés de notre « encyclopédie libre ». Il s’agissait d’une démonstration flagrante de l’autoritarisme rampant au sein d’une organisation qui se targue d’être l’incarnation de la collaboration open source.

L'interdiction n'était pas une simple mesure disciplinaire. Au lieu de laisser la communauté contrôler elle-même ses activités comme le font aujourd'hui Musk sur X et tout récemment Zuckerberg sur Meta, la WMF, qui se présente comme une organisation à but non lucratif mais agit plutôt comme un chef d'entreprise, a décidé de contourner les processus établis. On voit ici la véritable dynamique de pouvoir à l'œuvre, où une ONG se faisant passer pour la protectrice de la connaissance libre exerce un contrôle d'une manière qui ferait rougir n'importe quel gouvernement centralisé.

À peine un jour après la promulgation de ce décret autoritaire, Jimmy Wales, cofondateur de Wikipédia, sentant la révolte se préparer, est intervenu avec son sens habituel du drame. Il a promis une révision, mais qu'est-ce que ça a changé ? Rien, nib, que dalle en fait. Il s'agissait simplement de limiter les dégâts, un cas classique de trop peu, trop tard.

Ses actions n'ont pas contribué à endiguer la vague de démissions qui a suivi. Les rédacteurs en chef de haut rang, qui sont censés être l'épine dorsale de la gouvernance de Wikipédia, ont jeté leurs badges virtuels en signe de dégoût, soulignant la manière dont la WikiMediaFoundation (WMF) avait piétiné les principes d'ouverture, de consensus et d'auto-gouvernance que Wikipédia prétend défendre.

Au fond, la débâcle était liée à l'affrontement entre l'éthique populaire et décentralisée de Wikipédia et l'approche de plus en plus centralisée et descendante de la WMF. Mais faut pas se leurrer : ce n'était que la surface d'un changement culturel plus profond, un changement dans lequel la WMF a adopté un nouveau programme de justice sociale avec toute la subtilité d'un marteau-pilon.

Prenons par exemple le lancement en 2020 du projet Wiki Take the 2020 launch of Wikiproject Black Lives Matter . Ici, Wikipédia n'a pas seulement pivoté vers la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI) ; elle y a fait un triple saut périlleux. Sous couvert de corriger les « préjugés systémiques », ils ont essentiellement créé une voie spéciale pour certains sujets, les élevant au-dessus des autres. 

Au lieu de ça, on a vu les rédacteurs de Wikipédia devenir des activistes, participer à des manifestations, demander des photos sur le terrain. Il s'agissait plus de journalisme ni même d'un travail encyclopédique ; il s'agissait de propagande déguisée en service public, manipulant le récit sous la bannière de la justice sociale.

La controverse était en fin de compte une bataille pour l'âme d'une institution qui prétend abriter la somme des connaissances humaines, ainsi que ses considérables caisses financières. La question était la suivante : Wikipédia resterait-elle un bastion de gouvernance démocratique et communautaire où règnerait en maître l'esprit d'ouverture, de transparence et de neutralité ? Ou succomberait-elle à l'influence de quelques technocrates d'ONG bien rémunérées par George Soros et assimilés, orientant la plateforme vers les marées capricieuses du programme de justice sociale des élites occidentales ?

De plus, comment Wikipédia ferait-il face aux changements sismiques du discours occidental, où la notion même de connaissance neutre et objective était qualifiée de relique de la pensée suprémaciste blanche ?

Alors que la communauté Wikipédia explosait de fureur numérique à cause de ce scandale, certaines vérités ont fait surface comme des îles dans une mer d'octets. Fram, avec ses 250 000 modifications, était un colosse parmi les éditeurs, mais sa langue acérée était aussi connue que son dévouement. Son conflit a eu lieu avec Laura Hale, une doctorante australienne dont les contributions à Wikipédia étaient imprégnées de défense du féminisme et du sport féminin, en particulier dans le domaine paralympique.

Hale, qui n'avait pas de droits d'administrateur chez Wiki, a accusé Fram de harcèlement, citant ses commentaires critiques laissés sur sa page de discussion, une arène numérique où le travail éditorial de chacun est discuté et décortiqué. Mais il s'agissait pas d'un simple désaccord sur les modifications ; il s'agissait d'un affrontement idéologique, où le personnel est devenu politique au sens le plus littéral du terme.

Dans une FAQ (Questions Fréquentes) tentant de clarifier l'interdiction, l'équipe de Wikimedia Trust and Safety a eu recours au jargon de l'entreprise, offrant à peine plus que des assurances vides de sens. L'explication était aussi substantielle qu'un nuage : « Comme décrit sur la métapage sur les actions du bureau, nous étudions la nécessité d'une action du bureau soit à la réception de plaintes de la communauté, soit comme l'exige la loi. Dans ce cas, nous avons agi sur la base de plaintes de la communauté d'utilisateurs. » Un rédacteur, peut-être avec du sarcasme dégoulinant de chaque mot, a fait remarquer: « De toutes les réponses non-réponses que j'ai vues dans ma vie, celle-ci est probablement l'une des plus longues. »

Alors que le mouvement #MeToo transformait le paysage culturel occidental, l’accusation d’un rédacteur en chef de sexe masculin contre une femme de moindre autorité a touché une corde sensible dans les ailes progressistes de la communauté Wikipédia.  Femmes en Rouge (Women in Red), un groupe qui se consacre à l’amplification de la représentation féminine sur le site, a intensifié sa rhétorique, accusant Fram de « vrais crimes » 
Un rédacteur, portant fièrement son badge « antiraciste, pro-LGBTQ+ », lors d’une discussion communautaire, a fait écho à ce sentiment dans un tweet qui a disparu de la chronologie comme une brume matinale, suggérant que l’affaire impliquait quelque chose de « légal ou de très grave ».

Cependant, ce récit a été brouillé par la révélation que Hale avait une relation amoureuse avec Raystorm (de son vrai nom Maria Sefidari), qui avait défendu Hale avec véhémence. 

L'appel de Sefidari, « Leave Laura alone / Laissez Laura tranquille », sur une page de discussion aurait pu n'être qu'une goutte d'eau dans l'océan du débat en ligne s'il y avait pas eu un détail crucial. Sefidari était pas qu'une simple éditrice ; elle était la présidente du conseil d'administration de la Wikimedia Foundation, exerçant une influence sur l'entité même qui avait émis l'interdiction.

Ce rôle l'a placée au cœur des décisions concernant la rémunération du personnel, les transitions de direction et l'orientation stratégique de la WMF. De plus, son implication dans des comités de haut niveau comme le Comité d'audit, qui gérait les finances de la Fondation, et le Comité de gouvernance du conseil d'administration, qui façonnait la structure interne du conseil, a dressé un tableau de pouvoir considérable et de conflits d'intérêts potentiels.

Cet étrange triangle d'amour, d'inimitié et de pouvoir a alimenté les soupçons au sein de la communauté selon lesquels l'interdiction de Fram n'était pas tant une question d'« abus » présumés que de volonté de faire taire les critiques dirigées contre le travail médiocre d'un partenaire amoureux d'une personnalité influente. Aussi scandaleux que ça puisse être, ça n'aurait été qu'une anecdote bizarre, bien que peu recommandable, dans les anecdotes de Wikipédia si ça s'était arrêté là.

Au contraire, ça a marqué le début d’une profonde transformation, où l’esprit original et décentralisé de Wikipédia serait supplanté par l’agenda de la WMF visant à utiliser la plateforme comme un instrument d’ingénierie sociale progresso-mondialiste.


Deux ans plus tard, Sefidari a annoncé son départ du conseil d’administration de la WMF, pour ensuite occuper un poste de consultante auprès de la Fondation. Cette décision a fait froncer les sourcils et déclenché une tempête de protestations parmi les membres de la communauté, qui l’ont dénoncé comme un cas évident d’intérêt personnel. La réaction a été si véhémente qu’elle a nécessité l’intervention de la conseillère juridique de la WMF, Amanda Keton, qui a tenté de justifier cette transition.

Keton a fait valoir que la WMF avait décelé « des lacunes dans la mise en œuvre de la stratégie du mouvement de la Fondation » nécessitant une expertise supplémentaire. Sefidari, avec sa profonde connaissance de la WMF et de la stratégie du mouvement, était bien placée pour combler ces lacunes en tant que consultante.

La stratégie du mouvement, ou Wikimedia 2030, était pour le moins ambitieuse. Initiée par Katherine Maher pendant son mandat de directrice exécutive et PDG de la WMF, cette stratégie visait à redéfinir la mission de la WMF et de Wikipédia.

