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5 sept. 2022

659. Victoria's secret

 


Victoria's Secret


Annie faisait les cent pas dans le salon de sa maison tandis que les flics recueillaient les déclarations des amis et des voisins, essayant de déterminer où que se trouvait sa mère.

"Où que t'étais ? Ma mère a disparu depuis hier. Je suis rentrée de l'école et elle venait juste de partir. Je l'ai attendue toute la nuit et je t'ai appelé plusieurs fois. Ce matin, j'ai appelé la police, ils ont dit qu'elle devait être portée disparue pendant plus de 24 heures avant de pouvoir faire quoi que ce soit et qu'elle allait sûrement revenir. Conneries, ouais !"
La colère d'Annie contre la politique inapplicable des forces de police la rendait folle.
"Elle ne répond pas au téléphone et le message indique que son numéro de portable n'est pas joignable pour le moment. Putain, mais qu'est-ce que ça veut dire ?"

Comme qu'on vient de le voir, l'anxiété d'Annie était à son comble et Sergio dût jouer la situation de la bonne manière.
" Est-ce que je te parais pas plus vieux ? " lui demanda-t-il d'un ton plutôt se voulant calme et détaché.
- Quoi ? Plus vieux que quoi ?" La voix d'Annie venait de grimper d'une octave.
" Plus vieux que je l'étais hier ?
- Pas vraiment, peut-être un peu plus con ou fatigué que d'habitude, mais pas plus vieux." répondit-elle en serrant les dents.

Annie n'était pas sûre de ce que Sergio voulait dire, et franchement, elle était pas vraiment d'humeur à lui scruter l'apparition ou pas de nouvelles rides sur sa gueule. Soit il jouait à un de ses jeux stupides soit il était tellement absorbé par lui-même que l'état mental de son entourage était hors de sa portée. 
C'est pas vraiment sa faute, il a toujours été comme ça, pensa-t-elle. Le fait que sa mère ait disparu était moins un choc pour lui que pour elle.
" En es-tu sûre ? Tu m'as même pas vraiment regardé depuis mon arrivée. S'il te plaît, regarde-moi bien." Sa demande était presque ludique. Tellement irritant, c'était tout lui, ça, de vouloir jouer à ces conneries de branleur dans une telle situation. Putain c'était quoi son problème ?
L'insistance de Sergio était vraiment barbante et ne méritait pas l'attention d'Annie.
" Sergio, vraiment, à un moment comme ça, tu veux que je porte mon attention sur toi ? T'es d'une insensibilité qui me dépasse !" Le coup de la culpabilité. Peut-être que ça allait l'atteindre et lui faire comprendre que c'était pas un jeu.

Elle se tourna, lui fit face pour la première fois depuis qu'il était entré dans la pièce. Tous ces amis, ces voisins et ces policiers essayant tous d'aider, sauf ce clown. Son visage clignota de la colère bouillonnant à la surface. Elle se déchaîna.
"Là,  tu viens de recevoir les 3 dernières secondes d'attention que tu n'obtiendras jamais de moi. Barre-toi, s'il te plait. La disparition de ma mère est tout ce sur quoi j'ai le temps de me concentrer. Fais-moi plaisir, casse-toi !"
Le tremblement de sa voix et son regard rempli de poignards auraient suffi à faire fuir n'importe qui. Pourtant, il resta là, insensible à sa furie.
"Je pense qu'il est temps pour vous de débarasser le plancher jeune homme." dit le vieil inspecteur à Sergio.
" Ça va, mademoiselle ? Ne vous inquiétez pas, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver votre mère."

À quel point ses paroles sonnaient creuses, un scénario évidemment conçu pour consoler les jeunes, pour garder le calme et la douleur sous contrôle.
Annie se ressaisit, continuant à regarder Sergio et réalisant qu'il y avait quelque chose de différent chez lui. L'avait-elle bien regardé dernièrement ? Peut-être qu'en grandissant ensemble et en étant toujours à se tourner l'un autour de l'autre, quelque chose lui avait échappé.

Avait-il l'air plus vieux ?
Maintenant qu'elle avait vraiment bien regardé, peut-être. Elle quitta l'inspecteur gâteux et se dirigea vers Sergio. À quelques centimètres maintenant. Ce n'était pas le pouvoir de la suggestion, c'était pas une hallucination non plus, c'était un fait. 
Ses cheveux étaient plus longs que la veille, ses bras semblaient plus gros, et en fait il semblait plus grand. Elle baissa les yeux, les mêmes vieilles chevilles de moineau et les mêmes guiboles toutes maigres. Elle pouvait pas mettre le doigt dessus, mais elle sentit qu'y avait quelque chose de différent, un truc qui clochait.

