Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

22 janv. 2021

465. Fouille-merde


Je suis un fouille-merde. Hem, je veux dire, j'aime bien fouiller le passé. Un 
archéologue si vous préférez. Je veux dire, si vous comprenez qu'est-ce que ça veut dire.
Et les humains sont mon centre d'intérêt. De toutes manières, je suis pas sûr de trouver un jour ce que je cherche sur ces derniers - je veux dire vraiment trouver ce qui les rendait différents de nous, les robots - en creusant à m'en faire grincer les bielles et les engrenages les sous-sols des planètes mortes. 
Car voyez-vous, j'ai vécu avec un humain autrefois, et je sais donc parfaitement que c'est pas aussi simple que ce qu'on nous a enseigné sur les bancs de l'école.
On a quelques enregistrements bien sûr, et quelques robots tels que votre serviteur peuvent combler certaines lacunes, mais je pense aujourd'hui que tous nos efforts ne nous mèneront nulle part. Nulle part ailleurs, en tous cas, que devant un grand point d'interrogation.

Nous savons - du moins nos historiens disent que nous savons - que les humains venaient d'une planète nommée "Terre". 
Nous savons aussi qu'ils entreprirent bravement des voyages interstellaires, et que pratiquement partout où ce qu'ils passèrent poser leurs pieds, ils établirent des colonies - humains, robots, et parfois même les deux - qu'ils laissèrent derrière eux en attendant leur retour. Mais ils ne revinrent jamais. 
C'était alors l'age d'or de ce monde. Mais sommes nous réellement si vieux que ça aujourd'hui ? 
Les hommes possédaient une flamme lumineuse - l'antique langage la définissait comme "divine", je crois - qui les propulsa au travers des cieux nocturnes, et nous avons perdu le fil de la toile qu'ils avaient tissée.
Nos scientifiques nous disent que les humains nous ressemblaient énormément - et leurs squelettes étaient, je vous l'assure, presque les mêmes que les nôtres, sauf qu'ils étaient constitués d'une espèce de conglomérat de calcium au lieu de l'être comme les nôtres d'une espèce d'alliage de titanium. Mais il y a avait aussi d'autres différences.

C'est lors de ma dernière mission spatiale, vers l'une des planètes intérieures, que je rencontrai l'humain. Il devait être le dernier de son espèce dans ce système - il avait même oublié l'usage du langage, c'est vous dire combien de lustres il avait dû se retrouver seul à glander tel un robobinson sur cette planète non robotisée. 
Une fois que je lui eus enseigné le nôtre, on s'entendit bien tous les deux et j'avais pour projet de l'extraire de cette planète et de le ramener chez nous avec moi.
Mais il se passa un truc.
Un jour, sans raison ou cause particulière, il commença à se plaindre de la chaleur. Je vérifiai sa température et en conclus que ses thermostats avaient dû cramer. 
J'avais un kit de pièces de rechange dans mon vaisseau, et il commençait à perdre ses fonctions. Alors je me mis au boulot. Je l'éteignis sans problème en lui enfonçant un poinçon dans l'arrière du cou afin d'atteindre et d'enclencher le coupe-circuit. Faut croire que je m'y pris super bien car son corps cessa entièrement et immédiatement de se trémousser. 
Sauf sa tête. Peut-être bien qu'elle avait un coupe-circuit autonome, je sais pas.
Il se désactiva donc presque comme un robot quoi, sauf pour sa maudite caboche qu'arrêtait pas de se tortiller au bout de son cou.
Mais quand j'ouvris son thorax en deux pour changer ses thermostats, je m'aperçus qu'il était complètement différent de nous à l'intérieur et je trouvai pas ces derniers. Et quand je le refermai - ce qui nécessita des travaux de couture vu que les humains ne possèdent pas de trappe de visite - pas moyen de ré-enclencher son coupe-circuit avec mon poinçon, même en insistant. Pourtant, j'y allai pas de main morte, ça je peux vous le dire !
Puis, durant notre voyage de retour, sa tête cessa à son tour de bouger au bout de deux jours puis il sembla s'évaporer après s'être comme liquéfié - et le temps que je regagne notre planète - prés de trois ans de voyage - il ne restait plus de lui que son squelette. 

Je vous présente dès à présent mes excuses les plus sincères comme les plus insuffisantes si je n'ai pas pu ramener le corps de cet humain dans son intégralité jusqu'à vous. Mais bon, comme je vous l'ai déjà expliqué, je suis rien qu'un pauvre fouille-merde archéologue. Je veux dire, je suis ni cyber-mécanicien ni cyber-thérapeute si vous voyez qu'est-ce que je veux dire.
Mais en tous cas, non d'une clé à pipe, pour sûr que les humains étaient vraiment différents de nous autres...

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