L’éthique fondamentale de la base de connaissances décentralisée a été remplacée par une approche plus centralisée, axée sur l’activisme et le plaidoyer sous l’angle de la justice sociale.

Lors du dévoilement de la stratégie, Maher s’est vanté d’une période de gestation de huit mois, impliquant un large éventail d’acteurs issus des médias, de la technologie, du monde universitaire et des ONG, parmi lesquels Sefidari a notamment été mentionnée.

La pierre angulaire de la stratégie du mouvement était « l’inclusion », un terme qui avait commencé à résonner avec l’esprit du temps culturel, bientôt amplifié par des mouvements comme #MeToo, Black Lives Matter et la lutte pour les droits des transgenres. L’une des « conclusions de consensus » de cette initiative aurait bien pu être tirée d’un manuel Diversité-Equité-Inclusion (DEI) : « L’inclusion et une nouvelle représentation ne peuvent être forgées qu’avec des barrières à l’entrée plus faibles. »

Maher a considéré que ce nouvel accent mis sur l’inclusion était vital. Malgré la rhétorique de la WMF sur la diversité, la dure réalité était que la communauté éditoriale de Wikipédia était majoritairement masculine, avec des estimations suggérant qu'environ 80 % étaient des hommes.

Du point de vue de l'idéologie axée sur l'équité adoptée par la WMF, si sa mission était vraiment de fournir un accès mondial à toutes les connaissances, alors cette distorsion démographique était pas seulement un échec mais une injustice envers la moitié des voix du monde.

En tant qu'architecte de la stratégie du mouvement, Maher a plus tard exprimé cette position plus franchement après avoir pris le rôle de dirigeante de NPR (National Public Radio, le principal réseau de radiodiffusion non commercial et de service public aux États-Unis), où elle a critiqué la philosophie « libre et ouverte » de Wikipédia comme une « construction occidentale des hommes blancs » qui conduisait intrinsèquement à « l'exclusion des communautés et des langues ».

Ce point de vue a été repris par WMF, bien que dans le langage plus aseptisé du jargon des entreprises, dans un article publié sur LinkedIn en 2023 :
« Pourquoi la représentation mondiale des rédacteurs bénévoles de Wikipédia est-elle importante ? Elle est importante parce que Wikipédia est le reflet des personnes qui y contribuent. Des perspectives diverses créent des connaissances de meilleure qualité, plus représentatives et plus pertinentes pour nous tous. »

Ce concept, surnommé « équité des connaissances », devait redéfinir l’essence même de la mission de Wikimedia. C’est cette même notion d’« équité des connaissances » qui sous-tendait une autre des conclusions de consensus de la stratégie du mouvement, étrangement semblable aux visions utopiques véhiculées par le Forum économique mondial :
« Wikimedia devrait avoir une influence sur l’élaboration de la politique mondiale en matière d’accès au savoir. »

Lorsque Wikipédia a été lancé en 2001, ça pouvait sembler une aspiration noble, bien que quelque peu académique. Mais en 2017, il était évident que le contrôle de l’information équivalait à l’exercice du pouvoir à l’ère numérique. Le contenu n’était plus seulement une information, c’était une monnaie d’échange et Google était la banque.

Dans cet écosystème, Wikipédia n’était plus un simple site Web, c’était le faiseur de rois, fournissant à Google des millions de pages de contenu « vérifié » grâce à sa légion d’éditeurs censeurs de la pensée.

Wikipédia est devenu en substance le vérificateur de faits non rémunéré de Google, un service colossal qui ne coûtait rien à Google mais qui garantissait que les pages de Wikipédia dominaient les résultats de recherche, alimentant le Graphique des connaissances (Knowledge Graph de Google), qui en 2016 apparaissait dans un tiers de toutes les recherches. Google, reconnaissant cette symbiose, a fait des dons généreux, en commençant par une contribution de 2 millions de dollars en 2010.

Mais pour que la WMF puisse véritablement façonner la politique mondiale en matière d’accès au savoir, il lui fallait plus que de l’altruisme ; il lui fallait un trésor de guerre. C’est là qu’est né le coup de maître financier de la stratégie du mouvement : le Wikimedia Endowment. Il ne s’agissait pas seulement de sécuriser les coûts opérationnels de Wikipédia ; il s’agissait de construire une forteresse financière pour soutenir indéfiniment les batailles idéologiques de la Fondation.

Le Wikimedia Endowment, créé en 2016, s’est niché au sein de la Tides Foundation, une centrale électrique de 800 millions de dollars connue pour son activisme de gauche. Il faisait partie du Tides Center, un réseau visant à « accélérer la justice sociale ».

Le dossier 990 de la Tides Foundation auprès de l’IRS (Fisc US) énonce sans détour sa mission comme étant « l’octroi de subventions par le biais de fonds pour accélérer le rythme du changement social ». C’est ici que le Wikimedia Endowment a trouvé sa place, suggérant non seulement un plan de longévité financière, mais un alignement stratégique avec un programme bien au-delà de la simple diffusion des connaissances.

Tides, qui a englouti 34 millions de dollars de l'argent des contribuables depuis 2008, est l'épine dorsale financière d'une série d'initiatives d'extrême gauche, notamment celles visant à démanteler les forces de police comme le Justice Teams Network à Oakland et Chispa à Santa Clara.

Non content de se contenter de couper les fonds destinés aux forces de l'ordre, Tides a également financé des groupes anti-israéliens comme le Council on American-Islamic Relations, impliqué comme co-conspirateur non inculpé dans un projet de financement du Hamas. L'année dernière, Tides a de nouveau fait la une des journaux, cette fois en lien avec l'Arab Resource and Organizing Center, qu'il finance et gère, orchestrant la fermeture du Bay Bridge pour protester contre le conflit à Gaza.

La création de la Fondation sous la direction de Katherine Maher était une alliance stratégique forgée par l'avocate générale de Tides, Amanda Keton, qui a ensuite rejoint WMF en tant que directrice juridique - la même Keton qui a défendu le contrat de conseil de Sefidari. Avec l'un des principaux moteurs financiers de WMF intégré à Tides, et un dirigeant de Tides occupant un poste clé au sein de WMF, la frontière entre les deux organisations est devenue inexistante.

Le fonds de dotation avait pour objectif de récolter 100 millions de dollars sur une décennie, mais il a dépassé ce montant, atteignant 119 millions de dollars l'année dernière, sans compter les 250 millions de dollars d'actifs de la WMF. La question devient alors : qui remplit ces coffres ? La réponse pointe directement vers le partenaire de contenu de Wikipédia, Google.

En 2016, l'année où que le fonds de dotation a été implanté au sein de Tides, Google a fait un don sans précédent de 59 millions de dollars, une somme éclipsant ses contributions habituelles. Cela a été suivi de 76 millions de dollars en 2017, coïncidant avec le lancement de la stratégie du mouvement, et de 45 millions de dollars l'année suivante. (Le fonds de dotation a ensuite obtenu le statut indépendant en 2022.)

L'attrait pour les donateurs comme Google était clair. Tides fonctionne comme un fonds conseillé par les donateurs, offrant l'anonymat à ceux qui préfèrent que leur philanthropie soit discrète. Ceci fournit également un écran de fumée pratique aux donateurs comme Google, permettant à leurs fonds de soutenir des initiatives radicales de justice sociale tout en maintenant un degré de déni plausible.

Cette configuration permet aux géants de la technologie et aux autres donateurs de profiter des louanges de l'activisme social sans les retombées désordonnées des relations publiques, blanchissant efficacement leur image sous le voile des dons caritatifs.

En 2022, Google et WMF ont porté leur relation à un niveau supérieur avec la création de Wikimedia Enterprise, une entreprise à but lucratif qui vendrait les données de Wikipédia à des clients d'entreprise, avec Google comme premier et, à ce stade, unique client.

Cette initiative a été présentée comme faisant partie de la stratégie du mouvement visant à promouvoir « l'équité des connaissances et la connaissance en tant que service », mais en réalité, il s'agissait d'une commercialisation flagrante de ce qui était autrefois un bastion d'informations gratuites et ouvertes.

Avec des poches remplies de dons obscurs et désormais de revenus directs des entreprises, les dirigeants de WMF ont déclenché leur programme radical. Un post de X de 2022 devenu viral a révélé certains des exemples les plus farfelus, comme le Fonds d’équité de la WMF qui a versé 250 000 $ à la Fondation SeRCH, qui milite pour une « méthode scientifique intersectionnelle » — un oxymore s’il en est, qui sent l’excès idéologique dans le domaine de la science objective.

