13 mars 2023

734. Mort d'un Dealer


MORT D'UN DEALER

Ordùz avait jamais trop aimé les tavernes publiques. C'étaient des endroits bondés, puants et bruyants qui le rendaient nerveux ; il avait l'impression que des yeux d'espions le surveillaient toujours depuis tous les recoins cachés. Des étrangers allaient et venaient dans des lieux tel que celui-ci, certains mangeaient, d'autres picolaient et quelques-uns étaient raides bourrés, la tête posée de côté sur les tables devant eux. 
Ordùz frissonna et baissa les yeux sur sa boisson, les mains en coupe autour de la chope de Byrrhyth fumant. Le Byrrhyth apaisait son estomac mais était toujours servi très chaud, laissant Urgo le regarder tandis que la vapeur se retirait lentement de la tasse. Il venait à peine d'avaler sa première gorgée quand un homme, longiligne et drapé d'une cape rouge, s'approcha de son box et s'assit sur le siège en face de lui.

"Ordùz," fit l'homme d'une voix encore plus étriquée que son physique. Il lui fallut un bout de temps pour s'asseoir et ajuster le pliage de ses longues jambes sous la table.

"Gorik", répondit Ordùz, tendant une main à six doigts en direction de celle de l'homme émacié. Ils se les secouèrent et Ordùz sirota sa boisson, la vapeur lui piquant les yeux. "Comment allez-vous ?"
- Bien, je suppose," dit Gorik. Il cligna des yeux, ces derniers enfoncés tels deux scarabées, les paupières presque invisibles. " Occupé comme toujours. J'ai presque plus de temps pour moi. Et vous ?"
- Ils vont bien", déclara Ordùz avec un haussement d'épaules. Il jeta un coup d'œil autour de la taverne, fixa une grosse créature bleue à quatre pattes qui passait devant eux, puis se pencha à nouveau sur son verre, une capuche couvrant son cou torsadé. " Pourquoi avez-vous choisi de nous rencontrer ici ? Nous pensions que les officiers comme vous ne quittiez jamais vos temples sacrés ?"
Il admirait la tenue vestimentaire de Gorik; veste d'officier avec la cape rouge signature du Haut Consulat épinglée à son épaule par une broche dorée. Je suis sûr que je pourrais en obtenir quelques belles pépites, pensa Ordùz.

" Avec les bons mots et une poignée de pépites, vous seriez surpris de voir jusqu'où on peut aller."

Ordùz grogna et touilla le contenu de son verre avec un doigt, puis en lécha le liquide vert et gluant le recouvrant avec une langue si pourpre qu'on aurait dit qu'elle suait du sang. 
Gorik avait rencontré de nombreuses personnes appartenant à la race Qtash, la plupart d'entre elles venant de royaumes forgés par la magie et de châteaux construits avec des choses plus sombres encore. Ordùz avait été considéré comme un paria, né bossu dans une société qui considérait la stature et la taille comme un attribut indispensable de noblesse. Étant le plus petit de sa race, atteignant sur la pointe des pieds à peine pile-poile le mètre cinquante, Ordùz n'avait eu aucune chance de se faire un nom au sein de sa royale famille. Gorik connaissait son histoire et n'avait que peu de pitié pour l'homme. Depuis lors, Ordùz avait investi les rues du marché de Ballombô, s'appropriant le centre commercial de quinze klics de long sur dix de large. L'exilé était désormais un marchand fier et riche; un véritable serpent dans le commerce et la fabrication de drogues de toutes sortes.

" Vous êtes à court d'approvisionnement, n'est-ce pas ?" demanda Ordùz avec son visage froissé et sa voix épaisse. 
Les scarabées de Gurnik clignotèrent et il hocha la tête.
" J'adore votre perspicacité," dit-il en joignant ses mains osseuses. "Je suis venu au ravitaillement.
- Des trucs puissants, n'est-ce pas?" gloussa Ordùz . " Plus que ce que vous ne l'aviez prévu, hein ouais ?
- Peu importe. Donnez-moi votre prix." 

Ordùz sourit en fouillant dans la besace accrochée en bandoulière autour de son épaule.