Sergio lui sourit et se rapprocha d'elle pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. "J'ai un truc à te montrer. Retrouve-moi chez moi dans une demi-heure."
Il se retourna et sortit par la porte entrouverte. Annie le vit se retourner et lui faire un sourire. "J'ai un secret." lui dit-il avant de traverser la pelouse en direction de sa maison.

Annie frappa à la porte de sa maison, ça faisait plus d'une demi-heure que Sergio était parti, mais la police n'avait pas voulu la libérer avant de savoir tout ce qu'elle savait.
Lorsque la porte s'ouvrit, Sergio lui sourit.
" Alors, qu'est-ce t'as à me montrer ? "

Valait mieux que ce soit pas pour lui faire perdre son temps, ni pour lui montrer sa chambre dont elle avait reluqué le plafond dans toutes les positions du culbuto et plus que de nécessaire. Surtout le jour de son dernier anniversaire qu'avait été le dix-huitième. Et quel tournicotti, houlala mes aïieux, quelle gymnastique !
Annie n'avait toujours pas surmonté l'insistance de Sergio plus tôt et attendait des excuses. Sergio était heureux de la voir à sa porte mais ne comprenait toujours pas pourquoi qu'elle était si en colère. Après avoir vu ce qu'il y avait dans le hangar, dans la pièce secrète qu'il avait trouvée, elle serait encore plus extatique que le jour de ses dix-huit ans.
Sergio avait hâte de lui montrer ça depuis un moment. Eh bien, ça n'avait vraiment pas été si long que ça, mais pour lui, c'était encore trop long.
"Tu dois me suivre et rester silencieuse." lui dit-il en la tirant à l'intérieur.

Il regarda longuement la rue des deux côtés avant de refermer la porte derrière elle. Il la guida à travers la maison et par la porte arrière de la cuisine. De l'autre côté de la pelouse se trouvait la façade de la grange qui se prolongeait vers l'arrière. Au fond de la grange se trouvait un atelier rempli de pièces de motoculteur rouillées, de vieux fûts de deux-cents litres, de pièces de machines, d'établis et d'autres équipements de jardinage à l'abandon.
Au fond de la pièce, plusieurs étagères métaliques allant du sol au plafond avaient été éloignées du mur, exposant une porte qui avait été cachée derrière la poussière et l'encombrement.
" C'est quoi ce bazar ?" demanda Annie, le souffle coupé.
Une porte à l'arrière de la grange, il me l'avait cachée tout ce temps. 
Sa colère atteint de nouveaux sommets.
" C'est une porte." répondit Sergio.
- Super, maintenant tu me prends pour une débile.
- Regarde ton téléphone, quelle heure est-il ? À l'heure de maintenant je veux dire."

Putain, il est devenu fou, se dit Annie

"Il est 5h30, pourquoi ?" Ses paroles dégoulinaient de venin.
"C'est ce qu'il y a de l'autre côté que je veux te montrer. Viens."
Sergio trouva la clé qu'il avait rangée sur l'étagère, et en une seconde il disparut. Il disparut vraiment. Annie regarda par la porte et il n'y avait rien d'autre que du noir. Comme de très loin, elle pouvait entendre la voix de Sergio.
"C'est bon, n'ais pas peur, passe juste par la porte."

À quoi il jouait, ce con ?

De l'autre côté se trouvait une pièce, une grande pièce. Il faisait sombre et très difficile à voir, ce n'était pas l'intérieur de la grange.
"Qu'est-ce que c'est que ce putain de baz-." La voix d'Annie s'éteignit.
"J'ai trouvé cet endroit hier quand j'ai vu ta mère parler avec mon père juste à l'extérieur du hangar. Ils avaient été ici. Ta mère et mon père étaient dans cette même pièce." expliqua-t-il.
" C'est quoi, cet endroit ?"

Qu'est-ce qu'il veut dire en disant que ma mère et son père sont venus ici, et c'est où, ici ? s'interrogeait-elle.