250 000 $ supplémentaires ont été versés au Borealis Racial Equity in Journalism Fund, qui vise non seulement à canaliser 71 milliards de dollars vers ce que l’on appelle le journalisme BIPOC, mais sert également de canal pour les fonds destinés à des groupes comme Assata’s Daughters, qui militent pour l’abolition de la police — une atteinte directe à la loi et à l’ordre.

Ces dons ne financent pas seulement la justice sociale ; ils financent la subversion des valeurs et des institutions américaines. Mais pour WMF, ce n’est rien qu’une partie de leur plan plus vaste. Ils ont maintenant pour objectif de faire pression sur l’ONU pour façonner le Pacte numérique mondial, une initiative qui pourrait imposer une réglementation de type onusien sur Internet, un peu comme le Pacte mondial de 2000 l’a fait pour les entreprises avec ses mandats ESG et DEI – transformant l’Internet libre en un espace contrôlé et « équitable » selon leur évangile progressiste.

L’avenir s’annonce en effet prometteur pour WMF, mais pas de la manière dont il célèbre la liberté ou la liberté individuelle. Avec une abondance de fonds et un rôle central dans la gouvernance mondiale, WMF est passé d’un outil de partage décentralisé des connaissances à un mastodonte centralisé dictant qui peut produire, diffuser, posséder et définir l’information.

C’est l’antithèse de ce que Wikipédia était censé être – pas une entité détenue par une élite, mais un processus de création de connaissances accessible à tous, détenu par personne. Ce n’est pas un progrès ; Il s'agit d'un détournement d'un idéal par ceux qui croient que la connaissance doit servir leurs intérêts politiques plutôt que la quête de la vérité par l'humanité.

Ainsi, Wikipédia est passée d'un phare de la connaissance collective et impartiale à un outil utilisé par ceux dont les objectifs sont très éloignés de la quête de la vérité. Ce n'est plus une source fiable pour ceux qui recherchent des informations objectives.

À la lumière de ça, l'ère numérique exige de nouvelles approches innovantes pour accéder à des connaissances réelles et vraies en ligne, où la transparence, la neutralité et la démocratisation de l'information ne sont pas seulement des idéaux mais des réalités.

Le temps est venu d'une alternative qui incarne vraiment l'esprit originel d'Internet - un espace où la connaissance est libérée des griffes de la capture idéologique et des agendas des entreprises. Reste plus qu'à espérer que Trump, Musk et leurs amis foutent un bon coup de pied dans cette fourmilière.

15 janv. 2025

1000. Pause prolongée


PAUSE PROLONGÉE

Jacky Popette était un magicien à la petite semaine ainsi qu'un petit escroc de bas étage, mais ce n'étaient là que quelques-unes des activités qu'il allait accomplir dans le cadre de sa célèbre carrière parallèle. En raison de sa fascination pour le temps, Jacky allait trouver un moyen de repousser à jamais les limites de la quatrième dimension. En utilisant son talent de manipulation, il allait découvrir le secret éternel de la façon d'arrêter le temps et, ce faisant, utiliser son nouveau pouvoir pour sa propre édification, comme l'avait fait avant lui le Dr Faust dans son pacte avec le diable. D'autres personnes avaient joué avec ce pouvoir, mais c'est Jacky qui avait trouvé le levier qui contrôlait le grand manège du temps.  

" Allez, m'sieurs-dames. Trois balles pour deux balles seulement. Allez bonhomme, faites voir ce que vous avez dans les bras. " Même son long visage ne pouvait cacher son ennui devant son stand. À presque quarante ans, il était fatigué de voyager sans cesse. Son visage était devenu une carte routière des endroits qu'il avait visités au fil du temps. Son assistant Martin Lourson était un gamin boutonneux d'à peine vingt ans qui voyait ce boulot comme un moyen de sortir des bas-fonds de la Goutte d'Or. Martin prit une des balles et renversa une pile de boîtes de conserve comme si de rien n'était, mais Jacky lestait toujours les boîtes destinées à ses clients.

Si seulement le temps pouvait s’arrêter ne serait-ce que quelques secondes et révéler ce que l’avenir immédiat lui réservait. Il en avait assez d’attendre que la fortune le trouve, car il devenait douloureusement évident que la fortune s’intéressait pas à lui. Martin, de son côté, avait parlé de son « oiseau » qui l’attendait à la maison.  

Attendre ? Vraiment ? Les gens n'attendaient pas. Si quelqu'un savait ça, c'était bien lui. Sa vie était devenue un échiquier de possibilités et de déceptions.  

Après la fermeture de son stand, Jacky se rendrait dans sa caravane et organiserait une partie de poker où il pourrait gagner une somme rondelette puisque ses cartes étaient marquées de manière très subtile. Les voyous voulaient juste que vous preniez leur argent et Jacky était plus qu'heureux de leur rendre ce petit service gratuitement.  

Il avait été autrefois un magicien, mais l'alcool avait causé sa perte. C'était le boulet auquel il était enchaîné et même maintenant, le goût sucré de la gnole de cerise l'apaisait comme le lait maternel, avec une gorgée par ci et une autre par là pour l'aider à s'endormir.  

Réduit au rang d'aboyeur de foire, ç'avait été un sérieux coup porté à son ego, mais le père Campionescu avait été généreux de le garder, car sa réputation était toujours en doute.  

" Tu vas fermer, Martin ? demanda-t-il en tirant une gorgée de sa flasque.
- Bien sûr, Mr. Popette." 
Il hocha la tête. Jacky détestait que le boutonneux l’appelle monsieur, car c’était ainsi qu’il s'était adressé à son défunt père, mais le temps semblait toujours lui rappeler à quel point il était devenu un raté. Il était arrivé un moment où il ne pouvait plus changer de cap dans sa vie pathétique et il devait se contenter de la direction qu’il prenait.

---o---

Marylou Megalovitch était une sorcière qui lisait les cartes de tarot, les planches de Ouija et les feuilles de thé dans ses tasses occultes. Son nez en bec de perroquet et un œil aux abonnés absents dans une de ses orbites faisaient d'elle une relique d'être humaine, mais il y avait des choses qu'elle savait et faisait qui intriguaient Jacky.  

" Tu veux que je te lise les lignes de la main ? lui demanda-t-elle en lui tendant une main osseuse.
- Surtout pas. Il secoua la tête.
- Il faut croire à la magie, hein ? gloussa-t-elle.
- La magie, c'est juste bon pour les dindons. Il fronça les sourcils.
- Il y a des choses du Paradis et de l'Enfer qui se connectent en ce bas monde." Elle haussa les épaules, portant toujours son turban avec le croissant de lune épinglé sur le tissu violet. 

" J'aimerais y croire, c'est vrai. Il rit.
- Dis ce que tu veux, Jacky, mais tu as vu le cordon." Elle posa sa main sur la sienne, sur la table. Il retira brusquement la sienne.
- Il y a pas de cordon. Il haussa un sourcil.
- Tu faisais partie du cercle, répliqua-t-elle d'un ton sec. 
- Tout ça, c'est rien que du pipeau. Il lui fit un signe de la main.
- Il fut un temps où tu croyais, lui rappela-t-elle.
- Ouais, c'était y a longtemps quand que j'étais stupide. Il posa son menton sur ses deux poings.
- Crois-moi !" murmura-t-elle et cela souffla sur lui comme une douce brise. 

" Croire, c’est juste bon pour les imbéciles, soupira-t-il.
- Ne sois pas si négatif. Ses mains fouillèrent le col de sa robe et en sortirent une petite tocante qu'elle lui montra.
- Comme tu voudras, ma chérie." Il haussa les épaules, pas impressionné.

" Cette montre a été fabriquée par mon grand-père qui était alchimiste." Elle tenait la pièce en mouvement entre ses doigts. Elle était à peine plus grosse qu'une pièce de deux euros. " Il s'adonnait aux arts obscurs et ceci fut son chef-d'œuvre.
- Et alors ? Il haussa à nouveau les épaules.
- Avec ses engrenages et ses rouages, il pouvait arrêter le temps avec ça." Elle replaça le morceau dans son corset entre ses seins.

" Tu es stupide. Il secoua sa grosse tête hirsute.
- Les non-croyants sont la raison pour laquelle la magie est vouée à l'échec." Elle ressortit le médaillon en or qui contenait la montre. Le plaçant entre ses mains squelettiques, elle ferma les yeux tandis que le temps s'immobilisait. Tout mouvement cessa autour d'eux et à cet instant, toute trace d'une seconde suivant la précédente disparut. Jacky pouvait désormais se déplacer librement dans le monde gelé où le temps n'avait plus aucune domination.