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Les rues du marché de Ballombô étaient aussi bondées qu'elles l'étaient tous les jours. Des milliers de clients traînaient dans les rues; commercant, fumant et traînant des animaux de nature étrangère. Dans un bon jour, il était presque impossible d'entendre vos propres pensées, sans parler de ce que quelqu'un dirait en vous parlant. Des drones de livraison planaient au-dessus de leurs têtes, des objets couleur bronze à cinq pattes vrombissant tandis qu'ils ramassaient des paniers et les expédiaient d'un bout à l'autre du marché. Piquante était l'odeur de la viande frite et des vêtements aigres-doux ; elle s'accrochait partout.

Dans les remous de la foule, c'est là que se déplaçait le voyageur. Pas à la manière d'un ranger ; mais plus comme un nuage traversant la foule, plus silencieusement qu'un clin d'œil. Enveloppé d'une capuche et d'un manteau de citrine profonde, il marchait d'un pas léger, flottant presque dans la rue. Il ne parlait pas, gardant la tête baissée comme les moines des terres orientales de Poo'Lah. Ici, il n'attirait pas la moindre attention, aucun soupçon. Ici, il était en sécurité.

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" Comment vos gens appellent-ils ça déjà ?" questionna Gorik. Ordùz tenait un récipient transparent à la main, pas plus gros qu'un dé à coudre. Dans le verre transparent se trouvait une collection de petits cristaux turquoise, saillant dans toutes les directions alors qu'ils s'empilaient les uns sur les autres. Même dans la pénombre de la taverne, ils brillaient d'une inébranlable luminescence.
" Mon peuple ?" le questionna Ordùz avec un sourcil levé et une pointe de méchanceté. Gorik se rappela du bannissement et corrigea en conséquence.
" Je voulais dire comment l'appelez-vous dans votre langue maternelle ?
- Nous l'appellons Muckogavis Morthadelus."
- Le papillon ?" s'étonna Gorik en s'éclaircissant la gorge. Quelque chose dans l'air de la taverne lui chatouilla la gorge.
- Le papillon de velours", le corrigea Ordùz . "Et cette fiole vous coûtera vingt pépites." Gorik hocha la tête et sortit une poignée de pièces d'argent de sa poche. Les comptant silencieusement, il les divisa en deux piles de dix et les fit glisser sur la table. Ordùz  sourit et s'empara des pièces une pile à la fois, sa langue pourpre passant sur ses lèvres tandis qu'il les jetait dans son sac.

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L'homme à la cape citrine concentra son regard sur la Taverne du Ptoh d'or à sa gauche. Un panache de fumée s'échappait de chacune des trois cheminées émergeant de son toit, les conduits bosselés et décolorés. Les clients allaient et venaient, entrant avec des sourires et trébuchant avec des lèvres couvertes de bave en ressortant. L'homme ferma les yeux et prit une profonde inspiration, caressant l'arme attachée à sa hanche avec son pouce. Il se dirigea silencieusement vers l'entrée, écartant deux Trugs de son chemin. D'un coup de pied rapide, il fit voler en éclats la porte qui se détacha de ses gonds et claqua sur le sol. Tout le bar se tut, même la musique et les nénettes au pole-dancing se statufièrent. Tous les regards se tournèrent vers lui, mais ça ne le dérangeait pas. Il lança un regard furieux alors que sa vision se déplaçait de sa gauche vers sa droite. Là. Dans le coin le plus proche du comptoir. Il enjamba la porte et arpenta lentement l'allée. Alors qu'il passait devant d'autres box, ceux qui y étaient assis commencèrent à respirer plus facilement, parlant à voix basse.