"Je ne l'ai pas encore vraiment compris, mais je pense que c'est une poche dans le temps ou dans l'espace. Nous ne sommes clairement pas à l'arrière de la grange, nous y sommes allés des milliers de fois et nous ne sommes jamais entrés dans cette pièce, n'est-ce pas ? " 
Annie explorait autour d'elle à la lumière de l'écran de son téléphone.
"Regarde, c'est vraiment difficile à comprendre, mais tu es l'une des personnes les plus intelligentes que je connaisse à part ta mère et mon père, mais c'est pas la partie la plus cool."

Quoi ? Il pense que c'est cool, qu'est-ce qu'il y a de si cool dans une vieille pièce remplie de poussiére ?

Sergio déplaça un cadran attaché à ce qui ressemblait à un vieux bureau à roulettes contre le mur du fond.
"Si ma mère était avec ton père ici hier, alors nous devrions aller lui demander s'il a vu ma mère ou s'il sait où qu'elle est." dit-elle.
- Parle-moi d'un truc bizarre. Après avoir trouvé cet endroit, c'est exactement ça que j'ai fait, figure-toi. Je suis allé trouver mon père pour lui poser des questions sur cette pièce mais on dirait que lui aussi a disparu. " Sa voix se brisa à cette pensée. " Je savais pas qu'il avait disparu. Je suis allé chez toi et j'ai découvert que la police recherchait ta mère, encore une fois je savais pas qu'elle avait disparu. C'était trop une coïncidence alors j'ai décidé de te dire en privé qu'ils ont tous les deux disparu."

Lorsque les deux refranchirent le seuil de la porte, le hangar était complètement dans le noir.
"Qu'est-ce qui se passe ? Une éclipse ? " Il n'était pas si tard, nom de zeus, qu'est-ce donc qu'était arrivé à la lumière du jour là dehors ?
Annie faillit trébucher. Sergio la rattrapa par un bras pour la stabiliser. Debout à côté d'elle, il ramassa son téléphone qu'il avait laissé sur l'étagère. "Regarde l'heure sur mon téléphone."
L'écran de son téléphone affichait clairement l'heure - 20h35, pas une seconde de plus. Annie jeta immédiatement un coup d'oeil sur le sien - 17h35. Au bout de quelques secondes, l'écran clignota - 20h36 !
" Putain, qu'est-ce qui vient de se passer ?" Le visage d'Annie avait dépassé le mode perplexe.
"Bienvenue dans le voyage temporel. On vient juste de perdre quelques heures.
- Je viens de perdre quelques heures. Quoi ? Non mais attends. Comment que ça peut se faire ? Il fait nuit noire dehors."

Son esprit était ébranlé par les images qui rebondissaient dans sa tête. "  Donc, tu dis qu'ont vient de voyager dans le temps ? Comme dans un film de Zemeckis ? Mais le voyage dans le temps n'est pas possible, c'est de la science-fiction." Elle s'arrêta.

La mère d'Annie était professeur de sciences au lycée et elle l'avait entendue plusieurs fois parler au téléphone de la possibilité de choses qui n'avaient pas encore été prouvées.
Était-ce possible, auraient-ils pu voyager dans le temps ? Tout ça n'avait aucun sens.

"Quand que nous étions dans la pièce, j'ai avancé le cadran sur le bureau de 3 heures. Ça fonctionne comme n'importe quelle horloge. Le déplacer vers la droite déplace le temps dans un sens, et dans l'autre sens, ça inverse les effets du mouvement du temps. Le seul truc," il hésita avant de poursuivre, " c'est que c'est pas très précis. Le cadran est un peu capricieux.
- Donc, si on est entrés et que tu as tourné le cadran et perdu 3 heures, alors tu penses que nos parents sont entrés, ont tourné le cadran et ont disparu pendant une journée, simplement parce qu'ils ont pas rallumé le cadran ?
- Je suis pas sûr. C'est possible, je suppose." Sa réponse s'est adoucie au fur et à mesure de sa sortie.
" Comment qu'on fait pour les récupérer ?" C'était pas qu'elle ne le croyait pas, mais l'obscurité du ciel et le changement d'heure sur son téléphone rendaient au moins ça possible, du moins, crédible. Elle repoussa cette pensée et céda à la panique qui s'était maintenant bien solidement installée.
" Peut-être qu'on devrait former une équipe comme le Club des Cinq et partir à leur recherche." dit Sergio. Elle le regarda dans les yeux comme s'il avait trois têtes de plus éclairées par la lueur de son téléphone portable.
" Comment que c'est possible? Qu'est-il arrivé à nos parents ? Pourquoi qu'ils sont pas revenus ?" Annie commença à devenir incontrôlable.
" Faut qu'on prévienne les keufs.
- Quoi ? Pour leur dire que nos parents sont entrés dans un portail temporel dimensionnel et qu'y z'ont pas retrouvé le chemin du retour ? Non mais ils nous enverraient direct à Sainte Anne en pensant qu'on les a tués, découpé leurs corps et caché les morceaux dans un trou noir. répondit Sergio.
- D'accord, alors faisons un plan et essayons de les récupérer par nous-mêmes." La mise au point anti-brouillard cérébrale d'Annie la ramena sur la route à suivre. Elle se concentra sur la tâche à accomplir.
Sergio élaborait un plan. "Nous avons besoin d'une histoire à laquelle tout le monde croira, juste au cas où on rentrerait pas avant l'école lundi matin.
- Donc, après avoir tout mis en place, on se retrouve ici et on commence notre voyage." confirma Annie.