" Incroyable. Tout simplement incroyable." Il s'émerveillait de la façon dont le temps s'était arrêté comme ce jour lorsque la grande roue s'était immobilisée pendant plus de deux heures, laissant les clients scotchés en l'air, ce qui était arrivé quelques mois auparavant, alors qu'il s'était bourré la gueule et s'était endormi sur la manette STOP. Certains d'entre eux s'étaient plaints avec fureur, ce qui lui avait valu de se retrouver à gérer le stand minable du casse-boites à la con.

En voyant ce monde sans temps, il savait qu'il devait posséder cette montre. Marylou le regarda comme si elle savait quel mal traversait sa tête de tordu et elle remit le médaillon à l'intérieur de l'encolure de sa robe.

---o---

La compagnie avait installé la fête foraine dans un quartier miteux du 18ème, où la plupart des badauds étaient des travailleurs immigrés à la peau brune ou basanée portant des bonnets de laine ou des keffiehs, souriant et hochant la tête pendant que Jacky aboyait ses invitations habituelles. Martin courait partout comme un insecte en feu.  

Après la fermeture des portes à minuit, une partie de l'équipe de forains s'était réunie dans la tente à Goupil pour une partie animée de Texas Hold'em.

" Alors Jacky," fit Bargeot en mélangeant les cartes. " Que penses-tu de Marylou Megalovitch ?
- Je n’y ai jamais prêté attention." Il renifla en mâchant le cure-dent au coin de sa bouche. Bargeot savait que ce n’était pas le cas. Connaissant Jacky depuis presque vingt ans, il savait que quand ce vieux fou commençait à mâcher son cure-dent, c'était un signe qu’il mentait ou qu'il bluffait. 

" Elle semble maîtriser l’occulte", ajouta Blaireau.
Jacky commença à distribuer les cartes.
" J'ai entendu des rumeurs un peu folles." Bargeot ramassa les siennes et fronça les sourcils, ce qui indiqua à Jacky qu'il avait probablement une bonne main.

" Ah ouais, quel genre de rumeurs ? " Jacky s'adossa à sa chaise pliante.

" Elle a une ligne directe avec Satan lui-même." Bargeot caressa sa barbe de trois jours. Ils étaient sur la route depuis plus de deux mois et certains membres de la fête foraine commençaient à se sentir mal. Jacky pouvait sentir la sueur de Bargeot de l'autre côté de la table. " J'ai entendu dire qu'elle avait une sorte de talisman planqué entre ses nibards.
- Tu dois le savoir mieux que moi", gloussa jacky, sans jamais voir le crochet du droit se dirigeant vers sa tronche vitesse grand V. À l'entrée en contact avec sa mâchoire, Jacky fut envoyé à terre.

" T'arrêtes tes insinuations", l'avertit Bargeot tandis que Jacky frottait sa mâchoire endolorie.

Il lui fallut une bonne dose de kirsch supplémentaire pour enfin trouver le sommeil vers deux heures du mat' cette nuit là.

---o--- 

Mr. Campionescu, le proprio de la fête foraine, décida de payer le voyage en train mixte passagers-marchandises pour retourner en Roumanie, la terre de ses ancêtres. Jacky détestait voyager en train, mais cela signifiait qu’il n’aurait pas à conduire non plus. Il détestait traverser les cols des Carpathes. La lente ascension à travers les montagnes escarpées était une angoisse pour la plupart des voyageurs. Ce n’était pas un voyage pour les âmes sensibles. Mais Jacky savait qu'Andréas Campionescu était un homme d’affaires à l’ancienne, d’avant la Grande Dépression, qui n’avait pas tiré les leçons des erreurs passées de son père qui avait mis fin à ses jours avec son pistolet préféré.  

La veille du voyage, Jacky rêva qu'il arrêtait le temps. Dans son ambition faustienne, il se rendit auprès de chacun de ces êtres figés et leur fit les poches. Une fois qu'il eut réuni un joli magot, il appuya sur le bouton et le temps reprit son cours normal. 

Alors qu'ils parcouraient la vallée centrale du Danube, il ne pouvait s'empêcher de penser à cette scène. Ses yeux tombaient sur Marylou, assise là, tenant son médaillon.  

Au bout d'une heure, Jacky se leva et monta dans la voiture voisine où une partie de poker venait de commencer. Il fut surpris de voir Bolosse et Jobard Piquepoil assis là, car aucun des deux frères n'aimait les cartes et ils étaient des proies faciles lorsqu'ils se joignaient à eux.

" Allez Jacky, joins-toi à nous." Bolosse agita ses cartes pour que Jacky puisse les voir toutes.

" D'accord." 

Une fois de plus, alors que Jacky dépouillait petit à petit les deux frères de leurs salaires durement gagnés, ils commencèrent à parler de Marylou, car sa roulotte était toujours populaire et remplie de clients. Dans le monde des forains, être populaire signifiait probablement avoir conclu un pacte avec le diable.  

" J'ai vu cette chose qu'elle porte autour du cou." Jobard se pencha vers Jacky comme s'il le disait en toute confidentialité. " J'ai entendu dire que c'était une sorte d'instrument du diable.
- Ferme ta gueule, Jobard." Bolosse était irrité contre son jeune frère. 

" Je suis sérieux, tu sais, insista Jobard.
- Je m'en tape. Cette vieille femme est complètement folle." grogna Bolosse. Nicolas Piquepoil, surnommé Bolosse par les autres membres de la compagnie, était l'un des êtres humains les plus forts que Jacky ait jamais connu. Jacky jurerait avoir vu Bolosse soulever un cheval dans ses bras alors que la bête refuser de tirer une roulotte. Jobard était presque aussi fort, mais il avait pas la taille imposante de son frère aîné. Mais tandis que Jacky était assis là à les regarder se disputer, une pensée maléfique lui traversa le système lymbique. 

" Tu veux qu’on fasse quoi ?" Bolosse était dur d’oreille après avoir passé quelques années dans les mines quand il était jeune.
- On balancera la vioque du train de l’autre côté du col de la montagne quand nous arriverons dans les Carpathes", suggéra Jacky. Jobard souriait déjà comme un idiot.

" Et pourquoi on ferait ça ? demanda Bolosse en plissant les yeux. 
- Je veux ce médaillon qui pend autour de son cou. Jacky hocha la tête.
- Et pourquoi tu veux ce médaillon ? Bolosse haussa les épaules.  
- Ce médaillon est magique. Jacky écarta les mains.

" Je le savais !" Jobard tapa son frère dans le dos. 
- Qu'est-ce que fait ce médaillon ? demanda Bolosse.
- Il stoppe le temps, répondit Jacky.
- Que veux-tu dire par arrêter le temps ? Bolosse se gratta la tête.
- Exactement ce que je viens de dire. Tout se fige sauf la personne qui tient le talisman et celle à laquelle pense le porteur du talisman." Jacky observa les deux frères qui semblaient soudainement très intéressés.

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Il fallut presque deux journée et demie de voyage pour atteindre les hauts sommets des Carpathes de Roumanie. Jacky avait été à bord de ce train à de nombreuses reprises et savait que Varful Deleanu serait l'endroit idéal pour débarrasser le monde de Marylou Megalovitch et lui retirer son médaillon. Le train emprunterait un flanc de falaise qui, lorsqu'il était au-dessus des nuages, ressemblait à un gouffre sans fond. Bolosse pourrait jeter Marylou par-dessus le précipice où elle tomberait et mourrait. Son corps souple serait presque absorbé par les nuages ​​et il aurait alors le pouvoir de contrôler le temps.

Marylou n'avait aucune idée de ce qui l'attendait. Contrairement à Jacky, Marylou adorait traverser le pays en train. C'était très relaxant et le paysage était à couper le souffle.  

À une heure de Varful, Jacky vérifia que les frères Piquepoil étaient en place et qu'il était assis près de Marylou. Mr. Campionescu faisait le tour du wagon pour s'assurer que tout le monde était à l'aise et que personne n'avait déserté son spectacle comme cela s'était produit auparavant.  

Le conducteur du train annonça que le train passerait Varful Deleanu et la falaise dans dix minutes et que ce serait le point le plus élevé du voyage.  

" Mme Megalovitch." Jacky se leva de sa banquette et se dirigea vers elle.

" Oui ?" Elle se retourna juste à temps pour qu’il lui plaque le chiffon imbibé de chloroforme sur le visage. Elle s’endormit presque instantanément.