" Ordùz Farmash," dit l'homme à voix basse. Il plaça sa main sur l'épaule du bossu assis dans le box, un homme grand et beaucoup plus maigre assis en face de lui. Un air de méchanceté se lisait sur le visage d'Ordùz. Gorik le regarda porter sa main à sa ceinture, comme s'il cherchait une arme invisible à leur vue. "Je pense qu'il est temps que toi et moi ayons une conversation.
- Nous parlerons plus tard", siffla Ordùz d'un coup de langue violette. "Tu vois bien que je suis avec un client en ce moment.
- Exactement la raison pour laquelle nous devons parler.
- Nous sommes occupés, merde. Reviens plus tard, mec." 
L'homme serra plus fort l'épaule d'Ordùz et se pencha plus près. Gurnik pouvait voir une partie de son visage ; bouche sévère et une légère barbe sur sa mâchoire inférieure.
- Maintenant..." dit l'homme avec une menace voilée dans la voix. Ordùz grogna et balança son bras gauche derrière sa tête. L'homme l'attrapa par le poignet et le tira hors du box.
- Retiens ton souffle", ordonna l'homme en chopant Ordùz  par le cou et en le tenant fermement. Sortant un petit appareil métallique, l'homme masqué lança un dernier regard noir à Gorik avant d'appuyer sur un bouton et de disparaître avec Ordùz dans un nuage de fumée violette. Ces yeux… noisette brillant tacheté de vert. De beaux yeux mais les iris reflétaient quelque chose… de pas tibulaire mais presque.

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À environ cinq klics à la périphérie du marché de Ballombô, juste au-dessus de la crête de la plus haute dune du sud, un vaisseau spatial solitaire se tenait immobile dans le silence qui l'entourait. Bourdonnant doucement, il se balançait d'avant en arrière, comme un navire ancré flottant dans la houle. Les rafales d'air provenant des chambres de ventilation inférieures projetaient le sable en petits serpentins avant de les envoyer dans toutes sortes de directions. Le cockpit se composait de deux sièges et d'un grand dôme de verre le protégeant d'en haut. Sa peinture rouge foncé et bronze scintillait au soleil, envoyant des faisceaux réfléchissants dans le sable à moins d'un mètre sous le ventre du véhicule.

Le vaisseau spatial se mit à vrombir, un bip aigu provenant de son tableau de commande. Ce faisant, un nuage de fumée violette apparut et avec lui se matérialisèrent l'homme à la capuche et Ordùz Farmash luttant pour respirer. L'homme relâcha Ordùz, le jetant sur le sable chaud sous leurs pieds.

" Tu as des choses à me dire, Farmash." dit l'homme encapuchonné. Ordùz s'étouffa et toussa, prenant de grandes bouffées d'air. Sa capuche s'était détachée, révélant son cuir chevelu chauve et son front cornu.
- Je sais même pas qui tu es, mec !" plaida Ordùz, assis avec ses mains levées vers le ciel, tentant de bloquer le soleil qui masquait sa vision. Le silence s'abattit sur les deux avant que l'homme ne remette sa capuche sur ses épaules. Il ressemblait à un soldat, un mercenaire qui avait depuis longtemps trahi ses officiers et fui son poste sans résignation. Des gantelets couvraient ses bras ; celui de gauche brillant de lumières et d'interrupteurs multicolores, des fils passant le long de son bras et disparaissant sous sa cape. Celui de droite était fait de cuir marron serré et de coutures noires. Une lourde ceinture remplie de bidons et de gadgets de fortune pendait étroitement autour de sa taille, suspendant son pantalon délavé, exposant ses bottes sombres. Une paire de lunettes était posée dans ses cheveux sablés.

 "Elon Dredd ?" s'étonna Ordùz, avant de secouer la tête. " De tous les clampins du monde, c'est Elon Dredd qui a osé me kidnapper ? Donne-moi tes raisons, fils de péquenot ! 
- Appelle-moi juste Dredd, ça suffira", déclara Dredd. Il grimaça et lécha ses lèvres sèches. " Tu as été hors réseau pendant un certain temps, Ordùz. Il m'a fallu pas mal de temps pour te retrouver.
- Alors, comment t'as fait ?
- Il y a ceux qui sont prêts à payer s'ils se font pas tabasser pour donner des informations. Quoi qu'il en soit, j'ai reçu les infos dont j'avais besoin." 

Ordùz grogna et donna des coups de pied dans le sable. "Pourquoi cet intérêt soudain si t'étais capable de me retrouver avant ?
- Lorsque le Conseil de la cupidité appelle, quelqu'un doit répondre.
- Qu'est-ce qui fait que le Conseil de la cupidité me traque, Dredd ?
- Il s'agit du papillon de velours." 

