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Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

22 sept. 2006

211. The Million Dollar Hotel


Les critiques n’ont pas toujours été tendres avec The Million Dollar Hotel de Wim Wenders - auteur entre autres de Paris-Texas - co-produit par la bande à Bono de U2 qui est à lui-même à l’origine d’une grande partie de la bande musicale avec d’autres musicos aussi doués qu’Eno ou Daniel Lanois, le plus new-yorkais de nos cousins québécois. Mais sorties de leur contextes visuels, les chansons du film n’en demeurent pas moins des chefs-d’œuvre. 
J’ai re-regardé ce film la nuit dernière sur Paris Première, une des rares chaînes à pas trop se foutre de nos gueules au niveau de ses choix cinématographiques. Et j’en ai eu le souffle coupé une fois de plus ! Putain de film psychédélique comme j’aimerais en voir plus souvent. Chaque rôle semble avoir été choisi avec des pincettes en or. Alors, après vous avoir parlé de Million Dollar Baby, je m'en vais donc essayer de tenter de vous faire aimer celui-ci:
J’adore Héloïse - non non, c’est pas celle d’Abélard - interprétée par Milla Jovovitch, surtout la scène où elle plie son bras pour le ramener contre sa tête, si lentement, si délicatement qu’on dirait un nouveau-né - appétissant, je le concède - .
L’apparence supposée attardée de Tom-Tom (Jeremy Davies), le rôle de Mel Gibson en flic mutant né doté d’un 3ème bras dans le gras du dos et qui doit s’efforcer de pénétrer l’univers de paumés - mais le sont-ils vraiment ou ont-ils trouvé là le moyen de vivre pleinement leurs vies en dehors des arcanes d’un système abhorré? - de la faune underground qui peuple cet hôtel de L.A. réquisitionné par la ville pour héberger ces gens qu'on voudrait cacher.

L’ambiance eighties, et même sixties, à la mode Warhol, pendant la petite sauterie lors du vernissage médiatisé des toiles bitumées d’Israël - Izzy - Goldstein ; le Velvet Underground - on a droit à un « Satellite of Love » de Lou Reed sur une scène d’un romantisme époustouflant et à une reprise hispanisante de « I am an Anarchist » de Johnny Rotten quand Tom-Tom pète les plombs dans un délire total entre les quatre murs de sa turne. Ou encore le pseudo Beatles qui chante "I'm the eggman, I am the Walrus" à un Gibson déguisé en un agent du FBI consterné...

Et toujours ce même cinquième beatles déjanté qui semble régner sur cet univers loufoque comme un politicien de chez nous : quand il s’agit de passer aux votes et qu’il a distribué les bulletins, il explique que le
O c’est pour Oui et que le N, c’est pour Naturellement au cas ou quelqu'un ne l'aurait pas compris du premier coup. Non mais sans dec, ça vous rappelle pas nos démocraties ? Ou cette autre sortie cocasse, « Qu’on fasse tous les idiots, okay. Mais nos dirigeants devraient pas en faire de même ».
Ben oui quoi, c’est vrai, c’est pas pour ça qu’on les paye, merde…

Puis là où je me suis bien vautré, c’est là où le marchand d’art sort sa tirade sur la merde que représente pour lui les « Paint it black » sur toiles volées - à cet instant du film, on ne sait pas encore qu’elles le sont - du fils défunt du juif milliardaire.
Le fil est très mince entre l’art et la merde, dit-il, parfois les artistes eux-même ne s’en rendent pas compte. C’est le marchand d’art qui fait l’art et non le contraire…, putain, vous trouvez pas ça aussi profond sinon plus que le décolleté de Madonna ou de Britney Spears???

Mais le plus beau, le plus terrassant, c’est la réponse de Tom à Héloïse à sa question sur l’amour. Il ne peut être décrit comme on décrit un arbre ou la mer, c’est l’œil par lequel on voit, le pêcheur caché dans le saint, la lumière dans la peinture.
Ne le manquez pas la prochaîne fois!