" Oh mon Dieu, Mme Megalovitch s’est évanouie !", annonça en beuglant Jacky en retirant la chaîne du cou de la vieille.
Il sembla soulagé lorsque les frères Piquepoil apparurent pour l'aider à la relever de son siège.

" Où faut-il la mettre ? demanda Bolosse en la soulevant facilement de son siège.
- Dans sa roulotte pour qu'elle puisse s'allonger." Jacky semblait super empathique tandis que Bolosse la portait à travers le wagon passager jusqu'au wagon plateau de sa roulotte.

L'air froid s'abattit sur le trio dès que la porte s'ouvrit. La neige souffla sur leur peau exposée.

" Maintenant !", ordonna Jacky, mais Bolosse hésita une seconde. En regardant par-dessus le bord à travers la tempête de neige aveuglante, il lui sembla que la chute que Marylou Megalovitch était sur le point de subir ne finirait jamais.

" Allez, maintenant !" Jacky asséna un grand coup de poing dans le bras du grand homme. Il grogna juste au moment où il lâcha la vieille. Alors qu'elle entamait sa chute, elle reprit conscience. Réalisant qu'elle était maintenant en chute libre, elle se mit à crier. Son cri résonna pendant plusieurs secondes jusqu'à ce que tout redevienne silencieux. Se précipitant dans la voiture d'où elle venait d'être extirpée, Jacky annonça, paniqué : " Oh mon Dieu, Mme Megalovitch est tombée du train ! "

Les autres passagers à moitié endormis haletèrent lorsqu'ils réalisèrent ce qui venait de se passer.

" Ça ne servira à rien de faire arrêter le train", sanglota Jacky, laissant des larmes de crocodile lui inonder les joues. " Elle a été emportée au bas de la falaise par une violente bourrasque."

Mr. Campionescu interrogea longuement Jacky et les frères Piquepoil et dut se rendre à l'évidence qu'il s'agissait en effet d'un malheureux accident. Jacky quitta le compartiment privé de leur patron en compagnie de Bolosse et de Jobard. Tandis qu'ils approchaient de la voiture où le reste de la troupe était assis, il sortit un pistolet.

" Que vas-tu faire avec cette arme, Monsieur Popette ? demanda Bolosse en se foutant de sa gueule au moment même où Jacky faisait feu sur lui, laissant un point rouge au milieu du front du grand homme. Lorsque Jobard se retourna, Jacky lui infligea le même traitement. Tous deux tombèrent du train, assurant à Jake qu'il n'y aurait aucun témoin du meurtre de la vieille dame.

Il retourna dans son wagon. Rien n'avait changé. Les deux douzaines de passagers dormaient toujours tandis que Jacky sortait le médaillon de la poche de son manteau, tout à fait satisfait du résultat. D'un tour de bouton, le temps s'immobilisa.

Il se leva en riant et se dirigea vers chacun des passagers. Sortant l'argent de leurs portefeuilles et de leurs sacs à main, Jacky estima qu'il avait environ sept mille euros au total. Pas mal pour quelques minutes de travail, mais avec le temps immobilisé, qui pourrait vraiment le savoir ? Il mit l'argent dans la poche de sa veste. Tenant toujours le médaillon, il poussa le bouton pour réactiver le temps. Rien ne se passa. Il le tourna dans l'autre sens, mais obtint les mêmes résultats. Puis cela le frappa comme un éclair. Elle ne lui avait jamais montré comment faire pour remettre le temps en marche. La seule personne qui savait comment faire ça se trouvait désormais quelque part au fond d'un ravin des Carpathes et serait bientôt le dîner des créatures de la nature sauvage. 

Les pensées se bousculaient dans sa tête et aucune d'entre elles n'était encourageante. Alors que le temps s'était figé tout autour de lui avec le train immobilisé dans l'espace-temps, ce n'était pas le cas pour lui. Tout l'argent dans la poche de son manteau ne valait rien sans mouvement. Le temps s'était arrêté et avec lui, il s'était retrouvé piégé dans son propre cercueil. Dans sa tentative frénétique de faire avancer le temps à nouveau, il lâcha la montre et lorsqu'elle heurta le sol, elle se brisa en d'innombrables morceaux, pour ne plus jamais être réassemblée.

Il jura. Personne n'entendait ses paroles acerbes tandis qu'il passait ses doigts dans les débris.  

La vie ne vaudrait plus la peine d’être vécue s’il était condamné à résider dans ce monde où le temps resterait immobile.

Il retira son pistolet de sa poche et se colla le canon sur la tempe. Mieux valait affronter l'éternité de cette façon que d'être figé à jamais dans le temps. Il appuya sur la détente, mais rien ne se produisit. Même la gachette et le percuteur d'un pistolet avaient besoin du temps pour se mettre en mouvement.  

Sans le temps, rien ne bougerait plus.  

N'ayant plus d'autre choix, il courut vers la porte, tenta de l'ouvrir pour sauter du train. Il laisserait la gravité prendre le contrôle, mais une fois de plus, sans le temps, des forces comme la pression de sa main sur la poignée de porte ou la gravité s'avérèrent nulles et non avenues. Son regard se perdit sur le précipice de l'autre côté de la vitre qui demeurerait son triste panorama pour l'éternité...

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10 janv. 2025

999. Le monde hyper lucratif de la censure

 

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LE MONDE HYPER LUCRATIF DE LA CENSURE
L'industrie en expansion silencieuse des combattants de la désinformation : au service des gouvernements occidentaux et des grandes marques mondiales

Mark Zuckerberg a annoncé il y deux-trois jours que Meta allait abandonner son programme de vérification des faits, optant plutôt pour un système rappelant les notes de la communauté (community notes) de X. 
Zuckerberg a présenté ce changement comme un retour aux « racines de Meta », mettant l'accent sur la liberté d'expression plutôt que sur ce qu'il a décrit comme « trop d'erreurs » et « trop de censure » de la part de vérificateurs de faits politiquement biaisés genre Rudy Reichstadt, Julien Pain ou .Tristan Mendès-France pour ne citer que ces trois vendus notoires en ce qui concerne la France.

Cette décision marque un tournant important dans la manière dont Meta prévoit de gérer le contenu sur ses plateformes comme Facebook, Instagram et Threads, en commençant d'abord par les États-Unis. La logique de Zuckerberg était claire : les récentes élections ont semblé être un « point de bascule culturel » vers la priorisation de la parole, conduisant à une approche axée sur la communauté où les utilisateurs, plutôt que des vérificateurs de faits genre les deux cités plus haut, fourniraient un contexte et des corrections aux informations potentiellement trompeuses.

Cette annonce a pas été faite dans le vide. Elle intervient à un moment où le concept même de vérité à l’ère numérique est en cours de renégociation, avec souvent des conséquences financières et politiques alarmantes.

Depuis le cirque des élections US de 2016, le marché des soi-disant « combattants de la désinformation » a explosé, amassant plus de 300 millions de dollars, principalement grâce à l’argent des gouvernements. Ces start-ups, genre Conspiracy Watch, qui se font passer pour les gardiennes de la vérité, ne sont devenues rien d’autre que des censeurs bien financés, les contribuables payant sans le savoir la facture de cette mascarade orwellienne comme avec l'arnaque frauduleuse du Fonds Marianne.

Prenons l’exemple de NewsGuard, qui, avec 21 millions de dollars dans ses caisses, s’est octroyé le droit divin de juger les médias. En faisant pression sur les annonceurs et les fournisseurs tiers pour qu’ils mettent sur liste noire ceux qu’ils jugent « peu fiables », NewsGuard joue pas seulement le rôle de chien de garde ; il agit comme le bourreau de la liberté d’expression. Il s’agit pas de garantir l’intégrité de l’information ; il s’agit de contrôler le récit par l’étranglement économique.

Blackbird.AI se vante d’avoir levé 20 millions de dollars en série B l’an dernier et affirme avoir protégé 2 000 entreprises et « organismes de sécurité nationale » contre l’épouvantail des « attaques narratives ». Mais soyons pas naïfs : protéger contre la « désinformation » n’est qu’un euphémisme pour étouffer la dissidence et contrôler le discours public.

L’idée même qu’une entreprise puisse décider de ce qui constitue une « attaque narrative » constitue une atteinte directe aux principes démocratiques, selon lesquels chaque voix devrait avoir la chance d’être entendue, et pas seulement celles qui correspondent aux programmes ou aux narratifs des gouvernements ou des entreprises.

Storyzy, un autre acteur de ce jeu dystopique, propose au gouvernement britannique une « surveillance 24 heures sur 24 », traquant ce qu’il appelle « les tendances de désinformation et les faux acteurs ». Il ne s’agit plus seulement de surveillance, mais d’une forme sophistiquée de police de la pensée.