Ordùz roula des yeux et rit. Le visage de Dredd ne bougea pas.
" Et quel problème avez-vous avec mon produit ? 
- Il n'y a pas que ton produit qui tue. Y a toi aussi. Le prix sur ta tête est ahurissant. Je pense pas que tu réalises à quel point tu as eu un impact sur la dépopulation de Pokdok avec ton… opération. Je dois dire que tu t'es fait un nom ici à Ballombô. Comment te traite cette planète ?
- Comme une pute un jour de paye à la fin de sa nuit de trottoir, une tasse de Byrryth à la main tandis que je lui chevauche la croupe". 

Dredd ne put s'empêcher de rire à la répartie. " Quoi qu'il en soit, tu dois venir avec moi. Ce prix sur ta tête est à moi.
- Et que dis-tu de ça ? " l'interrogea Ordùz. De son manteau, il dégaina une longue épée de son fourreau, courbée à l'extrémité avec une poignée en bronze poli. " Ce sont les couleurs de la Loi Commune que tu arbores sur ton vaisseau. Tu sais qu'elle me protège. Que penseraient-ils du fait que l'un des leurs apprenne que tu récupères des primes derrière son dos ?
- C'est pas le mien et je suis pas officier de la Loi Commune. Je… l'ai emprunté." Dredd regarda le véhicule avec détestation puis reporta son attention sur  Ordùz, le bossu riant de toutes ses tripes.

" Comme si je que j'avais jamais entendu celle-là avant. Même pour le vol d'une merde de Javelin commun comme celui-ci, il doit y avoir une récompense élevée sur ta tête maintenant aussi. Tu as pris beaucoup de risques en venant ici, Dredd.
- J'aime à penser que Dame la Chance est de mon côté. Surtout si elle cherche une monture pour la nuit.
- Est-ce que ce sera une de ces nuits?" demanda Ordùz en regardant l'épée sur la hanche de Dredd.

"Nous devrons la laisser décider", déclara Dredd. Il dégaina son épée, une chose longue et méchante au bout effilé, presque invisible à l'œil nu. La garde était forgée d'acier torsadé, comme les épines sur une branche d'églantier. Ses mains gantées agrippèrent la poignée dorée avec des poings serrés.

"Ainsi soit-il", déclara Ordùz, riant avec sa langue pourpre alors qu'il se précipitait en avant. Dreddd recula, tendant son épée. Les lames se heurtèrent, envoyant des chocs dans leurs deux bras. Ordùz grogna et rattaqua de plus belle, poussant Dredd dans de violentes saillies. Dredd était plus rapide, déviant les mouvements d'Ordùz presque aussitôt qu'ils étaient effectués. Rapidement, Dredd recula tandis qu'Ordùz tentait un nouvel assaut, mais au lieu de parer, il balança son épée vers le bas, le bout de sa lame fendant le poignet dur et charnu d'Ordùz. Le bossu cria de rage et agrippa son moignon tout neuf à la souche du poignet tandis que sa main ensanglantée tombait sur le sable, les granules absorbant le sang comme des éponges, lui donnant une couleur noire huileuse et pestiférée.

Ordùz grogna et se leva, jurant dans des langues étranges alors qu'il retrouvait son équilibre. Dredd lui lança un regard noir lorsque l'extraterrestre chargea après lui en premier. Alors que les pointes acérées se rapprochaient, Dredd mit un genou à terre et balança son épée d'est en ouest, tranchant dans la jambe d'Ordùz. En hurlant, l'extraterrestre chuta au sol, tombant tête la première dans le sable avec un bruit sourd. Se retournant, il agrippa l'endroit où sa hanche rencontrait sa jambe, ou plutôt là où qu'elle l'avait fait jusqu'à juste avant maintenant. Une rivière de sang bleu foncé sortit de la blessure qui laissait sa jambe accrochée à sa hanche par un maigre lambeau de tendons et de peau effilochés, ses doigts sombres et tremblants. Les yeux d'Ordùz étaient soudés alors qu'il maudissait des obscénités dans la poussière. Dredd rengaina son épée et marcha vers lui, laissant lentement des empreintes profondes dans le sable.

"Enfoiré!" gémit Ordùz en toussant. "Comment que je vais faire pour marcher, maintenant ?
- Tu ne marcheras plus jamais", déclara Dredd. "Tu ne feras plus grand chose une fois que j'en aurai terminé avec toi." Un air de désespoir pouvait se lire sur le visage d'Ordùz, certes, mais ce n'était pas tout. Une sorte de compréhension persistait dans ses yeux.