Ça va pas être de la tarte. Maman, s'il te plaît, rentre à la maison, priait Annie du fond de ses tripes.

Sergio tendit la main vers le cadran lorsque Annie attrapa son bras et l'arrêta. " Lorsque tu as découvert la pièce pour la première fois et trouvé le cadran, l'as-tu tourné ?"

S'il l'avait tourné, ce con, et s'il l'avait tourné dans la mauvaise direction ? Le mauvais œil d'Annie qu'était hypochondriaque - le mauvais œil, pas Annie - lui laissait entrevoir les plus mauvais présages. 

"Oui, je l'ai déplacé ici." Sergio lui montra du doigt.
" Mais où était le réglage du cadran avant que tu le tournes ? C'est là qu'on doit le faire reculer. Si nos parents sont coincés dans le temps quelque part, il faut qu'on retourne là où qu'ils se trouvent pour les sauver."
Sergio se pencha sur le cadran en question, fouilla dans son sac à dos et en sortit un crayon de bois.
"Ici, c'est là où que se trouve le pointeur maintenant." Il marqua le bureau d'un point indiquant l'emplacement actuel du cadran. "Avant de le déplacer, il était à peu près ici."
L'emplacement était dans le passé, environ 19 ans dans le passé.
"C'était il y a longtemps, avant qu'on soit nés tous les deux."

Pourquoi seraient-ils retournés à cette époque ?
Pourquoi remonter dans le temps, avaient-ils quelque chose à changer ? Que s'était-il passé à l'époque qu'ils puissent changer ?

"Tourne-le, doucement, fais gaffe !" Annie regarda attentivement le cadran tourner lentement vers le passé.
" Au moins, on risque pas de se rencontrer nous-mêmes en remontant aussi loin."

Pourquoi dirait-il cela. C'est là la prémisse de tout scénario de voyage dans le temps. Mais il avait raison, à cette distance dans le temps, il n'y avait aucune chance que cela se produise.

" On va peut-être rencontrer nos jeunes parents là-bas, c'est quelque chose que nous devons faire attention à ne pas laisser se produire. Ma mère et mon père sont peut-être encore ensemble à cette époque, et ta mère sera toujours en vie. Es-tu prêt à la revoir de nouveau ?
Le visage de Sergio devint tout pâlichon à cause de ce commentaire. Il avait tout oublié de la lutte de sa mère contre le cancer et de la façon dont cela avait affecté son père. Mais c'était plus tard, bien plus tard. Ici, elle serait en bonne santé, dynamique et jeune. 
Sergio n'avait aucun souvenir de sa mère en bonne santé. Il se souvenait seulement de sa maladie  et de comment elle s'était éloignée lentement de la vie, de son père et de lui.
"Je suis pas sûr de vouloir la rencontrer ici, essayons de nous éloigner d'elle autant que possible."

Il pourrait se transformer en épave complète, cet abruti, et pourrait décider de ne pas revenir s'il la voyait ici, en cette période saine de sa vie. Je dois tout faire pour qu'ils se rencontrent pas.
À tout prix.

" Tu penses pas qu'on devrait aller voir comment que c'est dehors ?
- Nous devons d'abord trouver un journal, afin de savoir exactement quand nous sommes. Je sais que mes parents recevaient le Télégramme à l'époque. Il y en a probablement un sur le porche." Sergio se dirigea vers la porte du hangar à travers la pelouse puis sur le côté de la maison. Annie le suivit comme un petit chien.

"D'accord, donc nous savons maintenant quand nous sommes, où pourraient bien être nos parents ?" demanda Annie.