Malgré tout ce faste et ces dépenses, il n’existe que peu de preuves – pratiquement aucune – que la désinformation ait jamais influencé une élection. Tout ça c’est rien que la poudre aux yeux, une industrie de plusieurs millions de dollars construite sur le mythe selon lequel le public est trop crédule pour penser par lui-même.

Il s’agit pas de protéger la démocratie, mais de la manipuler, de s’assurer que seules les vérités approuvées parviennent aux oreilles des électeurs. La véritable désinformation ici pourrait bien être l’idée selon laquelle ces entreprises feraient du bien.

L’arrestation du fondateur de Telegram, Pavel Durov, par les autorités du président Manu le honni Macron fin août n’aurait pas dû être une surprise, surtout pour Durov lui-même. L’UE avait intensifié sa rhétorique contre Telegram pendant des mois, atteignant son paroxysme à l’approche des élections européennes de juin 2024. Les responsables criaient pratiquement à l’ordre du jour en se disant « inondés » de désinformation, mais appelons les choses par leur nom : une tentative à peine voilée de museler les plateformes qui se pliaient pas à leurs exigences de censure.

Si toutes les grandes plateformes ont été critiquées, Telegram a fait l’objet d’une attention particulière, non pas parce qu’elle était la pire des contrevenantes, mais parce qu’elle a osé tenir bon. Un mois avant les élections, l’UE a lancé une enquête pour déterminer si Telegram était une « grande plateforme en ligne » au sens du Digital Services Act (DSA), entré en vigueur en février.
Le véritable objectif ici ? Forcer Telegram à se conformer au même cadre réglementaire oppressif qui écrase la liberté d’expression sous couvert de « protection » contre la désinformation.

En mai 2024 , la chihuahua-pitbull Otanienne et première ministre estonienne a pas mâché ses mots , accusant Telegram de laisser la désinformation se propager « ouvertement et sans aucun contrôle ». Mais sa plainte, et celle de ses collègues de l'UE, ne concernait pas seulement la désinformation ; elle concernait le refus de Telegram de jouer le jeu de la censure.

Mais ne vous laissez pas tromper en pensant que le contenu de Telegram n'a pas été surveillé. Au cours de la dernière décennie, un marché lucratif a vu le jour, destiné aux gouvernements et aux marques désireuses de contrôler le discours. Entrez dans l'industrie du « MDM » (Mésinformation, Désinformation et Malinformation) où les entreprises étiquettent, suivent et suppriment le contenu jugé gênant ou « mauvais pour vous », même s'il s'agit de la vérité.

Cette industrie est en train de devenir un mastodonte, avec des startups qui engrangent du capital-risque comme si qu'elles étaient en train de disparaître, et des entreprises bien établies qui décrochent des contrats valant des milliards. Ces entreprises créent un nouveau marché du contrôle de la pensée, où la frontière entre la vérité et le mensonge est tracée par ceux qui ont les poches les plus profondes et qui ont le plus à gagner de l'ignorance du public.

Alors que l'UE intensifiait sa surveillance de Telegram, de l'autre côté de la Manche, le Government Communication Service International du Royaume-Uni s'efforçait de faire appel à la plateforme OSINT basée à Paris, Storyzy, pour ce qu'ils appellent une « surveillance 24 heures sur 24 ».

Cette initiative orwellienne, qui ne coûte que la bagatelle de 50 000 dollars par post publié, vise à traquer les « tendances de désinformation et les faux acteurs » sur des plateformes comme Telegram. Non content de ça, Storyzy a également rejoint le projet ATHENA , une initiative de l’UE dotée de 3,35 millions de dollars pour détecter les « manipulations et interférences d’informations étrangères », un terme fantaisiste pour faire taire la dissidence.

Le monde du capital-risque a vu de l'or dans ce nouveau marché de la police de la pensée. La société londonienne Logically, avec son « IA avancée pour lutter contre la désinformation », a réussi à lever 37 millions de dollars , tandis que Factmata, autrefois soutenue par Biz Stone et Mark Cuban, a été engloutie en 2022.

Clarity, qui se concentre sur la détection des deep fakes générés par l’IA, a empoché 16 millions de dollars, et Reken, dirigé par un ancien responsable de la confiance et de la sécurité de Google, a levé 10 millions de dollars pour « se protéger contre les menaces générées par l’IA ». ActiveFence, sous couvert de renforcer la « confiance et la sécurité », a amassé 100 millions de dollars. Selon Crunchbase, ces 16 startups ont à elles seules englouti plus de 300 millions de dollars, le tout au nom de la « lutte contre la désinformation ».

L'ironie du sort ? Les gouvernements sont pas seulement des régulateurs, ils sont aussi leurs plus gros clients. Par exemple, il est logique que l'entreprise ait été liée de manière lucrative au gouvernement britannique par le biais de contrats d'une valeur de 1,3 million de dollars avec la National Security Online Information Team (NSOIT), autrefois connue sous le nom de Counter Disinformation Unit.

Ils ont utilisé cette technologie pour signaler, entre autres, un tweet du Dr Alex de Figueiredo remettant en cause les politiques de vaccination des enfants et une interview de Julia Hartley-Brewer discutant des expériences de confinement. Le changement de marque du NSOIT après les réactions négatives n'a pas changé sa mission ; il vise toujours à « comprendre les récits de désinformation » pour s'assurer que le gouvernement puisse « prendre les mesures appropriées », ce qui, en termes clairs, signifie faire taire l'opposition.

Et oublions pas l'organisme britannique de surveillance de la liberté d'expression, Big Brother Watch, qui a dénoncé Logically pour avoir espionné des citoyens britanniques, y compris leur propre directeur, simplement pour avoir interagi avec des publications ou les avoir aimées. Logically a également dénoncé Hartley-Brewer au gouvernement pour avoir partagé des statistiques fournies par le gouvernement sur les décès dus au cancer pendant le confinement, que des associations caritatives de lutte contre le cancer avaient mises en avant.

« Je pense qu’il y a une explosion massive de la prolifération de ces sociétés de vérification des faits ou de lutte contre la désinformation, basées sur l’IA », a déclaré Mark Johnson, responsable du plaidoyer chez Big Brother Watch. Ironiquement, Johnson a trouvé son propre nom dans un rapport de Logically au NSOIT en raison d’ un tweet contenant un lien vers une pétition parlementaire contre les passeports vaccinaux. « Ils s’inscrivent dans une tendance plus large, qui consiste essentiellement à censurer – les plateformes et les autres grands acteurs diront qu’ils modèrent – ​​mais en réalité, ils censurent les discours en fonction de leur véracité et de leur exactitude perçues. C’est une tendance qui se manifeste dans tout le monde occidental en ce moment. » — Mark Johnson

Aux États-Unis, cette collaboration entre les entreprises de gestion des données de référence à but lucratif et le gouvernement s’est encore renforcée. En 2021, le ministère de la Défense a attribué un contrat de 979 millions de dollars à Peraton pour « lutter contre la désinformation » pour le compte du commandement central des États-Unis, qui supervise les opérations au Moyen-Orient et en Asie. Peraton, filiale de Veritas Capital (qui possédait autrefois Raytheon Aerospace), est issue de la branche de services informatiques de Northrop Grumman, un acteur majeur du complexe militaro-industriel dans la branche avionique et missiles.

Voyons maintenant l'histoire de cette alliance obscure qui forme un « ministère de la vérité » numérique, où les géants des réseaux sociaux collaborent avec des entreprises soutenues par la CIA comme Fire Eye pour faire taire la dissidence, tandis que NewsGuard, avec le soutien du gouvernement, censure les vérités dérangeantes. Découvrez la vérité derrière les affirmations exagérées sur l'impact de la désinformation sur la démocratie et comment ce récit façonne notre paysage numérique.

Pendant ce temps, En 2018, les principales plateformes de médias sociaux comme Google, Facebook et Twitter ont décidé de désactiver des milliers de comptes signalés par Fire Eye, une entreprise qui se qualifiait fièrement d’« opération de renseignement du secteur privé ». Cette étiquette était inconfortablement appropriée puisque parmi les investisseurs de Fire Eye figure IQT, la branche de capital-risque de la CIA chargée de l’innovation technologique.

Cette intensification de la coopération entre le gouvernement et le secteur privé sur la gestion des données de sécurité a débuté après les élections américaines de 2016, où le récit diffusé par les médias, les forces de l’ordre et les services de renseignement faisait état d’une ingérence étrangère massive, en particulier russe. Cependant, des recherches ultérieures ont démenti cette affirmation, montrant que l’influence russe n’avait pratiquement aucun impact.

