20 avr. 2009

338. De temps en temps.


Un ami doit penser, - me vient le nom de Noun el Primero là- , que je suis un tout petit peu dur avec lui comme avec le temps. Oui, doit-il se dire, l’espace et le temps sont différents, mais la distance et le temps sont également non-existants et relatifs comme l’est le temps.

Après tout, me direz-vous, la distance ne peut être déterminée que par comparaisons. La mesure d’une valeur n’est qu’un pourcentage de cette valeur – comme dans mon métier où l'on utilise un ratio basé sur une minute d’angle à l’équateur. Rien en soi n’a de taille ou de distance. Il manque un ingrédient pour la comparaison.
Et en plus de ça, si on se réfère au vieil Einstein et à sa théorie, la distance rétrécit avec la vitesse, pourtant la vitesse n’est que distance divisée par le temps. Donc la distance n’est que la comparaison d’objets affectés par la distance – encore une comparaison à la Médor qui se mord la queue – et le temps, ce qui représente un rapport de changement de distance une fois de plus. Médor va se niquer et les dents et la queue. 
Tout ça est tout à fait brumeux, rien que du non-sens et on tourne en rond. Alors je devrais peut-être mettre ce genre d’arithmétique en veilleuse puisque je n’arrive pas à crocher le bon bout. Et j’ai même pas tenté d’essayer de vous causer de mécanique quantique là…

Alors El primero me fait remarquer que ça fait une paye que j’ai pas poster et se demande où que je suis rendu. Beaucoup de temps et de miles parcourus. Mais en fait, le temps existe-t’il vraiment? Okay, du moins pas de la manière que nous le croyons. Le temps n’est qu’une alternative au changement. La Terre change de position par rapport au soleil et nous comparons ces changements par rapport à la position relative de la Terre au Soleil, nous dérivons dans le temps.

La Marie-Josée Pérec fait un tour de piste tandis que la Terre effectue 1/525974.4 fois le tour de notre étoile. Nous avons là une comparaison et obtenons ce rapport de 1/525974.4. Ce rapport n’est pas super maniable, donc nous le baptisons une minute. 
Mais ne vous trompez-pas, les secondes, minutes, heures, jours et le reste de la cavalerie ne sont rien de plus que des proportions de changement. Ces proportions sont difficilement visualisables. Alors, comme pour plein de choses dans l’univers qui sont difficiles à imaginer, nous employons des métaphores.

Les gens ne peuvent conceptualiser Dieu alors ils se fabriquent un mec dans le ciel est le nomment « Lui », ils le dotent d’une main qui fait tout et d’un œil qui voit tout. Mieux qu’un manchot, pas pire qu'un cyclope. Les gens ne peuvent conceptualiser la mort, alors ils parlent d’un voyage et d’un départ. 
Et les gens ne peuvent conceptualiser les proportions de changement – le temps, alors ils se rabattent sur l’espace. Mais la mort n’est pas un voyage, s’il existe un Dieu, ça m’étonnerait fort qu’il ressemble à un homme, encore moins à un cyclope, qui plus est, manchot! De la même manière, le temps n’est pas l’espace.

Contrairement à ce que voudrait nous le laisser entendre le langage que nous parlons. Nous ne pouvons nous déplacer dans le temps. Nous ne pouvons aller plus vite que le temps ni moins vite que lui. Nous ne pouvons donc pas voyager dans le temps. Nous ne pouvons remplir ou vider le temps – ce n’est donc pas un contenant. Le temps n’a pas de densité.
Bon, d’accord, on fait parfois des métaphores qui portent à croire que temps et espace ne font qu’un, mais ce n’est rien de plus que de la sémantique. Le temps est – par définition – un rapport de changement, ce qui rend le voyage dans le temps une pure et ridicule utopie, n’en déplaise aux fans de la Delorean de Retour vers le Futur.

Mais en dehors des montagnes de Science-Fiction issues de cette métaphore espace-temps, je me demande bien ce qui quoi d’autre en est sorti. Des physiciens de la théorie nous parlent d’un continuum espace-temps et d’une théorie des cordes qui les relieraient. 
On parle de génies là, tenez-vous bien, et je suis pas assez balèze pour comprendre ne serait-ce qu’une pico-partie de leurs travaux, mais je me demande s’ils prennent régulièrement en compte que le Temps n’est qu’une proportion de changement. Je me demande s’ils sont conscients de la puissance qu’a sur nous le langage.

Tu as maintenant un indice, à ta question pleine d'inquiétude, Primero du Nom, je théorise depuis Noël sur les cordes de ma Fender, des airs à deux temps, des valses à quatre temps. Mais comme pour bien d’autres choses qui n’existent pas vraiment – Dieu, culture, nation, nous ne pouvons nous évader du concept spatial du temps. 
Tout le monde croit que c’est vrai, alors, pour rendre les choses plus pratiques, nous prétendons que l’Empereur manchot porte un smoking. Alors mes amis, je pense que vous feriez mieux de continuer à profiter de la S.F de ce Blog et à vous laisser bercer.
Par le temps, je veux dire.