"Cercle de la vie, je suppose", déclara Ordùz. "Je peux comprendre ça." Dredd hocha la tête et passa la main au-delà de sa cape, jusqu'à sa cuisse droite. Ce qu'il en ressortit fit s'arrondir les yeux roses d'Ordùz. 
 
"Où que t'as-eu ça, Dredd ?" demanda Ordùz avec une curiosité morbide. Dans la main droite de Dredd se tenait en équilibre un pistolet, gros et forgé à partir de métaux au couleurs de bronze. Deux méchantes pièces d'acier étaient soudées à l'avant par le canon, les pièces incurvées s'étendant d'un demi-pied supplémentaire au-delà de l'arme. La poignée était enveloppée de cuir serré, l'ensemble du pistolet semblant se loger parfaitement dans la main de Dredd avec sa poignée incurvée et ses nuances sombres. Ordùz ne put s'empêcher de regarder les trois barils sombres. "Ça fait des siècles..."

"Je suis au courant", déclara Dredd en armant le chien avec son pouce. Cela fit un déclic satisfaisant, laissant Dredd s'abstenir de sourire.
" Par tous les Dieux, quand l'as-tu récupéré ?" 
Dredd pencha la tête, un léger sourire se dessinant au coin de sa bouche. " Qu'est-ce qui te fait penser que je l'avais perdu ou qu'on me l'avait jamais confisqué ?" 
Il appuya sur la gachette et Ordùz n'en apprit jamais plus. Le faisceau laser, rouge et brillant, traversa directement le front d'Ordùz, perçant son crâne et ressortant par la nuque avant de s'enfoncer dans le sable. Dredd laissa échapper un soupir. Tuer le corps avait été facile mais l'amener au navire serait plus difficile: pour ce qu'Ordùz manquait en cervelle, il le compensait en poids. Il prit une gorgée d'eau de sa gourde et s'assit dans le sable, regardant le cadavre étendu sous le soleil brûlant.

Lorsqu'il se leva pour le hisser sur le siège passager, un spasme secoua le corps du bossu. Dredd fit un bond en arrière tandis que le corps d'Ordùz se mettait à convulser. Le trou dans sa tête commença à saigner, un liquide bleu foncé s'écoulant de la blessure alors que ce qui ressemblait à une longue corde en sortait.

Dredd regarda avec admiration tandis que le cordon glissait le long du nez d'Ordùz et passait devant sa bouche. Le liquide sombre miroita au soleil et laissa Dredd fixer un serpent rouge. Une autre secousse traversa le corps d'Ordùz et avec elle, un autre serpent sortit de son crâne, celui-ci d'un bleu profond. Les serpents glissèrent sur le visage d'Ordùz et vers son cou. Se remarquant, ils se toisèrent un instant. 
Dredd regarda le rouge attaquer le bleu, le mordant à quelques centimètres sous la mâchoire. Le bleu se replia en arrière et mordit le serpent rouge près de sa queue. Ils tâtonnaient, emmêlés dans l'étreinte l'un de l'autre. Une fois libres, ils se regardèrent longuement, les yeux fixes et perçants et la tête tendue. Tue-le pensa Dredd, incertain duquel il encourageait, bien qu'il semblait préférer le serpent rouge. Soudain, les serpents s'embrassèrent, poussant leur visage contre le cou de l'autre. Ils s'enroulèrent ensemble, s'entremêlant l'un autour de l'autre jusqu'à ce qu'ils ne semblent plus former qu'un serpent géant bicolore. Ensemble, ils glissèrent du corps d'Ordùz et plongèrent tête la première dans le sable. Dredd regarda silencieusement leurs queues disparaître dans le sol.

" Chose curieuse", se dit-il avec un haussement d'épaules. Il se leva, balança ce qui restait d'Ordùz dans le cockpit et le scella. Avec un dernier regard sur le sol à l'extérieur, Dredd souleva son vaisseau dans les airs et se propulsa à travers les cascades montagneuses de la planète désertique connue sous le nom de PokDok, les trouillards rampants laissés derrière dans les sables désertiques  de cette planète, lui et le macchabée à ses côtés en route pour de nouvelles aventures...

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