Une étude publiée dans le Journal of Economic Perspectives a analysé une base de données de fausses nouvelles et a conclu que l’impact sur les parts de vote était minime – « de l’ordre de quelques centièmes de point de pourcentage » – bien trop faible pour modifier le résultat de l’élection.

« Une grande partie des recherches sur la mésinformation et la désinformation sont de mauvaise qualité ». « Il essaie de peindre une image plus négative de la désinformation – la désinformation ayant un impact plus direct sur la démocratie que ce que je pense être une vision plus équilibrée de celle-ci. » — Jacob Mchangama, directeur du Future of Free Speech Institute à l’université Vanderbilt

Mchangama soutient que ceux qui amplifient l’effet supposé de MDM sur les élections opèrent selon un modèle de « seringue hypodermique », où la désinformation est considérée comme étant directement injectée dans la société, alors qu’en réalité, sa propagation est souvent diffuse et son impact négligeable.

Malgré les preuves qui démentent l’impact significatif de MDM, le discours selon lequel il représente une menace colossale n’a fait que s’amplifier, atteignant son apogée en 2024 lorsque le Forum économique mondial l’a qualifié de plus grand risque à court terme, éclipsant les guerres en cours au Moyen-Orient et entre la Russie et l’Ukraine.

« 2024 a été l’année où de nombreux experts, mais aussi des gouvernements, ont déclaré que, comme il y avait deux milliards de personnes en âge de voter, ce serait une sorte de super année électorale, mais il existe un risque aigu que la démocratie soit noyée dans la désinformation générée par l’IA. Bien qu’il existe certainement des exemples de cela, il n’y a jamais eu de campagne coordonnée ou de tentative de perturber ces élections à notre connaissance. » — Mchangama

Cependant, le résultat des élections de 2016, qui ont vu Trump accéder à la présidence, a envoyé des ondes de choc dans l’establishment, provoquant une panique à propos de la « désinformation ». Les recherches Google sur la « désinformation » ont augmenté après l’élection, décuplé par rapport à avant, alimentées par les médias déclarant qu’il s’agissait de la question politique centrale.

The Intercept, par exemple, a affirmé sans nuance que « la désinformation, et non les fausses nouvelles, a fait élire Trump », faisant écho aux accusations antérieures de Clinton concernant une « vaste conspiration de droite », mais désormais dirigées contre l’ingérence étrangère plutôt que contre les ennemis politiques nationaux.

À peine deux semaines plus tard, cet appel a apparemment été entendu lorsque le président Obama a signé le National Defense Authorization Act pour l’année fiscale 2017, qui a élargi le mandat du Global Engagement Center du département d’État, de la simple lutte contre le terrorisme à la lutte contre « les efforts de propagande et de désinformation des États et des organisations non gouvernementales étrangères ».

C’est dans ce nouveau climat politique qu’est apparu l’un des acteurs les plus influents de la gestion de la désinformation à but lucratif. NewsGuard, cofondé en 2018 par Steven Brill, le cerveau de Court TV, et Gordon Crovitz, ancien directeur du Wall Street Journal, a rapidement capitalisé sur l’occasion.

Avec un investissement initial de 6 millions de dollars, qui a grimpé à 21,5 millions de dollars, NewsGuard a tiré parti des vastes réseaux des fondateurs et a obtenu le soutien d'investisseurs de premier plan comme le collectionneur d'art Eijk van Otterloo et le conglomérat publicitaire français Publicis Group. Cette combinaison de connexions et de capitaux a permis à NewsGuard de naviguer rapidement et de dominer le paysage commercial en plein essor dédié à la gestion de la désinformation numérique.

Le produit phare de NewsGuard est son « Label nutritionnel » pour les sites d'information, accessible via une extension de navigateur à 4,95 $ par mois. À l'aide de neuf critères, ils notent les sites de 0 à 100, ornant les sites d'une coche verte pour la fiabilité ou d'un point d'exclamation rouge pour le contraire. À première vue, ça peut sembler être un exercice de liberté d'expression inoffensif, voire bien intentionné. Cependant, le problème ne réside pas seulement dans les notes ; il s'agit de la manière dont NewsGuard exploite ces notes pour faire respecter son discours en faisant pression sur les annonceurs et les fournisseurs pour qu'ils mettent sur liste noire les sites non conformes.

NewsGuard ne se contente pas de filtrer la désinformation ; elle s’efforce activement de nettoyer Internet des contenus qui menacent les résultats financiers des grands annonceurs, ce qui semble faire partie intégrante de son modèle économique.

En 2021, ils se sont associés à IPG Mediabrands pour tester la solution Responsible Advertising for News Segments (RANS), qui fournit essentiellement aux annonceurs une liste noire de sites, en particulier ceux qui diffusent des récits non approuvés sur la COVID-19 et les vaccins.

Cette initiative a été particulièrement poignante au plus fort de la crise sanitaire mondiale, l’une de ses principales caractéristiques étant « d’exclure tous les sites Web signalés comme non fiables par NewsGuard pour avoir publié des canulars sur la santé tels que de faux remèdes, de la désinformation anti-vaccin ou d’autres faussetés médicales ».

La même année, Pfizer a choisi IPG Mediabrands comme responsable créatif et Publicis Groupe, un investisseur important de NewsGuard, comme agence média, ce qui témoigne d’un conflit d’intérêts évident.

De plus, NewsGuard a ciblé de manière agressive les éditeurs de renom dont le contenu pourrait porter atteinte à ces intérêts commerciaux. En mai 2021, PragerU, une association éducative conservatrice à but non lucratif, a été prise au dépourvu lorsque son service d'hébergement vidéo, JW Player, l'a informé d'un avertissement de NewsGuard. Cela a conduit JW Player à rompre ses liens avec PragerU, leur donnant seulement 30 jours pour relocaliser leur contenu.

NewsGuard a justifié cette action en invoquant la couverture de la COVID-19 par PragerU, critiquant en particulier un hébergeur pour avoir déclaré que le virus ne tuait pas d'enfants sans fournir ce que NewsGuard considérait comme une « source adéquate ». Ils ont également contesté les affirmations de Dennis Prager concernant l'hydroxychloroquine, suggérant que ses déclarations entraînaient des décès inutiles.

Le ton de la correspondance de NewsGuard était aussi effrayant que son contenu : légaliste et censuré, impliquant presque une culpabilité sans procès. PragerU a fourni de nombreuses justifications pour ses choix éditoriaux en réponse à Eric Effron, ancien journaliste de Reuters Legal et aujourd’hui directeur éditorial de NewsGuard. Cependant, ces échanges, qui ont duré des semaines, n’ont fait qu’entraîner de nouvelles accusations de violations.

La PDG de PragerU, Marissa Streit, a déclaré lors d’une interview téléphonique qu’après leur rencontre avec NewsGuard, elle avait pris contact avec d’autres éditeurs conservateurs qui avaient eu des ennuis similaires. « Au début, ces éditeurs ont essayé d’éviter d’être étiquetés dans la zone rouge de NewsGuard pour éviter les problèmes avec les fournisseurs, en acceptant des changements et des adaptations », a-t-elle expliqué.
Ces exigences comprenaient la transparence sur le financement, la liste de tous les contributeurs et même la modification du contenu. « [Ils] ont réalisé que ce n’était qu’un spectacle. Peu importe ce que vous faites. Ils utilisent la zone rouge pour vous contrôler. Ils vous redonneront quelques points, juste assez pour vous garder engagé, mais c’est une question de contrôle. »

Mais là où NewsGuard exerce vraiment son influence, c’est par le biais de ses alliances avec les principaux organismes publicitaires. NewsGuard était un outil clé utilisé par la Global Alliance for Responsible Media (GARM), une initiative de la Fédération mondiale des annonceurs qui représente 90 % des annonceurs actuels.

Lancée en 2019, GARM, qui a récemment été dissoute suite aux menaces juridiques d'Elon Musk, s'est rapidement associée au Forum économique mondial pour amplifier son discours sur la sécurité numérique. Ce partenariat a permis à GARM de travailler avec certains des plus grands annonceurs du monde, notamment des géants comme Google, LEGO, Unilever et Proctor & Gamble.