Pourquoi avoir choisi cette époque, il y a si longtemps ? Qu'est-ce qui avait pu avoir tant d'importance il y a dix-neuf ans ?

Regardant par la fenêtre, Sergio réalisa qu'il n'y avait personne chez lui, ses parents devaient être au travail. "Réfléchis ! Pourquoi viendraient-ils ici - ensemble ?
- Je me souviens que ma mère m'a dit une fois qu'elle avait vu quelque chose qui avait lancé sa carrière à cette époque, penses-tu qu'elle serait retournée se confronter à elle-même?" La pensée lui fit mal à la tête.
- Pourquoi t'en aurait-elle pas parlé ?" répondit Sergio sans réfléchir.

Si elle l'avait dit à quelqu'un, ils l'auraient enfermée et m'auraient placée en famille d'accueil, idiot. 
"Elle n'était probablement pas sûre du résultat de cette conversation avec une personne rationnelle." pensa Sergio à haute-voix. " Allons chez toi, peut-être qu'on aura de la chance là-bas."

Les deux coururent sur le trottoir jusqu'à la maison d'Annie qui se dirigea vers l'arrière.
" Pourquoi passons-nous par derrière ? "
Encore une fois, les mots sortirent de sa bouche avant qu'il ne puisse réfléchir. Le contact visuel qu'Annie lui fit aurait ouvert grand son crâne de Néandertal.
"Peu importe.
- Hé la porte est ouverte !"

Les deux entrèrent par la porte de derrière et traversèrent lentement la maison, aussi silencieux que des chats siamois ninjas . Puis un bruit sourd leur parvint de l'étage. Après avoir grimpé au premier, alors qu'ils poussaient la porte, ils purent voir des silhouettes sous les draps du lit. Le grincement de la porte fit sursauter le couple qui était en mode galipettes et luttait désormais pour se couvrir les bijoux de famille. Deux têtes émergèrent de sous les draps.
C'était le père de Sergio (seulement plus jeune) et la mère d'Annie (encore plus jeune).
"Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ? Sortez de ma maison !" leur cria Victoria, la mère rajeunie d'Annie.

Les deux cavalèrent les escaliers dans l'autre sens et sortirent de la maison en se dirigeant vers le hangar aussi vite qu'ils pouvaient sans regarder en arrière jusqu'à ce qu'ils aient atteint la porte dans le fond de la grange de Sergio. Retour dans la pièce et retour à la console, et avant qu'Annie ne puisse protester - Sergio tourna le cadran.
"Attends, nous n'avons pas retrouvé nos parents." Les paroles d'Annie tombèrent dans l'oreille d'un sourd.

Qu'est-ce que nous venons de voir ?
"Qu'est-ce que ton père foutait, avec ma mère ?"
La rougeur des joues d'Annie montrait son indignation.
" Il la fourait ?" proposa Sergio, réfléchissant soigneusement en le disant. " Écoute, c'est pas ma faute. Il semblerait qu'ils avaient quelque chose entre eux à l'époque. Avant qu'on arrive. Et alors ?"
La tentative de Sergio de désamorcer la situation ne fit que la mettre encore plus en colère. Elle tourna les talons et sortit de la pièce, retournant dans l'obscurité à l'extérieur.
" Alors, tu n'as aucun dégoût pour la tromperie de ton père envers ta mère ? Quelle insensibilité, Sergio."
"TU NE COMPRENDS PAS !" poursuivit-elle en criant.

Calmement, Sergio lui enserra les épaules et l'attira contre lui.
"Alors éclaire-moi." fit-il, doucement.

Comment lui expliquer ça. Cela allait tout changer. "Ma mère et mon père se sont séparés quand j'avais 5 ans." commença-t-elle.
- Ouais je sais. Je m'en souviens." La voix de Sergio était douce mais rassurante.
"Ils se sont séparés parce que mon père avait découvert qu'il était stérile et qu'il ne pouvait pas avoir d'enfants." Elle s'arrêta.
Pas de réaction. C'était vraiment un Néandertalien.
"T'as jamais entendu parler de Caligula et d'Agrippine ?
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Game of Thrones, Jaime et Cersei Lannister, ça te parle plus ?"
Le regard vide de Sergio s'éclaira soudain comme un radiateur électrique poussé à fond.
"Oh putain de bordel de merde ! T'es ma frangine ?"
Enfin ! Ce gros naze avait compris ...

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ou
et à très bientôt !
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