5 juin 2021

505. Dring dring !


Kikoo ! C'est moi, Roro, Ronaldo pour ceux qui me connaissent pas encore ! Ça fait neuf mois, le temps d'une gestation, que je ferme ma gueule. Ou plutôt qu'on m'a cloîtré le museau depuis que cette supposée deuxième vague a soit-disant pointé sa crête après la 431ème page de ce blog débile et que le grand marchand de sable nous a tous presque tous endormis.

Revenir en arrière, - rétropédaler qu'on dit à ce qu'il parait - c'est un peu comme se réveiller, les yeux en trous de pine, sur le coup de midi ou même plus tard. Vous savez, quand le jetlag et l'inconfort subsistent et coexistent dans l'état d'esprit lors du changement soudain de réalité. 
Et que la sécurité a peu à peu réaffirmé qu'on est face à une certitude incontestable contestable incertitude bien mal connue qui voudrait que dans ce monde réel, il y ait le microcosme des vivants et des éveillés et le vaste monde de tous les autres. 

Le monde qui est à nouveau là chaque fois qu'on perd chacune de ces autres réalités, aussi grandes et vraies que l'originale, mais qui en diffèrent en ce que leurs périodes de rotation sont pas fixées dans le marbre du temps. 
Si on rêvait le même rêve chaque nuit, qu'est-ce qui distinguerait ce cauchemar du monde réel ? 
Zip! Nadazéro. Rien.

Donc, revenir de loin et se réveiller sont presque exactement la même chose. Vous retournez toujours au même endroit, mais vous avez vu des lieux différents. Et à votre retour, vous ouvrez les yeux sur une pièce aux murs et aux meubles qui ont toujours été reconnaissables et familiers. 
Le changement peut être violent, décevant ou soulageant, mais toujours le même cadre de porte, la même lumière qui filtre à travers les rideaux, le bruit dans les rues et l'odeur de l'air finissent par vous convaincre que celui-ci, et pas l'autre, est le  monde renouvelé des éveillés.

Cependant, quelque chose réapparaît toujours obsolète. Au cours du voyage au pays des songes, il y a de la place pour de minuscules changements, et le réveil est généralement accompagné de petites surprises. 
Avec la reconnaissance de l'ordre affirmé s'étonnent ces iris découvrant la vieille nouvelle connue de tous sauf d'une personne qui tombe des nues: Vous, qui venez d'ouvrir les yeux.

Mais où ce que c'est que j'en étais déjà ? Ah ouais, revenir en arrière. Revenir en arrière donc, c'est comme se réveiller tard. Dans la somnolence où les voix du matin se font habituellement entendre, ce sont généralement l'odeur du café frais qui nous chatouillent les narines, ou les douches et la plomberie des voisins qui nous transpercent les tympans et nous font grincer les dents, et pas ce silence où semble régner la lumière étrange d'une heure inhabituelle.
Vous sortez alors du lit, vous jetez un œil dans les chambres, sur la rue, dans la lumière du jour qui meurt au lieu de naître. Vous écoutez au loin, parmi les échos de la ville, le quotidien qui vous échappe, qui vous échappe en se foutant insidieusement de votre gueule.
Les dominos basculent, les nouvelles tombent, la vérité se dévoile. 
Vous vous demandez si le rêve duquel vous vous réveillez a duré douze heures ou bien trois jours. 6 mois ? Ou même un an ? 

Le monde est là mais où est tout le monde ? Un concombre masqué devient progressivement un visage déterminé une fois le tissu arraché, et vous savez alors que le rêve était long et intense, mais que maintenant, au moins pour cette fois, vous êtes de retour.

Welcome back, content de vous revoir !

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