Un rapport de la Chambre des représentants, basé en partie sur le témoignage de Robert Rakowitz, responsable de l’initiative GARM, a révélé que GARM « pousse ses membres à utiliser des organismes de classement de l’actualité, comme le Global Disinformation Index (GDI) et NewsGuard, qui classent de manière disproportionnée les médias d’information de droite comme étant de la désinformation. »

Grâce à cette approbation, NewsGuard a pu intégrer son système de notation dans l’infrastructure publicitaire mondiale. Dans un cas, Rakowitz a conseillé aux membres d’utiliser les notations de NewsGuard pour les articles sur le conflit Russie-Ukraine afin de « s’assurer que vous travaillez avec une liste d’inclusion et d’exclusion informée par des partenaires de confiance tels que NewsGuard et GDI. »

En 2020, NewsGuard s’est aventuré dans des eaux plus troubles en collaborant avec le Global Engagement Center (GEC) du Département d’État US, qui a financé en partie ses opérations avec une part de 25 000 $ sur une subvention de 3 millions de dollars. Ce lien financier a conduit à une action en justice menée par des organes de presse conservateurs, The Daily Wire et The Federalist, aux côtés du Texas, affirmant que le département d'État manipulait le marché des médias pour rendre certains médias non rentables.

Si le rôle du gouvernement a fait de cette question une question relevant du Premier Amendement sur la liberté d'expression, NewsGuard était le bras opérationnel de cette stratégie. Le procès a fait valoir que NewsGuard et le Global Disinformation Index créent des listes noires pour discréditer et démonétiser les médias américains, redirigeant ainsi le soutien financier vers ceux qui ont des perspectives plus proches.

Bien que la subvention initiale du département d'État ait été modeste, des fonds plus importants ont afflué en septembre 2021 lorsque NewsGuard a obtenu un contrat de 750 000 $ du ministère de la Défense pour son outil Misinformation Fingerprints, que NewsGuard avait auparavant, de manière quelque peu trompeuse, appelé une « subvention ».

Les liens étroits de NewsGuard avec le gouvernement ne sont guère surprenants, étant donné que son conseil consultatif comprend des poids lourds comme le général Michael Hayden, ancien directeur de la NSA et de la CIA, Tom Ridge, premier secrétaire à la Sécurité intérieure, et Anders Fogh Rasmussen, ancien Premier ministre danois et secrétaire général de l'OTAN.

Plus récemment, NewsGuard a fait l'objet d'un autre procès de la part de Consortium News, dont les archives complètes ont été frappées d'un drapeau rouge sur la base de seulement quatre articles critiqués par le système d'étiquetage nutritionnel de NewsGuard.

Pourtant, NewsGuard ne montre aucun signe de ralentissement. L'entreprise a étendu ses partenariats à la technologie, en travaillant avec des startups comme SafetyKit et Zefr. Surtout, elle s'est alignée sur le Microsoft du tueur en série Bill Gates, qui intègre l'extension NewsGuard dans son navigateur Edge, détenant environ 13 % du marché des navigateurs de bureau. Il s'agit d'intégrer l'influence de NewsGuard dans l'infrastructure même de la navigation sur Internet, en façonnant subtilement les informations jugées crédibles par des millions d'utilisateurs quotidiens.

Le département d’État américain ayant qualifié la MDM de menace étrangère, le discours politique est passé du discours politique à celui de la cybersécurité, l’attirant ainsi dans le domaine des entreprises. Blackbird.AI est l’une de ces startups qui surfe sur cette vague, affirmant protéger 2 000 entreprises et « organisations de sécurité nationale » contre « les attaques narratives créées par la désinformation et la mésinformation ». Fondée après les élections de 2016 dans la même veine que de nombreuses autres dans ce domaine, Blackbird a obtenu une série B de 20 millions de dollars, son client initial n’étant autre que le ministère de la Défense.

« Lorsque vous considérez la mésinformation, la désinformation et la manipulation (MDM) de la perception publique comme une sorte de cyberattaque », a déclaré le PDG de Blackbird, Wasim Khaled, plus tôt cette année, « cela aide à la définir. Les cyberattaques sont venues avec le renseignement informatique et avec les attaques narratives, vous avez essentiellement besoin de renseignement narratif. »
Cependant, lorsqu’on lui a demandé comment Blackbird distingue la vérité du mensonge, Khaled a concédé que cela se transforme souvent en « une conversation philosophique » sur ce qu’est réellement la vérité.

Tout comme les grandes marques ont fait passer la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) des salles universitaires au marché, elles se lancent désormais dans le domaine de la gestion des données de marque. Bank of America alerte ses clients sur le fait que « la désinformation et la mésinformation émergent comme des cybermenaces importantes pour les entreprises du monde entier ». SAP met en garde contre le rôle de la désinformation dans la déstabilisation des gouvernements, en soulignant sa propagation numérique rapide. PwC, le géant du conseil, pose la question : « Les attaques de désinformation sont arrivées dans le secteur des entreprises. Êtes-vous prêt ? »

Pourtant, il y a un manque flagrant de preuves tangibles reliant la gestion des données de marque à un impact significatif sur les résultats électoraux. On sait que la gestion des données de marque existe, mais c’est à peu près là que s’arrête la justification. Des études, comme celle de 2019 dans Science, révèlent que seulement 1 % des individus ont consommé 80 % des « fake news » concernant l’élection de 2016 sur Twitter. 
Une autre étude du National Bureau of Economic Research a montré que 80 % du contenu politique sur Twitter au cours de ce cycle électoral était en réalité démocrate, un contraste frappant avec 2012, lorsque les comptes républicains dominaient les tweets liés à Romney. Une étude de Nature Human Behavior a encore démystifié les mythes en montrant que l'exposition à des sites Web peu fiables était exagérée.

Dans une démarche ambitieuse, le Carnegie Endowment for International Peace, aujourd’hui dirigé par un ancien directeur de la CIA, a proposé en 2022 la création d’un « CERN pour l’information », ou l’Institut de recherche sur l’environnement informationnel (IRIE), pour étudier en profondeur le paysage informationnel. « Là où le CERN « existe pour comprendre le mystère de la nature au profit de l’humanité », l’IRIE existera pour comprendre le mystère de l’environnement informationnel au profit des démocraties et de leurs citoyens », affirme la proposition ambitieuse, appelant à l’équivalent d’un grand collisionneur de hadrons pour les études sur l’information.

Avec la révélation de Mark Zuckerberg sur la pression de la Maison Blanche sur Meta pour censurer les publications sur le COVID-19, on a eu un aperçu de ces « mystères » que l’IRIE proposé vise à explorer. Alors que de plus en plus de cas de ce genre sont révélés, la question demeure : les révélations seront-elles acceptables ou exposeront-elles une vérité qui dérange sur qui contrôle réellement le récit ?

Cet incident illustre l'évolution de la position de Mark Zuckerberg sur la modération des contenus. Il est passé d'un fervent défenseur de la vérification des faits (fact-checking) par le gouvernement à un partisan de la transparence axée sur les utilisateurs, avec sa récente décision de remplacer les vérificateurs de faits par des notes communautaires, similaires à celles de X. Ce changement pourrait être considéré comme une réaction aux pressions qu'il a lui-même reconnues, reflétant une tendance plus large du secteur où l'équilibre entre la liberté d'expression et le contrôle des contenus est en train d'être réévalué.

Il est évident que le scepticisme du public à l'égard de la modération centralisée des contenus augmente, favorisant les systèmes où la communauté elle-même peut contrer la désinformation. Ceci correspond à l'évolution de Zuckerberg vers un modèle où le récit n'est pas dicté par quelques-uns mais débattu par le plus grand nombre, ce qui pourrait remodeler la façon dont les plateformes numériques gèrent la vérité à une époque où le contrôle de l'information est à la fois un pouvoir et une responsabilité.

Maintenant, faut pas se leurrer, je considère le geste de Zuckerberg comme typique d’un sociopathe. Les eugénistes sont tous pareils dans leur façon de penser que leurs perceptions, comme les gens, sont facilement malléables en fonction de la vision qui leur convient pour le moment. Donnez-leur une semaine et ça peut changer du tout au tout avec un nouveau contexte. 
Ils sont parfaitement à l’aise en disant que leur nouvelle vision est celle qu’ils ont toujours eue, mais que vous étiez trop stupide pour les écouter. On a besoin d’une période d’auto-éducation approfondie et intensive pour que tout le monde puisse repérer ces personnes. Il y en a beaucoup au-delà des quelques pour cent habituels revendiqués. Ils se situent sur un spectre de gravité et mon estimation est de l’ordre de 15 % et plus de toute population. Les quelques cas graves attirent le soutien de ce groupe et c’est ainsi que des institutions entières deviennent des prédateurs comme Pfizer, le DOJ, la CIA, le Parlement européen, les syndicats de l'éducation nationale, etc.

Je vois beaucoup de travail à venir devant nous !