27 déc. 2007

298.Apprenez vous les uns les autres...


Parfois, les croyances de ma famille et de mon entourage peuvent présenter des dilemmes intéressants. Tout spécialement à cette époque de l’année, quand près de la moitié de la planète semble balayée dans un festival d’orgies et de foie gras. 
On se rassemble en famille et entre amis, et quand quelqu’un vous souhaite "Joyeux Noël", on sourit, offrant une réponse qui vient du cœur qui reflète nos sentiments d’une telle manière qu’aucune question ne demeure en suspend. L’assimilation dans toute sa béatitude.

Au fil du temps, nous avons appris qu’il était plus facile de se laisser porter que de nager à contre courant. Nous essayons consciemment d’éviter de déstabiliser la barque de nos compagnons, sachant qu’une réponse sarcastique et contraire à celle qu’on attend de nous fera froncer un tas de sourcils et soulever pas mal de questions ennuyeuses. 
Ce qui ne manquera pas de tourner à la confrontation, en sentiments blessés et en la baisse drastique des états d’esprits dans le voisinage d’une telle conversation. 
Alors on fait semblant, parce que vraiment, il n’existe aucune raison valable de souligner que nos croyances sont différentes de celles qui nous entourent. 
Il existe d’autres lieux et d'autres temps pour exprimer ce genre de conviction. Et c’est pas quand un païen comme moi se retrouve à siroter une coupe de Champ’ à l’ombre d’un sapin de Noël que ça doit se passer.

Je pense que ce qui me contrarie le plus, c’est qu’arrivé où je suis rendu, la plupart de mes voisins, de mes amis et des membres de ma famille savent très bien que je ne souscris aucunement à toutes ces croyances et coutumes chrétiennes. 
Ils savent que je préfère mettre l’accent sur le solstice d’hiver, et que c’est lui que je fête en fait. 
Et pourtant, malgré mes participations continuelles à leurs festivités, en dépit du fait que je montre un tant soit peu d’intérêt et que je participe même activement à leurs festivités – en les aidant à décorer l’arbre, en faisant sauter le bouchon de la vieille Clicquot et en déposant des cartons emballés de papier cadeau, personne ne semble porter un tant soit peu d’intérêt à mes propres croyances. 

Tous les ans, je reçois un paquet de cartes de vœux pour Noël, et je peux toujours compter sur ma mère pour m’envoyer une carte si franchement chrétienne que je suis certain que sous un spot de lumière noire, un test ADN révèlerait que cette carte a été imprimée avec le propre sang du crucifié. 
Et sur les centaines de fois où j’ai répondu "Joyeux Noël", je me rappelle pas d’une seule occasion où on m’ait répondu l’équivalent pour mes "Joyeux Solstice".

Après tant d’années à me conformer à leurs traditions, j’en arrive sérieusement à me poser des questions sur la nature même des relations qu’on peut avoir avec des gens qui refusent de faire ne serait-ce que le plus petit geste pour tenter de me montrer un respect similaire.
Tout ce que vous avez à faire est de me faire part au moins une fois de votre croyance intime, que celle-ci soit judaïque, kiskoolienne musulmane ou druidique, et ce sera la dernière fois que je vous imposerai par inadvertance un "Joyeux Noël" dont vous n’avez rien à secouer. 

J’ai reçu trop de cartes électroniques de Noël de la part de membres actifs du café Philo pour continuer à penser avoir affaire à des philosophes. S’il vous plaît, essayez donc de faire un effort pour ne pas imposer vos croyances à votre entourage. 
Le faire est faire preuve d’un manque total de respect, je pense à une certaine Plume59… aka Amélia dans un de ses commentaires sur mon post 296…

Alors je me demande, mais où donc ai-je dérapé ? Qu’ai-je donc de si différent que certaines personnes n’arrivent pas à comprendre mes sentiments ? Et est-ce que ça aurait changé quoi que ce soit si ce genre de personne m’avait souhaité un "Joyeux Solstice"? 
Cela résulterait-il d’un sentiment partagé ou cela sentirait-il un peu le forcé ? J’en sais fichtre rien. Comme la plupart d’entre vous, - même si on me dit associal - je suis un être social. 
J’ai aussi un souci d’appartenance, je veux de l’amour. Mais le temps a fait drastiquement baissé le niveau de mes attentes.

Le plus j’y pense et le plus je me dis que ceux qui balancent des "Joyeux Noël" aux quatre vents comme ils le font ne sont pas de véritables chrétiens, et ne célèbrent pas ce jour pour d’autres raisons que c’est une occasion de faire ripaille et que c’est un jour férié. 
Quand ils vous souhaitent "Joyeux Noël", ce ne sont que des mots vides de sens, appris, répétés et ressassés au fil des ans. Et la raison pour laquelle ils ne ressentent aucune compréhension pour mes propres croyances, c’est parce que les leurs à eux n’ont aucune valeur réelle. 
Pourquoi devraient-ils prendre le temps de m’honorer moi quand il n’ont aucun respect pour les valeurs mêmes de ce qu’ils fêtent ? A partir de là, le problème fait boule de neige.

Peut-être que le véritable problème que je ressens avec ces fêtes de fin d’année, c’est que c’est l’époque où les gens vous montrent vraiment dans quelle toile ils sont taillés, et celle-ci me paraît usée jusqu’à la corde.